wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Le G20 ordonne un virage à 180 degrés : de la relance économique à l'austérité

Par Nick Beams
14 juin 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Les ministres des Finances des plus grandes économies du monde ont réagi à l'intensification de la crise financière mondiale au cours des deux derniers mois en faisant un virage à 180 degrés de leurs politiques fiscales.

Le communiqué de la réunion des ministres des Finances du G20 tenu à Busan en Corée du Sud, les 4 et 5 juin derniers, a indiqué clairement que l'on devrait mettre un terme aux plans de relance économique, mis en oeuvre après l'effondrement de Lehman Brothers en septembre 2008, et entamer un nouveau programme d'austérité.

Lorsque les ministres des Finances se sont réunis en avril dernier, le communiqué de leur réunion se concluait ainsi : « Dans les économies où la croissance reste fortement dépendante du soutien public, et de façon compatible avec la soutenabilité des finances publiques, ce soutien devrait être maintenu jusqu'à ce que la reprise soit fermement tirée par le secteur privé et devienne plus affirmée. »

Aujourd'hui, le discours est bien différent : « Les événements récents soulignent l'importance de la viabilité des finances publiques et la nécessité pour nos pays de mettre en place des mesures crédibles, favorables à la croissance, pour assurer la viabilité budgétaire, de manière différenciée et adaptée aux circonstances de chaque pays. Les pays qui font face à de sérieuses difficultés budgétaires doivent accélérer le rythme de la consolidation. »

Selon le chancelier britannique nouvellement installé George Osborne, qui a cherché à s'attribuer le mérite de la nouvelle position, en obtenant l'approbation du G20 pour « un changement de ton dans le discours sur la viabilité financière » la nouvelle formulation représente un « important succès ».

Le changement de politique est l'expression de l'énorme pouvoir des marchés financiers et du contrôle qu'ils exercent sur les programmes gouvernementaux. Ce pouvoir s'est fait sentir dès la première journée de réunion, lorsque les marchés de la Hongrie ont chuté après que son premier ministre eut lancé l'avertissement que le pays se dirigeait vers une crise comparable à celle de la Grèce.

L'éruption de la crise de la dette souveraine grecque ainsi que les turbulences financières dans la zone euro étaient le signal clair du capital financier mondial que l'heure était venue de mettre un terme aux plans de relance fiscaux et d'entreprendre un plan d'austérité pour tous les programmes sociaux gouvernementaux.

Bien que le communiqué contenait la mention obligatoire sur « l'importance de la coopération internationale », le renversement de position sur les plans de relance économique n'était qu'une de plusieurs décisions signalant le développement des divisions au sein du G-20.

En ce qui concerne les plans gouvernementaux de relance, l'économie d'un pays représente le marché d'exportation d'un autre. Conséquemment, à la veille de la rencontre, le secrétaire du Trésor américain Tim Geithner a écrit aux ministres des Finances du G-20 exprimant sa préoccupation que le retrait des mesures de relance pourrait affaiblir toute reprise économique.

« Les réformes fiscales sont nécessaires à la croissance », écrit-il, « mais elles ne réussiront que si nous sommes en mesure de renforcer la confiance dans la reprise mondiale. Le défi consiste à démontrer que nous pouvons avoir la viabilité budgétaire à moyen terme sans qu'il soit perçu comme obligatoire d'abolir les plans de consolidation de façon généralisée et indifférenciée. Le retrait nécessaire et inévitable des plans de relance fiscaux et monétaires doit être ajusté pour demeuré en phase avec le renforcement du rôle du secteur privé dans la reprise dans nos économies. »

En d'autres termes, alors que les plans de relance fiscaux doivent être réduits à long terme, si tous les gouvernements s'engagent simultanément dans un tel programme, cela causerait un ralentissement significatif dans l'économie mondiale, dans des conditions où la demande du secteur privé n'est pas suffisante pour maintenir les taux de croissance.

Dans sa lettre, Geithner prévient que, dû à la baisse de la demande de la consommation aux États-Unis, l'économie américaine ne pourrait continuer à absorber l'exportation mondiale et que « sans progrès dans le rééquilibrage de la demande mondiale, les taux de croissances mondiaux seront en deçà de leur potentiel. Dans ce contexte nous sommes inquiétés par les faiblesses prévues dans la demande intérieure en Europe et au Japon. »

Il y a aussi eu d'autres inquiétudes. Un haut responsable de l'Afrique du Sud, Trevor Manuel, qui a été ministre des Finances, a dit lors d'une conférence en marge de la rencontre qu'il était important de comprendre « combien fragile était la reprise mondiale ». Les dirigeants mondiaux pourraient « empêcher que le monde tombe dans une nouvelle récession », a-t-il dit. « Des pays qui par le passé tendaient à prendre des décisions basées sur leurs intérêts nationaux et a ignoré leurs responsabilités multilatérales » commencent à écouter d'autres points de vue, a-t-il continué.

Le ministre des Finances de la Chine, Xie Xuren, a demandé que les pays du G-20 demeurent prudents en mettant un terme à leurs programmes de stimulation fiscaux. La Chine, quant à elle, devrait continuer avec ses politiques fiscales « actives » et une politique monétaire « plutôt ouverte », a-t-il dit dans une déclaration qui fut publiée sur le site web de la banque centrale chinoise.

On a aussi vu des signes de divisions sur les propositions de réformes de la réglementation internationale des banques. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne font pression pour l'adoption de nouvelles règles ayant pour objectif d'augmenter le capital et les liquidités que les banques devront conserver. Mais les puissances européennes ont cherché à atténuer ou à retarder leur introduction, craignant qu'une recapitalisation des banques européennes entraîne une diminution de leur capacité à prêter ce qui ouvrirait leur marché aux banques américaines et britanniques.

La ministre des Finances de la France, Christine Lagarde, a nié que la France tentait de retarder le processus et a insisté qu'elle voulait qu'il soit implanté comme prévu à la fin de 2012. On peut toutefois voir une indication de ses inquiétudes lorsqu'elle a ajouté qu'il fallait effectuer une « évaluation technique » de cette question et que cela était trop compliqué pour être fait rapidement.

Le mois dernier un rapport de Nicolas Vernon du comité d'experts Bruegel basé à Bruxelles affirmait que les responsables des banques nationales en Europe cachaient le « piètre état » de plusieurs banques européennes importantes, de peur que la divulgation au public de leur véritable situation les expose à des tentatives d'achat.

La rencontre du G-20 semble avoir signifié la mort de la proposition pour une taxe internationale sur les banques. Cette demande a été vivement opposée au Japon, au Canada et en Australie, qui affirment qu'étant donné que leurs banques n'ont pas reçu d'aide directe des gouvernements, elles n'ont donc pas à se voir imposer une taxe.

Le communiqué du G-20 a exprimé un accord sur le principe que le secteur financier doit contribuer aux coûts des interventions gouvernementales, mais ajoutait que de telles mesures devraient être développées en prenant en compte « les circonstances et les options des différents pays ». Comme l'a noté le Financial Times, il s'agit là du jargon typique dans un communiqué qui annonce la mort d'une proposition.

(Article original anglais paru le 7 juin 2010)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés