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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Pour une réponse socialiste à la crise de l'euro

Par Peter Schwarz
16 septembre 2011

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Demain marquera le troisième anniversaire de la faillite du géant de Wall Street Lehman Brothers. La crise des marchés financiers internationaux qui en a résulté se métamorphose maintenant en un effondrement à grande échelle. Non seulement les banques, mais même des États entiers sont au bord du gouffre financier. L'existence continue de l'euro, la deuxième monnaie la plus importante au monde après le dollar, est maintenant mise en doute.

Les dirigeants européens envisagent ouvertement la faillite de la Grèce. Le ministre allemand de l'Économie et président du Parti libéral démocrate (FDP), Philipp Rösler, appelle à une faillite ordonnée du pays, tandis que le premier ministre de Bavière et chef de l'Union chrétienne-sociale (CSU), Horst Seehofer, appelle à l'exclusion de la Grèce de la zone euro. Pour sa part, le ministre néerlandais des Finances Jan-Kees de Jager approuve l'exclusion de la Grèce de la zone euro.

La banque suisse UBS a estimé les coûts d'une telle démarche. Les conséquences de l'exclusion de la Grèce - en tenant compte des faillites d'État et d'entreprises, de l'effondrement du système bancaire et du commerce international - coûteraient en moyenne à chaque habitant du pays de 9,000 ? à 11,500 ? dans la première année, soit de 40 à 50 pour cent du produit intérieur brut de la Grèce. Le coût s'élèverait de 3,000 ? à 4,000 ? supplémentaires par habitant chaque année par la suite.

La banque d'investissement japonaise Nomura s'attend à ce que le retrait grec de l'union monétaire se traduise par une fuite massive de capitaux, une interruption du crédit pour les entreprises grecques, la perturbation des échanges commerciaux, une forte hausse du chômage, une recrudescence de l'inflation, et des pénuries énergétiques et alimentaires.

Les conséquences de la faillite nationale grecque ne se limiteraient pas à ce pays. Les experts internationaux craignent des faillites bancaires et d'État supplémentaires et même la disparition de l'euro.

Les institutions démocratiques en Europe ne survivraient pas à une telle catastrophe économique. Les experts de l'UBS n'ont pas d'illusion à cet égard. « Il est également intéressant de noter que presque aucune union monétaire fiduciaire moderne n'a disparu sans l'apparition d'une certaine forme de gouvernement autoritaire ou militaire, ou une guerre civile », écrivent-ils.

Il ne manque pas de voix demandant de faire preuve de circonspection et de prudence. La chancelière allemande Angela Merkel de l'Union chrétienne démocrate (CDU) a indirectement appelé les partenaires de son gouvernement de coalition que sont le Parti libéral démocrate et l'Union sociale-chrétienne à faire preuve de retenue. « Nous devons soutenir les Grecs, et non pas les pousser à la faillite », déclare son conseiller Pierre Altmayer qui poursuit : « Cela n'aiderait personne ».

La Süddeutsche Zeitung accuse Rösler et Seehofer d'ignorance économique, affirmant qu'ils ne cherchent qu'à renforcer leur profil public, et met en garde : « L'expulsion [de la zone euro] serait non seulement un désastre pour les Grecs, mais aussi pour l'Allemagne et le reste de l'Europe ».

La crise, cependant, ne suit pas les règles de la raison, mais bien la logique des intérêts de classe. Même s'il mène de façon évidente à la catastrophe, le nationalisme est à la hausse en Europe. Et Rösler et Seehofer ne font pas exception à cet égard.

Dans la dernière édition du Financial Times, le chroniqueur Gideon Rachman écrit : « L'appétit pour la coopération internationale a gravement diminué. Les principaux dirigeants politiques regardent vers l'intérieur... Avec la politique internationale à la dérive, il y a maintenant un danger évident que le monde glisse lentement dans le protectionnisme. »

Rachman fait ensuite un parallèle avec la crise des années 1930, quand « la crise financière à Wall Street s'est transformée en Grande Dépression à la suite de la montée du protectionnisme et d'une crise bancaire en Europe ».

Des sections de la classe dirigeante veulent faire face à ce danger et à l'éventuelle faillite de la Grèce en élargissant le plan de sauvetage de l'euro, et par la création d'obligations en euros et d'un gouvernement économique européen. Or, cela n'est pas une solution à la crise, mais bien simplement une autre façon de faire porter les conséquences de celle-ci sur la masse de la population.

Les partisans de ce cours insistent pour que tous les prêts à des pays très endettés soient liés à des mesures d'austérité strictes édictées par l'Union européenne. « Celui qui s'enlise dans la dette ne peut plus décider seul de la politique de son pays, et doit mettre en ouvre les décisions de Bruxelles », publie la Süddeutsche Zeitung.

Les sociaux-démocrates et les Verts sont particulièrement enthousiastes au sujet de cette politique. Ils se bousculent tout comme Georges Papandréou en Grèce et José Zapatero en Espagne - pour défendre les diktats d'austérité brutale émis de Bruxelles. Ce faisant, ils comptent sur les syndicats et les pseudo-partis de gauche comme le parti allemand La Gauche et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) français, qui se rapprochent sans cesse des sociaux-démocrates au fur et à mesure que ceux-ci prennent leur distance à l'égard des travailleurs.

La crise sert ainsi d'instrument de contre-révolution sociale. Alors que les banques sont renflouées avec des billions d'euros provenant des deniers publics et que les super-riches ne cessent de s'enrichir, le niveau de vie de la classe ouvrière est ramené aux niveaux qui existaient au début du capitalisme industriel.

La différence entre les partisans et les adversaires de la faillite de la Grèce est que le premier groupe cherche à atteindre cet objectif de contre-révolution sociale dans une lutte nationaliste opposant chacun contre tous, tandis que le second groupe cherche à atteindre le même but dans un processus contrôlé, sous direction européenne. Tous craignent que l'effondrement chaotique de pays entiers provoque des bouleversements sociaux.

Cette crainte est également partagée par les experts d'UBS, citant nul autre que le révolutionnaire russe Lénine comme autorité. Citant l'économiste John Maynard Keynes, ils écrivent que « Lénine avait certainement raison. Il n'y a pas de moyen plus sûr et subtil de renverser la base existante de la société que de débaucher la monnaie. »

Les travailleurs ne peuvent se subordonner à l'un des camps bourgeois en lutte. Ils doivent s'opposer avec véhémence à tous ceux qui répondent à la crise de l'euro par une chasse aux sorcières contre « les Grecs » et agitent les tensions nationales.
En même temps, les travailleurs doivent rejeter tous ceux qui tentent de renforcer les institutions de l'UE et prônent l'établissement d'une dictature du capital financier européen pour « sauver l'Europe ».

La solution à la crise n'est pas nationale, mais internationale, et elle relève d'une question de classe. Aucun problème social ne peut être résolu sans briser le pouvoir du capital financier par l'expropriation des banques et des grandes entreprises industrielles, et leur placement sous contrôle démocratique.

Pour atteindre cet objectif, les travailleurs doivent s'unir dans toute l'Europe de façon inconditionnelle pour défendre leurs droits et leurs acquis sociaux, et lutter pour mettre au pouvoir des gouvernements ouvriers qui s'uniront pour former les États-Unis socialistes d'Europe.

Un seul mouvement lutte pour cette perspective politique : le Parti de l'égalité socialiste et le Comité international de la Quatrième Internationale.

(Article original paru le 14 septembre 2011)

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