wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La troïka donne son feu vert aux élections grecques

Par Stefan Steinberg
16 avril 2012

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Mercredi, le Premier ministre Lucas Papademos a indiqué que les élections législatives tant attendues en Grèce se tiendraient le 6 mai. Comme ce fut déjà le cas pour la désignation de ce banquier non-élu à la tête du gouvernement, la date des élections grecques a été fixée par les représentants de la haute finance internationale.

Papademos, ex-chef de la Banque centrale grecque et ex-vice-président de la Banque centrale européenne, a été choisi par les dirigeants européens et le Fonds monétaire international en novembre dernier pour remplacer le Premier ministre en exercice George Papandréou, du PASOK socio-démocrate, qui avait demandé un référendum sur les mesures d'austérité exigées par la troïka.

Les dirigeants européens ont considéré que l'idée que la grande masse de la population grecque puisse avoir le moindre mot à dire sur le sort du pays était intolérable. Ils ont installé Papademos au poste de Premier ministre avec pour mission d'imposer rapidement des mesures d'austérité drastiques face à la montée de l'opposition populaire.

Pour cela, Papademos a formé un gouvernement réunissant le soutien de trois partis, le PASOK, le parti conservateur Nouvelle démocratie, qui était dans l'opposition, et les fascistes du parti LAOS. Le nouveau cabinet comprend quatre membres du LAOS et des membres dirigeants de Nouvelle démocratie, tout en maintenant des membres du PASOK aux postes-clef, dont le ministère de l'Intérieur.

Ayant appliqué le programme des banques, Papademos a maintenant reçu le feu vert de la troïka pour de nouvelles élections.

Cela a été mis en évidence dans un article du journal Kathimerini qui notait que Papademos a décidé de la date des élections il y a trois semaines, mais a choisi d'en différer l'annonce jusqu'à ce qu'une tranche supplémentaire de coupes dans la sécurité sociale soit votée au Parlement.

L'article révèle qu'un facteur central dans la décision finale sur la date était une série de sommets européens qui se tiendront le mois prochain des prochaines mesures d'austérité que le prochain gouvernement grec devra imposer. Kathimerini écrit : « D'après les sources, le Premier [ministre] avait également un œil sur la visite en juin des représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale et du Fonds monétaire international, appelés la troïka. La Grèce devra alors accepter plus de 11 milliards d'euros d'économies pour 2013 et 2014. Le nouveau gouvernement devra probablement adopter des mesures supplémentaires pour cette année aussi. »

À l'annonce des nouvelles élections – 18 mois avant que le mandat du Parlement actuel n'expire – Papademos a déclaré qu'il ne dissoudrait pas son gouvernement. Le cabinet grec continuerait à se réunir régulièrement jusqu'aux élections pour décider de nouvelles mesures d'austérité si et quand il le jugerait nécessaire.

Les coupes imposées jusqu'ici ont eu des conséquences dévastatrices pour de larges couches de la population. Le chômage de masse est maintenant un fait établi de la vie en Grèce. Le taux de chômage officiel est à plus de 21 pour cent et, pour la première fois dans l'après-guerre, plus de 50 pour cent des jeunes n'ont pas d'emploi. Plus de 500 000 personnes n'ont absolument aucun revenu et la situation est tellement désespérée qu'un autre demi-million, principalement des jeunes, a quitté le pays pour tenter sa chance ailleurs.

La crise sociale qui s'aggrave toujours dans le pays a été résumée très clairement par le suicide la semaine dernière de Dimitris Christoulas, 77 ans. Avant de se tuer avec un pistolet en face du Parlement grec, Christoulas a rédigé une lettre où il déclarait qu'il préférait mourir dignement plutôt que de finir par « chercher de la nourriture dans les poubelles. »

Ces quatre années de récession et d'austérité sous le contrôle du Parlement, qui s'est révélé n'être rien de plus qu'un instrument volontaire de la finance internationale, ont entraîné un effondrement du soutien accordé aux partis de gouvernement.

D'après le dernier sondage organisé par l'institut grec Public Issue, le soutien pour Nouvelle démocratie, dirigée par l'ex-ministre des affaires étrangères, Antonis Samara, a chuté à 19 pour cent. En février, le soutien pour ND était proche de 30 pour cent, et même cela est inférieur au taux d'approbation de ND lors des dernières élections, où ils avaient obtenu 33,5 pour cent en étant sévèrement battus par le PASOK.

Le parti le plus directement associé à la catastrophe sociale des quatre dernières années, le PASOK, maintenant dirigé par le ministre des finances sous Papandréou, Evangelos Venizelos, se traîne à la seconde place avec 14,5 pour cent, soit juste un tiers du score de 44 pour cent aux élections de 2009. Cela signifie qu'à seulement cinq semaines des élections, les deux partis qui ont dominé la politique grecque depuis un demi-siècle ne parviennent à recueillir que 33,5 pour cent des voix à eux deux.

Les derniers résultats combinés pour les trois partis d'opposition traditionnellement alliés à la gauche dans la politique grecque indiquent qu'ils ont maintenant plus de soutien que le ND et le PASOK additionnés. Le sondage de Public Issue montre que la coalition de la gauche radicale (SYRIZA) obtient 13 pour cent (4,6 en 2009), la Gauche démocratique (ceux qui ont récemment rompu avec SYRIZA, plus à droite), 12 pour cent, et le Parti communiste grec (KKE) 11 pour cent (7,5 en 2009).

Malgré leurs critiques occasionnelles contre le gouvernement, toutes ces organisations entretiennent des liens étroits avec des couches du PASOK et de la bureaucratie syndicale qui sont déterminés à garder leur place à la table des négociations quand il est question d'appliquer des mesures d'austérité.

SYRIZA et la Gauche démocratique sont toutes deux favorables à ce que la Grèce reste membre de l'UE. L'un des principaux points du programme de la Gauche démocratique, fondée il y a tout juste un an par Fotis Kouvelis, insiste sur l'importance de rester dans l'UE et la zone euro pour la Grèce, et, au cours d'un entretien récent avec des journalistes du WSWS, le dirigeant de SYRIZA Alex Tsipras s'est opposé avec fougue au retrait de l'UE. Ces deux partis préfèrent proposer une révision des traités fiscaux existants.

Au cours d'un entretien à la radio hier, Kouvelis a déclaré que son parti n'était pas prêt à rejoindre une coalition entre le ND et le PASOK mais a laissé la porte ouverte à une coalition entre le PASOK et d'autres partis "de gauche".

SYRIZA et la Gauche démocratique pêchent dans les eaux croupies de la sociale-démocratie grecque. Tsipras a récemment annoncé un certain nombre de nouveaux partisans pour sa proposition d'une « coalition de gouvernement avec la gauche en son centre », dont deux ex-députés du PASOK et un vétéran de ce parti, Alexis Mitropoulos.

Quant à lui, Kouvelis a été en mesure de gagner à sa cause cinq députés PASOK qui avaient été expulsés du parti pour avoir voté contre le dernier plan de renflouement.

Les archi-staliniens du KKE refusent l'adhésion de la Grèce à l'UE en s'appuyant sur un programme nationaliste et capitaliste favorable au retour à la drachme. Grâce à cela, le KKE est courtisé par un autre leurre de gauche, ANTARSYA (le Front de la gauche anticapitaliste grecque), qui a récemment lancé un appel aux staliniens pour qu'ils participent à « une action commune à gauche. » Tsipras a également lancé un appel à un front uni du KKE et de la Gauche démocratique, qui a été refusé pour l'instant par les deux organisations.

Le déclin du soutien à ND et au PASOK signifie que s'ils sont incapables de former une coalition avec un ou plusieurs partis de la pseudo-gauche, ils deviendront de plus en plus dépendants de l'extrême-droite pour former un nouveau gouvernement. Après sa courte expérience au gouvernement, le Rassemblement populaire orthodoxe (LAOS) a vu son taux d'approbation passer de 5,6 aux élections de 2009 à tout juste 3 pour cent dans les derniers sondages (3 pour cent est le pallier à franchir pour avoir des députés au Parlement grec).

Un candidat plus probable pour une coalition serait le parti d'ultra-droite nationaliste, Grecs indépendants, récemment créé par un ex-membre de ND. Le parti Grecs indépendants a pu trouver des soutiens à la fois dans le camp de ND et du LAOS et est actuellement à 11 pour cent dans les sondages. Une autre organisation néo-fasciste, l'Aube dorée, est à 5 pour cent. Ces partis fascistes ont été aidés par la campagne raciste conduite par le gouvernement de Lucas Papademos, qui a envoyé des unités de la police spéciale rafler des travailleurs immigrés et leur famille durant ces dernières semaines.

La situation politique actuelle est extrêmement dangereuse pour la classe ouvrière grecque. Le rôle le plus important est joué par les organisations grecques de la pseudo-gauche qui font tout leur possible pour lier la classe ouvrière à l'Union européenne, et aux bureaucraties syndicales et socio-démocrates bien établies.

Dans la mesure où ces organisations de pseudo-gauche peuvent paralyser la classe ouvrière et empêcher toute évocation d'une alternative socialiste authentique, ce sont ces partis qui permettent à la droite traditionnelle et à l'ultra-droite de se réorganiser et d'établir un nouveau régime disposant des pouvoirs dictatoriaux requis pour appliquer la politique d'austérité exigées par les banques internationales.

 

(Article original paru le 11 avril 2012)

 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés