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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Menaces guerrières d’Israël contre l’Iran

Par Jean Shaoul
14 mars 2011

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Israël a réagi de façon belliqueuse à l’envoi de deux navires de guerre iraniens en Méditerranée via le Canal de Suez égyptien, qualifiant cette démarche de provocation et  brandissant la menace de représailles.

Ces menaces attestent du danger grandissant d’une attaque contre l’Iran et d’une guerre régionale plus étendue après des avertissements répétés d’Israël, qui dispose d’un arsenal de plus de 200 armes nucléaires, de vouloir attaquer les installations nucléaires de l’Iran.

Mercredi dernier, Israël a annoncé que l’Iran allait envoyer deux navires de guerre en Méditerranée, une frégate Mk-15 Alvand, et un navire ravitailleur Kharg, et les faire passer par le Canal de Suez. De prime abord, l’Egypte et l’Iran l’avaient nié, puis l’Egypte a affirmé que l’Iran était revenu sur sa demande que ses navires empruntent le Canal. Mais, l’Iran a plus tard confirmé qu’il avait avisé l’Egypte, comme le requiert la réglementation sur l’usage du Canal, qu’il envisageait d’envoyer ses navires par Suez. 

Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, a dit lors d’une réunion des principales organisations juives américaines à Jérusalem que le passage des navires par Suez était « une provocation prouvant que l’excès de confiance des Iraniens augmentait de jour en jour. »

« A mon grand regret, la communauté internationale ne se montre aucunement prête à répondre aux provocations récurrentes des Iraniens, » a-t-il poursuivi.

Dans des remarques qui visaient Washington, il a dit qu’il attendait du monde qu’il « remette les Iraniens à leur place. Nous sommes les véritables alliés des Etats-Unis dans la région, et les seuls à partager leurs valeurs. La communauté internationale doit comprendre qu’Israël ne peut pas éternellement ignorer ces provocations. »

Le premier ministre Benyamin Netanyahu a dit, « Je pense qu’aujourd’hui, nous pouvons voir dans quelle région instable nous vivons, une région dans laquelle l’Iran essaie de profiter de la situation qui a été créée pour élargir son influence en faisant franchir le canal de Suez à des navires de guerre. »

 « Les besoins de sécurité d’Israël vont augmenter et le budget de la défense devra augmenter en conséquence, » a-t-il ajouté.

Selon un commentaire du contre-amiral iranien Gholam-Reza Khadem Bigham adressé le mois dernier à l’agence d’information semi officielle Fars, l’Iran projetait d’envoyer des navires vers la Méditerranée afin de collecter « de bons renseignements et de bonnes information sur la région qu’il doit visiter. »

Il a dit qu’ils s’entraînaient pour défendre « les navires cargo et les navires pétroliers du pays » contre la menace des pirates somaliens.

Vendredi dernier, un porte-parole du ministère de la Défense à Téhéran avait déclaré que les navires qui étaient en route vers les eaux syriennes pour procéder à des exercices n’auraient à leur bord aucun équipement militaire, matériel nucléaire ou chimique.

Tandis que c’est la première fois depuis la Révolution islamiste de 1979 que Téhéran envoyait des bâtiments de guerre par le Canal de Suez, Israël l’utilise régulièrement. En juillet 2009, avec l’appui tacite de l’Egypte, Israël avait envoyé un sous-marin Dauphin vers la Mer Rouge pour y participer à des exercices militaires. Ces sous-marins pourraient servir au lancement de missiles de croisière sur l’Iran. Les exercices avaient à l’époque été largement interprétés comme un signal qu’Israël avait la capacité d’atteindre l’Iran.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a dit au sujet des navires iraniens, « Nous suivons ceci de près… Nous surveillons toujours ce que fait l’Iran… L’Iran n’a jamais eu un comportement responsable dans la région. »

Les Etats-Unis sont en train d’accroître leur présence militaire dans la région comme faisant partie de ce qu’ils affirment être « des opérations de sécurité maritime » mais qui sont clairement une réaction aux soulèvements révolutionnaires en Egypte et partout dans le Moyen Orient et en Afrique du Nord.

Le porte-avions américain USS Enterprise a traversé le canal de Suez et se dirige vers le Golfe persique tout comme le missile croiseur USS Leyte Gulf et le navire de ravitaillement USS Arctic. Là, il sera rejoint par le porte-avion USS Carl Vinson qui se trouve actuellement en Mer d’Arabie.

Ces informations ont fait chuter les marchés boursiers la semaine passée et fait rebondir les prix du pétrole, attisés par les craintes d’un nouveau conflit, à des niveaux presque record. Les prix du pétrole avaient déjà connu une forte hausse après que les manifestations de masse en Egypte se soient étendues aux pays producteurs de pétrole que sont Bahreïn, l’Iran, la Libye, le Soudan et le Yémen s’ajoutant à la crainte d’une possible perturbation des approvisionnements pétroliers.

Israël réclame depuis longtemps une action militaire pour contenir l’influence iranienne grandissante dans la région, demandant instamment une action militaire par le biais de ses relations politiques étendues et de ses groupes de pression aux Etats-Unis. Il a aussi cherché à miner le programme nucléaire de Téhéran. L’on croit qu’Israël a été impliqué dans des enlèvements et des assassinats ciblés de scientifiques nucléaires en Iran et d’avoir été responsable d’avoir introduit le virus informatique Stuxnet dans la principale usine iranienne d’enrichissement d’uranium.

L’attitude d’Israël s’est encore durcie avec le renversement de son principal allié régional, Hosni Moubarak. Il a continuellement insisté que le mouvement populaire de masse contre le régime passerait inévitablement sous l’influence des Frères musulmans et de Téhéran et fait tout son possible pour garder Moubarak au pouvoir. En dépit des assurances de la junte militaire qu’elle respecterait les traités de paix avec Tel Aviv, les médias israéliens regorgent d’articles commandités exprimant la crainte que tout gouvernement civil qui serait installé s’engagerait moins à l’égard d’une alliance avec Israël contre l’Iran.

Israël a été encore davantage isolé par la chute au Liban du gouvernement Hariri soutenu par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite après que le Hezbollah et ses alliés, qui sont soutenus par l’Iran et la Syrie, aient quitté la coalition gouvernementale.

Les autres appuis d’Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, n’ont pas l’air plus sûrs. La Jordanie a connu des manifestations de masse répétées forçant le roi Abdullah à nommer un nouveau premier ministre ayant pour tâche de former un gouvernement.

Mahmoud Abbas, le dirigeant de l’Autorité palestinienne, s’était senti obligé d’organiser des élections au vu des divulgations par Al Jazeera des « papiers palestiniens » qui confirmaient le rôle de celle-ci comme organe subalterne des Etats-Unis et d’Israël pour imposer l’ordre au peuple palestinien. Il y eut une manifestation de masse à Ramallah durant le week-end du 20 février pour appeler à la fin des combats entre le parti Fatah d’Abbas et le Hamas, à la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie, et la révocation des accords d’Oslo.

Netanyahu n’est pas moins isolé sur le front intérieur. Ses partenaires de la coalition travailliste ont quitté le gouvernement en le laissant plus dépendant des partis d’extrême droite et notamment du parti Yisrael Beiteinu de Lieberman. Son ministre de la Défense, Ehoud Barak, a scissionné d’avec le Parti travailliste pour former son propre parti indépendant, qui soutient la coalition mais qui n’a que peu de soutien.

Ce qui est encore plus important, c’est que Netanyahu est confronté à une population de plus en plus en colère et qui doit faire face à des hausses de prix, à la pauvreté et à l’inégalité sociale. Pour l’élite israélienne, la propagande de guerre est une politique du ‘diviser pour mieux régner’ bien rodée pour prévenir un défi politique de la classe ouvrière. Cette élite est en train de planifier activement une guerre et cherche à créer les conditions d’une confrontation avec Téhéran, des attaques contre le Liban, Gaza et même l’Egypte ne pouvant toutefois pas non plus être écartées.

 (Article original paru le 22 février 2011)

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