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France: Les sondages donnent ex-aequo au premier tour les deux candidats en tête de l'élection présidentielle

Par Alex Lantier à Paris
22 avril 2012

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Les sondages donnent ex-aequo les deux principaux candidats juste avant le premier tour de l'élection présidentielle qui se tiendra dimanche 22 avril. Ils suggèrent que le candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande et le président sortant Nicolas Sarkozy obtiendront les scores les plus élevés et resteront au second tour le 6 mai.

Les sondages les plus récents montrent Hollande en tête, ou statistiquement ex-aequo avec Sarkozy au premier tour. Un sondage Ipsos des 18-19 avril donnait Hollande à 29 pour cent du scrutin et Sarkozy à 25,5 pour cent. Les trois autres principaux candidats telle la néo-fasciste Marine Le Pen était à 16 pour cent, le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon à 14 pour cent et le candidat « centriste » conservateur François Bayrou à 10 pour cent. On s'attend à ce que Hollande l'emporte avec une avance confortable sur Sarkozy au second tour avec 56 pour cent des voix.

Les sondeurs s'attendent à un taux d'abstention élevé, autour de 25 à 30 pour cent, facteur qui pourrait changer les résultats de dimanche soir par rapport à ceux prédits dans les sondages. Le vote pour Le Pen s'est souvent révélé être totalement imprévisible; il était plus élevé de 3,3 pour cent en 2002 et 3,4 pour cent moins élevé que prévu en 2007. Selon les prévisions actuelles Le Pen ne devrait cependant pas rester au second tour.

Sarkozy et Hollande cherchent à présent à voir comment essayer de récupérer au second tour les voix des partis plus petits.

Dans une interview donnée au quotidien économique Les Echos, Bayrou, candidat de droite qui critique Sarkozy pour avoir fait des appels de pied au électeurs du Front national, a dit qu'il ne donnerait de consigne de vote pour aucun des deux candidats. Il a dit qu'il espérait être « utile » si jamais « la crise s'enflamme. » Bayrou a poursuivi en disant que si Hollande remportait l'élection, il s'attendait à ce que le premier gouvernement formé par Hollande après les élections législatives de juin s'effondre et que Hollande lui demande alors d'être son premier ministre.

Le Pen aussi a dit qu'elle ne donnerait pas de consignes de vote pour l'un ou l'autre des deux candidats, disant que c'était « inutile » de voter pour Sarkozy car les sondages le donnaient « perdant au premier tour puis au second. » Elle a dit de Hollande et de Sarkozy « Ce sont des jumeaux, des siamois même », cultivant «une utopie du libre-échange destructrice. »

Mélenchon a constamment dit qu'il appellerait à voter pour celui des candidats de la « gauche » bourgeoise qui arriverait en tête, autrement dit pour Hollande. Plus de 70 pour cent de ses électeurs devraient voter pour Hollande au second tour, alors même que le PS a clairement exprimé son intention d'adopter des mesures d'austérité et de ne pas tenir compte des exigences de Mélenchon et du Front de Gauche.

Mardi, l'ancien premier ministre PS Laurent Fabius a exclu toute négociation avec Mélenchon, disant « On vote pour le programme de celui qui gagne. » Fabius a clairement laissé entendre que la campagne du PS prenait ses distances de certaines promesses et propositions de campagne que Hollande avait faites à l'intention des électeurs du Front de Gauche.

Il a cité le climat économique « dégradé », disant que le PS en « tiendrait compte » lorsqu'il se pencherait sur les dépenses que Hollande a promis d'appliquer durant les 100 premiers jours de sa présidence. Parmi ces propositions on compte un gel de trois mois des prix du gaz et l'arrêt des suppressions de postes dans le secteur public. Fabius a aussi rejeté la proposition consistant à limiter les écarts de salaire entre patrons et travailleurs à un taux de 20 pour 1, prétendant que ce n'était « pas praticable » dans le secteur privé et a exclu l'augmentation des taxes sur les produits de luxe comme étant contraire à la « réglementation européenne. »

Ce qui se prépare donc est un second tour entre deux candidats du patronat, virtuellement impossibles à distinguer. Tous deux se sont engagés à réduire à zéro les déficits budgétaires, d'ici 2016 pour Sarkozy et 2017 pour Hollande, ce qui nécessite au moins 115 milliards d'euros (152 milliards de dollars américains) de réductions des dépenses et d'augmentation des impôts. Les deux candidats ont promis de faire l'essentiel de ces économies au moyen de réductions des dépenses (pour trois quarts pour Sarkozy, et au moins 60 pour cent pour Hollande.)

Les deux candidats ont aussi promis de maintenir la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN, ce qui souligne leur soutien à la poursuite de la participation de la France aux guerres menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient et en Afrique. Point significatif, Hollande a dit hier qu'il soutiendrait la participation française à une intervention militaire internationale contre la Syrie si elle était approuvée par les Nations Unies. (Voir gParis eFriends of Syriaf meeting: Imperialist powers prepare for war against Syriah.) [en anglais]

L'aristocratie financière a beau être en train de préparer des instruments pour une attaque spéculative contre la dette publique de la France ( il y a une semaine de cela, la filiale Eurex de la bourse allemande créait un nouveau type de contrats à termes à cette fin), cela ne veut pas dire qu'elle s'oppose à une victoire de Hollande.

Hier le quotidien Libération citait le principal économiste d'une banque parisienne: « La question n'est plus de savoir si les marchés votent à droite ou à gauche. Ce qui les fait bouger, c'est l'incertitude, davantage que les programmes. » Libération a commenté dans son éditorial, « Les marchés, s'ils se montrent nerveux au lendemain du second tour, testeront non pas Hollande mais la France. »

Cela veut dire que les banques savent que Hollande est de leur côté, tout autant que Sarkozy, mais les coupes sociales qu'ils ont l'intention de faire ne recueillent aucun soutien auprès de la population française. En effet, la panique financière et les attaques spéculatives que leurs instruments financiers exotiques cherchent à créer ont précisément pour objectif de créer un climat de crise à partir duquel le nouveau président pourra exiger de telles coupes en dépit de l'opposition populaire massive.

Ceci souligne la réalité fondamentale des élections françaises: avec la « gauche » bourgeoise quasiment impossible de distinguer de la droite, la classe ouvrière n'est nullement représentée dans ce vide politique à gauche. Tandis que se préparent des attaques brutales contre les travailleurs et des batailles de classes de grande envergure, la classe ouvrière ne peut défendre ses intérêts qu'en créant un nouveau mouvement socialiste qui soit politiquement indépendant.

Bien qu'il ait exprimé des critiques à l'égard de Hollande, le Front de Gauche est, en fait, de tous les partis mineurs celui qui est le plus étroitement aligné sur l'un des principaux partis bourgeois, à savoir le PS. Son attractivité est implicitement fondée sur la prétention qu'il pourra arranger une victoire pour le PS puis faire pression sur celui-ci pour qu'il adopte une politique de gauche. Cette illusion sera brutalement mise au grande jour dans les mois à venir, au moment où le président élu, quel qu'il soit, perpètrera des attaques profondes contre la classe ouvrière.

Sans création d'un mouvement de la classe ouvrière qui soit politiquement indépendant, le principal bénéficiaire de la traitrise du Front de Gauche et du PS sera la néo-fasciste Le Pen qui se présente cyniquement comme critique et adversaire de la politique d'austérité. Dans son meeting du 7 avril à Lyon, elle avait déclaré être « le seul candidat anti-système » dénonçant le «fascisme doré » des banques.

(Article original publié le 21 avril 2012)

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