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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les grèves continuent en France tandis que le parlement adopte les coupes dans les retraites

Par Alex Lanthier
28 octobre 2010

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Les grèves ont continué hier contre les coupes du président Nicolas Sarkozy dans les retraites, bien que l’Assemblée nationale ait approuvé le projet de loi final de coupe dans les pensions adoptée mardi par le Sénat.

Les sondages montrent que 63 pour cent de la population appuie la poursuite de la mobilisation contre les coupes dans les retraites, qui sont largement vues comme étant illégitimes et imposées dans l’intérêt des riches. Néanmoins, les leaders syndicaux isolent les grèves et s’apprêtent à négocier de nouvelles mesures sociales de droite avec les associations patronales.

Une puissante se poursuit dans le secteur pétrolier et dans les ports. Elle a mené à de fortes pénuries de carburant malgré une série de raids policiers pour lever les blocages de dépôts pétroliers. Bien que 5 des 12 raffineries de France aient voté un retour au travail – La Mède, Port-Jérôme-Gravenchon, Fos-sur-Mer, Petit-Couronne et Reichstett – les autres sont encore partiellement ou entièrement en grève.

Mais cela ne suffit pas à mettre fin aux pénuries de carburant. La grève qui se maintient aux ports et terminaux pétroliers de Marseille et du Havre a coupé le flux de brut vers les raffineries, dont une seule est en fonctionnement. Il a été rapporté que le gouvernement cherche à approvisionner les raffineries avec du brut venant des réserves stratégiques de la France.

Des responsables de l’Etat ont fait savoir que 20 pour cent des stations-service de France sont encore à sec et ils ont refusé de donner la date prévue de la fin des pénuries de carburant. En fait, il semble que le gouvernement sous-estime l’impact encore important des pénuries d’essence. Le site internet Carbeo.com, un site populaire de renseignements pour les consommateurs de carburant qui est souvent cité dans la presse, a établi hier à 3936 le nombre des 12300 stations-service de la France (soit 32 pourcent) étant fermées ou à sec.

De nouvelles grèves ont également été rapportées dans les transports en commun et les services municipaux tels que la collecte d’ordures, bien que des travailleurs municipaux de plusieurs petites villes du sud, telles que Pau et Agen, aient voté pour rentrer au travail.

La grève a un impact international. Mardi, des travailleurs du syndicat social-démocrate SETCA ont bloqué deux dépôts pétroliers en Belgique, à Feluy et à Tertre, après avoir découvert que des camions venus de la France cherchaient à éviter la grève en se réapprovisionnant en Belgique. Le syndicat SETCA a émis un communiqué affirmant qu’il agissait en « solidarité avec les travailleurs français en grève ».

Une manifestation contre les coupes dans les retraites a rassemblé 25000 personnes mardi en Guadeloupe, un territoire français d’outre-mer dans la région des Caraïbes.

En prévision de la journée nationale d’action d’aujourd’hui, les réseaux de transport public de 29 villes à travers le pays ont donné des avis de grève. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux lignes aériennes de réduire le nombre de vols planifiés de 30 pour cent à l’échelle nationale, et de 50 pour cent à l’aéroport Orly de Paris.

La participation risque de ne pas refléter l’opposition populaire aux coupes, de nombreux lycéens et travailleurs étant en congé pour les vacances de la Toussaint.

Un élément important de la campagne pour décourager l’opposition ouvrière a été la large couverture médiatique de ce qui n’était qu’une formalité : l’adoption par l’Assemblée nationale d’une version de la « réforme » des retraites fusionnant les changements introduits par le Sénat et l’Assemblée nationale, qui avaient déjà tous deux voté le projet de loi.

La loi devrait être promulguée autour du 15 novembre, après être soumise à l’approbation du Conseil constitutionnel, à la demande des législateurs du Parti socialiste (PS) formant l’opposition.

La loi fait passer l’âge minimum de la retraite de 60 à 62 ans, et l’âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans. De manière similaire, la durée de cotisation passera à 41 ans d’ici 2010, puis à 41,25 ans en 2013, après quoi elle sera indexée à la hausse de l’espérance de vie. Il devient aussi plus difficile de prendre sa retraite pour cause de maladie profesionnelle, la loi exigeant de prouver un taux d’incapacité de 20 pour cent dans la plupart des cas, le taux de 10 pour cent n’étaint maintenu que dans certains cas.

Il est prévu que la loi coupe le montant des pensions de 18 milliards d’euros par année. Le Monde a accueilli une mesure qui « préserve la notation financière de la France » en réduisant ses dépenses sociales et donc sa dette.

Le premier ministre François Fillon a émis un communiqué exigeant que toute opposition à la loi cesse sur le champ : « La loi de la République doit être désormais acceptée par tous ».

D’autres officiels du parti conservateur au pouvoir, l’UMP (Union pour un mouvement populaire), se sont toutefois montrés plus prudents à ne pas provoquer l’opinion publique dans un contexte de grèves qui se poursuivent contre des coupes très impopulaires. Le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a dit que le vote ne devait pas être vu comme une « victoire », car « c'est le travail du Parlement d'examiner les textes ».

Le quotidient Libération a noté que l’UMP « se gardait de fanfaronner à l'Assemblée nationale » parce que « le gouvernement n'en a pas encore fini avec le mouvement de contestation de sa réforme ».

Ces déclarations attestent du caractère cynique de la campagne médiatique qui présente toute opposition à la loi comme étant vouée à l’échec. En fait, le gouvernement est très inquiet que la colère de masse contre une loi réactionnaire et imposée au mépris de la volonté populaire ne puisse facilement exploser.

Cela souligne le rôle pourri joué par les syndicats et leurs partisans parmi les partis « de gauche », qui refusent de mobiliser la classe ouvrière pour lutter contre le gouvernement Sarkozy.

Les chefs syndicaux ont refusé d’appeler à un élargissement des grèves ou d’organiser des manifestations contre les raids policiers menés sur les travailleurs pétroliers en grève. Le Point a commenté hier : « Depuis plusieurs jours, toutefois, [le dirigeant de la CGT] Bernard Thibault n'encourage plus les grèves et, lundi, sur France 2, il s'est abstenu ... d'apporter un soutien explicite à ceux engagés dans de tels mouvements ».

En fait, les syndicats se dirigent rapidement de nouveau vers la table de négociation avec le Medef (Mouvement des entreprises de France), la principale fédération patronale française. La CGT (Confédération générale du travail) et la CFDT (Confédération française démocratique du travail) proposeraient d’autres modifications sur les conditions de travail des jeunes et des travailleurs proches de la retraite. Dans un geste soulignant le caractère de droite des discussions, la CGT parle de financer les changements en réduisant les impôts sur les sociétés dédiés au financement des dépenses sociales.

Les syndicats font face à une nouvelle controverse, cette fois sur la présence de policiers en civil dans les manifestations contre les coupes dans les retraites. Des témoins ont affirmé que les policiers en civil ont attaqué des manifestants et causé des dommages à des immeubles avoisinants, afin de fournir des informations à la presse lui permettant d’attaquer les manifestations. Dans une entrevue accordée hier à Libération, Thibault a critiqué « des policiers avec des badges CGT repérés par les nôtres » qui « finissent par se faire exfiltrer » par la police anti-émeute à Paris et à Lyon.

Des responsables de la police soutiennent que la direction de la CGT savait que des policiers avaient infiltré les manifestations.

Déclarant que l’infiltration par la police d’une manifestation pacifique « n’a rien de choquant », Mohamed Douane, leader syndical de Synergie Officiers, a affirmé hier sur la chaîne de télévision France 2 : « Ces méthodes sont connues de tous les leaders politiques et syndicaux et que certains feignent de l'ignorer et de s'en offusquer, cela est risible et pitoyable. »

Jacques Gérault, préfet du département du Rhône, a déclaré en conférence de presse : « Il y a une tradition dans la police d'infiltrer la population, ils le font couramment. » Il a ajouté qu’ayant appris que des policiers en civil de Lyon portaient des badges de la CGT, il a « appelé le délégué CGT pour l'en informer, mais il connaissait déjà la situation ».

Que les allégations de la police soient vraies ou non, il est clair que les syndicats tournent le dos à une profonde opposition populaire aux coupes réactionnaires, afin de préparer de nouvelles attaques contre les travailleurs en collaboration avec les organisations patronales. Cela souligne l’importance de l’appel lancé par le World Socialist Web Site pour que les travailleurs forment des comités d’action indépendants afin d’étendre les grèves et de préparer une grève générale pour renverser le gouvernement Sarkozy.

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