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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Sur invitation de La Gauche

Alain Krivine du NPA donne une conférence en Allemagne

Par Dietmar Henning
30 mars 2010

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Le 17 mars, sur invitation du « Rosa Luxemburg Club » qui est affilié au parti La Gauche (Die Linke), Alain Krivine a donné une conférence dans la ville de Bielefeld, située au nord-est de la Rhénanie-du-Nord/Westphalie. Krivine, âgé de 69 ans, est un membre fondateur et un dirigeant de longue date de la Ligue communiste révolutionnaire qui s'est auto-dissoute en février de l'année dernière pour créer le « Nouveau Parti anticapitaliste » (NPA).

L'auditoire comptait une quarantaine de partisans de La Gauche ainsi que quelques professeurs et employés de l'université de la ville où, le lendemain, Krivine devait participer à un atelier consacré au thème de la révolte des étudiants de 1968.

La réunion le soir avec Krivine a clairement montré à quel point le NPA était prêt à s'intégrer dans la politique bourgeoise à l'encontre la population laborieuse - aux côtés du Parti socialiste (PS), du Parti Communiste (PCF), des Verts et des syndicats. Krivine a également exprimé sans équivoque son rejet du marxisme.

Sa conférence et le débat qui s'en est suivi se sont tenus sous le titre « La rage - organiser la colère ! La situation de la gauche en France. » La conférence s'est concentrée sur les élections régionales des 14 et 21 mars en France. Selon Krivine, la droite a littéralement été balayée de la carte des régions au premier tour des élections. Il faisait allusion à l'UMP, le parti majoritaire dirigé par le président Nicolas Sarkozy. Le fait est cependant que l'extrême droite, le Front National dirigé par Jean-Marie Le Pen, a également été en mesure d'obtenir un score relativement élevé tandis que le NPA de Krivine était crédité d'à peine 2,4 pour cent - une baisse sensible par rapport aux 6,1 pour cent obtenus par le parti lors des élections européennes l'année dernière.

Krivine a réagi à ce résultat en cherchant à faire porter la responsabilité sur la classe ouvrière et en promettant de collaborer à l'avenir encore plus étroitement avec la « gauche » bourgeoise.

Il a déclaré que c'était la « résignation » qui prévalait dans la population qui était responsable de ce résultat et notamment, les jeunes et les gens ordinaires qui n'étaient pas allés voter. « L'année dernière des millions de personnes manifestaient en France. Maintenant ce mouvement est en reflux, juste au moment où nous avons fondé le NPA, » s'est-il plaint.

Krivine a rejeté une part de responsabilité pour cette « résignation » sur la bureaucratie syndicale qui a cassé le mouvement à l'aide de nombreuses actions isolées et a épuisé les militants au moyen d'une suite de grèves générales de 24 heures. Krivine n'a pas fait mention cependant du rôle joué par le NPA qui a fortement soutenu la bureaucratie syndicale dans sa tactique en évitant toute critique à son égard.

Krivine a clairement fait entendre que pour le NPA la tâche consistait à réorienter les travailleurs et les jeunes déçus vers les rangs des Partis socialiste et communiste et des syndicats. Il a poursuivi en décrivant les efforts entrepris par le NPA pour former une alliance avec ces partis en dépit du fait que, sous la direction de François Mitterrand et de Lionel Jospin, ces partis avaient gouverné la France pendant des décennies en récoltant pour leur politique droitière le mépris et la colère de nombreux travailleurs.

Il a rapporté que tout dernièrement le NPA « avait invité tous les partis de gauche à s'unir pour une revendication commune pour la défense des retraites. » Parmi les invités figuraient le PS, les Verts et le PCF. Avec ces organisations le NPA cherche à s'opposer à l'allongement prévu de l'âge de départ en retraite et ce en dépit du fait que la première secrétaire du PS, Martine Aubry, avait lancé son propre appel à l'allongement de la durée de la vie active. Le PS a refusé l'invitation du NPA et le PCF et les Verts y ont répondu en affirmant que la question des retraites était l'affaire des syndicats.

Une autre revendication du NPA est l'appel : « Le 23 mars, tous en grève, tous dans la rue ! » -- une journée choisie par les syndicats français pour une grève générale de 24 heures. Krivine a souligné que, dans toutes les luttes, il était pour l'unité de la gauche [.] en précisant aussi que son parti n'était pas sectaire et ne disait pas que tous les autres étaient des traitres.

Dans une situation où la classe ouvrière en France et dans les autres pays d'Europe se radicalise, le NPA couvre les arrières de la bureaucratie ouvrière discréditée dans le but de démoraliser le mouvement de masse de façon à ce qu'il s'épuise.

Au cours de la soirée, Krivine a exprimé son mépris pour le marxisme. Lors de son congrès de fondation le NPA avait déjà jeté par-dessus bord le trotskysme, le socialisme et l'internationalisme de façon à s'ouvrir à toutes sortes de courants qui rejettent avec véhémence le marxisme. Aux côtés d'anciens membres de la LCR, se trouvent au sein du NPA, des anarchistes, des partisans de Che Guevara, des féministes, des syndicalistes et un certain nombre d'anciens membres du PCF et des Verts auxquels, a remarqué Krivine, viennent s'ajouter des milliers de membres sans la moindre formation politique.

C'est pourquoi, a-t-il ajouté : « Nous ne débattons pas sur des questions comme: Qu'était l'Union soviétique ? Qu'est-ce-que la dualité de pouvoir ? Sur Kronstadt ou d'autres questions. » Il a dit qu'il n'est plus question d'être en concordance sur le passé et de discuter de qui a raison. La seule chose qui compte c'est ce qui doit être fait maintenant et à l'avenir.

Il a dit qu'au sein de la LCR, il existait encore des limites très étroites et qui ne sont plus nécessaires, a-t-il poursuivi. « Nous avons abandonné beaucoup de choses au NPA. » Lorsque l'interprète de la réunion, Manuel Kellner, qui est lui aussi un membre du Secrétariat unifié pabliste est intervenu en disant : « y compris le léninisme, » Krivine a répliqué, « Ouais. »

Tout au long de la soirée, Krivine n'a pas prononcé une seule fois le mot socialisme. Même à une question sur des revendications de transition, il a répondu de façon évasive en disant : « Le système social que nous recherchons se caractérise en premier lieu par une distribution équitables des biens. »

« L'incursion dans la propriété privée » pourrait aussi être envisagée a-t-il dit, mais démocratiquement. Au NPA, l'on est unanime pour que le capitalisme soit aboli, « Mais comment, c'est ce dont nous débattons. »

A la question de savoir pourquoi le NPA se qualifie d'« anticapitaliste » s'il cherche en même temps à conclure des alliances avec le PS, le PCF et les syndicats qui tous soutiennent le capitalisme, Krivine a une fois de plus été évasif. Il a rapporté que « certains au NPA » étaient contre de telles alliances tandis que d'autres reprochaient à de tels éléments d'être sectaires parce qu'il faudrait former encore bien plus d'alliances - « et moi, je me trouve quelque par au milieu. »

Krivine a également refusé d'émettre la moindre critique à l'égard de La Gauche qui siège au gouvernement du Land de Berlin et de celui de Brandenbourg et qui a appliqué une série de coupes sociales sévères. Krivine a montré clairement qu'il n'existait pas de différences fondamentales entre le NPA et La Gauche qui l'avait d'ailleurs invité à tenir cette conférence. Krivine a simplement remarqué qu'il y avait aussi un débat au sein du Parti La Gauche pour savoir si ou non il devrait participer au gouvernement.

Selon Krivine, la participation à un parti n'est pas fondée sur des principes mais plutôt sur le nombre de ses adhérents. « Si l'on est un petit groupe, alors on doit envisager de rejoindre des partis plus grands, » a-t-il dit. Il a justifié cet argument en se référant aux expériences faites par le groupe pabliste Sinistra Critica (la Gauche critique) qui a travaillé pendant de nombreuses années au sein de Rifondazione Communista (Refondation communiste) en Italie. Le groupe a fini par devenir une partie intégrante du gouvernement de Romano Prodi dont les attaques perpétrées contre la classe ouvrière ont, en à peine deux ans, permis à Silvio Berlusconi de revenir au pouvoir. Krivine justifie la participation de Sinistra Critica au gouvernement Prodi en signalant que l'organisation avait débuté avec 150 membres seulement et qu'elle en compte 1.000 à présent.

(Article original paru le 27 mars 2010)

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