wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Veto des Etats-Unis à une résolution critiquant Israël

Par Jean Shaoul
4 mars 2011

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le gouvernement Obama a été obligé de recourir à son veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer une résolution condamnant les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens comme faisant obstacle à la paix.

La résolution, parrainée par 130 pays et soutenue par l’ensemble des autres 14 membres du Conseil de sécurité, dont l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Union européenne, ont soutenu la position de l’Autorité palestinienne (AP) : à savoir que les colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international, et que le refus d’Israël d’arrêter leur expansion empêche la négociation d’un règlement du conflit israélo-palestinien.

Washington avait exercé une pression énorme sur le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas pour qu’il retire la résolution. La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait menacé de bloquer l’aide américaine à l’AP, mais en vain. Le veto de Washington dont on n’a jamais douté, était le premier depuis qu’Obama est devenu président avec la promesse de meilleures relations avec le monde musulman.

Le fait que Washington ait été obligé d’opposer la résolution témoigne de l’isolement à la fois des Etats-Unis et d’Israël après les événements révolutionnaires en Egypte. Ils ont perdu un client clé, l’ancien président égyptien Hosni Moubarak sur qui il avait été possible de compter dans le passé pour exercer de leur part une influence sur les dirigeants de la région. Le gros titre d’un article publié sur le site web du magazine Time avait résumé la situation : « Sans Moubarak, les Etats-Unis luttent pour protéger Israël contre la pression diplomatique. »

Les alliés arabes des Etats-Unis répugnent à compromettre leur crédibilité aux yeux de leur propre population respective pour des pourparlers qui visiblement ne mènent à rien.

Washington et Tel Aviv ont été  compromis par leur soutien ouvert aux dictateurs impopulaires et autocratiques de la région, l’éviction de Moubarak et les manifestations continuelles déferlant sur la Libye, le Yémen, le Soudan et Bahreïn.

Ceci constitue une crise majeure pour Israël dont l’intransigeance est de plus en plus considérée comme un obstacle politique par les capitales d’Europe occidentale désireuses d’endiguer la vague révolutionnaire qui déferle sur la région et sauvegarder leurs intérêts géostratégiques dans un Moyen Orient riche en ressources naturelles. Les puissances européennes craignent que le mépris ouvert d’Israël et de Washington pour les Palestiniens tels qu’il fut révélé par les documents palestiniens divulgués par WikiLeaks et publiés par Al Jazeera, ne mette le feu aux poudrières que sont la Cisjordanie, Gaza, la Jordanie et Israël même -- et que la population de la région ne s’unisse aux mouvements de masse d’Afrique du Nord et du Moyen Orient.

Les Etats-Unis tout en s’opposant à de nouvelles constructions dans les colonies israéliennes, affirment cyniquement que la résolution complique les chances d’une reprise des « pourparlers de paix » bloqués. Susan Rice, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU a dit, « Malheureusement, ce projet de résolution risque de provoquer un durcissement des positions dans les deux camps. »

En réalité, les pourparlers de paix dans lesquels les Etats-Unis jouent le rôle d’intermédiaires ont toujours été une mascarade. Ils ont été une couverture pour l’accaparement de terres par Israël qui se sert de la chimère d’une entité palestinienne qui serait non militarisée et non contiguë d’Israël afin d’assister l’AP à réprimer l’ensemble de l’opposition militante à Israël. Et tous ceux qui y participaient le savaient. Les pourparlers furent rompus en septembre dernier lorsque le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu a refusé de prolonger le gel temporaire de la colonisation – ignoré en pratique – quelques jours à peine après la reprise des pourparlers.

La Grande-Bretagne, l’allié le plus proche de Washington et un partisan de longue date d’Israël, pleinement consciente de ce que représentent les mouvements de masse en Egypte et en Tunisie ayant fait partir des « atouts » en qui elle avait longtemps placé sa confiance, a voté en faveur de la résolution et a appelé Israël et les Palestiniens à reprendre cette mascarade. William Hague, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères a dit que les parties ne devaient pas permettre que « leur attention soit détournée par les événements survenus dans l’ensemble de la région et devaient œuvrer en faveur d’une résolution juste et durable du conflit israélo-palestinien… J’appelle les deux parties à reprendre dès que possible les négociations directes en vue d’une solution à deux Etats, sur la base de paramètres clairs. »

L’Union européenne a dit à Israël que les troubles croissants au Moyen Orient rendaient essentiels un retour à la table des négociations. C’est cette crainte, ainsi que de l’inquiétude au sujet de politiques-clés défendues par le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui sous-tend la critique voilée des Européens de l’attitude d’Israël vis-à-vis de ses citoyens arabes – qui sont confrontés à des niveaux bien plus élevés de pauvreté et de chômage et d’un accès moindre à l’éducation, aux soins de santé et de services sociaux. L’UE appelle Israël à s’attaquer à leur situation économiquement et socialement difficile, à les intégrer dans la société israélienne et à protéger leurs droits.

L’UE a aussi critiqué Israël pour des propositions passant actuellement à la Knesset et qui ont pour objectif d’enquêter sur le financement des ONG, des militants pour les libertés civiles et des activistes pro palestiniens, d’interdire leur financement à partir de l’étranger et de restreindre leurs droits. Ceci et de nombreuses autres lois réactionnaires et racistes envisagées  par Israël montre que la base du soutien de l’UE à Israël -- c’est l’unique démocratie dans la région – est une fraude.

Le large soutien pour la résolution de l’ONU marque, comme certains commentateurs l’ont souligné, une intensification de la crise pour Israël. Le journal Haaretz a averti que « Israël doit écouter le message des Européens en le considérant comme un avertissement venu d’amis importants qui sont inquiets de l’orientation prise par le gouvernement de droite dirigé par Netanyahu et Lieberman : la persécution d’adversaires politiques domestiques, la répression de la communauté arabe et la préférence pour les colonies face à un compromis équitable avec les Palestiniens. L’Europe n’est pas une puissance hostile : c’est l’un des partenaires économiques, diplomatiques et culturels les plus importants d’Israël. Ce qu’elle a à dire mérite l’attention. »

Même si les Etats-Unis sont capables de bloquer une résolution sur les colonies, ils ne peuvent pas protéger l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les Hauteurs du Golan. Les soutiens d’Israël que sont la Jordanie et l’Autorité palestinienne, sont en train de chanceler. La Jordanie a connu maintes manifestations de masse qui ont obligé le roi Abdullah à nommer un nouveau premier ministre qui doit former un nouveau gouvernement. L’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah ne contrôle que la Cisjordanie et est totalement discréditée. Le Hamas qui contrôle Gaza n’est plus populaire.

A l’intérieur d’Israël même, les partenaires de la coalition travailliste de Netanyahu ont quitté le gouvernement le rendant ainsi tributaire des partis d’extrême droite et en particulier du parti Israël Beiteinu de Lieberman. Alors que certains des partis droitiers refusent d’envisager un accord avec les Palestiniens, Lieberman insiste pour dire qu’un Etat palestinien doit impliquer le nettoyage ethnique des citoyens arabes d’Israël – leur transfert forcé vers n’importe quel petit Etat nouvellement créé.

 (Article original paru le 26 février 2011)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés