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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: des millions en grève pour la défense des retraites

Par Antoine Lerougetel and Pierre Mabut
11 septembre 2010

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Plus de deux millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté dans 220 villes de France mardi contre les coupes sur les retraites imposées par le président Nicolas Sarkozy. Parallèlement aux manifestations et rassemblements, plus de deux millions de travailleurs du secteur public ont fait une grève de 24 heures et ont été rejoints par de nombreux travailleurs du secteur privé.

Cette journée d'action massive, à l'appel des fédérations syndicales faisait suite aux manifestations qui se sont tenues samedi contre les expulsions de masse de Roms perpétrées par Sarkozy et associées à des propositions sécuritaires, qui ont mobilisé plus de 100 000 personnes dans tout le pays.

Les manifestations de mardi étaient les plus importantes jusqu'ici contre les « réformes » de Sarkozy sur les retraites, dépassant de 40 pour cent la précédente mobilisation record de juin dernier, selon les estimations de la police et des organisateurs. La journée d'action était prévue ce jour-là pour coïncider avec l'ouverture des débats au parlement sur le projet de loi sur les retraites.

La manifestation parisienne

Selon les chiffres des syndicats, 270 000 personnes ont défilé à Paris, soit deux fois plus qu'en juin dernier. A Marseille, 200 000 personnes sont descendues dans la rue, tandis qu'à Rennes 48 000 travailleurs se sont mobilisés. Toulouse a vu 110 000 personnes défiler et Lyon 35 000, tandis qu'à Bordeaux on en a dénombré 100 000.

La principale fédération syndicale enseignante, la FSU, a estimé que 60 pour cent des enseignants du primaire et 55 pour cent du secondaire, soit près d'un demi million, étaient en grève. Plus de 25 pour cent des fonctionnaires et plus de la moitié des cheminots, 22 pour cent des travailleurs de la RATP ( métro et bus parisiens), jusque 40 pour cent des travailleurs de la poste et 38 pour cent des 100 000 travailleurs de France Telecom étaient en grève.

 

Des étudiants à Paris

Plus de 21 pour cent des travailleurs on fait grève à EDF (Electricité de France), ce qui a fait perdre 8 000 megawatts à l'entreprise. Les transports en commun étaient paralysés en région parisienne ce qui a provoqué 152 kms de bouchons.

L'Autorité de l'aviation civile a annulé 25 pour cent des vols en région parisienne. Les six raffineries de pétrole publiques françaises ont travaillé au ralenti. Parmi les banques et le secteur privé de l'industrie touchés par la grève, on compte Rhodia, Renault et Peugeot-Citroën, Saint-Gobain, Alcatel, Airbus et la compagnie pétrolière Total.

Les sondages d'opinion ont montré que 73 pour cent de la population française soutenait la journée d'action.

La mobilisation de masse montre de façon encore plus manifeste la contradiction entre la détermination et la volonté de lutter de la classe ouvrière et la lâcheté et la traîtrise des fédérations syndicales. Cette journée d'action avait été appelée par la CGT (Confédération générale du travail, liée aux staliniens) et la CFDT (Confédération française démocratique du travail, liée au Parti socialiste.) Elle était soutenue par le Parti socialiste, le Parti communiste, les Verts et le Nouveau parti anticapitaliste, ainsi que d'autres organisations soi-disant « d'extrême-gauche. »

 

Pompiers à la manifestation de Nice

Les syndicats français appellent régulièrement à des grèves et des manifestations de 24 heures dans le but de miner la combativité des travailleurs et de ronger leur résistance tandis que les dirigeants syndicaux négocient les termes de leur capitulation avec Sarkozy. On voit bien que les syndicats préparent une trahison de plus, à leur insistance pour que l'action de protestation se limite à une journée (certains cheminots pensaient reconduire leur grève) et à leur appel à de nouveaux pourparlers avec le gouvernement.

Les syndicats colportent l'illusion que les attaques contre les retraites, dont l'allongement de deux ans de l'âge de départ à la retraite, et les autres attaques sociales peuvent être stoppées en faisant pression sur le parlement, alors même que Sarkozy dispose d'une nette majorité pour faire passer la législation de la « réforme. » Dans le même temps, les syndicats cherchent à canaliser la colère de la classe ouvrière derrière les aspirations électorales du Parti socialiste pour 2012.

Les syndicats sont confrontés au scepticisme croissant des travailleurs. Selon des sondages d'opinion, 65 pour cent des personnes interrogées ont dit penser que ces protestations n'auraient aucun impact sur la politique du gouvernement et 48 pour cent que « la gauche ( le Parti socialiste] n'abrogeraient aucune des réformes de Sarkozy» si elle gagnait la présidentielle en 2012.

Défiant les recommandations des syndicats, les cheminots de Picardie ont reconduit la grève mercredi. Bernard Thibault de la CGT et François Chérèque de la CFDT avaient tous deux dit clairement qu'il fallait arrêter la mobilisation après la journée d'action jusqu'à ce que l'on obtienne une réaction du gouvernement. Et ce malgré l'affirmation de Sarkozy le lendemain de la mobilisation que le gouvernement ne reviendrait pas sur l'allongement de 60 à 62 ans de l'âge légal du départ à la retraite.

Après l'annonce par Sarkozy mercredi qu'il n'y aurait pas de changement significatif au projet de loi sur les retraites, les syndicats ont appelé à une nouvelle journée d'action le 23 septembre.

Lundi, le conseiller spécial du président, Henri Guaino avait invité les syndicats à des négociations sur certains aspects mineurs de la « réforme » des retraites. La réaction de Thibault avait été de déclarer que le gouvernement « changeait de ton. »

Chérèque, interviewé sur France 2 mardi, a enjoint le gouvernement à proposer rapidement des concessions avant la réunion des dirigeants syndicaux mercredi après-midi, cherchant de toute évidence un prétexte pour clore le mouvement de protestation. Refusant de s'engager à une reconduction de la journée d'action, il a catégoriquement exclu une grève illimitée, tout comme Thibault, et a suggéré qu'une manifestation un samedi ou un dimanche pourrait convenir.

Il est significatif que les syndicats et le Parti socialiste tout comme le Parti communiste se sont retenus de toute attaque contre le principal responsable au gouvernement de la législation sur les retraites, Eric Woerth qui est englué dans des affaires, suite à des allégations l'accusant d'avoir obtenu des financements politiques illégaux pour le parti au pouvoir, l'UMP (Union pour un mouvement populaire) et pour Sarkozy lui-même, en échange de millions d'euros d'abattements fiscaux en faveur de l'héritière milliardaire Lilliane Bettencourt. Woerth a félicité les syndicats pour leur « élégance. »

Une jeune femme défilant à Paris contre les attaques de Sarkozy contre les retraites a dit au World Socialist Web Site, «Les syndicats ne vont pas suivre le peuple, qui veulent continuer à lutter. Je ne pense pas qu'il y aura une grève générale. je ne pense pas que les syndicats vont l'organiser, parce que les syndicats sont des traîtres. L'année dernière, déjà, il y a eu tellement de grèves dans les usines et dans le monde du travail etc...mais elles n'ont pas été coordonnées. Moi, je n'attends rien des syndicats. Je n'attends rien non plus des partis politiques. L'extrême gauche est un peu inexistante. 

 «  Il y a aussi un danger comme les années 1930 avec la montée du racisme et les partis de l'extrême droite, qui sont de plus en plus médiatisés. C'est un retour en arrière. »

A Amiens, le WSWS a interviewé Julien, professeur en lycée professionnel et son amie Céline qui travaille dans un centre culturel.

Céline a dit, « Là j'ai un CDD de 6 mois. J'ai 28 ans et depuis dix ans je n'ai eu que des emplois à courte durée et à temps partiel. » Ils ont parlé de leurs parents qui seraient obligés de « travailler jusqu'à se rompre les os car ils ont trois enfants qui n'ont pas de travail. »

Julien a dit, «il y a plein de jeunes diplômés qui n'ont pas de travail et des collègues en fin de carrière qui sont en décalage avec les jeunes générations. » Il a dit qu'ils devraient pouvoir prendre leur retraite à taux plein et laisser ainsi la place aux jeunes.

Julien a dit voir la persécution des Roms par le gouvernement et ses mesures anti-immigrés comme une extension logique de sa politique sociale. Il voit la campagne de Sarkozy contre les droits des immigrés comme «une brèche » dans les droits démocratiques fondamentaux et une dérive vers Berlusconi. « Sarkozy n'est pas proprement facho mais ce n'est pas rassurant, » a-t-il dit.

Sullivan, qui travaille sur une machine depuis plus de neuf ans à l'usine Dunlop d'Amiens a parlé des conditions insalubres, de l'air pollué par la poussière et du travail lourd et physiquement épuisant à l'usine. Il était particulièrement amer au sujet de l'accord passé entre Dunlop et la CGT et qui intensifie fortement les rythmes de travail. « La CGT nous a trahis, a-t-il dit. « Depuis 10 ans les syndicats n'ont pu gagner aucune lutte. Je pense que le Parti socialiste ferait la même chose en considérant ce qu'il a déjà fait au pouvoir. Il ne travaille que pour les riches.  »

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