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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Comment le Parti communiste grec couvre les coupes sociales de Papandreou

Par Alex Lantier
28 mai 2010

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Les reporters du WSWS ont participé à un rassemblement du Parti communiste grec (KKE) qui s’est tenu le 15 mai. Le rassemblement avait été appelé en réaction aux coupes sociales imposées par le premier ministre George Papandreou, en pleine crise de la dette grecque et du plan d’aide UE-FMI.

La bannière du KKE au QG de la GSEE

Le KKE et le PAME, les sections de la centrale syndicale du secteur privé GSEE affiliées au KKE, font partie intégrante d’un establishment politique qui est déterminé à réduire radicalement les conditions de vie de la classe ouvrière. Leur spécialité est de justifier leur politique droitière par le nationalisme grec tout en se présentant comme l’adversaire du gouvernement en recourant à une défense stalinienne persistante de la politique de la bureaucratie soviétique avant qu’elle ne liquide l’URSS. Le rassemblement a eu lieu peu avant que le KKE n’entame ses négociations du 17 mai avec le principal parti conservateur, Nouvelle Démocratie (ND), sur la manière de réagir à la crise de la dette.

Avant le début du rassemblement, les reporters du WSWS se sont entretenus avec Chrysoula Lamboudi, la responsable du secrétariat pour les immigrants et les femmes au bureau national du PAME. Elle a décrit l’impact des réductions sociales comme « réduisant en miettes les acquis de la classe ouvrière. » Toutefois, elle a largement absolu le PASOK de toute responsabilité – en affirmant que Papandreou n’avait pas le choix étant donné que les « mesures sont déterminées à l’extérieur de la Grèce. »

Chrysoula Lamboudi

A la question de savoir si le PAME envisageait de rechercher un soutien international, Lamboudi a dit qu’elle « souhaitait que le mouvement syndical des autres pays évolue selon des lignes identiques » à celles des syndicats grecs. Elle a dit que « le mouvement de classe était très faible dans les autres pays. » Présentant les syndicats grecs comme un modèle pour les travailleurs du monde entier, Lamboudi a tracé un portrait dévastateur de la manière dont ils collaborent avec l’Etat pour piller la classe ouvrière.

Les reporters du WSWS ont fait remarquer qu’en France les journaux parlent de « cogestion du pouvoir »entre le président Nicolas Sarkozy et le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, et, à la question de savoir s’il y avait des parallèles avec la Grèce, elle a répondu, « Oui, il existe un front commun entre la GSEE et le gouvernement. [Le président de la GSEE Yiannis] Panagopoulos les critique à la télévision mais refuse de rejeter la responsabilité sur le gouvernement. Les licenciements, les réductions de salaires – ils disent oui, c’est nécessaire ; au lieu de lutter contre la hausse des prix, ils dressent une liste de magasins discount où les gens peuvent aller faire leurs courses. »

A la question de savoir pourquoi la GSEE adoptait de telles positions, elle a répondu : « La majorité de la GSEE se trouve dans le PASOK. » Elle a dit que Panagopoulos est un membre du PASOK et qu’il gagne 200.000 euros par an en participant à divers comités d’Etat.

En parlant des réunions avec le gouvernement, Lamboudi a dit: « Tout le monde est informé des projets gouvernementaux ; le contenu des pourparlers avec le gouvernement n’est pas de discuter de ce qui se passera mais de la meilleure manière d’appliquer les mesures » qui ont déjà été fixées par l’Etat. Les mesures incluent l’application « de pratiques de travail et des horaires de travail plus souples, » a-t-elle expliqué.

Le PAME occupe aussi un certain nombre de postes au sein d’instances dirigeantes de la GSEE. En décrivant ses différences avec le restant de la GSEE, elle a dit que d’autres « syndicats participent à l’ensemble des négociations avec le gouvernement. … [Ils] discutent des pratiques de travail plus souples, ils les acceptent en disant que c’est mieux pour les travailleurs. » Le PAME a quitté la salle en plein milieu de telles discussions a-t-elle expliqué, en tenant à la place des « réunions séparées. » Ceci n’exclut pas de collaborer avec le reste de la GSEE, a-t-elle précisé : « Lorsque nous essayons d’organiser des événements, nous espérons que tout le monde viendra, par commodité. »

Selon la description de Lamboudi, le rôle joué par le PAME est de fournir un écran de rhétorique pseudo-gauche à la collaboration de la GSEE avec le gouvernement. Elle a dit, « d’autres organisations ont des revendications plus restreintes – alors que nous, nous réclamons la sécurité du travail et de l’emploi pour tous, la GSEE dit qu’elle veut davantage d’offres d’emplois, » pour les travailleurs licenciés. Elle a ajouté que le PAME a proposé en vain au reste de la GSEE que la grève nationale de 24 heures du 20 mai dure deux jours.

Lamboudi sait que cette rhétorique ne répond pas aux menaces auxquelles sont confrontés les travailleurs du fait de la crise de la dette mais elle a dit qu’il n’y avait pas d’alternative politique. Lorsque les reporters du WSWS ont signalé que des grèves courtes et sporadiques n’avaient pas empêché les coupes de Papandreou, elle a dit, « J’admets tout cela – c’est difficile. »

Elle a insisté en disant qu’une solution politique devait attendre un avenir indéfini : il fallait qu'il y ait « le pouvoir du peuple, » mais il est « très tôt pour en parler. » Lamboudi a dit que les travailleurs sont politiquement « engourdis » en raison de la propagande du PASOK et de la GSEE, une caractérisation qui contraste fortement avec la vaste opposition au PASOK que les reporters du WSWS ont constaté parmi les travailleurs.

Malgré toutes les tensions supposées exister entre le KKE et ses syndicats du PAME et la GSEE, la tribune même des intervenants au rassemblement du KKE du 15 mai était placée directement devant le bâtiment du quartier général de la GSEE – d’où était suspendue du dernier étage une gigantesque banderole KKE.

Aleka Papariga s’adressant à l’auditoire devant la banderole du KKE au QG du syndicat GSEE

L’intervenante principale était Aleka Papariga, secrétaire générale du KKE depuis 1991 et  écrivain sur la question de « l’émancipation de la femme, » d’après le site internet du KKE. Tout comme Lamboudi, mais avec l'attitude plus menaçante d’une maîtresse d’école en colère, Papariga a enrobé la politique droitière du KKE dans un cocon de rhétorique pseudo-gauche.

Elle a débuté par un appel nationaliste contre les coupes sociales. Elle a appelé à une « lutte patriotique internationaliste » contre « les entreprises et les banques » et le « joug » du plan d’austérité FMI-UE. En présentant les réductions de Papandreou comme un produit de l’influence étrangère, elle a accusé les hommes d’affaires grecs d’être « de connivence avec les attaques de l’UE. »

Elle a ensuite attaqué le principal parti conservateur, la Nouvelle Démocratie (ND), pour avoir au final « la même » position que le PASOK sur le plan d’austérité. Elle a dit que de tels partis « emploient parfois la carotte et le bâton avec le KKE. »

En fait, si les partis dirigeants manient effectivement le bâton et la carotte contre les travailleurs, le KKE a présentement surtout droit aux carottes. Tout en dénonçant la ND devant son auditoire, Papariga était en train de préparer des réunions bien médiatisées avec le dirigeant de la ND, Antonis Samaras, qui ont eu lieu le 17 mai.

Etant donné notamment le rapide effondrement de la popularité de Papandreou, l’une des trahisons les plus tristement célèbres du KKE revient à l’esprit : son entrée dans le gouvernement de coalition – avec le Parti communiste grec (Intérieur), le précurseur de la principale faction de SYRIZA – dirigé par le premier ministre ND, Tzannis Tzannetakis en 1989.

Dans la coalition de 1989 qui avait en apparence pour objectif d’enquêter sur la corruption du dernier gouvernement PASOK, le KKE avait obtenu les ministères de la Justice et de l’Intérieur. Une fois au pouvoir, le KKE avait détruit une grande partie des archives secrètes de la police, entravant ainsi l’enquête et l’examen historique des crimes commis entre 1967-1974 par la junte militaire grecque, et en rassurant la classe dirigeante sur l’efficacité du KKE. Ceci contribua à accélérer l’intégration totale du KKE dans l’establishment politique grec.

Sans dire un mot sur le gouvernement de 1989, Papariga a poursuivi sa rhétorique abstraite : « Entre le capitalisme et le gouvernement populaire, aucun compromis n’est possible, » a-t-elle dit en appelant à une « coalition socio-politique d’en bas. »

Malgré, ou peut-être en raison de la défense sans faille de Staline et de Brejnev par le KKE, Papariga s’est sentie obligée de traiter brièvement la question du « socialisme du 20ème siècle, » comme elle l’a appelé – à savoir, la bureaucratie soviétique. Sans rougir, elle a répété les revendications traditionnelles du mouvement marxiste pour garantir que les responsables d’un Etat socialiste restent redevables envers la population : révocation immédiate des dirigeants gouvernementaux et rémunération à hauteur du salaire d’un ouvrier qualifié. Staline et Brejnev n’avaient certainement pas été soumis à ces exigences. Et ceux qui avaient défié la bureaucratie sur ces sujets avaient été massacrés durant les grandes purges staliniennes.

Papariga a conclu en lançant un appel aux « sacrifices » – ce qui, venant d’elle, n’est pas inspirant mais plutôt alarmant.

En parcourant des yeux l’auditoire durant les dernières minutes du discours de Papariga, l’on pouvait voir des gens s'impatienter, s’entretenir entre eux ou se passer les mains dans les cheveux. Le but de la rhétorique creuse de Papariga n’est pas d’expliquer les événements, de susciter la volonté de lutter ou d’inspirer quoi que ce soit – c’est d’ennuyer et de créer la confusion au sein des masses populaires qui sont confrontées à la strangulation économique par les banques.

 (Article original paru le 21 mai 2010)

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