La
plus grande banque française, le Crédit Agricole qui représente 28 pour cent du
marché français, et arrive en septième position au niveau mondial, a annoncé
mercredi qu'elle allait supprimer 2 350 emplois dans le monde, dont quelque 850
en France. La banque emploie 110 000 personnes en France et quelque 50 000 à
l'étranger.
Le journal Les Echos du 14 décembre a
ainsi réagi: «Crédit Agricole SA veut frapper vite et fort pour montrer sa
réactivité face à des marchés adverses, qui restreignent l'accès au
refinancement des banques européennes. Il indique avoir réalisé 9 milliards
d'euros d'économie de consommation en liquidités (le cash dont les banques ont
besoin pour pouvoir prêter au-delà de la taille des dépôts conservés) sur les
50 milliards d'économies prévus d'ici fin 2012. »
« La
banque de crédit et d'investissement du Crédit Agricole, CACIB quittera 21 pays
pour ne rester que dans 32, ce qui représente 84 % du PIB mondial. »
D'autres
banques françaises dont BNP Paribas et Société Générale ont aussi annoncé des
suppressions d'emplois imminentes. Ceci se produit dans le contexte d'une crise
du système bancaire européen où quasiment toutes les banques voient leur
notation réduite du fait de leur exposition à des obligations souveraines
quasiment sans valeur, notamment celles de la Grèce et de l'Italie.
En
novembre, le Crédit Agricole faisait état d'une chute de 65 pour cent de ses
bénéfices au troisième trimestre après avoir été affecté par les pertes
concernant la dette souveraine de la Grèce. La banque a dû accepter le
non-paiement de 60 pour cent de la dette grecque qu'elle détenait, enregistrant
637 millions d'euros de perte. L'agence de notation Moody's a abaissé la note
du Crédit Agricole de Aa1 à Aa2 et celle de la Société Générale de Aa2 à Aa3 du
fait de leur difficulté à emprunter de l'argent. BNP Paribas est sous surveillance
et sa note sera peut-être revue à la baisse. Depuis février, on assiste à une
chute du prix des actions des banques européennes, de deux tiers pour le Crédit
agricole et la Société Générale et de plus de 50 pour cent pour BNP.
En
2006, les actions du Crédit Agricole étaient cotées à plus de 32 euros.
Vendredi dernier elles étaient à 4,79 euros. L'implication de la banque dans le
marché américain des subprimes en 2007-2008 a provoqué des pertes de plus de 3
milliards d'euros.
La
BBC fait état de la situation incertaine des banques européennes: « Le
chef de la Banque centrale française Christian Noyer a accueilli la nouvelle de
la décision d'une baisse de notation comme étant 'une nouvelle relativement
bonne' » Il a ajouté que « les banques françaises ont une excellente
note, le même niveau que d'autres grandes banques européennes, HSBC, Barclays,
Deutsche Bank, Crédit Suisse. »
Le Financial Times a commenté mercredi:
« Les banques se sont empiffrées d'obligations souveraines, pas seulement
de leur propre pays mais de toute l'Europe. Même au moment où la crise éclatait
fin 2009, selon certains banquiers, plusieurs établissement faisaient le plein
de la dette grecque du fait qu'elle apportait un rendement
supplémentaire, » et aussi parce qu'ils pensaient que l'Union européenne
utiliseraient des fonds publics pour les renflouer si sa valeur s'effondrait.
Les
accords conclus début décembre lors de négociations avec les 27 pays de l'Union
européenne, portés par la chancelière allemande Angela Merkel et le président
français Nicolas Sarkozy, ont donné des assurances que les banques en
difficulté, du fait de leur spéculation (hautement profitable) sur les
obligations nationales grecques, italiennes et autres, seront renflouées en cas
de défaut de paiement national par la troïka composée de l'UE, de la Banque
centrale européenne et du Fond monétaire international. La contre-révolution
sociale qui l'accompagne visant à faire payer la crise à la classe ouvrière,
est déjà bien engagée en Irlande, au Portugal et en Espagne. La Grèce et
l'Italie ont à présent mis en place, à la demande de la troïka, des
gouvernements non élus de technocrates financiers pour imposer des coupes
sociales intolérables dans le niveau de vie et pour défendre les banques.
Ces
derniers jours, plusieurs grandes entreprises françaises ont annoncé des
mesures pour faire baisser les coûts, avec à la clé d'importantes suppressions
d'emplois.
°
Le géant de l'énergie nucléaire Areva, frappé par la catastrophe de Fukushima
et la décision qui a suivi, de pays comme l'Allemagne, de diminuer le
nucléaire, va supprimer plus de 1 200 emplois. Les syndicats estiment que plus
de 2 000 emplois seront supprimés sur l'ensemble du personnel qui compte de par
le monde 48 000 personnes. Areva a aussi annoncé un gel des salaires et des
embauches.
°
PSA Citroën Peugeot prévoit de supprimer 1 900 emplois permanents en France,
selon un document de la direction publié par l'AFP. En plus de ceci, quelque 2
400 emplois de sous-traitants et 800 emplois intérimaires seront supprimés en
2012.
°
Air France, qui a déjà supprimé 4 000 emplois ces quinze derniers mois, a
annoncé 2 000 suppressions de plus, faisant partie d'une mesure de réduction de
coût de 800 millions d'euros sur trois ans, soit au total 10 pour cent de son personnel.
Le
taux de chômage en France était à 9,7 pour cent au troisième trimestre de 2011.
Ceci représente une hausse de 0,2 pour cent par rapport au trimestre précédent,
se rapprochant du record de 11,8 pour cent de 1994. Pour les moins de 25 ans,
le taux de chômage dépasse 21 pour cent.
Cherchant à détourner la colère des
travailleurs et à la diriger contre leurs homologues étrangers, l'ensemble de
l'élite politique, du Front national néo-fasciste et de l'Union pour un
Mouvement populaire (UMP) au pouvoir, jusqu'au parti bourgeois de gauche, le
Parti socialiste, en passant par le Parti communiste, le Parti de gauche de
Jean-Luc Mélenchon et les syndicats, a riposté avec des slogans
protectionnistes chauvins « Produisons français », « Made in
France » et « patriotisme industriel. »