wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Jean-Luc Mélenchon devient le candidat présidentiel du Parti Communiste Français

Par Anthony Torres
5 juillet 2011

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Entre le 16 et le 18 juin, les militants du PCF étaient amenés à élire leur candidat pour les élections présidentielles de 2012. Jean-Luc Mélenchon, secrétaire du Parti de Gauche, est devenu le premier non-Communiste, depuis François Mitterrand en 1974, à représenter le PCF pour les élections présidentielles de 2012. Ce Front de gauche est une tentative de défendre le rôle de l’impérialisme français devant les énormes conflits de classes, à une époque où les partis politiques traditionnels sont complètement discrédités.

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a dévoilé le résultat final de la consultation des quelques 130.000 adhérents revendiqués du parti, dont 70.000 à jour dans leurs cotisations. Finalement, 59,12% des votants ont choisi l'option accord global sur le programme partagé, les législatives et la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Pierre Laurent a salué « le choix clair, net et massif ».

La candidature de Mélenchon pour les présidentielles de 2012 est différente de celle de Mitterrand en 1974—notamment à cause de l’effondrement entre-temps du PCF, anciennement parti hégémonique dans la classe ouvrière, suite à sa participation dans le gouvernement Mitterrand dans les années 1980 et à la chute de l’URSS en 1991. A la différence de Mitterrand, Mélenchon est un personnage de second plan de la politique bourgeoisie française. En dernière analyse, cependant, le but de l’exercice reste le même : lutter contre le développement d'une conscience révolutionnaire dans le prolétariat.

Dans les années 1970, l’association du PCF avec le communisme et la révolution d’octobre devenait intolérable au parti après sa trahison de la grève générale de 1968 et des luttes de la décennie suivante. Le PCF n’était ni communiste ni révolutionnaire, mais il craignait de perdre son influence sur la classe ouvrière en lutte. Il craignait que des couches ouvrières ne parviennent à la conclusion que le PCF devrait prendre le pouvoir dans une période révolutionnaire. Le PCF, qui n’avait aucune intention de le faire ne voulait pas être débordé sur sa gauche par les travailleurs.

Pour éloigner le communisme de la conscience des masses, le PCF s’était alors tourné vers Mitterrand et son Parti Socialiste (PS), doté d’un programme bourgeois, donnant ainsi l’illusion que les perspectives réformistes pouvaient défendre les travailleurs. Politiquement désarmée, la classe ouvrière fut livrée à une bourgeoisie décidée à décimer toutes les industries qui avaient été les plus actives durant les grèves. Après son « tournant de la rigueur » en 1983, le gouvernement Mitterrand put imposer de dures mesures d’austérité, tout en fermant de nombreuses usines automobiles et sidérurgiques.

Aujourd’hui, le PCF et le PS sont fortement discrédités aux yeux des travailleurs. Ils ont laissé le pouvoir à la droite en 2002 et ne l’ont plus retrouvé. La radicalisation de la classe ouvrière en raison de la crise économique et du vide laissé par ces deux anciens partis, qui avaient eu comme base la classe ouvrière, fait craindre à la bourgeoisie de puissants conflits de classes.

L’étiquette du communisme gêne encore le PCF, il souhaite que les questions du socialisme soient éloignées des esprits. Mélenchon—ancien ministre délégué à l’enseignement professionnel quand il était encore au PS—remplit cette fonction à merveille pour les bureaucrates cyniques du PCF. Capable de reprendre dans ses discours le ton démagogique des dirigeants du PCF, il n’éveille aucune attente politique en dehors des idées reçues de la « gauche » bourgeoise.

C’est aussi la fonction du Front de gauche, doté d’une étiquette ambigüe de « gauche » tout en ayant une perspective nationaliste et militariste. Le Front de gauche regroupe différentes tendances politiques tels le Parti de Gauche avec Mélenchon, des staliniens et des pablistes avec Christian Piquet (Gauche unitaire, ex-Ligue communiste révolutionnaire).

Le Front de gauche a comme modèle des formations semblables dans d’autres pays d'Europe : en Allemagne Die Linke, et Izquierda Unida en Espagne. Ces formations soutiennent les syndicats et empêchent la classe ouvrière de lutter politiquement contre la bourgeoisie.

L’étiquette de « gauche » du Front de gauche peut être balayée d’un revers de main en regardant le parcours de deux personnalités politiques importantes de ce Front de gauche, et leur soutien à la politique de plus en plus droitière du gouvernement Sarkozy. André Gerin, député du PCF, a participé à la commission pour l’interdiction de la burqa, se moquant des droits démocratiques de la classe ouvrière.

Dans son article du 21 juin intitulé « Le député André Gerin crée la polémique au PCF en critiquant l'immigration », Le Monde cite André Gerin: « 'Aujourd’hui limiter y compris l’immigration régulière devient vital face une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires. C’est la seule manière d’endiguer le Front national en démontrant que la situation n’a rien d’inéluctable et surtout qu’il n’y a aucune raison d’accepter une fatalité du déclin démographique en France et en Europe', affirme l'élu. Cette proposition rappelle celle du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui avait été fustigée par la gauche ».

Gerin démontre ainsi que le PCF compte répondre à la montée du FN en adoptant sa politique. Pour « endiguer » le FN, Gerin compte faire la chasse aux immigrés et essaie d'être plus frontiste que le Front, ce qui est aussi l'attitude de Sarkozy. André Gerin n’a d’ailleurs jamais été sanctionné par le PCF en 2009 pour sa participation à la commission anti-burqa.

Quant à Mélenchon, il est explicitement hostile à la perspective d’une politique indépendante de la classe ouvrière pour la prise du pouvoir et le socialisme, préférant invoquer une « révolution par les urnes ».

Il a soutenu l’agression française contre la Libye. Un article dans Wordpress daté du 28 mars résumait ainsi les déclarations pro-guerre de Mélenchon :« Le 10 mars 2011, il votait au Parlement européen une résolution invitant les Etats membres à se ' tenir prêts' à une intervention militaire contre la Libye. Le 20 mars, approuvant les frappes aériennes, il se demande dans le Nouvel Obs s’il faut remercier Nicolas Sarkozy. 'La politique menée est conforme à l’intérêt de la France,' renchérit-il dans Libération. ».

Ses positions anti-burqa étaient tout aussi droitières. Dans un article du 14 janvier intitulé « Mélenchon veut des amendes », Le Figaro relaie les propos de Mélenchon : « 'Il faut interdire le port du voile intégral, c'est ma conviction personnelle, à la condition que la loi, naturellement, soit respectueuse des principes républicains', a déclaré l'eurodéputé sur France24 ».

Le prétexte de la défense des principes républicains pour mettre des amendes aux femmes portant la burqa est le même que celui utilisé par le gouvernement pour s’attaquer aux droits démocratiques de la classe ouvrière. Mélenchon méprise les droits démocratiques de la classe ouvrière en s’alignant sur la campagne raciste du gouvernement— campagne qui a fini par légitimer le FN comme parti politique participant à la vie publique officielle en France.

Mélenchon a aussi appelé au renforcement des frontières européennes, geste aux connotations fortement nationalistes : « De même contre l’Europe libérale passoire ouverte à tous les vents du libre-échange absurde qui domine le monde, il faut exiger aux frontières de l’Union pendant cette période d’exception un tamis douanier qui bloque le dumping social et environnemental ».

Les propos de Mélenchon montrent que sa candidature et son Front de gauche avec le PCF ne visent pas à défendre les intérêts de la classe ouvrière, mais les intérêts stratégiques de la bourgeoisie française à l’intérieur et à l’extérieur du pays. C’est notamment la logique de ses propos visant à promouvoir un bloc commercial européen afin de limiter la concurrence en provenance de pays émergents comme la Chine.

Le programme du Front de gauche a finalement le même but que le projet du PS pour 2012 (voir aussi : Le programme du Parti Socialiste en France est dirigé contre la classe ouvrière). A la veille de grandes luttes des classes, il tente, en adoptant une politique de droite, d’empêcher que la classe ouvrière ne prenne un virage à gauche.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés