Le 15 octobre, une manifestation
internationale a eu lieu en réponse aux manifestations « Occupons Wall
Street » (OWS) aux USA. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) tente de
désarmer politiquement le volet français de ce mouvement international, en le
liant à une perspective consistant à laisser les syndicats faire
« pression » sur un gouvernement de la « gauche » bourgeoise.
Pour la manifestation mondiale de protestation
contre le système capitaliste prévue le 15 octobre, le NPA avait publié un
article « Appel national à la mobilisation nucléaire ». Il est très
révélateur que le NPA n'ait pas accueilli avec enthousiasme un mouvement qui reflète des sentiments populaires vraiment
anticapitalistes. Il a plutôt essayé de recentrer le mouvement sur une question
particulière, l'écologie, et le parti bourgeois Europe-Ecologie Les Verts
(EELV).
Le candidat présidentiel du NPA en 2012,
Philippe Poutou, s'est rendu avec Eva Joly, candidate présidentielle d'EELV, à
une manifestation anti-nucléaire à Nantes, boycottant ainsi les manifestations
OWS.
Loin de soutenir le mouvement, les dirigeants
du NPA faussement « anticapitaliste » en ont peur, car il risque de
leur échapper et d'entraîner ensuite le prolétariat dans une lutte sociale de
plus grande envergure. C'est ce qui s'est produit cet
hiver en Egypte, où des manifestations de jeunes ont fini par provoquer une
lutte révolutionnaire du prolétariat, faisant chuter le dictateur Hosni
Moubarak.
Depuis 3 semaines aux Etats Unis, des
protestations se développent dans des centaines de villes sous le slogan
« occupons wall street », exprimant l'hostilité des masses envers les
banques, les grandes entreprises, et le chômage. La journée mondiale de
manifestation du 15 octobre s'inspirait de ce qui se passe aux USA.
Les associés américains du NPA soutiennent les
syndicats dans ce mouvement de protestation parce qu'ils craignent un mouvement
politiquement indépendant, souhaitant plutôt canaliser les protestations contre
Wall Street derrière le Parti Démocrate. Celui-ci, au pouvoir, mène une
politique de guerre et de dévastation des acquis sociaux et des salaires des
travailleurs avec l'accord des syndicats américains.
Ainsi l'éditorial du Socialist Worker
du 5 octobre célèbre l'entrée du syndicat AFL-CIO dans le mouvement comme une
indication du potentiel permettant d'approfondir lesracines sociales du
mouvement de protestation. En France le NPA joue le même rôle que l'International
Socialist Organization, qui publie Socialist Worker.
Le NPA souhaite également démobiliser le
mouvement populaire anticapitaliste, en défendant des syndicats
pro-capitalistes et en refaisant la politique qu'il avait menée en 1981. A
cette époque la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, qui a fondé le NPA en
2009) avait soutenu la candidature PS de François Mitterrand comme étant un
moindre mal. Ceci était une perspective fausse, et en 1983, Mitterrand avait
appliqué le tournant de la rigueur et détruit des branches de l'industrie qui
avaient été combatives dans les années 1960 et 1970.
Aujourd'hui le NPA est toujours un satellite
politique du PS. Pour commencer, le NPA, salue dans une déclaration la primaire
du Parti Socialiste (PS), parce que le NPA « partage ses aspirations
démocratiques et le rejet de Sarkozy ». La primaire du PS pour choisir son
candidat présidentiel n'avait pourtant rien de démocratique. Le PS a cherché
par cette élection à s'assurer une publicité médiatique et à laisser choisir
ainsi par les médias le meilleur candidat socialiste pour la bourgeoisie et les
marchés financiers.
Le NPA fait pourtant un aveu dévastateur
lorsqu'il écrit que le PS, dont il partage pourtant les
« aspirations », prépare la même politique d'austérité que les
sociaux-démocrates Papandreou en Grèce ou Zapatero en Espagne : « Tout indique qu'un gouvernement de gauche 'à la française' appliquerait
la même politique que leurs amis grecs ou espagnols ».
Cependant, la perspective du NPA est
d'attendre la formation d'un gouvernement PS, puis d'organiser quelques
manifestations sans perspective pour démoraliser l'opposition des travailleurs
à l'austérité que mènera le PS.
Dans un article du 6 octobre, le NPA écrit :« Il
ne suffit pas de proclamer que nous n'attendrons pas 2012 ou qu'après la
conquête du Sénat [que le NPA estime « conquis » parce que le PS y a
maintenant une majorité], celles de l'Élysée et de l'Assemblée nationale vont
nous apporter des réponses satisfaisantes. Seul le rapport de forces, construit
dans les luttes et les manifestations, peut contraindre patrons et gouvernement
à reculer » .
Dans cette perspective, de larges
sections du NPA préparent des alliances avec d'autres partis satellites du PS,
comme le Front de Gauche de l'ex-ministre PS Jean-Luc Mélenchon. Le NPA sait
que la perspective qu'il propose n'aboutira qu'à des défaites des mouvements
sociaux. En 2010 pendant la grève des raffineries, à choisir entre lutter
contre le gouvernement Sarkozy ou laisser l'Etat briser la grève, le NPA a
préféré laisser l'Etat briser la grève et faire passer les mesures d'austérité
du gouvernement. Avec un gouvernement PS, le NPA fera de même, pour étrangler
l'opposition de la classe ouvrière à la politique d'austérité sociale.
Pour la journée d'action syndicale du 11
octobre 2011, le NPA a souhaité saisir « l'occasion de lutter tous
ensemble contre les politiques d'austérité, pour 300 euros net et un SMIC à
1600 euros net, pour un emploi, pour toutes et tous ».
Venant du NPA, ces mots d'ordre sont cyniques
et creux. L'objectif du NPA n'est pas de mener une lutte sérieuse, pour
qu'émerge un mouvement international révolutionnaire des travailleurs ayant pour
but de prendre le pouvoir, mais de dire que l'on peut faire pression sur le
gouvernement-sachant très bien que le gouvernement n'aura pas l'intention de
reculer.
Le NPA fait un deuxième aveu dévastateur
toujours dans le même article, sur le fait que la grève sectorielle et isolée
que défendent les syndicats est le fruit d'une « tactique syndicale qui
fait preuve d'inconsistance ».
Le NPA essaie de faire croire que les défaites
des grèves organisées par les syndicats sont simplement dues à une erreur tactique.
En fait, le NPA sait très bien que les syndicats n'ont aucune intention de
s'opposer aux mesures d'austérité sociale qu'ils ont eux-mêmes négociées avec
le gouvernement. Le NPA veut ainsi faire croire que les syndicats sont toujours
des instruments de lutte contre la politique du gouvernement, et non pas une
partie intégrante du dispositif politique qui impose les « réformes »
anti-sociales aux travailleurs.
La lutte contre la réforme des retraites a
montré le potentiel politique de la classe ouvrière. Les grèves dans les
raffineries et dans les dépôts pétroliers ont menacé l'approvisionnement en
pétrole et, de ce fait, le gouvernement.
Celui-ci a envoyé les CRS dans la raffinerie
de Grandpuits afin de réquisitionner des ouvriers pour que l'Etat reprenne le
contrôle des carburants. Les syndicats et le NPA ont protesté, mais sans
appeler à un mouvement plus large des travailleurs pour défendre les ouvriers
des raffineries qui ont été réprimés par les forces de l'ordre. Après cela, les
syndicats ont démoralisé le mouvement de protestation et ont permis à la
réforme des retraites de passer.
Le NPA veut continuer à défendre et à
promouvoir ces organisations traîtresses. Le fait que le NPA souhaite un
mouvement avec les syndicats et partis de « gauche » alliés au PS
signifie que le NPA est en fait hostile à tout mouvement anticapitaliste de
masse. La lutte pour la défense des acquis sociaux passe dans cette période de
crise par une lutte politique de la classe ouvrière pour la conquête du pouvoir
politique, indépendamment et par opposition à la politique petite-bourgeoise du
NPA.