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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Pressions sur les travailleurs de Continental pour qu'ils votent des baisses de salaire

Par Pierre Mabut et Antoine Lerougetel
28 septembre 2010

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Le 13 septembre, 52 pour cent des 2 500 travailleurs de Continental Automotive de France ont voté en faveur d'une réduction de salaire de 8 pour cent et une perte de revenus annuels de 5.000 euros. En retour ils ont reçu de la direction la garantie que leurs emplois seraient maintenus jusqu'en 2015. Mais de telles garanties n'ont guère de valeur étant donné que Continental n'en a pas tenu compte dans le passé, notamment en fermant l'usine de Clairoix deux ans après avoir fourni en 2007 des garanties que l'usine ne fermerait pas.

Ce nouvel accord implique la perte de 100 emplois pour les travailleurs intérimaires et les sous-traitants et, selon l'Agence France Presse (AFP) « un quasi-gel des salaires en 2011, une forte baisse de la prime d'intéressement et deux jours de réduction du temps de travail en moins chaque année jusqu'en 2015, contre un engagement de la direction de Continental en Allemagne à préserver l'emploi jusqu'en 2015. » Cela vient à la suite de 150 départs volontaires et du licenciement de 200 travailleurs intérimaires.

Les attaques de Continental Automotive contre ses trois usines situées à Toulouse, Boussens et Foix dans le sud-ouest de la France fait partie de sa détermination à l'échelle mondiale de maximiser ses profits en réduisant les salaires et les conditions de travail. C'est une réponse à la compétition qui s'intensifie dans toute l'industrie automobile du fait de la crise économique mondiale.

L'entreprise produit des systèmes électroniques et est une filiale de Continental Tyres en Allemagne, une transnationale qui emploie 143.000 travailleurs dans 46 pays et avait un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros en 2009. Continental Automotive France a engrangé 38 millions d'euros de profit en 2009 avec un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros, chiffre qu'elle devrait répéter pour 2010. Cependant, le journal d'affaires Les Echos rapporte : « La direction concède que l'entreprise va bien, mais assure que le plan est vital pour la survie des trois sites, non pas à très court terme, mais au-delà parce que les usines vont au-devant d'une baisse alarmante de leurs commandes en 2012 et 2013. »

Lors d'un rassemblement devant l'usine de Toulouse le 13 septembre, des représentants syndicaux des usines Continental d'Espagne et d'Allemagne ont expliqué être confrontés à des propositions similaires. La direction de Toulouse a dit aux syndicats que les sites allemands de Continental avaient déjà négocié des garanties leur assurant des commandes. C'est une tentative de monter les travailleurs des différentes usines les uns contre les autres, une méthode bien rodée chez Continental et rendue possible par l'inactivité et la complicité des syndicats.

Le taux de participation au vote de 83 pour cent a montré que la majorité des travailleurs ignorait l'appel au boycott venu des syndicats majoritaires, à savoir la CGT (Confédération générale du travail, proche du Parti communiste) et de la CFDT (Confédération française démocratique du travail, proche du Parti socialiste.)

En fait, l'appel au boycott par ces syndicats était une tentative lâche visant à dissimuler leur refus de conduire une lutte contre le chantage de l'entreprise. Au lieu d'appeler à voter « non » et à mobiliser l'opposition à la politique mondiale d'austérité, la CGT a dit aux travailleurs avec légèreté et cynisme de boycotter le vote concernant l'avenir de leurs emplois et de leurs salaires.

Dans la situation actuelle, une lutte déterminée contre le gouvernement droitier du président Nicolas Sarkozy trouverait un écho puissant dans la classe ouvrière. Affaibli par ses relations corrompues avec l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, ainsi que d'autres affaires, entaché par une politique raciste rappelant la collaboration de l'élite politique française avec les nazis durant l'Occupation, Sarkozy est confronté à une colère populaire massive qui s'intensifie.

Olivier Grimoux, délégué CGT de l'usine de Toulouse a dit à la presse: «Ce plan est un recul social. Nous ne le signerons pas. »

Cette fanfaronnade de « gauche » ne peut cacher le fait qu'à présent la CGT consent régulièrement à des régressions sociales pour de larges pans de la classe ouvrière. Le secrétaire national de la CGT Bernard Thibault travaille assidûment avec Sarkozy pour imposer les coupes sur les retraites et les mesures d'austérité permettant à l'Etat de réduire son déficit budgétaire et d'améliorer la compétitivité du capitalisme mondial. Quant à la signature de Grimoux, l'entreprise va réduire les salaires et très probablement fermer l'usine, avec ou sans sa signature.

Le vote à Continental Automotive s'est tenu six jours après que bien plus de deux millions de travailleurs ont fait grève et manifesté le 7 septembre contre les mesures d'austérité de Sarkozy. Mais l'unique perspective proposée lors de ces manifestations était de se ranger derrière le Parti socialiste et de remplacer Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012. Tel était le but des « journées d'action » de l'intersyndicale conduite par la CGT et la CFDT et soutenue par tous les partis de « gauche » et les conservateurs anti-sarkozystes, allant le l'ex parti de gauche Nouveau parti anticapitaliste (NPA) au Parti socialiste, Parti communiste, Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, jusqu'aux partisans de l'ancien premier ministre gaulliste Dominique de Villepin.

Les travailleurs de Continental Automotive savent bien que Continental Tyres à Clairoix dans le nord de la France a eu recours à la même tactique pour intensifier l'exploitation de la main d'oeuvre en suscitant la peur des suppressions de postes. L'entreprise avait en 2007 réduit les salaires de façon drastique en augmentant de 37 à 40 heures la durée de travail hebdomadaire sans augmenter les salaires. La promesse de maintenir tous les 1 120 emplois à Clairoix avait été brisée en 2009 lorsque l'usine avait été fermée.

Les syndicats à Clairoix, notamment la CGT, soutenus par les opportunistes petits-bourgeois de gauche de Lutte ouvrière (LO) et du NPA, avaient négocié la fermeture en échange d'une indemnité de licenciement de 50 000 euros pour les travailleurs licenciés et l'accord de ne pas mobiliser les travailleurs pour intervenir dans d'autres usines Continental en Europe où des restructurations et des réductions des coûts seraient imposées.

Les travailleurs avaient été contraints d'accepter la fermeture de l'usine sous la pression du représentant de la CGT Xavier Mathieu, conseillé par LO. Ce fut le signal envoyé à tous les patrons de France que tous les emplois étaient à brader quel que soit l'effet d'entraînement sur les économies locales allant jusqu'à des milliers de pertes d'emplois et à la dévastation de communautés entières.

Cela fait partie d'une offensive de grande envergure dans l'industrie automobile contre le salaire des travailleurs et conduite avec la complicité des syndicats. En juillet 2010, les travailleurs de l'usine General Motors de Strasbourg, menacée de fermeture par le gouvernement et les syndicats, avaient été contraints sous la pression à voter en faveur d'une baisse des salaires de 10 pour cent.

La colère grandissante de la classe ouvrière et des jeunes a besoin de trouver son expression dans une perspective socialiste, en opposition aux syndicats et aux partis de « gauche » existants. La défense des emplois et des conditions des travailleurs de Continental Automotive nécessite une rupture avec les syndicats et leurs alliés politiques soi-disant de gauche. Ceci implique de former des comités de base qui appellent à des actions communes avec leurs collègues français, espagnols et allemands de Continental pour combattre les exercices de réductions des coûts par l'entreprise ainsi que les mesures d'austérité de Sarkozy, d'Angela Merkel en Allemagne et de José Luis Zapatero en Espagne.

Tous les gouvernements sociaux-démocrates d'Europe montrent qu'ils ne sont pas moins impitoyables que les partis conservateurs à imposer l'austérité sur les travailleurs. En Grèce, le gouvernement social démocrate PASOK de George Papandreou a récemment envoyé l'armée pour briser une grève de camionneurs et le gouvernement de Parti socialiste de Zapatero en Espagne a menacé de faire intervenir l'armée contre les grèves, pour la défense des salaires et contre les coupes sociales, des travailleurs du métro de Madrid et des aiguilleurs du ciel.

Une grève massive évoluant en grève générale mettrait les travailleurs en conflit avec l'Etat et soulèverait la question de la nécessité d'un programme socialiste pour la prise du pouvoir.

Aux Etats-Unis, en collaboration directe avec le gouvernement Obama et les entreprises automobiles, le syndicat United Auto Workers (UAW) tout en soutenant la fermeture des usines « non profitables » et la suppression de milliers d'emplois, a investi ses fonds de pension dans les parts profitables de l'industrie où les salaires ont été réduits de 50 pour cent, chiffre qui est à présent devenu la référence pour tous les concurrents.

La décision prise par les travailleurs de GM à Indianapolis aux Etats-Unis de résister à cette offensive et de former un comité de base qui soit indépendant de l'UAW est une évolution importante pour la classe ouvrière internationalement. Dans un appel à les soutenir, le comité affirme: « Nous devons unir tous les ouvriers de l’usine, jeunes et plus âgés, les ouvriers à plein temps et les intérimaires. Nous appelons tous les travailleurs dans tous les pays à soutenir notre lutte. » L'appel poursuit en faisant remarquer que leur déclaration est envoyée aux travailleurs d'autres usines automobile, qui seront les prochains à être confrontés à des demandes de baisses de salaires. « Dans le nombre, il y a la force. Si nous savons que nous ne sommes pas seuls dans cette lutte, nous savons que nous sommes forts. »

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