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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe  

France: Le gouvernement annonce son projet d'attaques contre les retraites

Par Pierre Mabut
23 juin 2010

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Le gouvernement a annoncé sa réforme régressive des retraites mercredi dernier après des mois de pourparlers avec les syndicats. Le président Sarkozy a repoussé l'âge minimum légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Cela se fera en allongeant la durée de la vie active de quatre mois par an jusqu'en 2018.

L'âge de départ à la retraite sans décote quel que soit le nombre d'annuités passera de 65 à 67 ans d'ici 2020. La réforme prévoit aussi l'allongement de la durée de cotisation à 41,5 annuités au lieu des 40 actuelles pour jouir d'une retraite à taux plein. Le montant moyen actuel des retraites est de 1 150 euros avant déduction des charges sociales. En 2007, l'INSEE estimait que près d'un million de retraités de 65 ans ou plus (soit 10 pour cent de l'ensemble des retraités) vivent en dessous du seuil de pauvreté qui se situe à 900 euros par mois.

La réforme attaque aussi les fonctionnaires qui verront à présent leur contribution retraite augmenter pour atteindre le même taux que celle des travailleurs du secteur privé, passant ainsi de 7,85 à 10,55 pour cent du salaire brut. Le gouvernement insiste pour dire que des mesures drastiques sont nécessaires pour faire face au déficit du système des retraites estimé à 49 milliards d'euros d'ici 2020. Sarkozy a essayé de masquer ces attaques contre les travailleurs en imposant des taxes mineures sur les riches et leurs entreprises. Il propose la création d'un prélèvement d'un pour cent sur la dernière tranche de l'impôt sur le revenu et l'augmentation d'un point des prélèvements sur les plus-values de cessions mobilières.

L'impôt sur les stock options va passer de 10 à 14 pour cent pour les employeurs et de 2,5 à 8 pour cent pour les employés. Feignant l'inquiétude pour les plus mal lotis, le gouvernement déclare que les travailleurs souffrant de maladies ou d'accidents liés au travail pourront continuer à prendre leur retraite à 60 ans. Les femmes verront à présent l'indemnité journalière perçue pendant le congé maternité intégrée dans le salaire de référence pour le calcul des droits de retraite. Cela améliorera à peine le sort des femmes dont la retraite moyenne s'élève à 990 euros.

La gauche bourgeoise et les syndicats sont en train d'adopter une pose trompeuse et fausse d'opposition aux mesures de Sarkozy qu'ils soutiennent.

Le Parti socialiste (PS) a qualifié la réforme d' « injuste. » François Hollande, ancien premier secrétaire a dit que ces mesures avaient pour but d' « envoyer un signal aux marchés et aux partenaires européens. » Néanmoins le propre document du PS sur les retraites montre qu'ils ont peu de points de réelle divergence avec les mesures de Sarkozy. Le PS propose aussi une augmentation de la durée de cotisation. La première secrétaire du PS Martine Aubry avait appelé en janvier dernier à l'allongement de l'âge minimum légal de départ à la retraite à 62 ans.

La réaction des syndicats a été tout aussi peu convaincante. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), proche du PS, a dit, « C’est une réforme injuste à court terme, quasiment une provocation(…) un mauvais coup pour toutes les générations et ce sont les jeunes qui vont payer la note (…) Je m’attendais à un peu plus de sérieux du gouvernement. »

La CGT (Confédération générale du travail), proche du Parti communiste stalinien, a publié un communiqué de presse qui semblait plus hostile. « C’est une réforme brutale pour un recul social sans précédent….Pour la CGT, c’est évident, cette réforme doit être résolument combattue. »

La réalité c'est que ces deux syndicats, tout comme les syndicats plus petits, ont empêché tout mouvement de masse des travailleurs pour s'opposer à ces réformes. Ces réformes sont connues depuis longtemps, période durant laquelle les syndicats ont négocié les détails à huis-clos avec l'Etat et les patrons. La réponse des syndicats à la réforme de Sarkozy a consisté à appeler une fois de plus à une protestation d'une journée le 24 juin pour « une réforme juste et équitable, » puis plus rien jusqu'en septembre date à laquelle le gouvernement va présenter la loi devant l'Assemblée nationale.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Sarkozy, la position des syndicats est de travailler avec le gouvernement pour précisément faire payer les travailleurs pour la crise et rendre le capitalisme français plus compétitif. La réforme des retraites fait partie de la politique d'austérité suite au renflouement des banques.

Le premier ministre Fillon a annoncé la semaine dernière qu'il réduira le déficit public de 100 milliards d'euros d'ici 2013 afin de se conformer à l'exigence de l'Union européenne d'un déficit n'excédant pas 3 pour cent du PIB. Des coupes budgétaires de 45 milliards d'euros dans les dépenses sont prévues pour réduire le déficit, le reste viendra de l'augmentation des recettes d'impôts « après la crise » venues d'une supposée reprise économique et appelées «des pertes de recettes conjoncturelles. »

Mais le gouvernement est conscient que cette vision optimiste des tendances de l'économie est un voeu pieux. Cette vision a été contredite récemment dans une interview au Spiegel de Jean-Claude Trichet, directeur de la Banque centrale européenne: «Il n'y a aucun doute que l’économie se trouve dans la situation la plus difficile depuis la Seconde guerre mondiale, voire la Première. »

La réalité économique est délibérément ignorée par les syndicats et les socio-démocrates dont la confiance dans l'avenir du capitalisme est étroitement liée à leur détermination à faire des travailleurs les victimes de la crise. En cela le PS n'a récemment eu aucun état d'âme à voter pour le plan de renflouement de Sarkozy pour la Grèce, plan lié à une politique d'austérité et d'attaques contre les retraites et les emplois des travailleurs grecs.

Lors de la conférence syndicale annuelle de la CFDT le 11 juin, Chérèque a contré avec virulence une motion appelant à s'opposer à tout allongement de la période de cotisation et a reçu le soutien majoritaire des délégués. Le dirigeant de la CGT Bernard Thibault était un invité chaleureusement accueilli. Il n'a exprimé aucune opposition à la position adoptée par la direction de la CFDT.

Ces deux syndicats sont tous deux responsables d'avoir encouragé Sarkozy à aller plus loin dans ses attaques contre les retraites du fait de leurs trahisons des grèves de 2003 et 2007. La CFDT avait accepté l'alignement de la période de cotisation des travailleurs du secteur public sur celle du secteur privé en 2003. En 2007, la CGT avait saboté la grève des cheminots qui défendaient leurs droits de retraite.

La collaboration des syndicats qui acceptent que les travailleurs fassent des sacrifices pour éviter la faillite de l'Etat est à présent exploitée par tous les gouvernements européens, à commencer par la Grèce. Cependant, il y a des signes dans la classe ouvrière que la colère et l'opposition montent.

Un sondage BVA du 10 juin révèle que 53 pour cent des électeurs de gauche jugent que l'action des syndicats n'a aucun impact sur la réforme des retraites. A la question de savoir quel type d'action serait nécessaire pour défendre les retraites, 67 pour cent des sondés ont répondu qu'une grève générale était nécessaire.

(article original paru le 19 juin 2010)

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