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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des milliers protestent en France contre la chasse aux sorcières à l'encontre des Roms

Par Antoine Lerougetel
7 septembre 2010

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Quelque 100 000 personnes ont pris part aux manifestations de samedi dans 140 villes de France pour protester contre la politique répressive et anti-immigrés du président Nicolas Sarkozy et sa répression féroce à l'encontre des communautés Roms. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a riposté par une déclaration, « Je poursuivrai mon action déterminée pour faire reculer toutes les formes de délinquance, défendre les droits des victimes et ce, sans jamais stigmatiser quelque communauté que ce soit . »

Le gouvernement gaulliste conservateur de Sarkozy est dans une crise profonde. La cote de popularité du président tourne autour de 30 pour cent et quelque 70 pour cent de la population ont exprimé leur soutien pour la journée d'action qui se tiendra le 7 septembre contre la politique de rigueur du gouvernement.

Toute l'année il y a eu des grèves et occupations sporadiques des lieux de travail pour s'opposer aux licenciements, fermetures et baisses de salaire, tandis que les affaires de corruption se sont multipliées impliquant l'ancien président gaulliste Jacques Chirac, Sarkozy et le ministre du Travail de Sarkozy, Eric Woerth.

 

Dans un discours à Grenoble le 30 juillet, suite aux émeutes provoquées par la mort entre les mains de la police d'un jeune Rom et d'un jeune immigré lors de deux incidents séparés, Sarkozy a promis de démolir tout campement rom illégal et de révoquer la nationalité française d'immigrés sur la base d'une longue liste de méfaits. La révocation de la nationalité française est largement perçue comme un rappel du régime de Vichy du maréchal Philippe Pétain qui avait collaboré avec l'occupation nazie durant la Seconde guerre mondiale. Ce gouvernement collaborateur avait retiré la nationalité française à 15 000 citoyens naturalisés français et déporté des milliers de Juifs et autres « indésirables », dont des gitans,vers les camps nazis .

Le virage à droite de Sarkozy, contrairement à ses intentions, n'a rien fait pour restaurer sa cote de popularité.

Les manifestations étaient organisées par le Parti socialiste (PS) et le syndicat CGT (Confédération générale du travail, sous influence stalinienne), et soutenues par le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot. Toutes ces organisations sont, en fait, impliquées dans les efforts pour attiser les préjugés anti-immigrés et anti-islamiques.

Ils avaient apporté leur soutien, manifeste ou tacite, à la campagne islamophobe qui avait conduit à l'interdiction en 2004 du voile islamique dans les établissements scolaires publics et cette année à l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics. Aucune de ces organisations ne soutient l'appel lancé par des travailleurs sans-papiers, dans la manifestation de samedi, à la régularisation de ceux qu'on appelle des immigrés « sans-papiers. »

La manifestation était dominée par la politique du PS et de ses organisations satellites et soumise aux aspirations électorales du parti. Le Parti socialiste cherche à se présenter comme le défenseur des droits démocratiques et un rempart contre le fascisme.

Le PS a publié mardi dernier un avant-projet de politique étrangère rédigé par l'ancien premier ministre Laurent Fabius et le député PS Jean-Christophe Cambadélis, confirmant la nature impérialiste de ce parti bourgeois. Il défend l'armement nucléaire français, exige la fin des coupes dans le financement militaire et plaide pour des forces armées françaises et de l'Union européenne qui soient capables d'intervenir partout dans le monde, y compris en Afghanistan.

Le PS soutient les mesures d'austérité visant à réduire le déficit du pays et à défendre l'euro. La présence de nombreux drapeaux français dans la manifestation, insistant sur les supposées valeurs démocratiques de la Cinquième République, soulignait l'orientation nationaliste des organisateurs.

 

Un compte-rendu par Mediapart des manifestations en province rapportait que dans certaines villes comme Avignon, des représentants du PS ont brillé par leur absence. François Rebsamen, l'ancien lieutenant de la candidate PS aux élections présidentielles de 2007, Ségolène Royal, a mis en garde dans le Parisien vendredi contre le soutien à « des associations, comme la Ligue des droits de l’homme. » Il a dit, « Attention à ne pas se laisser embarquer. Le PS est le parti de l’alternance. Ne le perdons pas de vue…Que ce type de manifestation n’aille pas jusqu’à demander à nos maires et nos élus d’installer eux-mêmes des campements de Roms dans nos villes ou de fermer les yeux sur certains squats…»

Les manifestations ont réuni des partis de l'ensemble du spectre politique, du NPA soi-disant de « gauche » à des partis et des personnalités de la droite officielle. Des sympathisants du nouveau parti gaulliste de l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, République solidaire, manifestaient tout comme la députée européenne du MoDem droitier Corinne Lepage qui a déclaré au cours de la manifestation, « Je trouve que les projets concernant la déchéance de nationalité sont gravissimes. En ce qui concerne les Roms, je considère que, là où il y a de l’illégalité, la loi doit être appliquée. »

Alain Juppé, partisan de longue date de Sarkozy et ancien premier ministre, actuellement maire de Bordeaux, n'a pas manifesté dans sa ville aux côtés des syndicats et des partis de « gauche », mais son adjoint Véronique Fayet y était.

Depuis le discours de Grenoble de Sarkozy, plus de 100 campements de Roms ont été démantelés et 1 000 Roms déportés. Le Parti socialiste et ses alliés n'ont organisé aucune campagne contre ces chasses à l'homme et rafles quotidiennes. En effet le PS, y compris Martine Aubry, maire de Lille, ont envoyé la police expulser des Roms et démanteler leurs campements.

 

Des étudiants en train de lire le tract du WSWS

A Paris, les sympathisants du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) ont distribué des tracts de la déclaration du World Socialist Web Site « Retour à Vichy. »

 

 

Nicky

Il n'y avait pas dans la manifestation parisienne de banderole, pancartes ou tracts s'opposant à la guerre en Irak et à la participation de la France à l'occupation néo-coloniale de l'Afghanistan. Mis à part le tract d'un groupe féministe, il n'y avait aucune déclaration d'opposition à la loi interdisant le port du voile intégral en public.

Nicky, étudiant de l'université de Lille a dit au WSWS, « Sarkozy cherche à détourner l'attention de la population des problèmes économiques et sociaux et de l'affaire Bettencourt. »

 

Theo

Théo qui est étudiant en musique à la Sorbonne à Paris a dit: « Je suis venu à la manifestation pour dire non à la déclaration de Sarkozy contre les Roms. La méthode du gouvernement consiste à stigmatiser la population rom, en faisant d'un cas isolé une généralisation. C'est la vieille méthode sécuritaire pour regagner les voix de l'extrême-droite. »

«L'expulsion des Roms n'a pas de sens quand ils sont citoyens européens. A certains égards, je suis pour la liberté de mouvement des immigrés partout. Les attaques contre les Roms c'est la reconnaissance par le gouvernement et les municipalités de gauche de leur échec car ils n'ont pas rempli leurs obligations légales de fournir des sites d'accueil pour les Roms. J'ose espérer que le PS et le PCF sont pour la défense des droits démocratiques des travailleurs, mais ils n'ont pas évolué et n'ont pas une perspective différente de celle de la mondialisation et du capitalisme, auxquels ils s'adaptent. »

 

(Article original publié le 6 septembre 2010)

Lire aussi:

La lutte contre la rigueur sociale requiert une nouvelle perspective socialiste

Retour à Vichy

Le gouvernement français cherche un soutien européen à sa politique anti-Rom

 


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