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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les banques exigent des mesures d'austérité contre les pays « gaspilleurs »

Par Barry Grey
2 mars 2010

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Avec le déclenchement de la crise européenne de la dette souveraine, une nouvelle catégorie est apparue dans la presse bourgeoise, celle des « pays gaspilleurs. » Les éditorialistes accusent régulièrement des populations entières, à commencer par les Grecs mais aussi d'autres, d'avoir vécu au-dessus de leurs moyens. Elles doivent à présent en subir les conséquences.

Comme remède presque universel émanant de politiciens aussi bien libéraux que conservateurs, c'est un assaut sans précédent qui est engagé contre l'emploi, le salaire et le niveau de vie de la classe ouvrière et la démolition des retraites, du système de santé, de l'éducation et d'autres services sociaux de base.

La découverte de cette pandémie de gaspillage est une réaction directe aux exigences du capital financier international. Après avoir plongé le monde dans un désastre économique par leur course effrénée à l'enrichissement personnel, et poussé leurs Etats respectifs dans la faillite pour les avoir renfloués, les seigneurs de la finance font appel à leurs aides au gouvernement pour protéger leurs investissements en réduisant radicalement les budgets des programmes dont dépendent des centaines de millions personnes.

La canaille journalistique qui promeut la croisade contre le gaspillage ignore le fait bien connu que le niveau de vie de la population laborieuse est en baisse depuis des décennies dans tous les pays industrialisés tandis que la fortune de l'élite financière connait une augmentation exponentielle.

Un exemple notoire de ce type d'experts a été fourni dimanche dans la rubrique « éditorial et opinion », par Thomas Friedman, le chroniqueur du New York Times qui couvre les affaires internationales. Friedman, toujours le chef de troupeau de la suffisance libérale, et porte-parole bien nanti du libéralisme américain écrit : « Oui, Monsieur, nous venons tout juste d'avoir nos 70 années d'abondance aux Etats-Unis. Et durant ces 70 dernières années, diriger. a en grande partie consisté à prodiguer des bienfaits. »

Il poursuit : « Mais maintenant il semble que nous entrons dans une nouvelle ère, « où la grande tâche du gouvernement et de la direction politique consistera à retirer des choses aux gens », a dit Michael Mandelbaum, expert aux affaires étrangères de l'université John Hopkins. En effet, diriger signifie à présent réduire, licencier ou dégraisser les prestations de services, les programmes ou le personnel. »

Friedman continue en comparant la population des Etats-Unis à des sauterelles qui ont rongé « la prospérité qui nous avait été léguée. »

Il donne le conseil suivant au président Obama (dont la campagne en faveur de l'austérité fiscale prouve qu'il n'en a guère besoin) : « Le président doit convaincre le pays d'investir dans l'avenir et de payer pour le passé - le gaspillage passé - et ce tout en même temps. Nous devons payer plus que jamais pour davantage de nouvelles écoles et plus d'infrastructure tout en acceptant plus de coupes sociales que jamais au moment où la confiance dans le gouvernement est au plus bas. »

Deux jours après la publication de l'article de Friedman, le contrôleur des finances de l'Etat de New York a publié un rapport soulignant qui sont les véritables gaspilleurs. Le rapport évalue que les bonus de Wall Street ont grimpé de 17 pour cent en 2009 pour atteindre 20,3 milliards de dollars. De plus, il y est dit que les sociétés de courtage à la bourse de New York ont engrangé une somme record de 49,9 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2009 et qu'elles vont encaisser plus de 55 milliards de dollars de profit sur l'ensemble de l'année - soit près de trois fois plus que le record absolu précédent.

Les revenus moyens des plus importantes banques de Wall Street, telles Goldman Sachs et JPMorgan Chase, ont augmenté de 31 pour cent l'année dernière tandis que l'ensemble des revenus moyens a augmenté de 27 pour cent pour passer à plus de 340.000 dollars.

Ces chiffres montrent que l'élite financière américaine, grâce aux bons offices du gouvernement Obama, a exploité la crise qu'elle a fabriquée de toutes pièces pour appliquer son programme de longue date de restructurer les rapports de classe en réduisant radicalement et de façon permanente les niveaux de vie de la classe ouvrière.

C'est une accélération de l'offensive menée depuis de nombreuses décennies par la classe dirigeante. L'élite dirigeante américaine a déjà énormément accru sa part de la richesse nationale grâce aux réductions des impôts pour les entreprises et les riches, à la dérégulation économique, aux coupes dans les programmes sociaux, au quasi-démantèlement de la base industrielle du pays et au recours à la répression d'Etat appliquée avec l'aide de la bureaucratie syndicale et de sa répression de la résistance de la classe ouvrière.

Citons quelques faits :

L'Institut de politique économique rapporte que dans les 30 années qui ont précédé 2008, près de 35 pour cent de la croissance du revenu total aux Etats-Unis étaient allés au 0,1 pour cent de tête du 1 pour cent des gens aux plus hauts revenus. Les 90 pour cent inférieurs se partageaient durant la même période seulement 15,9 pour cent de la croissance des revenus.

La hausse de l'inégalité des revenus avait même démarré avant que la crise financière n'éclate en 2008. Selon une étude, deux tiers de la croissance des revenus étaient allés entre 2002 et 2007 au 1 pour cent le plus riche de la société et les revenus du 1 pour cent classé en tête avaient augmenté dix fois plus vite que ceux des 90 pour cent restant. Le 1 pour cent de tête des gens aux plus hauts revenus percevait en 2007 une part du revenu plus importante qu'à aucun autre moment depuis 1928.

Les derniers chiffres publiés par l'agence américaine qui collecte les impôts, l'Internal Revenue Service (IRS), montrent que le revenu moyen des 400 familles américaines est passé de 16 millions à 87 millions de dollars entre 1992 et 2007, soit une quintuple augmentation. Pendant ce temps, le pourcentage du revenu national total qui est allé à ces 400 familles a triplé, passant de 0,52 pour cent en 1992 à 1,59 pour cent en 2007.

Entre-temps, le revenu d'un Américain moyen est tombé de 13 pour cent au cours de la première décennie de ce siècle.

La conséquence est que les Etats-Unis ont le plus haut niveau d'inégalité des revenus des pays hautement industrialisés. Ils figurent en cela à un rang d'inégalité plus grande que le Sri Lanka et sur un pied d'égalité avec le Ghana et le Turkménistan.

C'est ce que le capitalisme a fait pour la population américaine avant le déclenchement de la crise financière. Depuis le crash de 2008, d'autres millions de personnes ont été précipitées dans le chômage, la pauvreté, la famine et sont devenues sans domicile fixe. Aujourd'hui, 40 millions d'Américains vivent dans la pauvreté tandis que six millions (2 pour cent de la population) n'ont pas de revenu et ne subsistent qu'avec des bons alimentaires.

Telles sont les conditions qui, selon Friedman et l'establishment patronal et politique pour lesquels il parle, doivent être aggravées de façon drastique.

La crise actuelle est en train d'éliminer toute prétention démocratique en exposant les réalités de classe d'un système fondé sur la propriété privée des moyens de production et la subordination des besoins sociaux à l'enrichissement personnel d'une élite parasitaire. Il ne s'agit pas de réformer le système mais de rompre avec la mainmise de cette aristocratie moderne par la mobilisation politique de la classe ouvrière américaine et internationale dans une lutte pour le socialisme.

(Article original paru le 25 février 2010)


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