La
France est mise sous pression depuis plusieurs jours par les marchés financiers
qui veulent que le Président Nicolas Sarkozy aille plus loin dans les mesures
d'austérité, malgré un deuxième plan présenté par le premier ministre, François
Fillon. La réaction du NPA et des syndicats est de préparer une journée
d'action pour riposter contre le plan du gouvernement en réunissant toute la
gauche.
Cet
appel pour un rassemblement large à gauche tente d'escamoter la responsabilité
du NPA dans les projets d'austérité du gouvernement, et de canaliser la colère
des travailleurs vers le Parti communiste français (PCF) stalinien et Parti
socialiste (PS), en vue des élections présidentielles de 2012.
L'article
du Monde intitulé« Les investisseurs craignent beaucoup
plus de prêter à la France qu'à l'Allemagne » indique que l'écart entre
les obligations françaises et allemandes s'est fortement accru depuis le début
de l'année 2011. C'est un signe de méfiance large des investisseurs sur la
capacité de la France à rembourser ses dettes. L'auteur de l'article fait un
parallèle entre la France et l'Italie, dont le gouvernement vient de
chuter : « La situation de la France ressemble de plus en plus à
celle de l'Italie, qui a vu ses taux d'intérêts atteindre des niveaux
records ».
Le
deuxième plan de relance du gouvernement Fillon en réponse aux craintes des
marchés n'a pas eu l'effet escompté; la rumeur que la France risque de perdre
sa note AAA devient de plus en plus pressante. Toujours selon Le Monde :
« Dans le milieu financier, les observateurs estiment que la méfiance des
marchés financiers devrait encore s'accroître à l'approche des élections
présidentielles. ». Les marchés financiers font pression pour que le futur
président applique de manière agressive le programme des banques en
appauvrissant la classe ouvrière.
Le
secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a souhaité « une réunion
dans les meilleurs délais (de l'intersyndicale) pour apprécier les ripostes les
plus adéquates, nécessaires ». Les syndicats ont proposé une journée
d'action isolée le 13 décembre.
Depuis
des décennies, les luttes ouvrières sont trahies par les syndicats qui
organisent des journées d'action n'ayant qu'un but : servir de soupape et
démoraliser les travailleurs. Les bureaucraties syndicales n'ont aucun intérêt
à ce que les réformes ne passent pas, car ces réformes sont négociées entre les
syndicats et le gouvernement.
Le NPA
est partie prenante de ce dispositif politique anti-ouvrier, puisque la
stratégie du NPA est de travailler en collaboration avec la bureaucratie
syndicale et la « gauche » bourgeoise. Dans l'article paru dans l'Hebdo
tout est à nous intitulé"Organiser la riposte contre
l'austérité de Fillon et Sarkozy", l'auteur écrit : « Le NPA
propose que l'ensemble de la gauche sociale et politique, les syndicats comme
les partis, se réunissent dans les prochains jours. ». Aucune critique de
la bureaucratie syndicale n'a été faite sur le rôle traitre des syndicats, ni
sur le rôle politique joué par le Parti communiste français (PCF) stalinien.
Le Front
de Gauche, de Jean-Luc Mélenchon et du PCF-avec lequel le NPA souhaite
collaborer-est une agence du PS. Mélenchon, le candidat du Front de Gauche pour
les présidentielles, est un ancien ministre PS. Le PCF est depuis des décennies
allié au PS, dont il dépend financièrement et politiquement, ayant participé à
plusieurs gouvernements à ses côtés. Sous le gouvernement PS du Premier
ministre Lionel Jospin, le PCF avait participé à l'envoi de troupes françaises
pour occuper l'Afghanistan et à de larges privatisations.
Le Front
de Gauche a lancé son « Front des luttes et des urnes », une manouvre
visant à faire entrer les salariés des entreprises dans la campagne de 2012.
Yves Cochin, membre du syndicat Solidaires et ex-membre du NPA, a déclaré au
sujet de ce comité : « entre 1981 et 1936, nous préférons 36. Et nous
botterons les fesses de ceux qui nous diront qu'ils ne peuvent pas faire ce
qu'ils ont promis. »
Ceci
n'est qu'une tentative de cacher aux travailleurs le caractère du « Front
de Lutte » proposé par le PCF et soutenu implicitement par l'appel du NPA
à toute « la gauche sociale et politique ». Cochin présente la
question comme si le PCF « préférait » la grève générale-qui, en
1936, s'est en fait déclarée contre le gouvernement du Front Populaire, et
contre la volonté du PCF-à sa stratégie de collaboration gouvernementale avec
le PS, poursuivie depuis l'élection du Président François Mitterrand en 1981
avec le soutien du PCF. En fait, ces partis n'ont ni l'intention ni la capacité
d'organiser une grève sérieuse contre le gouvernement.
Après
l'ère Mitterrand, le PCF et le NPA dépendent étroitement du soutien financier,
médiatique, et politique du PS. Ils dépendent aussi d'une bureaucratie
syndicale basée sur une petite minorité des travailleurs, et qui a démontré
lors de plusieurs luttes politiques pendant les dix dernières années son
hostilité à la perspective d'une grève générale contre l'Etat. Si les
fanfaronnades de Cochin sur le thème de « botter les fesses » à la
classe dirigeante dérangeaient la bourgeoisie, la direction du PCF recevrait un
avertissement discret et ce serait au final M. Cochin qui se retrouverait avec
un postérieur meurtri.
En fait
le « Front de lutte » créé par le Front de Gauche dans les
entreprises vise à assurer un soutien au PS, mais aussi à éviter toute
opposition ouverte de la classe ouvrière aux plans d'austérité-une hostilité
qui se reporterait légitimement contre la bureaucratie syndicale.
Contrairement
à ce que laisse entendre Yves Cochin, la demi-victoire obtenue par les
travailleurs français lors de la grève générale de 1936 (congés payés, semaine
de 40h) fut très partielle. Grâce à la décision du PCF et de
l'Internationale communiste stalinisée de subordonner les luttes ouvrières au
gouvernement Blum, qu'ils n'ont jamais tenté de renverser, la bourgeoisie put
préparer une contre-offensive contre la classe ouvrière.
Cette
offensive prit d'abord la forme de la suppression des grèves indépendantes
spontanées des travailleurs, puis de l'attitude de plus en plus favorable au
fascisme dans la classe dirigeante française. La conséquence, lors du début de
la Deuxième Guerre mondiale, fut la capitulation de la Troisième République à
l'invasion nazie, et l'installation du régime de Pétain. La période révolutionnaire
que traversaient l'Europe et le monde nécessitait la prise du pouvoir par la
classe ouvrière.
Ces
expériences historiques ont une nouvelle actualité, à cause du tournant
droitier de la politique européenne suite à la crise de la dette d'abord centrée
en Grèce. Discutant du plan de rigueur adopté en Grèce qui a amené au limogeage
de l'état-major militaire et à un changement de gouvernement-qui inclut à
présent les néo-fascistes du LAOS, le NPA écrit : « Ces évènements
montrent aussi l'urgence d'une rupture avec le capitalisme, de refuser le
paiement de la dette, de saisir les banques, d'augmenter les salaires. ».
Le NPA
est conscient que le futur gouvernement français, même s'il est dirigé par les
sociaux-démocrates français, tentera d'appliquer une politique semblable à
celle du gouvernement social-démocrate grec. Le NPA prétend qu'il sera possible
de faire pression sur un pareil gouvernement pour obtenir des mesures
favorables aux travailleurs. Cette perspective est vide de sens.
Le NPA
veut faire croire qu'il est possible de faire fléchir un gouvernement
« dans le meilleur des cas » Socialiste, par une protestation d'une
journée organisée par les syndicats qui ont collaboré avec le gouvernement
Sarkozy-comme lors de la réforme des retraites. Toute l'expérience de la
période récente, comme de 1936, démontre que ce n'est pas le cas.
Suite à
l'intervention télévisée de Sarkozy, Hollande s'est présenté comme le meilleur
candidat des marchés financiers. Il a adopté une attitude protectionniste
envers la Chine, déplorant la perte de la souveraineté européenne à l'égard de
la Chine.
Dans les
articles récents du NPA évoquant la Grèce, le NPA a volontairement passé sous
silence le fait qu'un coup d'Etat militaire était craint par Papandréou suite à
sa décision d'annoncer un référendum pour le plan de sauvetage de Bruxelles.
L'installation d'un gouvernement grec de coalition entre les
sociaux-démocrates, la droite, et le LAOS souligne le caractère de plus en plus
droitier de tous les partis bourgeois en Europe-qu'ils soient de coloration
conservatrice ou social-démocrate.
La
réaction du NPA envers le plan de rigueur de Sarkozy consiste en une
collaboration avec les milieux staliniens et donc avec le PS.La classe
ouvrière en France et à travers le monde doit rompre avec ces organisations et
leur opposer une lutte pour le pouvoir et la fondation d'un Etat ouvrier menant
des politiques socialistes.