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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Espagne: Les protestations se poursuivent alors que le Parti socialiste au pouvoir subit une défaite électorale

Par Paul Mitchell
24 mai 2011

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Malgré une interdiction gouvernementale, des dizaines de milliers de manifestants ont continué à occuper la Puerta del Sol à Madrid et d’autres centres dans de nombreuses villes à travers toute l’Espagne durant le week-end. Des élections municipales et régionales se sont déroulées dimanche qui se sont soldées par une lourde défaite pour le gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Zapatero.

La principale force motrice derrière la défaite du PSOE ont été les mesure d’austérité massives imposées par le gouvernement qui ont aggravé la crise économique. Les premiers résultats ont montré que le PSOE a obtenu moins de 28 pour cent des votes.

Le plus grand bénéficiaire de l’effondrement du soutien du PSOE a été son principal rival le Parti populaire (PP) de droite qui a remporté 39 pour cent des voix. Le PP soutient aussi les attaques perpétrées contre la classe ouvrière. Avec une coalition comprenant des nationalistes catalans prenant le pouvoir, le PSOE a aussi, pour la première fois en plus de 30 ans, perdu le contrôle de Barcelone, la deuxième ville d’Espagne.

« Les résultats montrent que le Parti socialiste a nettement perdu les élections d’aujourd’hui », a dit Zapatero dimanche. Il fait porter la responsabilité de la défaite sur la crise économique comme si la politique du gouvernement PSOE n’avait rien à voir avec les conditions désastreuses auxquelles sont confrontés la jeunesse et les travailleurs et espagnols.

Les élections ont été reléguées au second plan par les protestations, connues sous le nom de mouvement du M-15, du jour où les premiers appels dans ce sens étaient lancés par des réseaux sociaux et des groupes internet. Ces appels ont suscité de nombreuses réactions de la part des jeunes travailleurs, des étudiants, des chômeurs et de vastes sections de la population laborieuse espagnole. Les organisateurs ont indiqué qu’ils poursuivront les protestations au-delà des élections.

Les protestations avaient été interdites la veille des élections par différentes commissions électorales et la commission électorale centrale. La loi espagnole interdit les activités politiques des partis le jour des élections et le jour les précédant qu'on appelle « journée de réflexion collective ». Ceci ne couvre pas les protestations du M-15 mais a été le prétexte de l’interdiction. Jusque-là, le gouvernement PSOE s’est abstenu d’envoyer la police en renforcement de l’interdiction bien qu’il y ait eu des compte-rendus faisant état d’intimidation et de violences policières.

Le parti de l’opposition, Parti populaire (PP) droitier a exigé des mesures sévères pour briser les campements « illégaux » que les manifestants ont dit vouloir prolonger après les élections.

La majorité des manifestants, surnommés « les indignés » [ceux qui crient leur colère], sont des jeunes gens qui sont particulièrement durement touchés par la crise. Près de la moitié des Espagnols âgés de 18 à 25 ans sont sans emploi, soit plus du double de la moyenne de l’Union européenne. La plupart de ceux qui arrivent à trouver un emploi finissent par se retrouver avec des contrats intérimaires.

Toutefois, de plus en plus de familles et de travailleurs plus âgés rejoignent les occupations à Madrid et dans d’autres villes dont Barcelone, Valence, Séville, Zaragoza et Bilbao pour protester contre le chômage, les mesures d’austérité du gouvernement et le système politique qui n’est qu’au service des banques et du patronat.

Ceux qui participent aux protestations ont dit qu’ils étaient hostiles à tous les principaux partis politiques espagnols. Au cours du week-end, ils ont exhorté les gens à ne voter pour aucun des deux principaux partis espagnols, le PSOE et le PP.

Puerta de Sol fait fonction de vaste assemblée où se déroulent de nombreuses discussions sur ce qu’il faudra faire après les élections. Certains ont réclamé que l’occupation devienne permanente et que le mouvement soit élargi afin de créer des assemblées populaires partout à Madrid. Plusieurs comités ont été mis en place pour s’occuper de l’approvisionnement alimentaire, des questions juridiques et de la communication.

L’assemblée de Puerta del Sol a adopté une liste de 16 revendications dont la démocratisation du processus électoral ; la proclamation des droits fondamentaux tel le logement, les soins de santé et l’éducation ; un plus grand contrôle gouvernemental des banques et des entreprises ; une réduction des dépenses militaires ; et la re-nationalisation des entreprises publiques privatisées.

Un manifestant, Alejandro, a dit à la BBC, « J’espère que ça va changer notre situation. Nous avons droit à un travail régulier, à un avenir et à un salaire décent, à davantage d’opportunités dans la vie, à la possibilité d’avoir une maison, de pouvoir payer cette maison sans être réduit à l’esclavage, mais tout spécialement à une meilleure qualité de vie. »

Carlos Gomez a dit, « Nous n’avons pas d’autre choix que de voter pour les deux plus grands partis d’Espagne, qui sont plus ou moins pareils. Ils sont incapables de résoudre le moindre problème ; c’est tout simplement un nid de corruption. Nous sommes fatigués. Bref, nous voulons une démocratie qui fonctionne. Nous voulons un changement. »

Milena Almago Garciá a ajouté, « Ces protestations ne concernent pas seulement le chômage. Elles concernent la situation politique injuste qui existe en Espagne. Nous protestons contre une situation politique qui permet à plus d’une centaine de personnes qui sont accusées de corruption dans le pays de se présenter aux prochaines élections. »

Les manifestations et les résultats des élections révèlent l’énorme gouffre qui existe entre les intérêts et les sentiments éprouvés par la population et la politique dictée par l’élite financière qui est soutenue par tous les partis traditionnels – en Espagne et partout en Europe.

Alors que les forces organisatrices de ces protestations affirment être apolitiques, elles ont bien une perspective politique, à savoir que les manifestations de masse peuvent à elles seules obliger le système politique à changer. C’est faux. Tandis que la crise de la dette européenne entre dans une nouvelle phase, la classe dirigeante est déterminée à imposer des mesures d’austérité encore plus brutales et qui nécessiteront de plus en plus l’abrogation des droits démocratiques les plus fondamentaux.

Le gouvernement PSOE a déjà imposé l’un des programmes les plus brutaux de toute l’Europe, avec l’introduction d’un plan de réduction des dépenses de 15 milliards d’euros comprenant une réduction de 5 à 15 pour cent des salaires des fonctionnaires, des attaques contre la retraite et une réforme de la loi de protection des travailleurs.

Dans le cadre de la campagne pour appliquer des réductions plus massives, les marchés financiers ont fixé les taux d’intérêts espagnols à leurs niveaux les plus élevés depuis janvier. Les gouvernements régionaux qui sont responsables d’un tiers des dépenses publiques ont procédé à des coupes dans les soins de santé, l’éducation et dans d’autres services publics essentiels. Ceci laisse penser que des gouvernements régionaux nouvellement élus cette semaine vont commencer à révéler que les dettes sont bien plus élevées qu'on ne l'avait publié antérieurement, ce qui ne fera d’augmenter la pression pour davantage de plus de rigueur.

Pour combattre cette poussée, la classe ouvrière a besoin de ses propres organisations de lutte. Les syndicats officiels ont brillé par leur absence à ces protestations de cette dernière semaine, ces mêmes syndicats qui ont travaillé en étroite collaboration avec le PSOE pour appliquer les coupes et démobiliser la résistance de masse qui a débuté l'année dernière. Ces syndicats ne représentent qu'à peine 14 pour cent de la main d'oeuvre selon les données de l'OCDE (Organisation de coopération et développement économiques.)

Pour mener à bien la lutte, les travailleurs doivent construire des comités de base indépendants pour unir toutes les sections de la classe ouvrière avec les jeunes au chômage.

Avant tout, il faut construire un nouveau parti, sur la base d'une perspective révolutionnaire et internationaliste intransigeante. Ce n'est pas juste une affaire de protestation. Il s'agit de construire une nouvelle direction visant à lutter pour la transformation socialiste de l'économie en Espagne, de par l'Europe et internationalement.

Article original anglais paru le 23 mai 2011

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