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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe
 

France: Des millions défilent contre l'austérité tandis que s'intensifie l'opposition à Sarkozy

Par Antoine Lerougetel 
6 octobre 2010

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L'intensification de l'opposition de masse aux coupes sur les retraites opérées par le président Nicolas Sarkozy s'est exprimée dans les rues de France. Entre un et trois millions de personnes ont participé à 240 manifestations dans tout le pays.

Les déclarations du gouvernement prétendant que l'opposition populaire à sa législation de « réforme » des retraites baissait ont été démenties par les sondages indiquant que 71 pour cent de la population soutient les manifestations, soit une augmentation par rapport aux 68 pour cent lors de la précédente journée d'action du 23 septembre.

Un sondage de TNS-Sofres indique que d'un pourcentage de juin 2007 de 63 pour cent de confiance dans le président nouvellement élu, la cote de popularité de Sarkozy a chuté à 26 pour cent au début du mois d'octobre de cette année, soit son niveau le plus bas et le taux de désapprobation s'élève à 72 pour cent.

Comme c'était un samedi, jour de congé, les manifestations comportaient une forte proportion de familles, avec bébés et enfants, venant en groupes spontanément et non derrière des banderoles syndicales ou politiques. Les reporters du WSWS ont perçu une atmosphère sobre, sérieuse et plutôt calme. Les jeunes étaient souvent avec leur famille, mais il y avait de petits nombres de lycéens et d'étudiants conduits par des organisations influencées par le Parti socialiste (PS.)

La manifestation de Nice

La participation aux défilés était similaire à la participation aux manifestations du 7 septembre et du 23 septembre, qui était elle-même de 40 pour cent plus élevée que lors des protestations du mois de juin. Et ceci malgré la tactique délibérée des syndicats d'espacer les journées de grèves afin de de disperser toute dynamique.

Les manifestations étaient organisées par une intersyndicale des huit principales confédérations syndicales, conduites par la CGT (Confédération générale du Travail) influencée par le Parti communiste (PCF) et la CFDT (Confédération française démocratique du travail) alignée sur le Parti socialiste (PS). L'intersyndicale jouit du soutien officiel des soi-disant partis de gauche, qui étaient tous présents dans les manifestations: le PS, le PCF, le Parti de Gauche (PG), les Verts, le NPA et les sympathisants de l'ancien premier ministre gaulliste dissident Dominique de Villepin.

Les manifestations de samedi se sont déroulées cinq jours après la journée de grève générale de dix millions de travailleurs espagnols contre les coupes brutales dans les salaires, les prestations sociales et les droits démocratiques, opérés par le gouvernement du Parti socialiste au pouvoir. Ces mesures sont dans la droite ligne de la politique d'austérité générale de l'Union européenne: réduction des dépenses gouvernementales afin de réduire le déficit budgétaire et la dette nationale sur ordre des banques et de sauver l'euro aux dépens de la classe ouvrière. Le même jour que la grève en Espagne, le 29 septembre, 80 000 travailleurs de 30 pays manifestaient à Bruxelles contre la politique de l'Union européenne.

Il est significatif que les syndicats français n'aient pas cherché à soutenir cette journée d'action à échelle européenne organisée par la CES (Confédération européenne des syndicats), non pas parce qu'ils s'opposent à cette organisation pro-capitaliste et ultra bureaucratique, dont ils sont tous membres. Ils ne voulaient pas étaler au grand jour le fait que le Parti socialiste français avait voté pour les programmes d'austérité attachés au renflouement commun par l'UE (Union européenne) et le FMI (Front monétaire international) de la Grèce et qui a réduit les salaires de 30 pour cent, qui est en train de détruire les services sociaux et d'accroître le chômage. Ils ont tous très peur que les luttes des travailleurs en Grèce, en Espagne et dans l'Europe toute entière ne se développent en un mouvement ouvrier pan-européen et ne représentent une menace pour l'existence de l'Union européenne capitaliste.

La crainte de la radicalisation du mouvement est exprimée dans le quotidien Libération : « Le gouvernement surveillera comme le lait sur le feu la mobilisation étudiante et lycéenne. En cas d'affluence plus forte que lors des deux derniers rendez-vous, l'épreuve de force engagée avec le pouvoir changera de nature. La question de la radicalisation du mouvement, déjà posée par certains syndicats, sera plus que jamais sur la table. » La République du Centre réprimande les syndicats et la gauche d'encourager « les jeunes – on ne sait jamais ce qu'ils vont faire, » étant donné que les syndicats et les partis politiques exercent peu de contrôle sur eux.

Aucun des tracts ni déclarations des syndicats et des partis de « gauche » officiels pour la journée d'action du 2 octobre n'exprimait de solidarité avec les travailleurs espagnols et grecs. Il en va de même du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui avait, en juillet dernier, montré à un moment donné quelque intérêt par l'initiative de la CES.

Une partie de la manifestation de Nice

Les syndicats et la gauche bourgeoise maintiennent que la pression de la rue peut faire plier Sarkozy et lui faire abandonner ses attaques contre les retraites. C'est ce qui est résumé dans la déclaration du NPA du 28 septembre: « La détermination est bel et bien là pour faire reculer ce gouvernement. Obtenir le retrait c'est possible, alors on ne lâche rien, on amplifie et on durcit le mouvement dans les semaines qui viennent, pour montrer à Sarkozy que la rue a du pouvoir dans ce pays ! » Ou encore, comme Jean-Marc Ayrault, chef du groupe parlementaire PS l'a dit après la manifestation de samedi: «Le gouvernement ne peut pas ne pas tenir compte de l'ampleur de la mobilisation. »

Mais le premier ministre François Fillon a clairement dit qu'aucune modification au projet de loi sur les retraites ne changerait « l'équilibre » de son financement: Il faut économiser 70 milliards d'euros en allongeant à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite, à 67 ans l'âge de départ sans décote et à 41,5 années les cotisation d'ici 2018.

La campagne des syndicats se focalise entièrement sur la personne de Sarkozy. Mais il représente les intérêts de l'ensemble de l'élite dirigeante française confrontée à la concurrence d'anciens et de nouveaux rivaux mondiaux, et la nécessité de maintenir la notation AAA de la France, de façon à maintenir des taux d'intérêts bas pour sa montagne de dette d'un montant de 1 632 milliards d'euros qui ne cesse de croître et dont le paiement des intérêts absorbe plus de 20 pour cent du budget de la France, soit sa composante la plus importante.

 

En fait, la gauche bourgeoise et les syndicats partagent ces mêmes objectifs. De même, ces forces traitent les coupes dans les retraites comme un problème isolé, évitant ainsi toute la portée de la politique d'austérité du gouvernement. A la fin de la manifestation de Nice, les intervenants de la CGT ont recueilli des applaudissements faciles en s'en prenant à Sarkozy mais ils ont tu le fait que leur secrétaire général Bernard Thibault travaille assidûment avec le président depuis l'élection de ce dernier afin de l'aider à imposer ses mesures d'austérité et à augmenter la compétitivité du capitalisme français..

L'hostilité intense des travailleurs et des jeunes à la destruction de leur niveau de vie et de leurs droits explique aussi que le gouvernement se tourne vers une politique chauvine d'extrême-droite, que l'on n'avait pas vue au niveau gouvernemental depuis les années 1930, et qui est à présent débattue à l'Assemblée nationale malgré des protestations dans toute la France et l'Europe: La révocation de la nationalité française des immigrés et la persécution des Roms. Le but est de diviser la classe ouvrière, d'attiser les éléments les plus réactionnaires et de construire un Etat policier, déjà bien avancé avec la législation draconienne sur le terrorisme et le sécuritaire, le tout jouissant du soutien de principe du PS.

L'ancien premier ministre socialiste (1984-1986) Laurent Fabius qui a joué un rôle clé dans l'imposition de mesures d'austérité sous la présidence de François Mitterrand a dit vendredi: « Il faut une autre réforme qui à la fois repose sur les salariés et sur les revenus du capital, sinon il va falloir recommencer dans trois, quatre ans. » Fabius sait très bien que dans les faits le fardeau reposera entièrement sur les travailleurs et que l'augmentation des impôts sur le capital va remettre en question la notation AAA et qu'un gouvernement du PS irait dans le même sens que le gouvernement du PASOK en Grèce et celui du Parti socialiste en Espagne.

S'il fallait donner une preuve supplémentaire de la politique réactionnaire qu'un nouveau gouvernement du PS mènerait, il suffit de montrer le soutien de la direction du parti au président du Fonds monétaire international Dominique Strauss Kahn comme candidat PS à l'élection présidentielle de 2012.

La première secrétaire Martine Aubry a dit qu'elle ne laisserait pas ses propres aspirations se mettre en travers de sa route, ce qu'a aussi dit un autre aspirant, l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande. Strauss Kahn est responsable non seulement de l'imposition des mesures d'austérité à la Grèce mais aussi, entre autres, de mesures liées au renflouement du pays le plus pauvre de l'Union européenne, la Roumanie, où le gouvernement applique des baisses de salaire de 25 pour cent et des coupes des retraites de 15 pour cent pour réduire le déficit budgétaire du pays.

Le tract du NPA distribué lors des manifestations proclame avec démagogie: « Le succès du 2 octobre doit permettre de construire la grève générale. » Le NPA ne dit rien du rôle des syndicats, ni du PS et de ses satellites, le Parti communiste et le Parti de Gauche, avec lesquels il essaie de canaliser la classe ouvrière et de l'empêcher de développer son indépendance suivant une perspective socialiste révolutionnaire.

Les reporters du WSWS ont parlé à des étudiants à Paris tenant une banderole sur laquelle était inscrite « je veux la retraite à 60ans  - Etudiant à 20 ans, chômeurs à 25 ans …et toujours précaire 67 ans ? NON MERCI !» L'un des étudiants Jocelyn a dit: « Nous vivons dans un monde mondialisé. Le capital exploite sans frontière et crée cette situation, alors nous aussi nous avons besoin d'une perspective pour unifier les travailleurs d'Europe et du monde entier pour combattre ces attaques. »

Armand, retraité était venu en famille: « Bien sûr qu'il y a un lien entre l'austérité et la chasse aux Roms. Il [Sarkozy] en appelle à l'extrême-droite pour se servir de leur appui pour faire tout ça. Les Roms sont juste une belle opportunité pour lui. »

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