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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Les soulèvements en Afrique du Nord contraignent la ministre française des Affaires étrangères à la démission

Par Pierre Mabut
3 mars 2011

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La ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a été obligée de quitter son poste dimanche 27 février en raison du scandale concernant ses relations politiques et privées avec le dictateur tunisien déchu, Ben Ali.

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le même jour un remaniement du gouvernement lors d'un discours télévisé de dix minutes organisé dans la précipitation et dans lequel il n'a fait aucune référence à Alliot-Marie. Alain Juppé, l'actuel ministre de la Défense a été nommé nouveau ministre des Affaires étrangères. Sarkozy a retiré le portefeuille de ministre de l'Intérieur à Brice Hortefeux, condamné récemment pour injures racistes, pour le nommer conseiller spécial auprès du président. Claude Guéant, ancien directeur général de la police nationale et ancien conseiller en chef de Sarkozy, occupe à présent le poste d'Hortefeux depuis lequel le président espère pouvoir poursuivre sans perdre de temps, pour sa réélection en 2012, la campagne anti-immigration faisant partie de sa politique raciste.

Sarkozy a excusé le soutien de son gouvernement pour les régimes dictatoriaux en Afrique du Nord en disant que la France ne faisait pas exception au soutien accordé en général par les puissances occidentales à ces dictatures. Il a affirmé que de nouvelles démocraties en Afrique du Nord nécessitaient à présent le soutien de l'initiative qu'il avait lancée il trois ans pour une Union méditerranéenne. Il a dit, « Ces révolutions arabes ouvrent une ère nouvelle dans nos relations avec ces pays. nous ne devons pas en avoir peur. »

Il a aussi réclamé une réunion urgente du Conseil européen pour résoudre la crise de la Libye et l'afflux de réfugiés.

Alliot-Marie a aussi été limogée en raison des relations étroites de son compagnon, Patrick Ollier, avec le régime Kadhafi - une politique sanctionnée par le gouvernement Sarkozy. Ollier est le ministre chargé des Relations avec le Parlement et aussi le président d'un « groupe d'amitié France-Libye. »

C'était Sarkozy qui avait accueilli en 2007 Kadhafi en visite d'Etat en France, ce qui avait entraîné la signature de lucratifs contrats militaires. Ollier a dit qu'il avait l'intention de quitter ses fonctions en solidarité avec Alliot-Marie mais il a été convaincu de rester. Sarkozy vient de déclarer tardivement que Kadhafi devait partir et le gouvernement français a fermé son ambassade à Tripoli.

La diplomatie et le gouvernement français sont en désarroi au sujet des soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Les révoltes contre le dirigeant libyen Kadhafi et la chute de Ben Ali - deux des plus étroits alliés de l'impérialisme français - ont obligé Sarkozy à procéder à un remaniement du gouvernement à peine trois mois après le dernier en date.

La cote de popularité du président est tombée à 30 pour cent, confirmant son record à la baisse.

Alliot-Marie, âgée de 64 ans, avait occupé des postes ministériels-clés depuis 1993. Elle avait eu à subir beaucoup de pression pour partir depuis la chute de Ben Ali lorsqu'il fut révélé qu'elle et sa famille avaient passé leurs vacances de Noël en Tunisie au début du soulèvement contre Ben Ali. Un ministre du gouvernement resté anonyme avait affirmé que la situation était devenue « intenable. »

Durant son séjour en Tunisie, Alliot-Marie avait voyagé à plusieurs reprises dans un jet privé appartenant à l'homme d'affaires Aziz Miled, un proche et un soutien financier de Ben Ali. Elle avait été accompagnée dans son voyage par son compagnon, Patrick Ollier et par ses parents - qui ont signé des contrats immobiliers avec Miled durant leur séjour. Le groupe avait séjourné dans un hôtel à Tabarka appartenant à Miled.

Le président Sarkozy a cyniquement défendu le comportement d'Alliot-Marie et par là les liens étroits de l'élite dirigeante française avec le régime de Ben Ali, en affirmant que « pas un centime d'argent public n'a été détourné. »

Le premier ministre François Fillon a pleinement soutenu sa ministre des Affaires étrangères. Il a été révélé plus tard que le dictateur égyptien à présent déchu, le président Hosni Moubarak, avait payé fin décembre les vacances de la famille Fillon en Egypte.

Le 11 janvier, devant l'Assemblée nationale, Alliot-Marie avait de manière notoire proposé le soutien de la France pour réprimer le soulèvement tunisien - ou bien selon ses propres termes le « savoir-faire » des forces de sécurité françaises. La livraison d'une grande quantité de matériel anti-émeute était en cours au moment où Ben Ali fut renversé.

A partir de là, Paris a été confronté à une série de scandales grandissants en Tunisie, ancienne colonie française où l'impérialisme français a d'importants investissements. L'ancienne ministre des Affaires étrangères était restée remarquablement absente la semaine passée de la première visite gouvernementale en Tunisie depuis le soulèvement et aurait certainement été considérée comme une 'persona non grata' par les travailleurs tunisiens. La visite avait été menée par la ministre des Finances, Christine Lagarde et le ministre chargé des affaires européennes, Laurent Wauquiez.

L'ambassadeur français en Tunisie, installé la semaine dernière, Boris Boillon, a endommagé encore plus la réputation de l'impérialisme français au moment de répondre à des journalistes tunisiens sur le soutien d'Alliot-Marie à Ben Ali. Après avoir expliqué qu'il était venu « pour fluidifier les circulations entre les deux pays », Boillon a de manière arrogante qualifié les questions posées comme étant « débiles » en mettant fin aux interviews. Le manque de respect pour les journalistes a fait que des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade de France en exigeant l'expulsion de Boillon de Tunisie.

Avant d'être ambassadeur en Tunisie, Boillon, avait été ambassadeur de France auprès du régime d'occupation américain à Bagdad

Les relations de la France avec les dictatures d'Afrique du Nord et du Moyen Orient ont créé des divisions au sein du gouvernement et du corps diplomatique.

Des sections de l'élite dirigeante dans l'entourage du Parti socialiste, qui représente l'opposition bourgeoise, ont critiqué ce qu'ils appellent l'attentisme de l'actuel gouvernement qui espérait que ses alliés dictateurs pourraient survivre aux révoltes populaires. Michèle Alliot-Marie avait déclaré le 18 janvier que « La France n'avait pas vu venir les événements. »

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, s'était plainte de ce que la diplomatie française « n'exist[ait] plus. et c'est pour ça que la France se rétrécit dans le monde. »

De la même manière, des diplomates mécontents ont publié dans Le Monde une critique anonyme de la politique étrangère du président Sarkozy en lui reprochant des « préoccupation médiatiques à court terme » - en référence apparemment aux élections présidentielles de l'année prochaine. L'article se plaint de ce que la politique concernant la Tunisie et l'Egypte avait été définie « sans tenir compte des analyse de nos ambassades. »

Les critiques du PS sont malhonnêtes et politiquement en faillite. Le PS a souscrit aux dictatures en Afrique du Nord. Au sein de la soi-disant Internationale socialiste, le PS avait affilié à la fois le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali et le Parti national démocratique (NDP) de Moubarak. Par ces manouvres politiques, le PS a l'intention de dissimuler ces relations tout en se faisant passer pour un représentant plus adroit, et potentiellement un qui réussira mieux, de la classe dirigeante française.

 (Article original paru le 28 février2011)

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