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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe  

Le dirigeant des syndicats européens soutient les mesures d'austérité

Par Stefan Steinberg
30 juin 2010

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Une interview de John Monks, secrétaire général de la Confédération des syndicats européens (ETUC), accordée vendredi dernier au service d'informations en ligne EUobserver, donne un aperçu révélateur des discussions qui se déroulent en coulisses entre dirigeants de l'establishment politique européen.

Dans cet entretien, le dirigeant de la Confédération déclare que les mesures imposées par les gouvernements dans tout le continent menacent de nous renvoyer aux années 1930. Monks décrit la situation actuelle en Europe comme « extrêmement dangereuse. » Il continue : « C'est 1931, c'est le retour aux années 1930 avec la Grande dépression, et [à l'époque, on] s'est retrouvé sous des dictatures militaires. Je ne dis pas que nous y sommes déjà mais c'est potentiellement très sérieux, non seulement économiquement, mais politiquement aussi. »

Monks révèle qu'il relaye des craintes au sujet de la stabilité politique de l'Europe exprimée par le président de la Commission européenne lui-même, José Manuel Barroso.

Trahissant la relation étroite existant entre le dirigeant de l'ETUC et le dirigeant conservateur de l'UE, Monks développe son point de vue : « J'ai eu une discussion avec Barroso vendredi dernier sur ce qui pourrait se faire pour la Grèce, l'Espagne, le Portugal et le reste, et son message a été direct : "écoutez, s'ils ne procèdent pas à ces mesures d'austérité, ces pays risquent probablement de ne plus exister tels qu'on les connaît, en tant que démocraties." […] Il nous a choqués avec une vision apocalyptique de démocraties européennes s'effondrant du fait de leur taux d'endettement. »

Ayant été informé par Barroso que les dictatures sont le seul choix possible si les mesures d'austérité ne sont pas appliquées, Monks dit clairement qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour garantir que les mesures draconiennes exigées par l'UE et le Fonds monétaire international seront appliquées avec succès.

Il affirme que la Grèce et les autres pays européens n'ont pas d'autre choix que d'accepter les termes de l'accord proposé par l'UE et le FMI pour le remboursement des prêts, à savoir l'application de programmes austérité drastiques.

Il a déclaré à l'EUobserver : « Il faut évidemment que la Grèce change. Il faut qu'elle se discipline. […] Ils n'ont pas le choix, en Grèce. Ils doivent se contenter de ce qu'on leur a donné. »

La seule lueur à l'horizon pour la Grèce, d'après Monks, est la perspective d'une restructuration de ses dettes « Si la Grèce montre qu'elle essaie vraiment de se plier aux décisions de l'UE et du FMI… »

Parmi les autres pays qui, pour Monks, « n'ont pas d'autre choix » que de se plier aux termes sans concessions du renflouement établi par l'UE et le FMI, il y a l'Irlande, la Hongrie et les Etats baltes.

Le moment où interviennent ces remarques de Monks est significatif. Au cours des dernières semaines de nombreux gouvernements à travers toute l'Europe ont annoncé des plans d'austérité de grande envergure qui seront appliqués dans les mois à venir. Les mesures communes à tous ces plans sont des coupes énormes dans les salaires et les retraites, combinées avec des attaques plus larges contre le système de protection sociale.

Le but premier de ces coupes est de libérer des ressources pour que les gouvernements européens puissent remplir encore plus les comptes des grandes banques du continent et des institutions financières. Au début de la semaine, il a été révélé que les banques françaises et allemandes avaient prêté près de 1000 milliards de dollars aux économies les plus faibles d'Europe comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Cette somme et bien plus importante que ne l'avaient anticipée les analystes. La liste des économies européennes en difficulté et incapables de rembourser leurs dettes s'allongeant, des renflouements supplémentaires des banques par les États sont inévitables.

Les mesures austérité déjà imposées dans les pays d'Europe occidentale et orientale ont provoqué une série de grèves et de manifestations. En Roumaine, où le gouvernement planifie des réductions de salaire générales dans le secteur public de 25 pour cent et des réductions des retraites de 15 pour cent, les travailleurs ont riposté par les plus grandes manifestations depuis l'effondrement du régime stalinien du pays. Mardi, les employés des services publics ont fait grève encore une fois et manifesté devant le Parlement à Bucarest pour protester contre les réductions de salaires envisagées.

C'est ce mouvement de larges sections de la population laborieuse contre les mesures d'austérité dans de nombreux pays européens qui inquiète à Bruxelles et entraîne le resserrement des rangs entre la commission européenne et les syndicats du continent.

Barroso prévient que l'unique alternative à ces coupes brutales dans le niveau de vie de la classe ouvrière est la dictature, ce qui implique que soit on accepte des restrictions brutales soit on interdit les syndicats. Monks répond en signalant à la bourgeoisie européenne qu'il utilisera les ressources de l'appareil syndical pour démobiliser l'opposition à ces réductions.

Comme l'a démontré à plusieurs reprises l'Histoire, les défaites de la résistance de la classe ouvrière aux atteintes à ses emplois et son niveau de vie, loin d'empêcher la dictature, en sont le prélude. Il n'y a pas de solution « démocratique » à la crise du capitalisme en dehors de la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière pour mettre fin au capitalisme et établir le socialisme. C'est ce à quoi Monks est irrévocablement opposé, et il s'exprime au nom des syndicats à l'échelle internationale. Confrontés au choix entre révolution ouvrière et dictature capitaliste, ils choisiront comme un seul homme cette dernière.

Ayant admis que l'Europe est confrontée au plus grand danger d'une dictature depuis les années 1930, Monks poursuit en faisant clairement comprendre que l'ETUC a l'intention de ne rien faire aussi longtemps que possible. Il a exclu toute action de grande ampleur des travailleurs européens. À la place, l'ETUC prépare une « journée d'action » européenne le 29 septembre (dans trois mois !) qui coïncidera avec la rencontre des ministres des finances à Bruxelles – en d'autres mots, une protestation sans danger.

Monks enchaîne pour assurer à son interlocuteur que cette affaire d'une seule journée ne consistera pas en une grève de masse. « Nous encourageons nos membres à faire grève comme un élément d'un menu de divers types d'actions possibles, mais ce n'est pas une grève générale, » insiste-t-il.

La déclaration ouverte de solidarité de Monks avec l'UE et le FMI est une condamnation dévastatrice de toutes ces organisations politiques, comme le Nouveau parti anticapitaliste en France, le Parti de gauche en Allemagne, le Socialist Workers Party en Grande-Bretagne, Rifondazione Communista en Italie ou SYRIZA et Antarsya en Grèce, qui déclarent que la résistance des travailleurs aux réductions doit être laissée entre les mains des syndicats.

Dans les syndicats – profondément corrompus, antidémocratiques et droitiers – les travailleurs sont confrontés à un ennemi qui ne leur est pas moins hostile que les banquiers et leurs porte-parole politiques.

Une vraie lutte contre les programmes d'austérité commence par une rébellion européenne contre les bureaucraties syndicales et de leurs parasites petits-bourgeois, ainsi que la formation d'une nouvelle organisation démocratique de la classe ouvrière luttant pour le pouvoir ouvrier et le socialisme.

(Article original paru le 16 juin 2010)

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