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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le rassemblement de la Syriza : la politique réactionnaire de « gauche » de la classe moyenne en Grèce

Par Alex Lantier et John Vassilopoulos à Athènes
28 mai 2010

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Les reporters du WSWS ont pris part le 14 mai au rassemblement de la SYRIZA (la coalition de la gauche radicale) organisée dans le but de discuter des coupes sociales massives imposées par le premier ministre George Papandreou.

Les partis de la classe moyenne tels la SYRIZA et le Parti communiste grec (KKE) se présentent comme des critiques de gauche de la politique de Papandreou tout en oeuvrant à légitimer sa politique en pratique. Une division du travail émerge clairement : le parti social-démocrate de Papandreou, le PASOK, négocie les coupes avec l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) en en fournissant les votes au parlement. Quant à la SYRIZA, elle désoriente et démoralise l’opposition de la classe ouvrière. En effet, l’une des factions influentes de la SYRIZA, l’Aile novatrice, prône la formation d’une coalition politique ouverte avec le PASOK.

Dans ce contexte, le trait prédominant du rassemblement de la SYRIZA a été l’absence de tout appel à renverser le gouvernement Papandreou malgré sa politique antisociale profondément impopulaire. Au lieu de cela, les principaux intervenants– le dirigeant de la délégation parlementaire de la SYRIZA, Alexis Tsipras et l’ancien membre du parlement, Manolis Glezos – ont demandé une politique monétaire plus souple et mis en avant le chauvinisme grec.

En signe de concession hypocrite et superficielle à l’« internationalisme », le rassemblement a débuté par les discours des visiteurs étrangers. Le premier intervenant a été le député du Parti communiste français (PCF), Jean-Pierre Brard qui siège à la commission des finances à l’Assemblée nationale. Le PCF est un complément politique du Parti socialiste (PS) qui est en train de préparer des projets de coupes sociales à l’exemple de ceux de Papandreou, au cas où il reviendrait au pouvoir. Joe Higgins, du Parti socialiste d’Irlande, a également pris la parole. Malgré ses invocations rituelles de solidarité internationale son parti a soutenu l’année dernière la campagne chauvine de « Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques » montée par les syndicats britanniques.

Tsipras a commencé son discours en louant l’« unité du mouvement » contre les coupes de Papandreou et en avançant l’hypothèse qu’elle pourrait s’étendre à l’ensemble de l’Europe méridionale. De tels commentaires visent à dissimuler la désunion totale et l’impuissance des protestations syndicales actuelles en Europe méridionale tout en faisant appel au sentiment d’opposition unie que les travailleurs ressentent instinctivement face aux coupes.

Il n’y a pas eu de tentative sérieuse de la part de la SYRIZA ou d’aucun autre parti en Grèce d’organiser une action de grève internationale de la population laborieuse en Europe. En Grèce, l’activité syndicale se limite en grande partie à des grèves nationales de 24 heures organisées une fois par mois et qui sont contrôlées par les syndicats de la GSEE et d’ADEDY, dominés par le PASOK. D’autres grèves menées dans des secteurs industriels distincts ont été isolées par les syndicats.

Alors que ces grèves servent de tests utiles à la classe dirigeante pour évaluer le degré de colère et d’opposition existant parmi les travailleurs, elles ne posent aucune menace au programme d’austérité de Papandreou. Au lieu de cela, la classe ouvrière est privée de toute véritable opportunité de mesurer sa force et son opposition grandissante à Papandreou.

Tsipras a critiqué Papandreou pour avoir menti sur l’état des finances grecques durant la campagne électorale lorsqu’il avait promis d’augmenter les dépenses sociales. Ceci, toutefois, soulève plus de questions que cela n’apporte de réponses. S’il avait été largement connu au sein de l’establishment politique que les finances de la Grèce étaient pires qu’on ne le prétendait, pourquoi Tsipras a-t-il appelé Papandreou pour le féliciter après son élection en octobre dernier ?

Tsipras a ensuite attaqué les dirigeants de la fédération du patronat grec (SEV) pour pousser en avant les coupes sociales et les restrictions des droits des travailleurs. Il s’est plaint de ce que les dirigeants patronaux essaient de « créer une atmosphère dans laquelle ils dévaluent la classe politique en exigeant même des réformes constitutionnelles de façon à pouvoir mieux faire leur travail sans avoir à subir les réactions désagréables des luttes sociales. » Ce que Tsipras a omis d’ajouter c’est que la population grecque est autant en colère contre les politiciens que contre les banquiers et qu’elle considère que les dirigeants de la SYRIZA ne sont pas significativement différents de tous les autres.

L’« alternative » qu'a ensuite proposée Tsipras n’est pas une politique nouvelle pour la classe ouvrière mais plutôt un changement de politique bancaire. Il a dit que la Grèce devrait « bénéficier de prêts directs de la BCE [Banque centrale européenne] … restructurant les termes et les conditions de remboursement de la dette, le taux d’intérêt et peut-être la défalcation d’une partie de la dette.

Cette proposition n’est pas une tentative de mobiliser la population laborieuse ou d’expliquer les implications de la menace d’un appauvrissement de masse que Papandreou laisse planer au-dessus de leurs têtes. La principale proposition politique de la SYRIZA vise avant tout à conseiller aux banques et aux politiciens bourgeois la manière d'amoindrir la menace de résistance de la population ouvrière.

Tsipras a conclu en lançant des appels mensongers pour « un contrôle social des banques. » En fait, sa politique est le contraire d’une politique où les travailleurs confisquent les principaux comptes des investisseurs pour satisfaire les besoins sociaux – c’est-à-dire, la lutte pour le socialisme et le contrôle ouvrier de l’industrie. Le fait de laisser intactes les fortunes gigantesques amassées en Grèce et internationalement, signifie tout simplement répartir le fardeau du financement de l’aristocratie financière sur les autres pays.

Glezos, ancien résistant du Parti communiste grec durant la Seconde guerre mondiale, a appelé les Grecs à prêter de l’argent au gouvernement à un faible taux d'intérêt pour permettre à Athènes de rembourser ses dettes – une proposition réactionnaire qui correspond tout au plus à renflouer les banques avec les quelques économies qui restent aux travailleurs grecs.

Il s’est ensuite lancé dans une attaque nationaliste contre l’Allemagne en disant que la chancelière allemande Angela Merkel aurait dû accepter plus rapidement le plan d’aide impopulaire de l’UE-FMI pour la Grèce. Il a dit que durant la Seconde guerre mondiale, l’Allemagne « avait pris toute la richesse qui existait en Grèce, toute la nourriture, pour l’emporter en Allemagne et permettre au peuple allemand de survivre. Et même sur ce point, [Merkel] n’a fait preuve d’aucune gratitude, elle ne devrait rien dire. »

Glezos a ensuite proposé de piller l’économie allemande, de rembourser les créanciers grecs parmi les principales banques. Il a appelé à « lutter pour que l’Allemagne rembourse tout ce qu’elle doit à la Grèce : les dettes aux fond publics, les réparations, les prêts forcés, les trésors archéologiques et les indemnités aux victimes. Ces réparations, dont à peine la moitié a été évaluée, s’élèvent à 160 milliards d’euros sans intérêt en argent d’aujourd’hui. Vous comprenez alors ce que l’Allemagne doit à la Grèce. »

Il a conclu en lançant un appel cynique à l’unité du parti au sein de la SYRIZA : « Si chacun d'entre nous pense qu'il détient la vérité, nous n’arriverons à rien. » Lorsque des factions de la SYRIZA appellent ouvertement à collaborer avec Papandreou, ceci n’est rien d’autre qu’une promesse que la SYRIZA poursuivra son soutien ambiguë au gouvernement et à l’austérité sociale.

(Article original paru le 17 mai 2010)

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