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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Italie: Berlusconi inculpé de prostitution et d'abus de pouvoir

Par Marc Wells et Alex Lantier
3 mars 2011

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Le 15 février, la juge Cristina Di Censo a inculpé le premier ministre italien Berlusconi. Il est accusé de relations sexuelles rémunérées avec une mineure et d'abus de pouvoir.

L'avocat général a dit avoir des preuves sur les relations de Berlusconi avec un nombre  « significatif» de prostituées. Le juge a accepté d'engager une procédure accélérée en éliminant l'audience préliminaire. Le procès débutera le 6 avril devant un collège de trois juges, toutes des femmes - Carmen D'Elia, Orsola De Cristofaro et Giulia Turri.

L'attention des médias c'est concentrée sur le cas de Karima El Mahroug, une danseuse marocaine qui avait 17 ans à l'époque où elle assistait à des fêtes données par Berlusconi. Tous deux, elle et Berlusconi, nient avoir eu des relations sexuelles. Berlusconi affirme aussi qu'il avait fermement cru qu'elle était la nièce du président égyptien, à présent déchu, Hosni Moubarak - raison qu'il avait invoquée en octobre dernier pour pousser le chef de la police de Milan à libérer El Mahroug après son arrestation pour vol.

El Mahroug avait été une parmi un nombre de jeunes femmes qui avaient assisté aux fêtes organisées chez Berlusconi - un fait qui avait été dévoilé en avril 2009, lorsque des articles étaient apparus relatant que Berlusconi avait participé à la fête d'anniversaire pour les 18 ans d'un mannequin, Noemi Letizia.

Le week-end dernier des centaines de milliers de femmes ont protesté dans toute l'Italie contre les déclarations de Berlusconi concernant des rapports avec de jeunes femmes et contre la continuation de son mandat. Berlusconi a de plus suscité la colère des manifestants en disant que son comportement avec les femmes reflétait le respect qu'il avait pour elles, « J'ai toujours fait en sorte que chaque femme ait l'impression de se sentir, comment dire, particulière. »

L'inculpation de Berlusconi marque un changement dans le climat politique en Italie et reflète des tensions sociales grandissantes liées à la crise de l'économie mondiale et à la présente vague de luttes révolutionnaires de la part de la classe ouvrière qui déferle sur le Moyen Orient. La cote de popularité de Berlusconi a subi une baisse record, deux tiers des Italiens soutenant son éviction du pouvoir.

Mais cette inculpation reflète aussi un virement au sein de la bourgeoisie. Des sections de la classe dirigeante, en Italie et internationalement, ont depuis longtemps été mécontentes de Berlusconi et sont à présent tout particulièrement insatisfaites de la politique qu'il poursuit en réaction à la crise économique mondiale. Ses attaques sociales contre la classe ouvrière n'ont pas été aussi vastes que celles menées par le premier ministre grec social-démocrate, George Papandreou - dont les coupes sociales, selon les estimations des médias, ont réduit les niveaux de vie de la classe ouvrière de 30 pour cent.

Le défi auquel est confronté la classe ouvrière n'est pas simplement de démettre Berlusconi de ses fonctions. C'est plutôt de construire un mouvement de masse et un nouveau parti révolutionnaire de la classe ouvrière pour renverser le système politique et économique qui a failli.

La « gauche » bourgeoise - en incitant à se concentrer sur la seule question de l'éviction de Berlusconi - tente de dissimuler ses projets d'une nouvelle offensive contre la classe ouvrière. Elle espère que le procès contribuera à servir cet objectif.

Le principal objectif poussant des sections de l'aristocratie financière hostiles à Berlusconi est de trouver une nouvelle figure publique pour renouveler les attaques contre la classe ouvrière. La presse économique, remarquant que la dette souveraine de l'Italie s'élève à environ 1,8 billions d'euros ou grosso modo 120 pour cent du produit intérieur brut de l'Italie exige des coupes plus agressives. Le Financial Times s'inquiète lui, de ce que le procès de Berlusconi pourrait « entraîner un blocage politique prolongé » et empêcher ainsi une réduction draconienne des dépenses sociales.

Le principal problème pour cette partie de l'aristocratie financière est que le parti de Berlusconi, le Parti du peuple de la liberté (PdL) dispose encore d'un soutien significatif au sein de l'establishment politique. Il dépasse dans les sondages d'opinion la formation d'opposition, le Parti démocrate (PD) qui comprend à présent des sections de l'ancien Parti socialiste et de l'ex-Parti communiste stalinien. Berlusconi a vaincu en décembre une tentative parlementaire de renverser son gouvernement.

Berlusconi est resté au pouvoir en raison de l'impopularité et de la faillite politique des partis bourgeois de « gauche » italiens. Les partis de « gauche » ne se sont jamais remis politiquement de leur expérience de « l'Unione », la coalition gouvernementale de 2006-2008 dirigée par le premier ministre Romano Prodi et qui comprenait le Parti Démocrate et les ex-staliniens de Rifondazione Comunista. Au mépris de la volonté de l'électorat, elle a appliqué la réduction des retraites et poursuivi son engagement dans la guerre en Afghanistan et dans les opérations de maintien de la paix des Nations unies au Liban.

En conséquence, les tentatives de formation d'une alliance politique d'alternative à Berlusconi entrainent des regroupements instables couvrant l'ensemble du spectre politique officiel et démasquent des politiciens de « gauche » qui recherchent à présent des alliances avec divers partis de droite.

Certains politiciens de la « gauche » bourgeoise sont favorables à une alliance avec la nouvelle alliance du Troisième Pôle, formée par le néo-fasciste Gianfranco Fini - l'ancien dirigeant de l'Alliance nationale (AN) qui avait jadis fait partie de la coalition de Berlusconi.

A cette fin, Nichi Vendola, un ex-stalinien en vue et un dirigeant du parti bourgeois « de gauche » Gauche écologie et liberté (SEL), a dernièrement fait l'éloge de Fini : « Du point de vue des règles démocratiques et de la laïcité, la droite de Fini est certainement plus moderne et plus européenne que celle de Berlusconi. En fait, en ce qui concerne la politique sociale et économique elle est même plus libérale que celle de Berlusconi. Je respecte inévitablement Fini et son parti qui est une alternative au mien. »

Mais, la tentative de Fini de construire le parti Futur et liberté pour l'Italie (FLI) comme le centre de l'alliance du Troisième Pôle a dernièrement subi un échec. Quelques jours seulement après la convention constituante du FLI, le 3 février, le sénateur Giuseppe Menardi a quitté le parti en critiquant Fini et le vice-président du FLI, Italo Bocchini. Ceci risque de miner la position du FLI au Sénat, le mettant au-dessous des dix sénateurs requis pour qu'un parti puisse former une délégation officielle au Sénat.

D'autres forces de la « gauche » bourgeoise - notamment Pier Luigi Bersani, le dirigeant du PD - ont appelé à une alliance avec la Ligue du Nord séparatiste de droite. Bersani a dit récemment, « J'ai toujours cru qu'en dépit de positions diverses et parfois alternatives, il y avait deux véritables forces d'autonomie dans le pays : le PD et la Ligue. Nous nous identifions avec et nous voulons cultiver et renouveler cette grande tradition qu'est la nôtre. »

Signe de l'impact de droite que la bourgeoisie espère voir résulter du procès de Berlusconi, la presse spécule à présent sur le fait que la personne à en profiter sera Giulio Tremonti, l'actuel ministre des Finances et un membre du PdL de Berlusconi. Le Financial Times l'a loué comme étant une « exception qui sort de l'ordinaire » et un homme qui lutterait « pour garder le contrôle sur les dettes et le déficit publics. »

Ancien journaliste du quotidien petit-bourgeois de « gauche » Il Manifesto, ancien membre du Parti socialiste et un proche du premier ministre corrompu Bettino Craxi, Tremonti a rejoint la droite officielle après l'effondrement de l'URSS. La classe dirigeante apprécie sans aucun doute les références financières de Tremonti. Mais elle compte de manière tout aussi importante sur sa capacité à manouvrer entre la droite et l'establishment de « gauche » et à constituer de bric et de broc le genre de gouvernement réactionnaire avec lequel elle espère remplacer Berlusconi.

 (Article original paru le 18 février 2011)

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