wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

PSA Peugeot Citroën prévoit de supprimer 6,000 emplois en Europe

Par Antoine Lerougetel
21 novembre 2011

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Mardi, le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën a détaillé les mesures qu'il prendrait pour appliquer le plan d'économie de 800 millions d'euros, annoncé le mois dernier. Sur les 6 000 emplois supprimés en Europe, 5 000 le seront en France.

La question est tellement potentiellement préjudiciable au président Nicolas Sarkozy, dont la cote de popularité se situe autour de 30 pour cent, qu'il s'en est personnellement chargée. La semaine dernière il a déclaré, "Je me suis entretenu hier soir et ce matin avec Philippe Varin et je peux vous annoncer qu'il n'y aura pas de plan social en France chez PSA."

Le quotidien économique français Les Echos a écrit jeudi que c'était "une question particulièrement sensible pour le gouvernement à cinq mois de l'élection présidentielle," où Sarkozy cherche à obtenir un second mandat. L'angoisse de Sarkozy reflète les craintes de la classe dirigeante que, en plus des mesures d'austérité annoncées la semaine dernière et des chiffres du chômage qui grimpent, l'opposition des travailleurs du secteur automobile ou plus largement de la classe ouvrière, ne conduise à une explosion politique et sociale.

Sarkozy a déclaré que "les salariés du groupe les plus directement concernés par ce projet seront tous reclassés, soit à l'intérieur du groupe, soit à l'extérieur du groupe, notamment chez ses prestataires... l'emploi ne doit pas être la variable d'ajustement."

Il est impossible de dire si l'intervention de Sarkozy produira un quelconque changement dans les projets de suppression d'emplois chez PSA.

Le magazine économique L'Expansion a publié un article intitulé "Coup de bluff " montrant que     5 000 emplois chez PSA seront supprimés en France, et que rien n'a été dit concernant "ce qu'il adviendrait des 3 000 autres postes de sous-traitants et d'intérimaires." L'article poursuit, "Ce que Nicolas Sarkozy a probablement du mal à admettre c'est qu'il n'a aucune emprise sur les décisions stratégiques de PSA. A la différence de 2008, le constructeur n'est plus lié par un pacte automobile qui l'empêche de licencier, et surtout l'Etat n'est pas, comme dans Renault, actionnaire de PSA ."

En fait, le pacte automobile, qui représente une partie du renflouement de 6,5 milliards d'euros de l'industrie automobile française afin de protéger sa profitabilité, n'a pas stoppé les suppressions d'emplois. Durant les quatre dernières années, PSA a supprimé quelque 23 000 emplois en France; en 2010,  12 000 emplois ont été crées à l'étranger.

Les plans de licenciement cachés, présentés comme des départs volontaires à la retraite, abondent : En 2008, 4 500 travailleurs sont partis à la retraite avec de tels programmes.

Le scepticisme de la population à l'égard des annonces de Sarkozy est entièrement justifié. Des documents de PSA qui avaient émergé en juin dernier faisaient état de projets de fermeture de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, au nord de Paris, Sevelnord près de Calais et à Madrid. (voir: Le constructeur automobile Peugeot-Citroën va fermer des usines en France et en Espagne ) Le Monde détaille dans un article le bilan de promesses non tenues de Sarkozy concernant le sauvetage d'emplois et d'usines. Les hauts-fourneaux d'Arcelor Mittal à Gandrange, que Sarkozy avait visités en avril 2004 et promis de maintenir ouverts, ont fermé en mars l'année suivante. Une visite similaire en 2008 à l'usine Renault de Sandouville n'a pas empêché que la main d'oeuvre passe de   4 500 à 2 500 aujourd'hui.

Le gouvernement dissimule son bilan derrière un patriotisme économique creux, prétendant sauver des emplois alors qu'il collabore avec la bureaucratie syndicale et ses soutiens de "gauche" pour appliquer des diminutions massives d'emplois ou de salaire et des fermetures d'usines, en étouffant toute résistance, chez Continental, Renault et d'autres entreprises de l'industrie automobile.

Le ralentissement du marché automobile en Europe et internationalement signifie que pour réduire le parc de voitures invendues PSA a dû recourir au chômage technique et à des arrêts des chaînes de montage. Le PDG de PSA Philippe Varin a dit à la presse le 27 octobre que les prix sur le marché européens étaient devenus un problème majeur. Les concurrents ont cassé les prix des voitures en septembre et l'entreprise a dû faire de même pour ne pas perdre sa part du marché, notamment dans le secteur des petites voitures.

Le Figaro a fait remarquer qu'en Europe "la crise de la dette" a commencé à produire une baisse de la demande et a cité le directeur commercial de Renault Jérôme Stoll: "Nous observons sur octobre-novembre une baisse des commandes sur l'ensemble du marché européen de 9 % sur un an."En France, la demande de voitures a chuté de près de 15 pour cent en septembre et se trouve à son niveau le plus bas de ces cinq dernières années.

Cela fait partie du ralentissement mondial du marché automobile. En Chine, les ventes ont chuté de 1,1 pour cent en octobre. Les experts prédisent une augmentation de 5 pour cent en 2011, bien au-dessous des prévisions de 10 à 15 pour cent prévues en début d'année. Durant la même période, l'Inde a vu ses marchés chuter de 24 pour cent, soit la chute la plus importante depuis 10 ans. Les experts estiment que l'Inde ne devrait voir une augmentation que de 2 à 4 pour cent à la fin de l'année budgétaire, fin mars 2012, contrairement aux 10 à 12 pour cent d'augmentaion précédemment.

PSA réduit la production en France, non pas du fait d'un manque de fonds mais pour accroître ses profits en transférant la production à des régions à bas coût qui connaissent une croissance économique plus grande. Parmi les sept nouvelles usines construites par PSA, l'une se situe en Inde, une autre en Russie et trois en Chine.

Boursier.com écrit qu'au moment où on annonçait en France la suppression de 6 000 emplois, "Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance, accueillait la présidente [brésilienne] Dilma Rousseff. Ils ont célébré ensemble le doublement de la production de son site de Porto Real. Comme dans ce pays d'Amérique du Sud, les économies européennes vont aussi permettre de financer de nouvelles usines sur les marchés chinois, indien ou sud-américain..... Philipe Varin a confirmé l'enveloppe de 3,6 milliards d'euros d'investissement destinée à porter à 50% les ventes hors d'Europe. Elles étaient encore de 39 % au premier semestre. 'Même dans une bonne année, l'Europe ne connaîtra plus des ventes supérieures à 2%... La croissance doit être capturée ailleurs, en Chine et au Brésil,' insiste Laurent Petizon, spécialiste du secteur automobile au sein du cabinet de conseil en restructuration AlixPartners."

PSA et Sarkozy comptent sur le fait que les syndicats n'organiseront pas d'opposition sérieuse à leur politique. Les syndicats ont pleinement soutenu le renflouement du gouvernement d'un montant de 3 milliards d'euros chacun à PSA et Renault pour les maintenir à flots lors de la récession de 2009, ainsi que le milliard de subvention du programme de "prime à la casse." Cet argent a servi à maintenir la profitabilité et à financer les licenciements et la délocalisation de la production.

Les syndicats essaient de détourner l'opposition de la population à ces suppressions d'emplois vers des canaux nationalistes, disant qu'il faut sauver les emplois en France au détriment des emplois des travailleurs à l'étranger. Jean-Pierre Mercier, représentant CGT de l'usine d'Aulnay a qualifié la politique de PSA d' "écoeurante et révoltante," et a expliqué, "PSA a les moyens de garder ces emplois en France. La direction accélère le développement des centres de R&D à Shanghai et Sao Paulo, et probablement en Inde... Le développement international du groupe ne peut pas se faire en supprimant nos emplois ici alors que c'est nous qui avons fait la richesse de PSA."

Le syndicat SUD (Solidarité-Unité-Démocratie) qui entretient des liens étroits avec le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et a un long bilan de complicité avec la CGT dans la trahison des luttes des travailleurs a déclaré, "Nous sommes convaincus que nous pouvons faire reculer la direction de PSA, en usant de méthodes légitimes, notamment par le recours à un mouvement de grève national. "

Alors que les travailleurs sont effectivement réceptifs à un appel à la grève, les syndicats (y compris SUD) sont profondément hostiles au lancement d'un tel appel. Ils craignent de déclencher par là une explosion politique qui échapperait à leur contrôle et ferait tomber le gouvernement Sarkozy. Les appels de SUD à une "grève nationale" tiennent du rituel creux.

La perspective des syndicats pour garder en France les emplois, sur la base du principe de profit, est la porte ouverte pour imposer aux travailleurs des réductions de salaire massives. C'est le rôle qu'a joué l'UAW aux Etats-Unis. L'UAW a aidé les entreprises automobiles à imposer aux nouveaux embauchés des réductions de salaire de 50 pour cent par rapport au taux horaire syndical antérieur de 28 dollars de l'heure. Puis ensuite UAW s'est félicité d'avoir fait revenir la production, des pays à bas coût tels le Mexique et la Chine, vers les Etats-Unis.

Il n'y a qu'une manière de combattre cette course internationale vers le bas qui engendre la rivalité entre les travailleurs des différents pays: Il faut que les travailleurs rompent avec les syndicats et leurs alliés politiques soi-disant de gauche. Les travailleurs doivent construire des comités d'action indépendants des syndicats, s'unir aux autres travailleurs internationalement sur la base d'une lutte politique pour l'appropriation de l'industrie automobile, des autres industries et des banques, et pour leur mise sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés