Des
manifestations à l'échelle nationale pour la défense de
l'éducation ont eu lieu le 9 juin en Allemagne. Les protestations
se sont déroulées, faisant partie intégrante de la campagne
« grève de l'éducation » dont les organisateurs
entretiennent l'illusion qu'il est possible d'obtenir des
concessions en exerçant des pressions sur le gouvernement.
En juin 2009, environ
270.000 lycéens et étudiants étaient descendus dans la rue pour
exprimer leur mécontentement face à ce qu'on appelle le processus
de Bologne. L'initiative avait été introduite en 1999 par la
coalition gouvernementale du Parti social-démocrate (SPD)/Verts et
élaborée par les autorités de l'Union européenne afin
d'établir des critères de libre marché dans le domaine de
l'éducation, transformant ainsi le processus de l'éducation en
marchandise.
Depuis cette époque, rien
ne s'est amélioré. Au contraire, la situation a empiré dans les
établissements scolaires et les universités, ainsi que dans
d'autres secteurs sociaux suite à la récession.
En plein milieu de la plus
grande crise du capitalisme depuis les années 1930, tous les partis
prétendument de « gauche » se trouvent du côté du
gouvernement et des banques. En insistant pour dire qu'il n'y a
pas « d'alternative » aux attaques qui sont perpétrées
contre la population, ils imposent ces attaques eux-mêmes. En
Allemagne, le Parti La Gauche (Die Linke) a aidé le gouvernement à
injecter des centaines de milliards dans les banques en acceptant
par quatre fois le recours à une procédure législative d'urgence.
A présent, ces fonds doivent être récupérés par des mesures
d'austérité draconiennes.
Un mouvement capable de
s'opposer les attaques doit être indépendant de la vieille
bureaucratie syndicale et des partis sociaux-démocrates qui servent
durant la crise à appliquer ces attaques. Comme en Grèce, des
sections de l'aristocratie financière en Allemagne pensent que le
Parti social-démocrate (SPD) devrait être réintégré dans le
gouvernement vu qu'il est mieux à même d'organiser les coupes
sociales grâce à ses liens avec les syndicats.
Dans le passé, c'était
surtout le SPD, les Verts et le Parti La Gauche qui faisaient
accepter les attaques brutales contre les travailleurs et les
étudiants. Le gouvernement SPD-Verts avait introduit les
« réformes » sociales et du travail comprises dans la
loi Hartz IV et la politique de l'agenda 2010 et qui ont jeté de
vastes couches de la société dans la pauvreté et le désespoir.
Dans le même temps, le patronat et les riches jouissent de
réductions d'impôts, les tranches supérieures ayant baissé de
53 à 42 pour cent et les banques ont été déréglementées.
Le SPD et les Verts ont
adapté en 1999 l'éducation au processus de Bologne qui est
synonyme de la transformation de l'éducation en marchandise. Tout
en introduisant un cursus de licence et de master et en mettant en
place un soi-disant système de crédits, tout ceci a annonce
l'introduction progressive de frais de scolarité.
En ce qui concerne
l'éducation, le bilan du Parti La Gauche est même pire que celui
du SPD et des Verts. Au Sénat de Berlin (le gouvernement de la
ville), aux côtés du SPD La Gauche a aidé à organiser une orgie
de coupes sociales sans parallèle. La Gauche et le SPD ont imposé
des réductions à hauteur de 75 millions d'euros aux universités
de Berlin, ce qui a signifié la suppression de 216 postes de
professeurs (près d'un quart du total), avec le licenciement de
presque 500 autres personnels, la fermeture de facultés entières
et la suppressions de 10 000 places d'étudiants.
Les étudiants doivent
s'opposer vigoureusement aux tentatives faites par les
représentants de ces partis pour prendre la tête des
manifestations. En clair : La Gauche.SDS (l'organisation des
étudiants de La Gauche), les Jusos (les Jeunes socialistes),
l'association d'étudiants Verts et les partis sur lesquels ils
s'alignent sont responsables de la misère qui existe dans
l'éducation et n'ont pas leur place dans les manifestations.
Ils imposent les coupes sociales et se trouvent du côté des
banques, de la direction et des spéculateurs.
Les étudiants ne peuvent
repousser ces attaques que s'ils rompent une fois pour toutes avec
tous ces hypocrites de la politique et se considèrent comme faisant
partie de la classe ouvrière internationale.
Partout en Europe et dans
le monde, ces partis de « gauche » contribuent à
récupérer les milliards injectés dans les banques aux dépens des
travailleurs. La Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la
Grande-Bretagne et la France ont déjà adopté des mesures
d'austérité drastiques, sous forme de 30 pour cent de réduction
des salaires, de la retraite et une augmentation de la TVA.
L'Allemagne aussi est à présent confrontée aux mêmes coupes
sociales brutales. Le « frein à l'endettement » qui
est ancré dans la Constitution exige que soit faite une économie
10 milliards d'euros par an.
Partout,
la résistance contre ces réductions grandit. En Grèce, il y eu
quatre grèves générales
contre les mesures d'austérité imposées par l'UE, impliquant
à chaque fois plus d'un million de personnes et paralysant
complètement le pays. La veille du vote sur les mesures d'austérité
en Grèce, rien qu'à Athènes, plus de 200.000 personnes étaient
descendues dans la rue. Mais en dépit de ces protestations
massives, le plan d'austérité a été adopté au parlement par
le gouvernement social-démocrate PASOK du premier ministre George
Papandreou.
Ces réductions ne peuvent
être infligées que parce que les syndicats et les partis
petits-bourgeois tels SYRIZA et le Parti communiste grec (KKE) font
tout leur possible pour empêcher le développement d'un mouvement
des travailleurs qui soit indépendant. Ils avaient soutenu
l'élection de Papandreou et, suite à l'introduction de ses
mesures d'austérité, ils attisent à présent le nationalisme en
isolant les grèves et en empêchant une protestation commune de
tous les travailleurs contre les attaques.
Les travailleurs et les
étudiants ne doivent pas se laisser diviser et monter les uns
contre les autres. La défense du droit fondamental à l'éducation
est une question de classe. L'éducation ne peut être défendue
que si les étudiants se considèrent comme faisant partie d'une
lutte plus vaste contre les coupes sociales et auxquelles ont à
faire face toutes les couches de la société. Cette lutte doit être
menée sur la base d'une perspective socialiste internationale.
Pas le moindre acquis
social, y compris le droit fondamental à l'éducation, ne peut
être défendu de nos jours sans le renversement du capitalisme,
sans briser le pouvoir des banques et du patronat, et sans les
placer sous contrôle démocratique de la population.
Un système d'éducation
qui soit orienté vers les besoins des gens et l'épanouissement
personnel de chaque individu ne peut être établi que s'il est
libéré du marché et contrôlé démocratiquement. Un système
éducatif polyvalent et gratuit est ainsi étroitement lié à la
lutte pour la transformation socialiste de la société.
Pour atteindre ce but, il
est nécessaire de construire un nouveau parti ouvrier marxiste qui
se fonde sur les leçons tirées des luttes contre le stalinisme et
la social-démocratie. Seul un parti fondé sur une base
scientifique ferme est en position de formuler les tâches
auxquelles est confrontée la classe ouvrière en lui permettant
d'intervenir en tant que force consciente et indépendante dans le
développement d'une société adaptée à satisfaire les besoins
de la population et non les intérêts de profit d'une infime
élite.
En tant
qu'organisation du Comité international de la Quatrième
Internationale (CIQI) et du Partei für Soziale Gleichheit (Parti de
l'Egalité sociale, PSG), l'Internationale étudiante pour
l'Egalité sociale (ISSE), organisera des réunions dans les jours
à venir pour discuter avec tous ceux qui sont intéressés par sa
perspective. Les dates exactes seront annoncées la semaine
prochaine sur notre web
site.