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Grève de 24 heures dans le service public britannique

Pour une grève générale et le renversement du gouvernement Cameron !

Déclaration du Socialist Equality Party (UK)
3 décembre 2011

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Plus de deux millions de travailleurs issus de l’ensemble du secteur public britannique participent à une journée d’action contre les assauts de la coalition entre les Conservateurs et les Libéraux démocrates contre les droits à la retraite. Pour la première fois depuis l’entrée en fonction du gouvernement, il y a 18 mois, les travailleurs ont l’occasion de manifester leur opposition à sa politique, et ils le font par centaines de milliers.

Les écoles, les hôpitaux, les services gouvernementaux, les aéroports et tous les secteurs des services essentiels sont touchés par le débrayage national alors que les fonctionnaires indiquent clairement qu’ils n’accepteront pas les projets de les faire travailler plus longtemps et cotiser davantage pour toucher une retraite encore plus faible.

Leur colère est tout à fait justifiée. L’assaut contre les retraites est le dernier d’une série d’attaques remontant à l’époque du gel des salaires du secteur public, imposé pour la première fois sous les travaillistes (Labour). En mars de cette année, les autorités locales avaient dit que plus de 100.000 employés seraient licenciés à moins d’accepter de déchirer leurs contrats et de se voir imposer de nouvelles conditions qui seront encore pires.

Et malgré cela, plus de 100.000 emplois du secteur public ont été supprimés au cours des trois mois qui ont suivi tandis que dans des municipalités telles celle de Southampton des réductions de salaire de 5 pour cent et plus ont été imposées.

C’est pourquoi, la grève de 24 heures d’aujourd’hui a une si forte résonance. Toux ceux qui sont concernés savent qu’à moins de faire preuve d’une résistance déterminée, aucun emploi, aucun salaire ni aucune condition de travail n'est garanti. Ils comprennent que les attaques contre le secteur public n’a rien à voir avec les affirmations mensongères du gouvernement selon lesquelles ses employés bénéficient de « privilèges particuliers. » Au contraire, ces attaques font partie intégrante du programme d’austérité de plusieurs milliards de livres sterling et des coupes sociales draconiennes dans les services sociaux essentiels, mis en place par la coalition .

L’Institut des Etudes fiscales a dit que la Grande-Bretagne se trouvait devant « la période la plus longue et la plus intense de coupes sociales dans les services publics depuis au moins la Deuxième Guerre mondiale. »

Les dépenses publiques d’éducation vont chuter de 14,4 pour cent au cours des quatre prochaines années alors que le système de santé public (National Health service) menace de s’effondrer. Le gouvernement profite du manque de moyens pour justifier la poursuite de la privatisation de l’éducation et des soins de santé au moyen « d’écoles libres » et de la « mutualisation » de certains secteurs hospitaliers et de santé.

L’attaque de ces deux dernières années contre le secteur public a donné le feu vert aux employeurs pour réduire les salaires dans tous les domaines. Ceci a abouti à une situation où, dans l’industrie du bâtiment par exemple, les électriciens sont confrontés à une baisse de leur salaire allant jusqu’à un tiers alors que les entreprises cherchent à invalider les conventions nationales.

Et ce n’est qu’un début. Le chômage est désormais à son plus haut niveau depuis 17 ans et, pour les jeunes, il est à son record avec plus d’un jeune sur cinq entre 16 et 24 ans à être sans emploi. Le projet de loi sur l’aide sociale (Welfare Reform Bill) est censé priver de nombreuses personnes – dont les malades et les handicapés – de leurs droits aux prestations en les forçant à effectuer un travail non rémunéré pour abaisser ainsi encore davantage le niveau des salaires.

Malgré les suppliques de la confédération syndicale (Trades Union Congress, TUC), le gouvernement insiste pour dire qu’il ne reculera pas sur les retraites. Il craint que la moindre concession, aussi minime soit-elle, n'enhardisse les travailleurs de tous les secteurs à défier sa politique.

Au lieu de cela, il affirme que le niveau actuel des retraites ne peut plus être versé, et accuse la grève d’aujourd’hui de prendre le pays « en otage. » Il dit envisager l’instauration de nouvelles lois stipulant que pour qu'une grève puisse être organisée, plus de la moitié des travailleurs devra avoir voté pour .

Ces projets émanent de la même élite qui depuis 2008 a débloqué mille milliards de livres sterling (environ 1,2 milliards d’euros) de fonds publics pour les dépenser dans des plans de sauvetage (« stimulus »). Pas plus tard que le mois dernier, la Banque d’Angleterre a débloqué 75 milliards de livres sterling supplémentaires. Pas une seule fois on n'a soumis au vote la question de savoir si on avait les moyens d'accorder ces subventions massives aux ultra-riches. Quant à la question des mandats démocratiques, si les critères proposés pour le vote en faveur de la grève étaient appliqués aux mandats démocratiques des partis officiels, aucun d’entre eux ne serait au pouvoir aujourd'hui.

Pour l'essentiel, rien ne différencie ce qui se passe en Grande-Bretagne de la manière dont les normes démocratiques sont bafouées actuellement partout en Europe. La coalition est tout autant un gouvernement de banquiers que le sont les gouvernements « de technocrates » imposés aux populations de Grèce et d'Italie.

Dans chaque pays, les travailleurs sont confrontés aux mêmes problèmes universels – un chômage croissant, une inégalité sociale grandissante et un système politique totalement indifférent aux revendications et aux intérêts de la vaste majorité de la population. Partout, la même élite d’ultra-riches, dont les activités criminelles et spéculatives ont provoqué la crise financière, s’enrichit alors que la population laborieuse doit en payer les coûts.

L’inégalité économique est la plus grande jamais enregistrée en Grande-Bretagne et elle devrait encore empirer de façon spectaculaire. Le salaire net a chuté durant 11 mois d’affilée avec une augmentation de la rémunération globale d’à peine 0,4 pour cent alors que l’inflation se situe à 5 pour cent. Avec une baisse de 4 à 11 pour cent des taux de salaires dans plusieurs secteurs, les travailleurs à bas salaire sont tout particulièrement touchés. Dans le même temps, les traitements des PDG et des directeurs de grandes sociétés ont grimpé l’année dernière de 15 pour cent et de plus de 7 pour cent en ce qui concerne les cadres supérieurs. Les patrons des grands groupes gagnent aujourd’hui 145 fois le salaire d’un ouvrier moyen.

La situation ne changerait pas d’un iota sous le Labour. C’est le gouvernement travailliste qui a pour la première avancé des projets d’augmenter les taux de cotisation retraite des travailleurs du secteur public. Et les mesures même du gouvernement se fondent sur les recommandations de l’ancien ministre du gouvernement travailliste, John Hutton. Dans les grandes villes, les autorités locales dirigées par Labour sont en train d’appliquer des licenciements de masse et des réductions de salaire.

La grève d’aujourd’hui est un premier pas pour lutter contre cette offensive mais elle est loin d’être suffisante. Les événements ont montré qu’il n’y a pas de limite aux exigences avides de l’oligarchie financière.

Mais, personne ne devrait à aucun moment douter qu’après avoir été contraints d'organiser un semblant d’opposition aux dernières attaques perpétrées contre les retraites, les syndicats réaliseront, aux dépens de leurs membres et de l'ensemble des travailleurs, leurs tentatives de conclure un accord avec le gouvernement. La TUC et les syndicats ont depuis longtemps cessé d’être d’authentiques organisations de la classe ouvrière et sont directement responsables de la situation terrible à laquelle sont confrontés les travailleurs.

Ce qu’il faut, c’est une mobilisation de la force collective de la classe ouvrière dans une grève générale. De nouvelles organisations ouvrières doivent être crées – indépendantes de la bureaucratie syndicale et du Labour – pour unir toutes les sections de la classe ouvrière dans une lutte commune pour le renversement du gouvernement.

La lutte qui a lieu en ce moment en Grande-Bretagne fait partie d’une contre-offensive entamée par la classe ouvrière en Europe, en Egypte, aux Etats-Unis et partout dans le monde contre l’élite dirigeante. L’unité internationale doit devenir le but consciemment poursuivi par les travailleurs et les jeunes britanniques.

Il s’agit d’une lutte politique qui doit découler de la compréhension que le capitalisme a échoué. Il n’est pas question d’échanger un groupe de politiciens capitalistes contre un autre mais de remplacer le système dans son intégralité en mettant en place un gouvernement ouvrier. Les milliards octroyés aux banques et aux ultra-riches doivent immédiatement être restitués et utilisés pour satisfaire les besoins élémentaires de la population dans le cadre de la réorganisation, selon des lignes socialistes, de tous les aspects de la vie sociale et économique.

(Article original paru le 30 novembre 2011)