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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Comment la classe ouvrière grecque peut-elle aller de l’avant?

Par Stefan Steinberg
21 juin 2011

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Les principaux syndicats grecs ont appelé aujourd’hui à une grève de 24 heures contre les dernières coupes sociales exigées par le gouvernement social-démocrate PASOK. La grève soulève des questions pressantes sur une perspective politique pour tous les travailleurs ayant une conscience de classe.

Cette grève appelée par les responsables syndicaux, comme toutes celles qui l’ont précédé partout en Europe depuis l’éclatement en 2009 de la crise de la dette européenne, ne fera rien pour enrayer les coupes exigées par les banques. Des couches de plus en plus importantes de la classe ouvrière en Grèce et dans toute l’Europe sont en train de s’en rendre compte, surtout depuis les soulèvements de masse qui ont entraîné l’éviction de Moubarak en Egypte et de Ben Ali en Tunisie.

Les manifestations des « indignés » en Espagne et les protestations des Aganaktismeni en Grèce reflètent le rejet par des sections croissantes de jeunes de l’ensemble de l’establishment politique. Lors d’une manifestation de masse à Athènes, le 5 juin, des manifestants s’étaient retournés contre les représentants des syndicats leur disant qu’ils n’avaient aucun droit d’y participer.

Il y a un sentiment grandissant que les vieilles formes de la vie politique et de la lutte de classe sont dépassées. En Egypte, on prend de plus en plus conscience du fait que la chute de Moubarak n’a pas signifié la fin du régime militaire. Celle-ci n’a pas non plus répondu aux aspirations politiques et sociales qui ont guidé le mouvement de masse. Le sentiment que quelque chose de plus radical et de plus profond est nécessaire se reflète dans le slogan populaire d’une « seconde révolution. »

En Espagne, l’impasse des protestations dépourvues d’une stratégie bien élaborée et d’un programme incarnant les intérêts indépendants de la classe ouvrière peut être observé dans la levée de l’occupation de la Plaza del Sol de Madrid par les indignados.

Dans les deux cas l’évolution indique de diverses manières la nécessité que les luttes de la classe ouvrière soient guidées par une perspective nouvelle et fondamentalement différente.

Il est indispensable d’analyser soigneusement, en Grèce et internationalement, les expériences de l’année passée et d’en tirer les conclusions politiques adéquates.

Il y a un peu plus d’un an, le gouvernement grec avait présenté le prêt de 110 milliards d’euros de l’Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) comme le point de départ d’un retour à une croissance économique. Les prêts avaient toutefois été accordés à des taux d’intérêts élevés et liés à d’énormes coupes dans les dépenses sociales ciblant les emplois, les salaires et les conditions sociales de la classe ouvrière.

Nonobstant les belles promesses de croissance, l’imposition de ces réductions a fait tomber l’économie grecque en chute libre. Le taux de contraction de l’économie est passé de 2,3 pour cent en 2009 à 4,0 pour cent en 2010 – une baisse de près du double. La contraction s’est encore accélérée cette année pour atteindre moins 5,5 pour cent au premier trimestre.

Les économistes grecs estiment que les travailleurs ont subi en moyenne une stupéfiante perte de 30 pour cent de leur revenu.

L’effondrement économique a fait qu’il est devenu impossible à la Grèce de rembourser ses dettes malgré les brutales mesures de réduction des coûts. Vendredi dernier, le gouvernement du premier ministre George Papandreou a annoncé une nouvelle série de coupes sociales et de liquidation de biens publics.

L’expérience de la Grèce, qui se reproduit en Irlande, au Portugal et dans d’autres pays lourdement endettés, souligne cette réalité que la bourgeoisie elle-même ne dispose d’aucune solution viable à la crise et que la récession n’est pas simplement un déclin conjoncturel mais bien plutôt une défaillance systémique du capitalisme mondial.

La subordination de la Grèce à l’élite financière internationale sous la forme de l’UE, de la BCE et du FMI a été un désastre pour la classe ouvrière. Et la soi-disant alternative avancée par les nationalistes en Grèce – la sortie de la monnaie unique européenne pour revenir à la drachme – serait tout aussi catastrophique. Le résultat serait une inflation massive et la ruine de la population – un scénario semblable au chaos hyperinflationnaire qui avait déferlé sur l’Allemagne en 1923.

Le capital financier international est en train d’organiser un transfert historique de la richesse sociale entre les mains d’une infime élite financière. Pour cette strate dirigeante, les formes de protection sociale développées à l’Occident durant la période d’après-guerre – les allocations chômage, les retraites, les soins de santé, l’enseignement gratuit – représentent une ponction intolérable des profits. A présent, tous ces acquis gagnés au cours d’un siècle de luttes acharnées de la classe ouvrière doivent être balayés.

L’impact économique et social des changements que l’élite financière compte appliquer en Grèce et internationalement ressemble à la « thérapie de choc » introduite à la fin des années 1980 en URSS au moment de la restauration du capitalisme en Europe de l’Est.

Ces mesures ont été la culmination de la politique contre-révolutionnaire du régime bureaucratique stalinien qui avait usurpé le pouvoir politique de la classe ouvrière soviétique dans les années 1920 et 1930 et tué des centaines de milliers de travailleurs, d’intellectuels, d’artistes, de scientifiques de gauche ainsi que toute la génération de Bolchéviques, avec Léon Trotsky à leur tête, qui avait dirigé la Révolution russe.

Sous Gorbatchev et Eltsine, la bureaucratie, en collaboration avec l’impérialisme occidental, a démantelé ce qui restait de l’industrie nationalisée mise en place par la révolution de 1917 pour introduire des rapports capitalistes de marché.

Le résultat fut une catastrophe sociale. La vie économique se désagrégea et des pans entiers de la propriété publique furent vendus à des prix sacrifiés entraînant l’émergence d’une oligarchie criminelle russe. Il y eut un effondrement du niveau de vie et des emplois et une montée sans parallèle de l’inégalité sociale. D’ici le milieu des années 1990, le niveau de vie russe avaient chuté au point que l’espérance de vie de la population avait régressé à celle qui existait durant la Deuxième guerre mondiale.

Le dernier acte de la trahison contre-révolutionnaire de la bureaucratie stalinienne a fait partie d’un processus plus général de la dégénérescence et de la trahison de toutes les vieilles bureaucraties ouvrières – dont les partis sociaux-démocrates et communistes et les syndicats.

A présent, avec le commencement de la crise économique en Europe et en Amérique du Nord, les bureaucraties syndicales ont systématiquement œuvré pour contenir, disperser et étouffer la résistance de la classe ouvrière à l’assaut capitaliste, défendant les gouvernements qui mènent ces attaques et cherchant à réduire l’opposition populaire à d’impuissantes protestations. Tout en prétendant exercer une « pression » sur les gouvernements nationaux, elles négocient en fait la politique voulue par les banques.

Elles ont bénéficié de l’assistance cruciale des organisations de la pseudo-gauche petite bourgeoise – telles SYRIZA en Grèce, le Nouveau Parti anticapitaliste en France, la Gauche anticapitaliste en Espagne, etc. – qui consacrent tous leurs efforts à canaliser la résistance de la classe ouvrière derrière les syndicats et les partis bourgeois de « gauche. »

Malgré, leur rhétorique de temps en temps révolutionnaire, ces organisations rejettent la révolution socialiste et l’unification internationale de la classe ouvrière. Elles soutiennent les coupes sociales comme étant un pas nécessaire à la stimulation de la compétitivité nationale face aux concurrents impérialistes de leur bourgeoisie nationale et des économies émergentes en Asie et en Amérique latine.

Il n’y a pas de solution nationale à la crise. La véritable ligne de partage en Europe et internationalement n’est pas celle des nationalités mais celle des classes.

Partout en Europe, les travailleurs doivent rejeter la propagande médiatique qui consiste à calomnier les Grecs comme étant « paresseux » et « vivant au-dessus de leurs moyens. » Alors qu’en Europe et de par le monde les gouvernements insistent pour que des attaques tout aussi dévastatrices contre la classe ouvrière soient menées, la réaction fondamentale doit être le développement d’une lutte politique commune de la classe ouvrière européenne et internationale.

Faire pression sur les gouvernements bourgeois ou transférer le pouvoir d’une faction à une autre de l’élite dirigeante n’offre à la classe ouvrière aucune voie pour aller de l’avant.

L’attaque de la bourgeoisie internationale contre les droits sociaux des travailleurs soulève la question du pouvoir politique. Le seul moyen de repousser l’offensive des banques est la lutte de la classe ouvrière pour la prise du pouvoir et le renversement du capitalisme. Ceci requiert l’unification de la classe ouvrière de par l’Europe et internationalement dans une lutte mondiale pour le socialisme.

Ceci est le programme dont l’expression condensée est la perspective des Etats socialistes unis d’Europe pour laquelle lutte le Comité International de la Quatrième Internationale.

 (Article original paru le 15 juin 2011)

 

Voir aussi :

 

L’aggravation de la crise grecque fait chuter les marchés mondiaux

(20 juin 2011)

 

L’assaut mené contre la classe ouvrière grecque

(3 juin 2011)

 

 

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