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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le Parti socialiste en Grande-Bretagne entretient des illusions dans le « plan B » des conservateurs

Par Dave Hyland
27 avril 2011

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En entretenant des illusions réformistes chez les travailleurs et qui les maintiennent collés aux basques du Parti travailliste et des syndicats, les groupes soi-disant de gauche opèrent comme la dernière ligne de défense de l'impérialisme britannique.

Leur propagande tourne autour d'affirmations selon lesquelles les bureaucrates qui tiennent des discours de gauche mèneront la lutte contre les attaques du gouvernement conservateur/libéral démocrate (Tory/Lib Dem). En suivant une bureaucratie syndicale politiquement dégénérée, ils dérivent de plus en plus vers la droite.

L'organisation qui se nomme à tort Parti socialiste en est un bon exemple. Un récent éditorial paru dans The Socialist l'hebdomadaire du parti, a tiré de son contexte deux phrases de l'éditorial du Financial Times du 3 février intitulé « The Chancellor and the Case for Plan B » ( Le chancelier et le plaidoyer pour un Plan B ) et les a utilisées pour appuyer ses propres panacées réformistes.

Les phrases qui se réfèrent à l'introduction par le gouvernement de mesures d'austérité les plus sévères depuis les années 1930, sont les suivantes : « Compte tenu des incertitudes existantes, le gouvernement pourrait bien avoir à réajuster ses projets à la lumière des événements. Refuser de le faire serait déraisonnable. »

The Socialist ne dit mot du reste de l'article du Times, mais le paragraphe immédiatement après ces phrases dit, « Comme le montre clairement le dernier Budget Vert de l'Institute for Fiscal Studies (G-B), ces incertitudes sont à la fois structurelles et cycliques. Elles sont aussi à double tranchant.  Il serait sage de réduire le déficit de façon plus importante ou plus rapidement. D'un autre côté, il serait peut-être sage de le réduire moins ou plus lentement. A ce stade précoce nous ne pouvons pas le savoir. »

Le Financial Times ne faisait que mettre en garde l'élite dirigeante de ne pas mettre tous ses oufs dans le même panier d'investissement étant donné qu'il y a plusieurs façons de traiter le déficit structurel de la Grande-Bretagne. Il redoutait de se brûler les doigts à moins que le gouvernement ne soit prêt à brutalement changer de cap au cas où il y aurait une deuxième récession.

La coalition Tory/Lib Dem poursuit d'ores et déjà un plan économique A, tandis que la bureaucratie travailliste et syndicale est en train de proposer un plan B fondé sur une application plus lente de la rigueur et des coupes sociales. Les deux plans visent à sauvegarder les profits capitalistes qui sont extraits de l'exploitation de la classe ouvrière internationale et britannique.

L'article du Financial Times se termine en disant, « Les investisseurs savent que tout programme de réduction des dépenses requiert le soutient de l'opinion publique. Le fait de spécifier ce que pourraient être certains des réajustements, augmenterait la crédibilité au lieu de la réduire. Comme le recommande Hamlet, « l'essentiel c'est d'être prêt. »

A partir d'une seule phrase sortie de son contexte, The Socialist a cherché à désarmer la classe ouvrière politiquement en exagérant la faiblesse des Tories (conservateurs) tout en évitant d'expliquer les tâches politiques auxquelles est confrontée la classe ouvrière. Il dit, « Et pourtant, tel le magicien d'Oz caché derrière le rideau, un gouvernement de coalition très faible et en baisse dans les sondages est en train de tirer les ficelles. La déclaration du chancelier George Osborne qu'il n'y a pas de 'plan B' n'a jamais été que de la propagande. Il est clair que le gouvernement n'a d'autre choix que d'avoir un plan B en réserve. »

The Socialist fait une tentative plutôt désespérée de doter sa propre perspective réformiste nationale d'une certaine crédibilité afin de convaincre les travailleurs et les jeunes, présents le 26 mars à la manifestation organisée par la centrale syndicale TUC, que l'action syndicale pour faire pression sur le gouvernement suffit à elle seule.

« Face à l'indignation de masse, la coalition Tory/Lib Dem a déjà montré qu'elle est capable de battre en retraite, » a-t-il déclaré. « En février, en l'espace d'une semaine, elle a ajourné les projets de privatisation des forêts britanniques, a poursuivi un an de plus le financement des conseillers en matière de dette qu'elle menaçait d'arrêter et elle a mis en garde de manière démagogique les universités de mettre en vigueur des frais d'inscription s'élevant à 9.000 dollars par an et qui avaient été introduits par ce même gouvernement il y a à peine deux mois.

« Il ne s'agit pas là de reculades majeures, mais elles donnent une idée de l'ampleur des craintes du gouvernement d'une éventuelle opposition. David Cameron a dû admettre publiquement que : ' Il n'est pas possible de pratiquer ces coupes sans réduire des choses importantes. Cela ne nous rendra pas populaires. Cela nous rendra impopulaires. Cela me rendra impopulaire.' »

The Socialist dit ensuite, « C'est déjà le cas ! Certains sondages d'opinion révèlent que Cameron est autant détesté que l'était Maggie Thatcher, la dame de fer, au moment de sa plus grande impopularité.

« Les Conservateurs et les Libéraux-démocrates (Con-Dems) sont bien plus faibles que ne l'étaient les gouvernements de Maggie Thatcher. Et pourtant, la dame de fer a été réduite en limaille de fer par un mouvement de masse de 18 millions de personnes refusant de payer les impôts locaux (poll tax) que son gouvernement avait introduits. Ce mouvement mit fin à cet impôt et renversa Thatcher. Ce mouvement avait été mené par le Socialist Party (appelé alors Militant).

« Encore une fois aujourd'hui, avec la bonne stratégie le mouvement peut être victorieux, » écrit The Socialist.

Comme le conseille le Financial Times, Cameron est peut-être prêt à apporter quelques « réajustements » pour qu'une couche de la classe moyenne y souscrive mais ce n'est pas la même chose que la reculade sous l'effet de la pression prédite par le Socialist Party. C'est aussi une fanfaronnade facile de la part de The Socialist d'affirmer que « Thatcher a été évincée par le mouvement contre les impôts locaux. »

Il convient de rappeler qu'à ce moment-là elle était déjà au pouvoir depuis une décennie durant laquelle son gouvernement avait lancé attaque sur attaque contre la classe ouvrière.

L'opposition aux impôts locaux avait montré à quel point Thatcher était impopulaire même parmi les couches de la classe moyenne qui l'avaient précédemment soutenue. Ceci avait joué un rôle dans sa chute. Mais son parti n'était pas prêt à la suivre et à faire face à l'opposition populaire comme il l'avait fait durant la grève des mineurs en 1984, en raison de conflits internes énormes en matière de politique européenne et économique et qui avaient entraîné la démission coup sur coup de deux de ses ministres des Finances - Nigel Lawson puis, de manière plus dommageable, Geoffrey Howe.

Les Tories étaient irréversiblement divisés quant à savoir comment la Grande-Bretagne pourrait maintenir son influence faiblissante sur les événements du monde. Thatcher était devenue minoritaire dans son propre parti et devait partir.

Une fois que les Tories eurent remplacé Thatcher et abandonné les impôts locaux, John Major fut élu en 1992. Il fallut cinq ans de plus pour que Major soit remplacé par les gouvernements travaillistes de Tony Blair et de Gordon Brown - parti travailliste qui a laissé tomber la Clause IV social-réformiste [de la constitution du Parti travailliste préconisant la propriété commune des moyens de production, de distribution et d'échange] en a poursuivi le programme droitier et libéral de privatisation de ses prédécesseurs Tories.

Tandis qu'une mince couche de la classe moyenne supérieure se portait à merveille sous ces gouvernements, la classe dirigeante a poursuivi une politique qui a porté les inégalités sociales à des niveaux jamais atteints auparavant.

La bureaucratie travailliste n'a jamais eu autant besoin de groupes soi-disant de gauche qu'aujourd'hui. The Socialist affirme que la manifestation du TUC « donnera au mouvement contre les coupes sociales de l'oxygène et de la confiance. » Et ceci en dépit du fait que les syndicats n'ont rien proposé de concret pour résister.

Rien que la semaine passée, des dizaines de milliers de travailleurs du secteur public ont vu la baisse arbitraire de leur salaire et la réduction de leurs conditions de travail et ce sans que les syndicats ne lèvent le petit doigt.

The Socialist poursuit, « Sur le plan national, le National Shop Stewards Network (NSSN) - une organisation de syndicalistes militants - a lancé une campagne anti-coupes sociales en appelant à ce que toutes les campagnes anti-coupes sociales locales se joignent à ses activités. »

Tout ce qu'écrit le Socialist Party est fait dans le but de maintenir la domination de la bureaucratie syndicale sur la classe ouvrière et de s'opposer au développement d'un mouvement politique indépendant fondé sur une perspective socialiste. C'est ce qui se cache derrière sa fanfaronnade « d'organiser et de donner une orientation au mouvement. »

Le rôle crucial du parti révolutionnaire est de fournir aux travailleurs une perspective historique scientifique marxiste et un programme révolutionnaire indispensable au renversement du capitalisme et à l'établissement d'un gouvernement ouvrier. Il n'existe pas de garanties pour cela, mais on peut dire sans craindre la contradiction, que si la classe ouvrière n'intervient pas dans le processus historique, sur la base de son propre programme politique indépendant, alors la classe dirigeante l'entraînera plus avant vers une catastrophe.

Il est vrai que la coalition Tory/Lib Dem est politiquement plus faible que ne l'était le gouvernement Thatcher d'il y a vingt ans - parce que l'impérialisme britannique lui-même est bien plus faible. Mais, à ce stade, le mouvement ouvrier est également plus faible en raison des trahisons de la bureaucratie travailliste.

La classe dirigeante a été encouragée par l'incapacité apparente de la classe ouvrière à s'opposer à ses attaques. La clique de Bullingdon [club très sélect], éduquée à Eton, et qui est à la barre de la coalition Tory/Lib Dem, croit que son tour est venu. Ils ont fait entrer la Grande-Bretagne dans une nouvelle guerre impérialiste. La crise économique est devenue la justification pour supprimer des centaines de milliers d'emplois et pour réduire les salaires des travailleurs tandis que ceux qui sont à l'origine de la crise - les banquiers - sont récompensés par des primes à hauteur de plusieurs millions de livres sterling. D'énormes coupes sociales et des privatisations sont réalisées partout dans le système de protection sociale et de santé.

De nouvelles attaques sont perpétrées contre les droits démocratiques - telles l'« ordonnance correctrice » hâtivement portées devant le parlement par la ministre de l'Intérieur Theresa May et « octroyant à la police et aux forces armées des pouvoirs plus stricts en matière d'interpellation et de fouille. »

Cette crise est de la responsabilité du capitalisme et non de la classe ouvrière. Mais, pour vaincre cet assaut, les travailleurs et les jeunes doivent construire leur propre direction révolutionnaire, le Parti de l'Egalité socialiste.

 

(Article original paru le 12 avril 2011)

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