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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le NPA répond à la crise économique en promouvant une alliance avec la « gauche » bourgeoise

Par Anthony Torres
24 novembre 2011

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La France est mise sous pression depuis plusieurs jours par les marchés financiers qui veulent que le Président Nicolas Sarkozy aille plus loin dans les mesures d'austérité, malgré un deuxième plan présenté par le premier ministre, François Fillon. La réaction du NPA et des syndicats est de préparer une journée d'action pour riposter contre le plan du gouvernement en réunissant toute la gauche.

Cet appel pour un rassemblement large à gauche tente d'escamoter la responsabilité du NPA dans les projets d'austérité du gouvernement, et de canaliser la colère des travailleurs vers le Parti communiste français (PCF) stalinien et Parti socialiste (PS), en vue des élections présidentielles de 2012.

L'article du Monde intitulé « Les investisseurs craignent beaucoup plus de prêter à la France qu'à l'Allemagne » indique que l'écart entre les obligations françaises et allemandes s'est fortement accru depuis le début de l'année 2011. C'est un signe de méfiance large des investisseurs sur la capacité de la France à rembourser ses dettes. L'auteur de l'article fait un parallèle entre la France et l'Italie, dont le gouvernement vient de chuter : « La situation de la France ressemble de plus en plus à celle de l'Italie, qui a vu ses taux d'intérêts atteindre des niveaux records ».

Le deuxième plan de relance du gouvernement Fillon en réponse aux craintes des marchés n'a pas eu l'effet escompté; la rumeur que la France risque de perdre sa note AAA devient de plus en plus pressante. Toujours selon Le Monde : « Dans le milieu financier, les observateurs estiment que la méfiance des marchés financiers devrait encore s'accroître à l'approche des élections présidentielles. ». Les marchés financiers font pression pour que le futur président applique de manière agressive le programme des banques en appauvrissant la classe ouvrière.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a souhaité « une réunion dans les meilleurs délais (de l'intersyndicale) pour apprécier les ripostes les plus adéquates, nécessaires ». Les syndicats ont proposé une journée d'action isolée le 13 décembre.

Depuis des décennies, les luttes ouvrières sont trahies par les syndicats qui organisent des journées d'action n'ayant qu'un but : servir de soupape et démoraliser les travailleurs. Les bureaucraties syndicales n'ont aucun intérêt à ce que les réformes ne passent pas, car ces réformes sont négociées entre les syndicats et le gouvernement.

Le NPA est partie prenante de ce dispositif politique anti-ouvrier, puisque la stratégie du NPA est de travailler en collaboration avec la bureaucratie syndicale et la « gauche » bourgeoise. Dans l'article paru dans l'Hebdo tout est à nous intitulé "Organiser la riposte contre l'austérité de Fillon et Sarkozy", l'auteur écrit : « Le NPA propose que l'ensemble de la gauche sociale et politique, les syndicats comme les partis, se réunissent dans les prochains jours. ». Aucune  critique de la bureaucratie syndicale n'a été faite sur le rôle traitre des syndicats, ni sur le rôle politique joué par le Parti communiste français (PCF) stalinien.

Le Front de Gauche, de Jean-Luc Mélenchon et du PCF-avec lequel le NPA souhaite collaborer-est une agence du PS. Mélenchon, le candidat du Front de Gauche pour les présidentielles, est un ancien ministre PS. Le PCF est depuis des décennies allié au PS, dont il dépend financièrement et politiquement, ayant participé à plusieurs gouvernements à ses côtés. Sous le gouvernement PS du Premier ministre Lionel Jospin, le PCF avait participé à l'envoi de troupes françaises pour occuper l'Afghanistan et à de larges privatisations.

Le Front de Gauche a lancé son « Front des luttes et des urnes », une manouvre visant à faire entrer les salariés des entreprises dans la campagne de 2012. Yves Cochin, membre du syndicat Solidaires et ex-membre du NPA, a déclaré au sujet de ce comité : « entre 1981 et 1936, nous préférons 36. Et nous botterons les fesses de ceux qui nous diront qu'ils ne peuvent pas faire ce qu'ils ont promis. »

Ceci n'est qu'une tentative de cacher aux travailleurs le caractère du « Front de Lutte » proposé par le PCF et soutenu implicitement par l'appel du NPA à toute « la gauche sociale et politique ». Cochin présente la question comme si le PCF « préférait » la grève générale-qui, en 1936, s'est en fait déclarée contre le gouvernement du Front Populaire, et contre la volonté du PCF-à sa stratégie de collaboration gouvernementale avec le PS, poursuivie depuis l'élection du Président François Mitterrand en 1981 avec le soutien du PCF. En fait, ces partis n'ont ni l'intention ni la capacité d'organiser une grève sérieuse contre le gouvernement.

Après l'ère Mitterrand, le PCF et le NPA dépendent étroitement du soutien financier, médiatique, et politique du PS. Ils dépendent aussi d'une bureaucratie syndicale basée sur une petite minorité des travailleurs, et qui a démontré lors de plusieurs luttes politiques pendant les dix dernières années son hostilité à la perspective d'une grève générale contre l'Etat. Si les fanfaronnades de Cochin sur le thème de « botter les fesses » à la classe dirigeante dérangeaient la bourgeoisie, la direction du PCF recevrait un avertissement discret et ce serait au final M. Cochin qui se retrouverait avec un postérieur meurtri.

En fait le « Front de lutte » créé par le Front de Gauche dans les entreprises vise à assurer un soutien au PS, mais aussi à éviter toute opposition ouverte de la classe ouvrière aux plans d'austérité-une hostilité qui se reporterait légitimement contre la bureaucratie syndicale.

Contrairement à ce que laisse entendre Yves Cochin, la demi-victoire obtenue par les travailleurs français lors de la grève générale de 1936 (congés payés, semaine de 40h) fut très partielle. Grâce à la décision du PCF et de l'Internationale communiste stalinisée de subordonner les luttes ouvrières au gouvernement Blum, qu'ils n'ont jamais tenté de renverser, la bourgeoisie put préparer une contre-offensive contre la classe ouvrière.

Cette offensive prit d'abord la forme de la suppression des grèves indépendantes spontanées des travailleurs, puis de l'attitude de plus en plus favorable au fascisme dans la classe dirigeante française. La conséquence, lors du début de la Deuxième Guerre mondiale, fut la capitulation de la Troisième République à l'invasion nazie, et l'installation du régime de Pétain. La période révolutionnaire que traversaient l'Europe et le monde nécessitait la prise du pouvoir par la classe ouvrière.

Ces expériences historiques ont une nouvelle actualité, à cause du tournant droitier de la politique européenne suite à la crise de la dette d'abord centrée en Grèce. Discutant du plan de rigueur adopté en Grèce qui a amené au limogeage de l'état-major militaire et à un changement de gouvernement-qui inclut à présent les néo-fascistes du LAOS, le NPA écrit : « Ces évènements montrent aussi l'urgence d'une rupture avec le capitalisme, de refuser le paiement de la dette, de saisir les banques, d'augmenter les salaires. ».

Le NPA est conscient que le futur gouvernement français, même s'il est dirigé par les sociaux-démocrates français, tentera d'appliquer une politique semblable à celle du gouvernement social-démocrate grec. Le NPA prétend qu'il sera possible de faire pression sur un pareil gouvernement pour obtenir des mesures favorables aux travailleurs. Cette perspective est vide de sens.

Le NPA veut faire croire qu'il est possible de faire fléchir un gouvernement « dans le meilleur des cas » Socialiste, par une protestation d'une journée organisée par les syndicats qui ont collaboré avec le gouvernement Sarkozy-comme lors de la réforme des retraites. Toute l'expérience de la période récente, comme de 1936, démontre que ce n'est pas le cas.

Suite à l'intervention télévisée de Sarkozy, Hollande s'est présenté comme le meilleur candidat des marchés financiers. Il a adopté une attitude protectionniste envers la Chine, déplorant la perte de la souveraineté européenne à l'égard de la Chine.

Dans les articles récents du NPA évoquant la Grèce, le NPA a volontairement passé sous silence le fait qu'un coup d'Etat militaire était craint par Papandréou suite à sa décision d'annoncer un référendum pour le plan de sauvetage de Bruxelles. L'installation d'un gouvernement grec de coalition entre les sociaux-démocrates, la droite, et le LAOS souligne le caractère de plus en plus droitier de tous les partis bourgeois en Europe-qu'ils soient de coloration conservatrice ou social-démocrate.

La réaction du NPA envers le plan de rigueur de Sarkozy consiste en une collaboration avec les milieux staliniens et donc avec le PS. La classe ouvrière en France et à travers le monde doit rompre avec ces organisations et leur opposer une lutte pour le pouvoir et la fondation d'un Etat ouvrier menant des politiques socialistes.

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