Prétendant
promouvoir la santé publique, le nouveau budget propose d'augmenter les taxes
sur le tabac, les alcools et les sodas entre autres mesures du projet de
réduction de 12 milliards d'euros du déficit budgétaire national d'ici 2012.
Des hausses d'impôt, calculées pour accroître de 1,3 milliards d'euros les
recettes de l'Etat vont toucher le plus durement les moins riches. Alors même
que le gouvernement Sarkozy parle d'améliorer la santé publique, il continue de
fermer des hôpitaux, de réduire le personnel et d'imposer des dépenses de santé
plus importantes à la population.
Une
augmentation d'impôt ponctuelle de 3 pour cent sur les revenus annuels
supérieurs à 500 000 euros, qui sera supprimée aussitôt que le déficit
reviendra à moins de 3 pour cent du produit intérieur brut (PIB), ne fera que
reprendre partiellement le 1,8 milliard d'euros de cadeaux fiscauxaccordé
aux riches depuis que Sarkozy est devenu président en 2007. La date butoir
pour atteindre le plateau de 3 pour cent de déficit autorisé par l'Union
européenne est 2013.
Néanmoins
le plus gros des 12 milliards d'euros de réduction du déficit sera à la charge
des grandes entreprises et des riches, ainsi que des propriétaires de
résidences secondaires.
Le
premier ministre Fillon a dit que ces nouvelles mesures garantiront que la
France tiendra sa promesse de réduire son déficit budgétaire de 5,7 à 4,5 pour
cent du PIB l'année prochaine et à 3 pour cent en 2013. Le niveau des coupes
requises pour atteindre ce but a dû être revu à la hausse étant donné que le
gouvernement réduit ses prévisions de croissance du PIB. Au cours du dernier
trimestre l'économie française a enregistré une croissance zéro.
Ce
nouveau projet de budget représente une recul partiel de la part de Sarkozy qui
avait promis de ne pas augmenter les impôts. Il évite aussi les attaques
massives contre les emplois, les salaires et les prestations sociales des
travailleurs, annoncées par les gouvernements grec, portugais et espagnol à la
demande de l'Union européenne, du Fond monétaire international et des banques.
Un
facteur a particulièrement compté dans la formulation de ce budget: la peur
d'explosions sociales en France suite aux émeutes des jeunes le mois dernier en
Grande-Bretagne. La France avait été touchée par une vague d'émeutes en 2005
dans les quartiers immigrés des banlieues parisiennes et d'autres villes.
Sarkozy
cherche aussi à se faire réélire pour un nouveau mandat présidentiel l'année
prochaine et sa cote de popularité est tombée entre 24 et 35 pour cent le mois
dernier.
L'analyste chevronné du Financial Times
Wolfgang Münchau a écrit le 29 août: « Que ce soit Nicolas Sarkozy,
président sortant de centre-droit ou l'un de ses opposants socialistes, celui
qui remportera l'élection présidentielle l'année prochaine sera confronté à des
choix difficiles concernant les dépenses publiques et l'avenir de l'Etat
providence. Tel est le message central des mesures d'austérité limitées
annoncées mercredi dernier par le gouvernement de M. Sarkozy... Elles
démontrent la capacité du gouvernement à réagir rapidement face aux signes
inquiétants sur les marchés financiers que la dette souveraine de la zone euro
et le tourbillon bancaire menaçaient d'engloutir la France. »
Münchau
a fait remarquer qu'en France « la dette publique avait quadruplé ces
quarante dernière années pour atteindre plus de 80 pour cent du PIB, » et
il a conclu que cela « passe mal dans l'environnement punitif des
marchés. » Il laisse entendre que l'époque où l'élite politique française
empruntait afin de retarder l'épreuve de force avec la classe ouvrière est
révolue.
Les
nouvelles propositions de budget ont été annoncées après des consultations
téléphonique avec les dirigeants des principaux syndicats, notamment Bernard
Thibault de la CGT (Confédération générale du travail), proche du Parti
communiste et de François Chérèque de la CFDT (Confédération française
démocratique du travail), proche du Parti socialiste. Ces pourparlers se
poursuivront pour garantir l'application pacifique de ces mesures.
Les
syndicats ont publié une déclaration commune le 18 août, promettant de jouer
leur rôle auprès du gouvernement et des patrons pour «soutenir la croissance,
soutenir l'emploi et réduire la dette tout en garantissant la cohésion
sociale. » Ces augmentations d'impôt mineures pour les riches sont une manière
d'aider les syndicats à se donnerun alibi politique pour bloquer toute
opposition de masse de la classe ouvrière.
La
CGT a pris l'initiative d'appeler à une journée d'action au début du mois
d'octobre. Cela fait suite à la série de protestations d'une journée contre les
mesures d'austérité l'année dernière, soutenues par le Parti socialiste, le
Parti communiste, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau Parti
anticapitaliste. Elles avaient servi à désamorcer et dissiper l'opposition des
travailleurs aux attaques contre les retraites et les fermetures d'usines et
les licenciements, notamment dans l'industrie automobile. Les syndicats et
leurs alliés avaient rejeté toute lutte visant à renverser le gouvernement de
Sarkozy et avaient délibérément isolé les grèves de différentes sections de
travailleurs.
Entre
temps les syndicats conduits par la CGT et la CFDT n'avaient cessé de
poursuivre leurs pourparlers avec le gouvernement sur l'application des mesures
d'austérité.
Tous
les candidats à la primaire du Parti socialiste pour l'élection présidentielle
soutiennent la date butoir de 2013 pour le retour à un déficit de 3 pour cent
du PIB et déclarent que cela est possible sans trop attaquer le niveau de vie
de la classe ouvrière. Certains critiquent Sarkozy pour n'avoir pas mis en
vigueur une politique « du tout sécuritaire » et en font une question
majeure de la campagne présidentielle.
La
première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry, candidate bien placée
dans la course aux primaires du PS pour la présidentielle, a promis d'augmenter
de 10 000 l'effectif de la police. Ségolène Royal, candidate malheureuse du PS
à l'élection présidentielle de 2007 et candidate à la primaire du parti pour
l'élection de 2012 réitère sa politique de faire encadrer les jeunes
délinquants par des militaires.
Les
syndicats et la soi-disant « extrême-gauche » promeuvent l'illusion
qu'il est possible de faire pression sur le gouvernement pour qu'il fasse des
concessions allant dans le sens des besoins de la classe ouvrière.