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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les enseignants français protestent contre les suppressions brutales de postes d’enseignants

Par Pierre Mabut
3 octobre 2011

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Des étudiants dans la manifestation parisienne

Les enseignants français du primaire et du secondaire ont répondu massivement à l’appel de leurs syndicats à une grève de 24 heures le 27 septembre contre les coupes du gouvernement dans l’Education nationale. La politique du gouvernement de réduire le nombre des travailleurs du service public par le non remplacement d’un retraité sur deux a suscité la colère de la population. Selon une évaluation des syndicats, plus de la moitié des 800.000 enseignants du secteur public ont débrayé une journée et 165.000 ont participé à des manifestations partout en France.

Plus de 45.000 enseignants sont descendus dans la rue à Paris pour manifester leur hostilité à la politique gouvernementale de suppression des postes d’enseignants.

Une indication de l'opposition grandissante contre les attaques à l’encontre du niveau de vie des travailleurs est la participation au mouvement de grève pour la défense des postes d’enseignants, pour la première fois depuis 1984, des enseignants des établissements privés, en majorité catholiques, représentant 20 pour cent des établissements scolaires, .

Depuis 2008, 150.000 postes de fonctionnaires ont été supprimés dont 70.000 postes d'enseignants. Ce programme d’austérité a été conçu pour réduire le déficit en détruisant le niveau de vie des travailleurs au nom des banques et pour maintenir la note de crédit maximale AAA de la France.


La banderole de l’Institut universitaire de Formation des Maîtres (IUMF)

L’affirmation de Sébastien Sihr, du SNUiPP-FSU, principal syndicat unitaire des instituteurs et professeurs des écoles, proche du Parti communiste français (PCF), selon laquelle les syndicats des enseignants voulaient « délivrer un message fort pour que l’éducation soit au cœur des priorités de notre pays » a été entièrement démenti par le caractère restreint de la grève. En limitant la grève à une action de 24 heures, les syndicats ont cherché à isoler les enseignants et les étudiants du reste de la classe ouvrière qui, tout entière, subit les attaques de la politique d’austérité du gouvernement.

Ceci, ainsi que le bilan des syndicats de trahison des protestations de masse de 2003 et 2010 pour la défense des retraites et des droits sociaux, qui ont conduit à des défaites et à la dégradation de la qualité de vie des travailleurs, a enhardi le ministre de l’Education Luc Chatel à déclarer que la grève de 24 heures «fin septembre dans l’Education nationale, ce n’est pas révolutionnaire. » Son évaluation de l’opposition des syndicats à la rigueur du gouvernement a été de l’appeler par son vrai nom – à savoir une fausse opposition de la part des syndicats, ces derniers ayant déjà sacrifié depuis 2003 le niveau de vie de leurs membres en trahissant la lutte pour les retraites.


Manifestation parisienne

Le gouvernement considère à juste titre que les syndicats sont impuissants et sont les exécutants consentants de la politique gouvernementale. Cette attitude des syndicats enseignants a pour but de rassembler le maximum de voix lors des élections aux commissions administratives paritaires qui se tiendront début octobre.

Le président Sarkozy a réagi à la mobilisation de 24 heures des enseignants en tentant de monter les travailleurs du secteur privé contre ceux du secteur public en disant, « les fonctionnaires ont un travail difficile, mais ils ont un statut qui les protège. Vous [le secteur privé], vous êtes exposés. Mon désir de chef de l’Etat est d’abord de penser aux ouvriers, aux salariés et aux cadres qui sont lancés dans la compétition internationale et qui ont besoin du soutien de l’Etat. » Le message est que les enseignants sont improductifs et doivent être soumis aux besoins du marché.

Les enseignants participant à la manifestation parisienne, et qui ont été rejoints par d'importants contingents de lycéens, rejetaient les attaques du gouvernement contre les postes d’enseignants. Les manifestants ont fait part au WSWS de leurs craintes pour l’éducation de leurs enfants depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Sarkozy.

Un manifestant a dit: « On n’aura jamais notre retraite, mais tous ces sénateurs nouvellement réélus, eux, ils auront leur retraite. Ils prendront leurs valises (pleines de pognon de dessous-de table) en partant à la retraite. La solution, c’est la lutte permanente sans relâche – sans faire de concessions. Il faut être sûr de virer Sarkozy au premier tour [des présidentielles]. »

Un professeur de sciences naturelles s’est plainte de faire des remplacements pendant trois ans dans différents établissements scolaires. Pour régler les problèmes actuels, l’élection présidentielle n’est pas la solution. « Il faut une coopération internationale pour résoudre les problèmes économiques. Cela ne peut pas être franco-français avec juste une élection présidentielle en 2012. La jeunesse c’est la base, c’est le futur. En supprimant des postes de prof depuis quatre ans, on ne favorise pas les jeunes. »


Des enseignants dans la manifestation parisienne

Un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a souligné le déclin du niveau de l'éducation en France. Avec 6,1 pour cent d’enseignants pour 100 élèves ou étudiants, la France arrive derrière la Grèce ou le Portugal. Le rapport conclut que la rémunération des enseignants français est « faible en comparaison internationale. » Les coupes dans l’éducation touchent les couches de jeunes les plus vulnérables. Plus de 135.000 jeunes quittent chaque année l’école sans qualifications.

L’ampleur de la mobilisation des enseignants a montré la détermination des travailleurs à défendre tous les acquis sociaux arrachés depuis la Seconde Guerre mondiale. L’objectif des syndicats d’enseignants a été au contraire de limiter les protestations au secteur de l’éducation sans lancer d’appel à d’autres travailleurs à participer, ignorant les implications mondiales de la crise économique et essayant de canaliser la frustration et la colère derrière le candidat du Parti socialiste (PS) le plus susceptible d’affronter l’actuel président Nicolas Sarkozy lors des élections présidentielles de 2012, François Hollande.

Hollande a promis de rétablir la plupart des 80.000 postes d’enseignants supprimés par le gouvernement Sarkozy. Ces promesses creuses sont démenties par le programme du PS de réduire le déficit public en faisant payer l’addition à la classe ouvrière conformément à ses homologues sociaux-démocrates George Papandreou en Grèce et José Luis Zapatero en Espagne.

Entre 2007 et 2012, les coupes budgétaires du gouvernement à l’Education nationale auront réduit de 80.000 le nombre de postes d’enseignants dans le cadre du programme d’austérité pour sauver de l’abîme le capitalisme français.

(Article original paru le 30 septembre 2011)

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