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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les syndicats mettent fin à la grève des contrôleurs aériens

Par Pierre Mabut
5 mars 2010

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Les contrôleurs aériens ont repris le travail samedi matin dans les aéroports français après que leurs syndicats ont décidé, sur la base de garanties sans valeur, de ne pas poursuivre leur grève de quatre jours pour la défense de l’emploi et du statut de fonctionnaires. Le mouvement de grève très effectif avait supprimé 50 pour cent des vols à Orly et 25 pour cent à Roissy-Charles de Gaulle en entraînant aussi l’annulation de vols dans de nombreux aéroports de province. Une grande partie du trafic aérien survolant le territoire français avait aussi été fortement perturbé.

La décision des syndicats de mettre fin au débrayage au moment où les contrôleurs étaient sur le point d’être rejoints par les pilotes d’Air France avait été le résultat vendredi de négociations conjointes avec la direction et le gouvernement. Le syndicat Force ouvrière avait déclaré qu’« une ouverture importante » avait été obtenue.

Les contrôleurs aériens sont opposés au projet de rationalisation de l’espace aérien européen, tant civil que militaire. « Le Bloc fonctionnel d’espace aérien d’Europe centrale » (FABEC), le projet de « ciel unique européen » comprend l’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse. Les travailleurs craignent à juste titre qu’il entraîne des suppressions d’emplois à grande échelle et des attaques contre les conditions de travail.

L’étude de faisabilité réalisée par la direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui compte 12.000 agents, dont 4400 contrôleurs aériens, avait escompté réaliser d’ici 2025 des économies s’élevant à 7 milliards d’euros grâce à une réduction de 50 pour cent des coûts dans le contrôle aérien. Un aspect de ces économies est la politique consistant à ne remplacer le départ à la retraite que d’un fonctionnaire sur deux.

Le gouvernement français n’a avancé que des garanties verbales sur la sécurité de l’emploi et Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, avait proposé la mise en place d’un autre type encore de comité consultatif en guise de « partenaires sociaux » du gouvernement et impliquant la coopération des syndicats dans le développement du FABEC. Et c'est sur cette base totalement sans valeur que le syndicat a appelé vendredi à la fin de la grève. Le délégué de Force ouvrière, Didier Pennes, avait décrit la mission du nouveau comité comme « un mandat élargi pour inclure toutes les sensibilités ». En d’autres termes, les responsables syndicaux font tout pour s’assurer que leurs intérêts sont protégés.

A peine deux jours plus tôt, après la réunion avec le gouvernement, l’intersyndicale avait déclaré que la grève serait poursuivie jusqu’à ce que les garanties nécessaires soient obtenues. Le porte-parole de l’intersyndicale, Pierre Meybon, avait précisé : « Nous avons constaté que les garanties par le ministère n’étaient pas suffisantes, en particulier quant au maintien de la DGAC au sein de la fonction publique de l’Etat. »

Borloo a nommé à la tête du comité consultatif pour la collaboration avec les syndicats, Gilles Savary, député socialiste membre du parlement européen. Sa tâche est d’étouffer toute nouvelle opposition exercée par les contrôleurs aériens dans la défense de leurs emplois et de leurs conditions de travail.

Le même scénario s’est produit la semaine dernière lorsque les syndicats, menés par la CGT, ont interrompu la grève nationale dans les raffineries du groupe pétrolier Total en laissant les travailleurs du site de Dunkerque isolés dans leur lutte pour garder leur raffinerie ouverte. Les syndicats ont obtenu l’organisation d’une « table ronde » avec le gouvernement et Total pour discuter des ressources énergétiques nationales pour la prochaine période.

Dans le contexte de la crise d’endettement massif des gouvernements en Europe et la quasi faillite de nombreuses compagnies aériennes, le projet d’intégration du contrôle de l’espace aérien ne pourra se faire qu’aux dépens des emplois des contrôleurs aériens, des personnels de cabine et des travailleurs du transport aérien en général ainsi que des passagers en réduisant les coûts pour les compagnies aériennes et aussi en renforçant la capacité militaire de l’Union européenne.

Les pilotes d’Air France qui sont soutenus par des syndicats minoritaires poursuivent leur grève pour la défense de leurs emplois et de leurs conditions de travail. Entre 5 et 10 pour cent des vols sont affectés. Air-France-KLM a affiché son cinquième déficit trimestriel consécutif. Ils s’attendent à une perte de 1,3 milliard d’euros sur l’exercice 2009/10. Les raisons avancées par les analystes de l’industrie aérienne sont la lourde facture de carburant et les pertes des moyens et courts courriers. Les syndicats de pilotes disent qu’Air France réalise chaque année 120 millions d’euros d’économies sur les équipages des avions ce qui fait partie de sa guerre des prix contre Easyjet et Ryanair pour l’industrie à bas coûts. Air France a mis en place un plan de « départ volontaire » portant sur 1.700 employés en 2010.

En arrêtant la grève, l’intersyndicale des contrôleurs aériens, qui comprend la CGT (Confédération générale du Travail), la CGC (Confédération générale des cadres), FO (Force ouvrière) et l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), s’est à présent chargée d’imposer aux contrôleurs aériens la politique d’austérité du président Nicolas Sarkozy en isolant également la lutte des pilotes.

Au moment où les grèves étaient les plus effectives, à la fois chez Total et dans le trafic aérien, les syndicats sont une fois de plus venus au secours des entreprises et du gouvernement droitier de Sarkozy.

La restructuration du contrôle aérien en Europe est en soi une démarche progressiste, mais sous le capitalisme les travailleurs européens devront la payer pour soutenir le profit de l’industrie aérienne défaillante et les préparatifs militaires de l’impérialisme européen. Le seul véritable projet rationnel pour le contrôle du trafic aérien respectant les compétences des travailleurs et la sécurité publique sera réalisé s’il est appliqué sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière au sein des Etats unis socialistes de l’Europe comme partie intégrante de l’établissement d’un gouvernement ouvrier de par le continent.

(Article original paru le 1er mars 2010)

 

Voir aussi:

France : Les travailleurs de Total à Dunkerque poursuivent la grève après l'appel de la CGT à mettre fin au mouvement national [1er mars 2010]

Un tournant en Europe [1er mars 2010]


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