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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les protestations contre l’énergie nucléaire et les Verts allemands

Par Peter Schwarz
15 novembre 2010

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Les récentes protestations contre la politique nucléaire du gouvernement allemand et le projet de construction de la nouvelle gare dans le cadre de Stuttgart 21 sont systématiquement exploitées pour accroître les chances électorales du Parti des Verts.

Les Verts cherchent à se présenter comme les dirigeants de ces mouvements de protestation. Dans un communiqué commun visant les protestations anti nucléaires à Gorleben, le groupe parlementaire des Verts et la direction nationale ont déclaré : « Nous représentons cette majorité contre la politique du gouvernement fédéral. » Des dirigeants du Parti des Verts, tels Claudia Roth, Cem Özdemir, Jürgen Trittin et d’autres se sont rendus à Gorleben en ne manquant pas une occasion pour se mettre en scène au milieu des manifestants.

Une grande partie des médias a également rendu compte de ces protestations d’une manière extrêmement favorable et en soulignant le rôle joué par les Verts. Dans un communiqué inhabituel, même le syndicat de la police a rendu le gouvernement responsable des blocages et des conflits concernant les transports Castor de déchets nucléaires et qui la semaine dernière ont duré plusieurs jours, plutôt que de rejeter la faute sur les manifestants eux-mêmes et les Verts, comme elle le fait d’habitude.

Les scores du Parti des Verts ont progressé dans les sondages suite aux protestations et à la couverture médiatique favorable. Sur le plan national le parti atteint un score record de 20 pour cent de soutien et, dans deux des six Länder, où des élections sont à l’ordre du jour l’année prochaine – Berlin et le Bade-Wurtemberg – les experts prédisent qu’ils pourraient avoir suffisamment de soutien pour prendre la tête des gouvernements régionaux.

Cinq ans après l’éclatement de la première coalition sociale-démocrate (SPD)-Verts (1998-2005) jamais, les Verts sont une fois de plus apprêtés pour entrer dans un gouvernement. La raison n’est pas difficile à comprendre. L’élite dirigeante a besoin d’un parti pour maintenir le contrôle sur une opposition sociale grandissante.

C’était précisément le rôle que les Verts avaient joué il y a dix ans quand le parti était intervenu pour réduire les protestations et les blocages annuels contre les transports des déchets nucléaires à destination de Gorleben. Le ministre Vert de l’Environnement de l’époque, Jürgen Trittin, avait approuvé un soi-disant « consensus nucléaire » avec les géants énergétiques qui à long terme envisageait une sortie du nucléaire tout en garantissant à court terme aux centrales nucléaires une durée de vie moyenne de 32 ans. Ceci signifie que les réacteurs nucléaires contestés pourraient tranquillement poursuivre leur activité – alors que tous les partis savaient parfaitement qu’un nouveau gouvernement annulerait le « consensus » comme cela s'est maintenant produit.

Une composante du consensus nucléaire qui avait été acceptée il y a dix ans était la reprise des transports controversés de déchets nucléaires vers Gorleben. Le prédécesseur de Trittin au ministère de l’Environnement, en l’occurrence l’actuelle chancelière Angela Merkel (CDU), avait arrêté ces transports en 1998 parce que des doses de radiation alarmantes avaient été détectées dans les conteneurs Castor.

Lorsque des activistes ont protesté contre la reprise des transports, Trittin a adressé une lettre où il ne mâchait pas ses mots au Parti des Verts du Land de Basse-Saxe qui était enclin à soutenir les manifestants : « Si nous voulons rester crédibles alors nous devons accepter les conséquences de notre politique. Les conditions pour l’exécution des transports ont été remplies et donc il n’y pas de raison que les Verts protestent contre ces transports. »

La tâche des Verts au sein du gouvernement fédéral ne se limitait pas à la répression des protestations anti nucléaires. Malgré une opposition substantielle au sein du parti, la direction a ouvert la voie aux déploiements internationaux de l’armée allemande et, avec le SPD, a approuvé le programme antisocial de l’Agenda 2010 – qui a abouti à la destruction la plus drastique des acquis sociaux de l’histoire de la République fédérale.

Les récentes images de Gorleben rappellent fortement celles des années 1990 avant l’entrée des Verts dans le gouvernement fédéral. Depuis, toutefois, les conditions politiques et sociales ont énormément changé. L’Europe se trouve en pleine crise économique, la plus profonde depuis les années 1930. Partout sur le continent de vastes couches de la population sont obligées de payer le prix de la crise.

En réaction, de puissantes grèves et des protestations se sont développées en Grèce, en Espagne et en France. En Allemagne, le gouvernement a jusque-là réussi à réprimer des mouvements sociaux comparables. Il le doit surtout aux syndicats qui depuis de nombreuses années pratiquent une restriction salariale, soutenu la création d’un énorme secteur à bas salaire et appuyé les mesures d’austérité imposées par le gouvernement allemand dans l’Union européenne.

Malgré cela, le gouvernement Merkel est en crise. La raison en est l’éclatement précisément des couches de la classe moyenne qui formaient la base traditionnelle des partis conservateur et libéral démocrate allemands. Les récentes protestations à Gorleben et à Stuttgart sont elles-mêmes une expression de l’éclatement des classes moyennes. Socialement hétérogènes et politiquement confuses, elles reflètent le mécontentement largement répandu à l’encontre des grands groupes et des banques et de leurs hommes de main.

C’est là que les Verts entrent en jeu. Leur rôle est d’empêcher que les protestations à Stuttgart et à Gorleben ne se développent en un mouvement social plus vaste. Le principal reproche des dirigeants des Verts à l’encontre du gouvernement mené par Merkel et Westerwelle est qu’ils ont « délibérément ravivé un conflit dans la société allemande qui avait été apaisé. »

Les dirigeants des Verts ont repris à leur compte les revendications des manifestants tout en rejetant catégoriquement toute tentative de lier ces revendications à des questions sociales plus générales. Bien que se sont les mêmes intérêts corporatistes, qui soutiennent à la fois l’attitude agressive et arrogante du lobby nucléaire et les mesures d’austérité du gouvernement, les Verts refusent catégoriquement d’infléchir l’orientation du mouvement de protestation vers un cours anticapitaliste.

 Depuis son départ du gouvernement fédéral, le parti s’est rapproché du patronat. Selon un sondage effectué par le journal Handelsblatt auprès de 800 cadres supérieurs, les Verts ont affiché le meilleur score de tous les partis. Les meilleures notes attribuées au parti sont venues notamment des patrons de grandes entreprises employant plus de 5.000 salariés.

Les Verts justifient même leur opposition à la politique nucléaire du gouvernement en avançant les besoins du patronat. Selon une déclaration commune du groupe parlementaire des Verts et de la direction fédérale, le prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires est « ruineux pour les entreprises d’énergie renouvelable en Allemagne. »

Les préoccupations véritablement fondées et liées à la santé et à l’environnement ainsi que la colère contre la duplicité du gouvernement avec les grands groupes nucléaires, ont conduit des milliers de personnes à descendre dans les rues pour protester. En ce qui concerne toutefois les Verts et leurs partisans dans les affaires et les médias ils se servent cyniquement des protestations pour préparer un gouvernement alternatif qui ne se différenciera de l’actuelle coalition CDU-FDP qu’en un seul point : l'application sans heurts et bien plus directe de la volonté et des exigences du patronat.

Dans la situation d’une crise capitaliste mondiale, la protection de l’environnement de même que la défense des droits démocratiques, des acquis sociaux et autres besoins sociaux ne peuvent être garanties que dans le cadre d’un programme socialiste qui attaque le mal à la racine du problème : la subordination de l’ensemble de l’activité économique aux intérêts de profit des banques et des grands groupes.

(Article original paru le 12 novembre 2010)

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