wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Ne touchez pas au Parti de l’Egalité sociale en Allemagne

Par Peter Schwarz
27 avril 2012

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Les attaques perpétrées contre trois réunions publiques organisées par le Parti de l’Egalité sociale en Allemagne (Partei für Soziale Gleichheit, PSG) pour la défense de Günter Grass représentent une intensification sensible des attaques contre les droits démocratiques. Il faut s'opposer à ces attaques et les rejeter.

Le PSG a organisé des réunions publiques pour contrer les attaques sans précédent lancées contre Grass, écrivain âgé de 84 ans et prix Nobel de littérature. Depuis qu’il a désigné dans son poème « Ce qui doit être dit » le fait incontestable qu’Israël qui dispose de l’arme nucléaire est en train de faire des préparatifs de guerre contre l’Iran, Grass fait l’objet d’une campagne de dénigrement calomnieuse. Ses déclarations sont déformées et sa biographie est falsifiée. Aucune accusation n’est assez odieuse, aucune insulte assez ignoble pour ne pas être utilisée contre lui.

En étroite collaboration avec le gouvernement et les autorités universitaires, des provocateurs pro-israéliens de droite ont tenté d’empêcher que se tiennent des réunions du PSG. Leurs attaques deviennent de plus en plus virulentes.

Vendredi dernier, un groupe de provocateurs a tenté en vain de mettre fin à une réunion du PSG à Francfort. Ils ont occupé la cage d’escalier située devant la salle de réunion, ils ont harcelé et menacé ceux qui ont assisté à la réunion et déployé des drapeaux israéliens et américains.

Lundi, la direction de l’Université technique de Berlin a annulé à la dernière minute la réservation d’une salle de réunion. Selon un membre de la direction de l’université, était entrée en ligne de compte de cette décision l’existence des « relations avec les représentants de l’Etat d’Israël, » signe indubitable que l’université était soumise à des pressions politiques. Lorsque le PSG a tenté de trouver un autre lieu de réunion, la police est intervenue pour exercer des pressions sur la gérante afin qu’elle retire son autorisation d’utiliser la salle de réunion. La réunion a finalement eu lieu après un nouveau transfert dans un café voisin.

Mardi, plusieurs dizaines de provocateurs ont tenté d’envahir une réunion publique organisée par le PSG à l’université de Leipzig. Ils ont vociféré des insultes à l’adresse de Günter Grass, harcelé le personnel de sécurité du PSG et menacé un dirigeant du PSG avec un piolet (l’instrument qui servit à assassiner Léon Trotsky). Lorsqu’ils se sont vu refuser l’entrée à la réunion, ils ont bloqué l’accès à la salle de réunion et tenu leur propre réunion dans le hall, munis d’un mégaphone et de drapeaux israéliens.

Deux représentants du conseil étudiants de l’université qui sont entre-temps arrivés sur les lieux n'ont pas demandé à ceux qui étaient en train d’organiser la protestation non autorisée de quitter les lieux mais sont intervenus au contraire pour mettre fin à la réunion dûment autorisée de défense de Günter Grass. Ils ont affirmé que comme il s’agissait d’une réunion publique, même des fauteurs de troubles devaient être autorisés à entrer. Ils savaient pertinemment que quiconque organise une réunion n’est pas tenu de laisser entrer un groupe organisé qui menace de faire usage de la force physique et qui a l'intention déclarée de perturber la réunion.

La signification politique de ces attaques concertées dirigées contre trois réunions publiques, en l’espace de cinq jours, organisées par le PSG et son organisation étudiante, l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (IEES), est on ne peut plus évidente. Elles confirment le fait que les attaques perpétrées contre Grass même ont été organisées par les médias et au plus haut niveau du gouvernement dans le but d’intimider et de faire taire toute opposition à une relance agressive du militarisme.

Le gouvernement allemand tente depuis des années de trouver un moyen de surmonter la vaste opposition populaire au militarisme et à la guerre. Même pour la guerre en Libye, Berlin ne s'est pas senti en mesure d’y participer directement. A présent, ils tentent de recourir à une odieuse campagne de diffamation pour imposer un changement de cap. Ils ne veulent pas rester sur la touche lors d'une prochaine guerre au Moyen-Orient.

Le cynisme avec lequel les accusations d’antisémitisme sont jetées avec violence à l’encontre de Grass est époustouflant. Dans un article intitulé « L’antisémitisme veut sortir », l’éditeur du journal Die Zeit, Josef Joffe, a mis Grass sur un pied d’égalité avec des antisémites de la pire espèce. La même hystérie est affichée dans d’autres journaux influents, pour ne pas parler de la presse à scandale. Et pourtant, tout le monde sait, qu’après la Deuxième Guerre mondiale, la classe dirigeante allemande a protégé des centaines de milliers de nazis et en a même nommé un au poste de chancelier.

Ce n’est pas par hasard que Grass est devenu la cible d’une campagne de diffamation. Il est le plus important écrivain allemand vivant et qui a consacré sa vie littéraire à traiter de la dictature nazie. S’il est possible de le discréditer et de le faire taire, selon leurs calculs, alors personne d’autre n’osera se rebeller. Si Grass, le plus célèbre écrivain allemand, peut être traîné dans la boue, ceux qui sont moins célèbres peuvent facilement imaginer ce qui les attend.

La diffamation de Grass a été suivie par les attaques contre les réunions publiques du PSG. C’est parce que le PSG a organisé une campagne de réunions publiques pour la défense de Grass qu’il a fallu le réduire au silence.

La concordance étroite entre les attaques menées à Francfort, Berlin et Leipzig ainsi que la collaboration entre les provocateurs droitiers, la police et les autorités universitaires montre clairement que les ficelles sont tirées au plus haut niveau de l’Etat. Les attaques ont suivi un modèle bien connu : une provocation droitière est utilisée pour mettre fin à une réunion organisé par une organisation ouvrière de gauche. Avant 1933, c’était chose courante en Allemagne.

Les « anti-Allemands », des rangs desquels les provocateurs de Francfort et de Leipzig sont issus, forment une force politique réactionnaire qui est parfaitement bien liée à l’establishment israélien et allemand. Ils considèrent que la classe ouvrière allemande est réactionnaire et ils ont ouvertement défendu le bombardement incendiaire de Dresde durant la Deuxième Guerre mondiale et qui tua des dizaines de milliers de civils innocents. Ils sont experts dans la justification des pires crimes de l’impérialisme en recourant à de fausses accusations d’antisémitisme. Ils décrivent l’Islam comme étant une nouvelle forme de racisme et ont soutenu les guerres contre l’Afghanistan et l’Irak. Ils rejettent même les négociations de paix entre Israël et la Palestine au motif qu’« aucune concession ne peut être faite à un collectif nationaliste-islamiste de haïsseurs de juifs tels les soi-disant Palestiniens et qui sont actuellement en proie à une manie destructrice. »

Joffe, le rédacteur en chef du journal Die Zeit, est aussi un spécialiste de la propagande impérialiste. Il entretient des liens étroits avec les néoconservateurs américains ; en 2003 il avait fait campagne pour la guerre en Irak en propageant le mensonge sur les présumées armes de destruction massive en Irak.

La tentative de réduire au silence Günter Grass et d’empêcher les réunions du PSG rappelle le chapitre le plus sombre de l’histoire allemande. La suppression de tous ceux qui s’opposèrent à la guerre durant la République de Weimar avait contribué à ouvrir la voie à la montée au pouvoir de Hitler. Ainsi, l’éditeur pacifique de Weltbühne, Carl von Ossiezky, fut condamné en 1931 à la prison pour espionnage parce qu’il avait publiquement divulgué le réarmement illégal de la Reichswehr, nom sous lequel était alors connue l’armée allemande. Après leur prise de pouvoir, les nazis l’avaient envoyé dans un camp de concentration. Il mourut finalement des séquelles de la torture, de la famine et des travaux forcés.

Il faut rejeter les attaques contre le PSG! Elles représentent une attaque contre les droits démocratiques fondamentaux de tous. Nous continuerons à intensifier la campagne pour la défense de Günter Grass. Nous appelons tous les lecteurs du WSWS à soutenir le PSG à l'encontre des attaques contre ses droits fondamentaux.

(Article original paru le 26 avril 2012)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés