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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : Aveos fait faillite et jette 2600 travailleurs à la rue

Par Laurent Lafrance
30 avril 2012

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L'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), le syndicat représentant les travailleurs d'Aveos mis à pied il y a plus d'un mois et demi, n'a organisé qu'un semblant de campagne en défense des emplois et travaille maintenant au côté du gouvernement libéral provincial et du Fonds de Solidarité de la FTQ (Fédération des travailleurs du Québec) pour trouver un acheteur et relancer la compagnie aux dépens des travailleurs.

Le 19 mars dernier, la direction d'Aveos, une filiale d'Air Canada, annonçait la fermeture de la compagnie qui comptait des centres d'entretien d'avions à Winnipeg, à Mississauga et à Montréal. En tout, 2600 travailleurs à travers le pays, dont 1800 à Montréal, ont été jetés à la rue du jour au lendemain sans avertissement.

La Cour supérieure du Québec vient de rendre une décision limitant à 2000 dollars le montant payé par Aveos à chacun des employés licenciés, soit un total de 3,6 millions. Certains affirment que les maigres 2000 dollars ne couvriront pas toutes les heures impayées, les banques de temps accumulé et les vacances. De leur côté, l'ensemble des dirigeants et administrateurs d'Aveos a droit à la somme de 5 millions à titre de créanciers prioritaires de l'entreprise. À cela s'ajoute un montant de 300 millions versés aux actionnaires dans le cadre de la liquidation de la compagnie.

La perte des emplois chez Aveos est le résultat d'années de restructurations à Air Canada que le gouvernement fédéral a encouragées et supervisées dans le but d'augmenter la profitabilité de la compagnie et de la mettre en meilleure position concurrentielle internationalement.

Jusqu'en 2007, Aveos était une filiale d'Air Canada, le plus important transporteur aérien du pays. Suite à la privatisation d'Air Canada, alors société d'État, en 1988 plusieurs de ses divisions ont été transformées en sociétés en commandite pour permettre à la compagnie d'augmenter ses profits en rognant, entre autres, sur les pensions, la sécurité d'emploi et autres avantages sociaux aux travailleurs.

Depuis la faillite d'Air Canada en 2003, il y a une longue suite de restructurations a pris place où fois après fois, en plus des suppressions d'emploi, les travailleurs ont dû accepter d'importantes concessions. C'est à ce moment que la division de maintenance Air Canada Technical Services (ACTS) a été créée. En 2007, les travailleurs ont été forcés de quitter Air Canada quand ACTS a été vendue à Aveos. Le syndicat affirme que les emplois pourraient maintenant être transférés au Salvador, où Aveos possède une filiale et paie ses employés à des salaires de misère.

Les dirigeants d'Air Canada, le principal client d'Aveos, ont réduit considérablement le travail de maintenance qui était fait par le sous-traitant dans les derniers mois précédant sa faillite. Ils ont affirmé que la sous-traitance à Aveos coûtait trop cher en raison de « problèmes de productivité ».

Les dirigeants de la section locale 1751 de l'AIMTA ont protesté pour la forme contre la fermeture de la compagnie, qui a cessé après que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a clairement indiqué qu'il n'interviendrait pas pour garder la compagnie en vie. Le ministre des Transports, Denis Lebel, a affirmé : « C'est un dossier entre deux entreprises privées. Nous n'allons gérer aucune compagnie dans ce pays ».

Afin de taire l'opposition, Lebel a produit un avis juridique selon lequel Air Canada ne contrevient pas à l'entente conclue lors de la privatisation en 1988 qui stipule qu'Air Canada doit « maintenir les centres d'entretien et de révision dans les villes de Winnipeg et Mississauga et dans la Communauté urbaine de Montréal ».

En fait, le gouvernement a joué et joue encore un rôle clé dans la restructuration d'Air Canada et dans son assaut sur les travailleurs. Le gouvernement fédéral est récemment intervenu dans le conflit opposant la direction d'Air Canada aux pilotes, bagagistes et autres travailleurs au sol pour leur retirer leur droit de grève en leur imposant une loi spéciale. La loi antigrève est rédigée de façon à s'assurer que les arbitres nommés par le gouvernement et chargés de déterminer les conditions d'emploi imposent les demandes de concessions d'Air Canada.

L'année dernière, le gouvernement Harper a menacé à deux reprises les agents de bord et les employés du service à la clientèle d'Air Canada avec une loi du même genre. Dans un autre conflit, le gouvernement a forcé les travailleurs de Postes Canada en grève à retourner au travail. 

Chaque fois, les différents syndicats impliqués se sont inclinés, affirmant aux travailleurs qu'ils ne pouvaient rien faire face à de telles lois dans le but d'éviter une confrontation avec le gouvernement conservateur.

Au Québec, le Parti libéral de Jean Charest a répondu à l'appel nationaliste des partis de l'opposition et du syndicat et poursuit Air Canada afin que la compagnie justifie qu'elle ne contrevient pas à l'entente de 1988.

Un tel appel, mené par le Parti québécois, un parti indépendantiste et réactionnaire que la bureaucratie syndicale soutient, n'est pas lancé pour défendre les travailleurs. Il s'agit plutôt d'une campagne protectionniste pour maintenir les profits au Québec. Le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault l'a très bien expliqué : « L'industrie aéronautique est l'un des fers de lance de notre économie. Il est impératif de donner le signal à Air Canada et au gouvernement Harper que nous ne laisserons pas cette industrie s'éroder au profit des autres provinces ou de l'étranger. »

Toute tentative de la bureaucratie syndicale de vouloir « créer et maintenir » des emplois est hypocrite. Fois après fois, les syndicats d'Air Canada ont accepté des contrats de concessions et tout mis en ouvre pour empêcher une campagne de mobilisation de l'ensemble de la classe ouvrière lorsque les emplois et les salaires étaient menacés.

Le rôle crasse de la bureaucratie syndicale est d'autant plus exposé par le fait que la FTQ et le Fonds de Solidarité (un fonds de plus de 7 milliards de dollars contrôlé par la FTQ) sont actuellement en négociations avec le gouvernement et des représentants du milieu des affaires pour trouver un nouvel acheteur et relancer Aveos. La FTQ, qui démontre une fois de plus son orientation pro-entreprise, souhaiterait investir directement dans le rachat de la compagnie, qui se fera sans aucun doute à condition de diminuer les salaires et avantages des travailleurs, comme ce fût le cas à maintes reprises par le passé lorsque la FTQ disait vouloir « sauver » les entreprises.

Le gouvernement libéral est intervenu de façon semblable il y a quelques mois pour empêcher la fermeture des papiers White Birch, offrant une aide financière uniquement à condition que les salaires et avantages soient réduits radicalement. La proposition, encouragée par la direction syndicale, se traduit par une perte allant jusqu'à 70 pour cent de la somme que les travailleurs avaient accumulée dans leur caisse de retraite. Pour les retraités, il s'agit d'une coupe de 40 pour cent des allocations de retraite. Les travailleurs qui n'auront pas perdu leur emploi dans le processus devront accepter une baisse salariale de 10 pour cent.

Au lendemain de l'annonce de la fermeture d'Aveos, les travailleurs licenciés ont protesté pacifiquement devant les bureaux d'Air Canada près de l'aéroport Montréal-Trudeau et ont bloqué l'important boulevard Côte-Vertu. La compagnie a aussitôt obtenu une injonction interdisant aux travailleurs de bloquer les bureaux. Face au refus des travailleurs de quitter la voie, la police antiémeute est rapidement intervenue, aspergeant les travailleurs de gaz lacrymogène en aérosol pour les disperser. La police a ensuite escorté les dirigeants d'Air Canada afin qu'ils accèdent à leurs bureaux.

Les manifestations se sont poursuivies les jours suivants, mais refusant d'organiser une lutte qui dépasserait le cadre d'une simple manifestation de routine, le syndicat a déclaré ne pas vouloir « aller vers des perturbations économiques ».

Pour s'opposer à l'assaut de l'élite dirigeante sur les conditions de vie de la classe ouvrière, les travailleurs doivent rejeter la perspective de la bureaucratie syndicale qui accepte le capitalisme et cherche à diviser les travailleurs sur des lignes nationales. Les travailleurs doivent s'unir internationalement et s'organiser politiquement pour défendre tous les emplois et tous les salaires et lutter pour le socialisme, soit la réorganisation de la société sur la base des besoins humains et non du profit privé.

 

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