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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des centaines de milliards pour les banques

La France vote des crédits pour le Fonds européen de stabilité financière

Par Antoine Lerougetel et Alex Lantier
9 juin 2010

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Le 1er juin, l'Assemblée nationale a autorisé le gouvernement français à payer sa part d'un montant de 111 milliards d'euros au Fonds européen de stabilité financière (FESF) de 750 milliards d'euros. Il s'agit du fonds que les gouvernements de la zone euro se sont accordés à mettre en place en mai afin de faire cesser la spéculation contre l'euro et la possibilité de défauts souverains de la part de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne.

Cette mesure a été votée à une majorité écrasante de 462 voix pour et 33 contre. Le Parti socialiste(PS) , dans l'opposition, a voté avec le parti conservateur au pouvoir UMP (Union pour un mouvement populaire.) Les 25 députés du Parti communiste français (PCF) ont voté contre, ainsi qu'une poignée de nationalistes de droite de l'UMP.

Un alignement bipartite similaire s'était produit le 3 mai lorsque l'Assemblée nationale avait voté en faveur d'une contribution française de 16,8 milliards d'euros pour le prêt à la Grèce de l'UE-FMI d'un montant de 110 milliards d'euros. La condition d'attribution de ce prêt était l'imposition, par le premier ministre socialiste grec George Papandreou, de baisses des salaires, des retraites et de suppressions d'emplois draconiennes.

Le vote du FESF a été confirmé par le Sénat le 3 juin par un vote tout aussi déséquilibré de 309 voix contre 24. L'annonce de ce vote est passée largement inaperçue dans les médias. Il est arrivé peu après le vote du parlement allemand d'une contribution de 148 milliards d'euros pour le FESF le 21 mai.

Le ministre du budget François Barouin a clairement fait comprendre que le gouvernement ferait pression pour des coupes conséquentes des dépenses, allant probablement jusqu'à introduire un amendement de la constitution qui imposerait l'obligation d'un budget équilibré. Il a promis, «Nous n'allons pas toucher aux impôts. » Il a ajouté, «Nous devons maintenir notre AAA [cote de crédit], réduire notre endettement pour éviter d'être trop dépendant des marchés, et nous devons le faire dans la durée, d'où l'idée de la révision constitutionnelle » nécessitant des budgets équilibrés.

Baroin a déclaré que les plans de renflouement n'auraient aucune incidence sur les prévisions selon lesquelles le déficit budgétaire de la France pour 2010 s'élèverait à 152 milliards d'euros.

Les plans de renflouement du FESF sont une mesure réactionnaire de l'aristocratie financière, proposée par elle et visant à défendre ses intérêts. Le FESF n'annulera pas les dettes de la Grèce, de l'Espagne ni d'aucun autre des pays actuellement ciblés par les marchés financiers, mais va renflouer les principales banques internationales forçant les pays lourdement endettés à procéder à davantage de coupes sociales et à des remboursement encore plus importants de la dette à l'avenir. Dans les pays plus riches, le coût de l'extension des prêts va aussi aggraver les pressions visant à réduire les budgets des Etats.

Ces mesures ont pour dessein de mettre les pays endettés dans les clous des exigences du Pacte de stabilité européen, connu aussi sous le nom de critères de Maastricht. Ces exigences stipulent que le déficit budgétaire d'un pays ne doit pas dépasser 3 pour cent de son produit intérieur brut et que sa dette publique ne peut dépasser 60 pour cent du PIB. En France, en admettant que le gouvernement ne devra jamais emprunter d'argent pour financer le FESF, cela revient quand même à une réduction budgétaire d'un montant de 100 milliards d'euros.

L'opposition au FESF au parlement avait un caractère tout aussi nationaliste et réactionnaire. Le député PCF Jean-Pierre Brard s'est lancé dans une diatribe chauvine contre l'Allemagne appelant à ce que ce pays prenne en charge la totalité du renflouement. Brard a comparé l'Allemagne à « une pie voleuse » ajoutant « L'Allemagne, du temps de la tyrannie nazie, a pillé la Grèce. » Il a conclu, «La France se grandirait à exiger de l'Allemagne qu'elle paye ses dettes à la Grèce. »

Cela revient tout simplement à proposer que, au lieu de piller la classe ouvrière européenne toute entière, on devrait donner aux banques le droit de ne piller que la classe ouvrière allemande.

De tels commentaires font partie d'une guerre des mots qui va croissant entre autorités financières et politiques européennes concernant la manière de gérer le renflouement. Ils font écho aux propositions de Manolis Glezos de la coalition petite-bourgeoise SYRIZA en Grèce (lire Le rassemblement de la Syriza : la politique réactionnaire de « gauche » de la classe moyenne en Grèce 28 mai 2010)

Le 31 mai, le Spiegel a publié un article intitulé « Les banquiers de la Banque centrale allemande soupçonnent les Français d'intriguer » détaillant les objections allemandes concernant la politique de la Banque centrale européenne (BCE) d'acheter la dette du gouvernement grec. Ceci permet aux créanciers du gouvernement grec, notamment les principales banques françaises, d'échanger les obligations grecques à risque qu'ils détiennent contre des billets fraîchement imprimés par la BCE. Cette politique a aussi été largement approuvée par les représentants français: le directeur de la BCE Jean-Claude Trichet et le directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.

Le Spiegel a déclaré que la BCE a déjà acheté 26 milliards d'euros en obligations gouvernementales et était en train d'acheter quelque 2 milliards de plus chaque jour. Néanmoins, les banques allemandes auraient promis à Berlin de ne pas recourir au programme d'achat de la BCE.

Disant que les autorités allemandes « soupçonnent un complot français » le Spiegel écrit, « Cette politique fait effectivement de la BCE ce qu'on appelle 'une mauvaise banque' (une banque qui achète des avoirs toxiques comme moyen de venir en aide à d'autres institutions,) malgré les protestations de son président. Le tas d'obligations à haut risque dans le bilan de la BCE continue d'augmenter. Le fait que la BCE maintienne artificiellement des prix élevés encourage absolument les banques à se décharger de leurs avoirs à risque sur la banque centrale. »

Le même jour, Axel Weber et Mario Draghi, membres du conseil de la BCE qui dirigent respectivement les banques centrales allemande et italienne, ont aussi appelé à ce que cessent rapidement les achats de dette gouvernementale par la BCE. Faisant allusion au risque d'inflation, Weber a dit que ce programme comportait « des risques pour la stabilité » et « doit être précisément ciblé et limité. »

Draghi a dit que les achats d'obligations par la BCE « devront cesser aussi rapidement que possible, dès que les marchés reprendront spontanément le commerce des obligations des pays impliqués. »

Lors d'une conférence de presse à la Banque centrale autrichienne, Trichet a répliqué, «Pour dire les choses clairement: nous n'imprimons pas de billets. » Il a appelé à des coupes budgétaires supplémentaires.

(article original paru le 8 juin 2010)

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