Le World Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste lancent
l’appel à tous les travailleurs afin de venir à la défense des employés de la
fonction publique du Wisconsin dans leur lutte contre la destruction des
salaires, des avantages sociaux, des conditions de travail et des droits
démocratiques.
Le gouverneur du Wisconsin Scott Walker et la législature d'État contrôlée
par les républicains s’apprêtent à couper dans les salaires, réduire les
prestations de santé et saper les retraites. Au même moment, ils imposent un
carcan juridique aux employés du secteur public, leur retirant leur droit de
négociation collective sur à peu près tout sauf les salaires, et exigeant que
toute augmentation salariale au-delà du taux d’inflation fasse l’objet d’un
référendum à la grandeur de l’État.
Évidemment, aucun contrôle de la sorte n’est proposé pour les salaires
gargantuesques des PDG d’entreprise ou pour les profits exceptionnels des
banques et des grandes entreprises. Il n’y aura pas non plus de limites imposées
aux institutions financières qui contrôlent l’émission des bons du Trésor –
Citigroup étant le chef de file de ces courtiers. Les « sacrifices » décrétés
par le gouverneur ne s'appliquent qu'aux travailleurs: Walker a véritablement
augmenté le déficit d'État pour fournir des baisses d'impôt aux sociétés du
Wisconsin.
Des dizaines de milliers de travailleurs à travers le Wisconsin sont déjà
entrés en action contre cet assaut sur les droits sociaux et démocratiques
fondamentaux. Ils ont manifesté dans la ville de Madison sur une base
quotidienne, se sont entassés dans les corridors du State Capitol et ont
organisé des protestations et des débrayages à la grandeur de l’État.
Les employés de l’État, les enseignants, les pompiers et d’autres
travailleurs de l'administration municipale ont été rejoins par des travailleurs
du secteur privé, des étudiants des universités et du lycée, puis des milliers
d’autres travailleurs qui ont justement reconnu que la destruction des
conditions de vie et des droits fondamentaux des employés de la fonction
publique aura des conséquences dévastatrices pour l’ensemble de la classe
ouvrière.
Cette mobilisation de classe doit être intensifiée et amplifiée sur la base
la plus large possible, par l’organisation d’une grève générale de tous les
travailleurs du Wisconsin afin de mettre un frein à l’attaque sur les employés
de l’État. Mener une telle lutte nécessite l’établissement de nouvelles
organisations, des comités d’action des travailleurs de la base et des étudiants
dans le but d’unir les travailleurs du secteur public et du secteur privé, tout
comme les jeunes dans les lieux de travail, les écoles et les quartiers.
La classe ouvrière doit empêcher que cette lutte ne soit canalisée derrière
la perspective avancée par l’AFL-CIO de l’État et le syndicat des professeurs
(WEAC), qui est de faire pression sur les législateurs démocrates et
républicains de l’État pour retarder ou bloquer le projet de loi. Les
travailleurs doivent s’opposer à la position prise par les chefs syndicaux et la
dénoncer, cette position étant que les coupes dans les salaires et les avantages
sociaux sont acceptables dans la mesure où les syndicats eux-mêmes sont
impliqués dans les négociations.
Il y a un vaste gouffre social entre l’opposition instinctive et sincère aux
coupures provenant des travailleurs de la base et la démagogie et la
malhonnêteté des responsables syndicaux, qui soutiennent les coupures dans la
mesure où les revenus provenant des cotisations syndicales, ainsi que les
salaires et les à-côtés des bureaucrates privilégiés, sont maintenus.
Ainsi, Marty Beil, la chef du Syndicat des employés de l’État du Wisconsin, a
dit hier : « Nous sommes prêts à implanter les concessions financières proposées
pour aider à équilibrer le budget de l’État, mais … nous n’allons pas – je
répète, nous n’allons pas – nous faire refuser notre droit à la négociation
collective. » Mais dans ce cas, la question fondamentale est occultée : que
reste-t-il à négocier si l'on accepte au départ toutes les concessions?
Le président de l’AFL-CIO, Richard Trumka, a déclaré vendredi lors d’un
rassemblement à Madison que les syndicats reconnaissent et acceptent les raisons
économiques pour les coupures dans le gouvernement de l’État. Qui leur a donné
ce droit? Trumka ne parle pas pour les travailleurs qui luttent pour s’en sortir
avec leurs présents salaires, dans des conditions où l’inflation grimpe, ou qui
font face aux coupes dans leurs fonds de santé ou de retraite. Il parle au nom
des responsables hautement rémunérés de la cinquième colonne qui ont transformé
les syndicats en agents pour le compte des entreprises et du gouvernement qui
exigent austérité et baisses dans les salaires.
L’objectif principal de Trumka et compagnie au Wisconsin est d’empêcher une
explosion incontrôlable dans laquelle la classe ouvrière démontrerait vraiment
son énorme poids social et exposerait la faiblesse et l’isolement des
politiciens d’extrême droite comme le gouverneur Walker. Il n’y a aucun doute
que la vaste majorité de la population au Wisconsin est solidaire des
travailleurs du secteur public et les soutiendra dans une lutte sérieuse et
prolongée. L’AFL-CIO voit une telle offensive par la classe ouvrière comme un
désastre qu’il faut à tout prix éviter.
L’AFL-CIO tente de détourner les travailleurs d’une lutte acharnée contre
l’administration Walker en semant des illusions dans le Parti démocrate,
louangeant la manœuvre des législateurs démocrates de l’État qui ont
temporairement bloqué le projet de loi en quittant l’État et en empêchant
l’obtention du quorum. Elle cherchera à mettre un terme au mouvement de grève
grandissant en faisant plutôt des demandes au système judiciaire, à
l’administration Obama et, finalement, en faisant campagne pour les démocrates
dans les élections de 2012.
Mais en réalité, le Parti démocrate mène les mêmes attaques sur les
travailleurs aux niveaux régional, fédéral et des États. Les attaques brutales
sur les travailleurs du Wisconsin ne sont pas propres à cet État, mais prennent
place dans toutes les régions du pays. Les gouverneurs démocrates de New York,
de la Caroline du Nord, de l'Illinois et de la Californie exigent des coupures
comparables dans les salaires et les retraites, suppriment des emplois et
attaquent les droits démocratiques tels que le droit de grève.
Quant à Obama, il a déjà démontré sa solidarité de classe avec le gouverneur
Walker en imposant un gel de deux ans aux fonctionnaires fédéraux et en
attaquant les règles d'ancienneté et la sécurité d'emploi des enseignants du
système public. L'administration Obama propose maintenant un budget qui exige
que les travailleurs paient, par des coupes dans les programmes sociaux et les
services, pour les déficits engendrés par le sauvetage de Wall Street, les
baisses d'impôts des riches et les guerres impérialistes en Irak et en
Afghanistan.
La seule différence entre les deux partis est que les démocrates se servent
des syndicats comme outil pour imposer les coupures, tandis que les républicains
suggèrent de se passer d'eux tout simplement. Cette différence est de la plus
grande importance pour les bureaucrates syndicaux – leurs revenus et leurs
privilèges sont en jeu – mais pour les travailleurs, le résultat est le même.
Les travailleurs au Wisconsin et ceux qui les appuient à la grandeur du pays
doivent d'abord reconnaître que pour mener une véritable lutte contre la
destruction des emplois, des salaires, des avantages sociaux et des droits
démocratiques, une rupture politique d'avec les deux partis de la grande
entreprise, les démocrates comme les républicains, est la première condition
nécessaire. La classe ouvrière doit mobiliser tous les opprimés – les
travailleurs, la jeunesse, les chômeurs, les aînés – dans la construction d'un
nouveau parti politique de masse basé sur un programme socialiste.
De nombreux travailleurs participant aux manifestations au Wisconsin
brandissaient des affiches comparant Walker au dictateur délogé d'Égypte, Hosni
Moubarak, et exprimant le désir d'organiser une rébellion aussi puissante et
libératrice que celle menée par les travailleurs égyptiens durant le dernier
mois. Une vérité objective fondamentale s'exprime dans cette identification
instinctive aux luttes de la classe ouvrière internationale.
Comme les travailleurs en Égypte, ceux du Wisconsin sont poussés vers la
lutte par la crise et l'effondrement du système capitaliste mondial. Comme eux,
ils n'ont toujours pas d'organisations, de direction et de programme politique
qui sont essentiels à la victoire. Seuls le Parti de l'égalité socialiste et le
World Socialist Web Site travaillent sur une base internationale pour construire
l'alternative révolutionnaire qui est indispensable.