Les étudiants et les jeunes protestent aujourd’hui contre les attaques en
cours du gouvernement conservateur/libéral-démocrate sur l’éducation
publique. Ces attaques comprennent notamment le triplement des droits de
scolarité qui sont passés à 9000 £ l’an dernier, d’importantes compressions
dans les universités et les collèges, y compris les budgets d’enseignement,
et la fin de l’Education Maintenance Allowance, une allocation de 30 £ par
semaine pour les jeunes étudiants de plus de 16 ans issus de familles à
faible revenu.
La colère répandue chez les travailleurs contre les mesures d’austérité
du gouvernement qui frappent durement les jeunes est justifiée. Le nombre de
chômeurs parmi les 24 ans et moins a grimpé à près d’un million de
personnes. Se voyant refuser l’accès à des emplois décents, de nombreux
jeunes ne peuvent plus payer les droits demandés pour un enseignement
supérieur. Les propositions du Livre blanc sur l’éducation vont
considérablement élargir ces attaques avec des plans pour privatiser les
universités et réduire le nombre de places en cours.
Les protestations actuelles se déroulent dans le contexte d’une vague
croissante de luttes à l’échelle internationale allant de l’Égypte à la
Tunisie, à la résistance aux mesures d’austérité en Grèce et dans toute
l’Europe, et en passant par la propagation mondiale du mouvement
d’opposition Occupy contre les inégalités sociales. Il y a une
reconnaissance croissante que le système de profit capitaliste détruit la
vie et l’avenir de dizaines de millions de travailleurs uniquement pour
sauvegarder les intérêts des super-riches.
Dans ces conditions, la défense de l’éducation et de l’ensemble des
droits démocratiques et sociaux des travailleurs nécessite une nouvelle
perspective politique et un nouveau leadership basés sur la compréhension
que l’opposition au gouvernement doit se faire dans le cadre de la lutte
pour renverser le capitalisme et réorganiser la société sur une base
socialiste.
La
National Campaign Against Fees and Cuts (NCAFC)
– Campagne nationale contre les droits de
scolarité et les compressions qui a organisé la protestation d’aujourd’hui
s’oppose à une telle approche. La NCAFC appelle à « défendre l’éducation et
à lutter contre les privatisations » et soutient que le gouvernement peut
être contraint de faire demi-tour si un nombre suffisant de personnes
descend dans la rue. Dans le Guardian, Michael Chessum déclare que
« si les recteurs rejoignent les étudiants et le personnel enseignant dans
la mobilisation contre les propositions, le gouvernement ne sera tout
simplement pas en mesure de les concrétiser ».
Une telle approche désarme les jeunes face aux efforts déployés par
l’establishment politique et son appareil d’État pour menacer, intimider et
réprimer toute opposition à la politique du gouvernement.
Il y a un peu plus d’un an, les manifestations de l’automne dernier
contre les attaques en éducation ont été accueillies avec une brutalité
policière coordonnée. Des centaines de personnes ont été détenues de force
dans des opérations de cordons policiers et plus de 300 manifestants ont été
arrêtés, certains se voyant même imposer des peines de prison punitives. La
semaine dernière, à la Kingston Crown Court, cinq jeunes ont reçu des peines
variant entre 8 et 18 mois pour leur implication dans les manifestations
étudiantes de l’an dernier et celle de la centrale syndicale du
Trades Union Congress du 26 mars.
Tout cela fait suite à l’arrestation de milliers
de jeunes dans la foulée des émeutes qui ont frappé Londres et d’autres
grandes villes du Royaume-Uni en août.
Cette criminalisation des protestations souligne l’érosion des droits
démocratiques. La manifestation d’aujourd’hui verra la mobilisation de 4 000
policiers. Ceux-ci ont déclaré être prêts à utiliser des balles en
caoutchouc contre les manifestants s’ils le jugent nécessaire.
Simon Pountain, le commandant de la police métropolitaine responsable de
l’opération de police, a révélé que le MET a maintenant un « agent de
confinement » responsable de l’exécution des cordons policiers. Le Daily
Telegraph a rapporté que tous ceux qui manifesteront aujourd’hui se
verront donner un dépliant les mettant en garde « sur les conséquences de
poser des gestes criminels. Toute personne encerclée se verra remettre un
second dépliant expliquant les pouvoirs utilisés contre elle et ses
droits. »
Le NCAFC a salué le soutien apporté à l’action d’aujourd’hui par l’union
nationale des étudiants (N
ational Union of
Students – NUS), l’union des universités et
collèges (University and College Union – UCU)
et autres associations étudiantes comme un grand
pas en avant. Chessum prétend que la cause profonde de ces attaques sur
l’éducation est le « fondamentalisme du marché » du Parti conservateur,
cherchant ainsi à renforcer la NUS et le Parti travailliste en les
présentant comme une force de contestation.
Pas plus tard que l’année dernière, la NUS a refusé de soutenir les
protestations initiales à l’encontre des politiques de la coalition en
matière d’éducation, tandis que son ancien président Aaron Porter, membre du
Parti travailliste, dénonçait les manifestants occupant le siège du Parti
conservateur à Millbank Towers. Après sa démission en tant que chef de la
NUS, Porter a rapidement trouvé le bon filon et est maintenant employé comme
« consultant en éducation supérieure », facturant les universités 125 £ de
l’heure pour ses services.
Porter est le représentant idéal typique de la NUS, depuis longtemps un
terrain d’entraînement pour les carriéristes du Parti travailliste, le même
parti qui a introduit les frais de scolarité. Tant sur les questions du
déclenchement de guerres néo-coloniales, du démantèlement des systèmes
d’éducation et d’assistance sociale, ou de la remise de millions de livres
des fonds publics au quartier des affaires de la City à Londres, il n’y a
fondamentalement aucune différence entre les travaillistes, les
conservateurs et les libéraux.
L’UCU, pas plus que tout autre syndicat, n’a organisé la moindre lutte
sérieuse contre l’assaut sur le système d’éducation. Une déclaration commune
de la NUS, de l’UCU, d’Unison, d’Unite, du GMB et de l’Educational Institute
of Scotland indique qu’« un partenariat entre les syndicats et les
employeurs pour parvenir à un accord national sur la sécurité d’emploi est
essentiel si nous voulons défendre l’éducation. »
Les travailleurs, les étudiants et les jeunes ne peuvent faire triompher
leur opposition politique au sein du système parlementaire. La soumission
complète de tous les partis aux banques et aux sociétés est exprimée dans
leur offensive pour récupérer tous les gains sociaux réalisés par les
travailleurs au prix de décennies de lutte.
L’opposition sociale et politique qui se développe contre le système de
profit capitaliste ne peut triompher que si l’on s’oppose à la perspective
avancée par les organisations telles la NCAFC qui n’existent que pour
s’assurer que tout mouvement ne se développe pas hors du contrôle des
syndicats et du Parti travailliste.
Un nouveau mouvement de masse doit être construit. L’Internationale
étudiante pour l’égalité sociale (IEES) est le mouvement étudiant du Parti
de l’égalité socialiste et du Comité international de la Quatrième
Internationale. L’IEES cherche à mobiliser la classe ouvrière et la jeunesse
au niveau international contre le système capitaliste et lutte pour la
création d’une véritable société démocratique, égalitaire et socialiste.
Nous appelons les étudiants et les jeunes voulant mener ce combat à