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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les participants à la manifestation du TUC de Londres :

"En fait c'est pour les capitalistes que les politiciens travaillent"

Par nos reporters
30 mars 2011

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Samedi, près d'un demi million de personnes ont participé à la manifestation londonienne pour protester contre les mesures d'austérité du gouvernement libéral-conservateur. Cette manifestation était la plus grande en Grande-Bretagne depuis celle de 2003 contre l'invasion de l'Irak, et la seconde plus grande de toute l'histoire politique britannique.

Cette manifestation était d'autant plus remarquable que le Trade Union Congress (TUC) et la bureaucratie syndicale avaient limité l'appel aux travailleurs du secteur public. C'est le signe de l'immense colère refoulée qui a été contenue par les syndicats depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition en mai dernier.

Une équipe du WSWS a interviewé quelques personnes qui participaient à la manifestation organisée par le TUC (Congrès des Syndicats) à Londres samedi dernier


Astrid et sa fille

Astrid est espagnole et habite pour le moment à Londres. Avant, elle travaillait au service de planification d'une entreprise paysagiste.

« Je suis là parce que les coupes budgétaires sont injustes » nous a-t-elle dit. Les pouvoirs publics amputent tous les services sociaux et diminuent les ressources de la population. Les banquiers empochent notre argent et l'écart entre les pauvres et les riches est énorme aujourd'hui. Certains d'entre eux deviennent si riches que c'en est obscène.

« C'est pour les capitalistes que les politiciens travaillent. Les problèmes environnementaux et sociaux leur sont indifférents. Ils s'en fichent complètement. Ils continuent juste de s'enrichir. Depuis 2008, ils font payer le peuple pour la crise financière qu'ils ont causée. Ils ne nous ont jamais demandé comment il fallait dépenser l'argent. Maintenant le gouvernement et les municipalités nous demandent ce que nous voulons qu'ils suppriment !

« À Walthamstow, nous recevons un journal mensuel. Mais en fait c'est juste de la propagande pour les municipalités et le gouvernement. Je me suis personnellement impliquée dans la campagne pour sauver la clinique de Leyton Green.

« Je n'ai pas une foi à toute épreuve dans les manifestations du TUC. Je me rappelle qu'en 2003 il y a eu une manifestation contre la guerre en Irak et nous étions 2 millions de personnes ici. Et ils ont quand même fait la guerre. Aussi je doute fort que le gouvernement tienne compte de la manifestation. Mon compagnon dit qu'il ne croit pas que les syndicats soient du côté des gens ordinaires. Ils ont beaucoup de privilèges. Ils sont au sommet de l'échelle et ne se préoccupent pas vraiment du sort des ouvriers. »

Adalia (à gauche) avec sa propre pancarte "ne pas nourrir les gros matous – ils vous arracheront le bras" Et son amie : "ne pas nourrir les gros matous – ils ont déjà des milliards en exonérations d'impôts"

Adalia est étudiante et habite à Brighton. Elle nous a dit : « Je pense qu'il faudrait arrêter les coupes parce qu'elles font beaucoup de mal et provoquent le déclin de l'économie. Il faut augmenter les dépenses publiques, et non pas les diminuer.

« Ceux qu'il faut arrêter ce sont ceux qui ne paient pas leurs impôts, comme la banque Barclays. S'ils payaient leurs impôts, il y aurait assez d'argent et il ne serait pas nécessaire de faire des coupes. C'est pourquoi j'ai écrit sur la pancarte que je porte: "Ne pas nourrir les gros matous." »

Maria habite à Londres. Elle nous a dit : « Ils ne vont pas chercher pas l'argent là où il se trouve. Pourquoi nous font-ils payer ? Les banques ne sont pas des cibles faciles car elle sont puissantes. Nous, nous n'avons pas de pouvoir sauf si nous nous unissons.

« À Putney, là où j'habite, il y a des centres Sure Start Children [donnez un bon départ aux enfants, ndt] qui sont menacés ainsi que des bibliothèques et des subventions pour le sport en général et pour le sport à l'école. »


Tony

Tony travaille comme assistant social pour une institution locale de l'est de Londres. « Dans mon quartier, ils projettent de faire des coupes d'un montant de 50 millions de livres ce qui représente 25% du budget de l'institution. Je ne suis pas venu ici aujourd'hui seulement pour défendre les emplois mais aussi pour demander l'égalité, » nous dit-il.

« Il faut que je fasse beaucoup d'heures supplémentaires, parfois trois par jour. Hier j'ai commencé à 9 heure du matin et j'ai travaillé jusqu'à 8 heure du soir. S'ils font des coupes, la moitié de l'équipe partira et la question que je me pose c'est : comment est-ce que je vais pouvoir survivre ?

« Je suis terriblement contrarié par ce que les banquiers ont fait. Le gouvernement veut faire des coupes de 85 milliards de livres dans les services publics. Nous, les gens du peuple, n'avons jamais rien fait de mal et cependant c'est nous qui devons payer. Et pendant ce temps, les riches ont tout leur argent à la banque. Eux n'ont aucun problème.

« Que se passera-t-il si nous perdons notre travail, nous n'oserons plus acheter quoi que ce soit. Et donc il n'y aura pas de croissance économique.

« Je suis d'accord avec ce que vous dites du parti travailliste. Ils ont simplement continué la même politique que les conservateurs quand ils se sont retrouvés au pouvoir. Ils ont fait des coupes et privatisé les logements sociaux et les foyers d'accueil. En fait, ils ont été pires que les conservateurs.

« Je pense qu'il faut adhérer aux syndicats parce que je crois dans le pouvoir collectif. On ne peut rien faire si on est seul. Je ne suis pas sûr que les syndicats vont vraiment se battre pour nous, mais aujourd'hui je ne vois pas d'autre solution. Vous dites que Brendan Barber [le secrétaire général du TUC] siège au conseil d'administration de la Banque d'Angleterre; c'est intéressant parce qu'ils ne choisissent pas d'opposants pour siéger dans leurs comités. Ils veulent des gens dociles. »

Jill et Sandra travaillent toutes les deux dans le secteur public à Leamington Spa dans le Warwickshire. Jill nous a dit : « Nous sommes ici parce que nous travaillons toutes les deux dans le secteur public et nous nous inquiétons de l'effet que tout ceci va avoir sur nos emplois. »

Sandra a ajouté : « Il va y avoir beaucoup d'emplois supprimés et je ne crois pas que les gens se rendent vraiment compte de ce que cela signifie. Et je me demande aussi comment tous ces gens vont trouver un autre emploi. Si on commence à déchiqueter une partie de nos infrastructures, que nous restera-t-il en Angleterre ? »


Eileen

Eileen vit à Londres et vient d'Irlande. Elle travaille pour une association caritative qui s'occupe des personnes qui ont des problèmes de lecture.

« Je travaille avec beaucoup de gens dont les services sont en train d'être supprimés. Je suis là pour eux et pour toutes les personnes vulnérables de notre société qui perdent quelque chose à cause de ces coupes. Moi, je suis passée de cinq jours de travail par semaine à seulement deux. Mais ce sont surtout les personnes les plus vulnérables qui souffrent et cela me met en colère, » nous dit-elle.

J'ai regardé les nouvelles juste avant de venir ici et il y avait un membre conservateur du Parlement qui disait que la manifestation n'était pas légitime. Et la raison qu'il donnait à cela était qu'il n'y avait pas d'alternative. Je me suis dit : c'est complètement ridicule ! Regardez tout le monde qu'il y a dans les rues et il dit que la marche n'est pas légitime. Comment peut-il dire une chose pareille ? On entend ces gens-là dire qu'il faut de la démocratie en Libye et en Égypte mais quand nous nous descendons dans la rue est-ce qu'ils nous écoutent ? Non. »


Ash (à gauche) et Chris

Ash et Chris sont assistants chercheurs. Ash nous a dit : « ça coûte 3 millions de livres par jour pour bombarder la Libye et 100 millions de livres ont été mis de côté pour cela. D'où vient l'argent ? Le motif de ces coupes n'est pas financier, il est idéologique.

« Ils s'attaquent aux arts et aux acquis sociaux. Ils ont fermé l'Institut du film britannique qui n'avait besoin que de 15 millions de livres par an pour fonctionner. Nous avons fait des recherches qui montrent que chaque livre sterling qui est investie dans l'art en rapporte deux. La culture fait partie de la société. Ils viennent juste de supprimer l'impôt sur les sociétés du budget pour soutenir les firmes et donner plus d'argent aux riches.

« George Osborne [le chancelier] et David Cameron ne comprendront jamais la nécessité de l'assistance publique parce que ce sont des privilégiés qui considèrent le peuple comme des pauvres qui ne méritent rien. »

Chris a donné un exemple de recherches récentes qu'ils avaient effectuées sur des collégiens :

« C'était une étude qui portait sur des jeunes qui avaient des problèmes scolaires et qui bénéficiaient de cours individuels. Grâce à ces cours, ils ont été capables de réintégrer le cours normal des études car ils ont retrouvé confiance en eux-mêmes, eux qui ne reçoivent aucun soutien de leur famille et qu'on doit nourrir gratuitement à l'école. Cette intervention a transformé leur vie car auparavant ils détestaient l'école et avaient honte de leur situation.

« Les riches doivent aider ceux qui n'ont pas les mêmes privilèges. Les chances ne sont pas égales pour tous. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. »

Jess travaille à Southampton dans un lycée que les pouvoirs publics veulent transformer en « academy» [Etablissement scolaire indépendante des autorités éducatives locales et financé en grande partie par le secteur privé, des entreprises ou des particuliers. Ces établissements ont été introduits en 2000 par Tony Blair, premier ministre travailliste, ndt]

« La plupart d'entre nous y sommes opposés » dit Jess, « On nous a dit que si nous refusions de signer le nouveau contrat nous serions licenciés alors qu'il n'y a du travail nulle part. Une « academy » a tout d'une semi-dictature. Dans un établissement public normal, il y a des programmes et des procédures statutaires. Dans une « academy » ce sont les directeurs et les gouverneurs qui décident des règles.

Les coupes dans l'allocation de maintien dans le système scolaire (Education maintenance allowance) ont eu un grand impact sur notre lycée qui a une classe de terminale. Les lycéens qui ont absolument besoin de 30 livres par semaine ne pourront pas aller à l'université. Je comprends que les étudiants aient manifesté parce que ceux qui sont issus de la classe ouvrière ne vont pas vouloir s'endetter de 9000 livres par an. L'éducation est de nouveau réservée aux élites. »

Esther aussi est enseignante. Elle nous a dit: « On travaille vraiment dur, souvent 60 heures par semaine. Les retraités ne devraient pas avoir à souffrir. Nous travaillons pour les générations futures, ce n'est pas comme les banquiers. Nous, nous travaillons pour la vie ! »

Laura Thomas de Norfolk nous a dit : « J'étais à l'étranger ces cinq dernier mois et je viens de rentrer, il y a seulement quelques semaines. J'ai l'intention de devenir infirmière aussi tout ceci m'affecte terriblement. Je déteste la manière dont ils utilisent la récession pour amputer les services publics. Je trouve que c'est génial que tant de gens soient venus aujourd'hui à la manifestation mais je ne crois pas que cela changera quoi que ce soit. Si le TUC se souciait vraiment de nous, ils n'auraient pas attendu si longtemps pour organiser une manifestation. »

Louise travaille au centre universitaire de Hackney. Elle nous a dit: « Ici, il y a eu de nombreuses coupes à divers stades et on a supprimé des postes de direction, on a réduit le soutien scolaire et les services d'orientation. Ils sont en train de tout réorganiser de fond en combles et il est probable que des professeurs devront partir juste avant les vacances de Pâques. Tous les étudiants qui bénéficient du revenu minimum d'insertion, du crédit d'impôt par enfant et de l'allocation logement perdront leur réduction de 40 livres par cours. Ils seront obligés de payer le plein tarif qui va de 600 à 1500 livres, et ils ne pourront sans doute pas s'inscrire.

« Le cours qui est le plus affecté par ces mesures est le cours d'anglais pour ceux qui ont une autre langue maternelle ; les femmes qui sont à mi-temps y perdent aussi beaucoup. Cela représente 60% des étudiants. Les choses prennent une tournure catastrophique pour le personnel et les étudiants. Les coupes ne font que commencer et ça va aller très mal. »

(Article original paru le 28 mars : http://www.wsws.org/articles/2011/mar2011/ints-m28.shtml)

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