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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Non aux militaristes! Il faut défendre Günter Grass!

Par Wolfgang Weber
13 avril 2012

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Le poème politique de l'écrivain de 84 ans, Günter Grass, qui met en garde contre la politique guerrière d'Israël et qui a été publié simultanément par un nombre important de journaux européens et internationaux la semaine dernière, a déclenché une chasse aux sorcières sans précédent de la part des médias ainsi que de personnalités politiques de hauts rangs.

La campagne de diffamation contre un des écrivains les plus connus du monde, récipiendaire du prix Nobel de littérature et de plusieurs autres récompenses, montre clairement que la classe dirigeante allemande et ses homologues à Washington et Tel-Aviv ont l'intention d'intimider et de museler tous ceux qui osent critiquer les préparatifs de guerre contre l'Iran.

Josef Joffe, le co-rédacteur en chef de Die Zeit, a décrit Grass comme un antisémite qui a acquis sa haine contre les Juifs pendant son séjour parmi les SS nazis lorsqu'il avait 16 ans.

Beate Klarsfeld, récente candidate à la présidence allemande pour le parti La Gauche et partisane du président français Nicolas Sarkozy, est allée jusqu'à comparer Grass à Hitler. La différence, dit-elle, est que le premier utilise le mot « Israël » pour son agitation antisémite alors que Hitler faisait référence à la « finance juive internationale ».

Mathias Döpfner, le directeur général du groupe médiatique Axel Springer, a attaqué l'écrivain dans un article intitulé « Le coeur de l'oignon est brun », faisant allusion à l'un des derniers romans de Grass.

Le bref séjour de Grass dans le Waffen-SS alors qu'il était adolescent est une diversion qui sert  à dévier le sujet vers une accusation diffamatoire et sans fondement d'antisémitisme plutôt que vers l'opposition correcte et de principe de l'écrivain aux préparatifs de guerre d'Israël contre l'Iran. La méthode d'assassinat du personnage est cohérente avec la nature politique de l'attaque contre Grass : une défense réactionnaire de l'agression et de la provocation contre un pays du Golfe Persique riche en pétrole.

Grass fut conscrit dans l'armée lorsqu'il avait 16 ans, peu avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Durant les quelques semaines de son adhésion aux SS, il n'a été impliqué dans aucun crime et n'a pas tiré une seule fois. Après la guerre, il a dédié entièrement sa production littéraire à un but : confronter le passé, c'est-à-dire le nazisme, la guerre et l'holocauste, et lutter contre la réapparition de tels maux.

La diffamation sans pudeur et l'agressivité de la campagne par toutes les publications médiatiques majeures en Allemagne rappellent la presse pro-guerre durant la Première Guerre mondiale et les incitations à la violence par les nationalistes et les fascistes contre les cercles pacifistes et les écrivains comme Erich Maria Remarque, Kurt Tucholsky, Carl von Ossietzky et Erwin Piscator.

Pour de telles forces, il n'y a pas de mensonge trop gros et pas de calomnie trop ignoble.

Grass, dans son poème, énumère plusieurs vérités quant aux plans de guerre américains et israéliens. Il accuse le gouvernement israélien de se donner le droit de déclencher des « frappes préventives » contre un pays qui construirait prétendument une bombe nucléaire, sans que personne en ait la preuve. Il note qu'Israël a « une capacité nucléaire grandissante » qu'il garde secrète et qui est « hors de contrôle » parce qu'elle est « isolée de toute surveillance ».

Grass critique les politiques cyniques du gouvernement allemand, qui a livré « un autre U-boat à Israël » qui a la capacité de tirer « tout type d'ogive destructrice ». Le gouvernement justifie cyniquement son approvisionnement d'armes à Israël, note-t-il, en le présentant comme une réparation des crimes commis par l'Allemagne dans le passé.

Grass poursuit en déclarant franchement que « la puissance nucléaire d'Israël met en danger une paix mondiale déjà fragile ». Il parle du passé allemand, décrivant un « pays dont le passé de crimes est sans comparaison ». Sa critique est dirigée, insiste-t-il, contre le gouvernement israélien et non contre Israël même, « un pays auquel je suis et resterai attaché ».

Le gouvernement israélien du premier ministre Benjamin Netanyahou a immédiatement confirmé sa nature agressive et antidémocratique en déclarant Grass persona non grata et en lui interdisant l'entrée au pays.

Ni les mesures antidémocratiques du gouvernement d'Israël ni la chasse aux sorcières des médias et des personnalités politiques ne peuvent changer la vérité des affirmations de Grass. Israël n'a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire et maintient un arsenal illégal d'armes nucléaires depuis des décennies. Le gouvernement allemand a appuyé cette politique criminelle, plus récemment en livrant 6 U-boats capables de lancer des ogives nucléaires.

Quant à l'Iran, il a signé le Traité de non-prolifération nucléaire et a permis à l'Agence internationale de l'énergie atomique de réaliser des inspections régulières de son programme de recherche et de ses établissements nucléaires. L'Iran a fait cela malgré le fait qu'il n'y a absolument pas de preuve présentée pour montrer que l'Iran utilise ses établissements nucléaires à des fins militaires.

En plus des menaces militaires et des attaques diplomatiques et économiques, les États-Unis et Israël ont, pendant des années, effectué des opérations secrètes, dont des attaques terroristes, contre l'Iran. Cinq scientifiques nucléaires iraniens ont été assassinés, des drones-espions volent régulièrement au-dessus de l'Iran et des explosifs et des cyber-attaques  ont été employés pour saboter les établissements industriels dans le pays.

Aucun de ces faits n'est mentionné dans les journaux allemands. Plutôt, ils ne font que répéter la propagande américaine, de l'Union européenne et d'Israël selon laquelle l'Iran « aura très bientôt des armes nucléaires et les utilisera contre Israël », un choeur unanime que Grass, de manière très juste, désigne comme quelque chose à laquelle on pourrait s'attendre des médias dans une dictature.

Comme dans toute diffamation, il n'y a pas de tentative sérieuse pour appuyer les accusations d'antisémitisme contre Grass. Plutôt, la critique de la politique d'Israël est, de manière démagogique, associée à la haine des Juifs.

La campagne diffamatoire contre Grass vise à couvrir les vraies raisons des préparatifs de guerre. Elles n'ont pas plus à voir avec la prétendue tentative de l'Iran d'acquérir des armes nucléaires que la campagne de guerre contre l'Irak avait à voir avec les prétendues armes de destruction massive du pays ou ses liens avec Al-Qaïda. Une fois de plus, des mensonges sont utilisés pour camoufler une tentative de maintenir la domination militaire des États-Unis et de son principal allié du Moyen-Orient, Israël, sur une région stratégique et sur de vastes ressources énergétiques.

Le caractère brutal et coordonné de la chasse aux sorcières contre Grass indique que la classe dirigeante en Allemagne a décidé d'appuyer une guerre contre l'Iran. Il y a certainement des inquiétudes à Berlin quant à la possibilité d'une hégémonie militaire américaine dans la région, qui se sont reflétées dans les réserves initiales de l'Allemagne face à la guerre de l'OTAN contre la Lybie. Mais précisément parce que l'impérialisme allemand n'est pas prêt à céder le contrôle du Moyen-Orient aux États-Unis ou aux rivaux européens de l'Allemagne, comme la France et la Grande-Bretagne, il sent qu'il doit participer au viol de l'Iran.

L'attaque cinglante du ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, contre Grass suggère que le gouvernement allemand est déterminé à être de la partie dès le début de la prochaine guerre impérialiste - contre l'Iran. Berlin voit l'accélération d'une agression contre la Syrie comme un prélude bienvenu à une opération plus importante à venir.

Des personnalités importantes de tous les partis de l'establishment politique allemand - le syndicat des chrétiens-démocrates, les démocrates libres, le Parti social-démocrate, les Verts, le parti La Gauche - ont tous participé à la vendetta contre Grass, démontrant qu'il y de l'appui pour une nouvelle guerre impérialiste dans tout le spectre politique officiel, y compris dans la « gauche ».

C'est cette campagne qui pose une réelle menace, autant pour le peuple iranien que pour la population juive en Israël, et non Günter Grass.

Tous ceux qui s'opposent à une guerre contre le Moyen-Orient et la menace grandissante d'une nouvelle guerre mondiale doivent défendre Günter Grass et s'opposer aux militaristes à Berlin, Washington, Tel-Aviv ainsi qu'à leurs valets des médias.

(Article original paru le 11 avril 2012)

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