Les prétendus « Amis de la Syrie, » c'est-à-dire
les grandes puissances impérialistes, leurs alliés de l'OTAN et les
monarchies du Golfe, se sont réunis jeudi soir à Paris pour accélérer leurs
préparatifs de guerre contre la Syrie.
À ce sommet, la ministre américaine des Affaires
étrangères Hillary Clinton a déclaré : « Je pense que nous devons en faire
davantage pour mener des actions plus fortes contre le régime d'Assad. »
Elle a appelé à une « résolution sur les sanctions du chapitre 7 » de la
part du Conseil de sécurité des Nations Unies, référence à la disposition de
la Charte de l'ONU qui autorise les interventions militaires contre d'autres
pays. Elle a insisté en faveur de sanctions sur les déplacements et les
avoirs financiers, ainsi qu'en faveur d'un embargo sur les armes « Et la
pression que cela nous permettra d'exercer sur le régime pour le contraindre
à se conformer au plan en six points de Kofi Annan. »
L'invocation par Clinton du plan de paix d'Annan
était complètement cynique. Depuis le premier jour, les États-Unis se sont
servis du cessez-le-feu obtenu par Annan comme d'un piège pour le régime du
président syrien Bashar el-Assad. Tout en feignant de soutenir la « paix, »
Washington a continué à insister pour dire que l'objectif de ce processus
est le départ d'Assad et a tacitement soutenu les bombardements et autres
attaques toujours menées par l'opposition syrienne financée et armée par les
occidentaux contre les forces de sécurité du gouvernement Syrien. L'idée
était, dès le départ, de provoquer le régime pour qu'il riposte contre les
forces de l'opposition puis de se servir des violations du cessez-le-feu par
Assad comme prétexte pour une intervention militaire plus forte.
Appelant soi-disant à la « paix » dans une phrase,
Clinton aussitôt après annonçait une aide américaine accrue aux forces de
l'opposition. Elle a annoncé que les États-Unis allaient « Etendre notre
soutien à l'opposition syrienne en matière de communications, de logistique,
et autres domaines. » Elle a également dit que les États-Unis envisageaient
la possibilité de coordonner l'aide aux groupes de l'opposition en Syrie en
lien avec la Turquie.
Les reportages ont fait remarquer que Clinton
était en discussions étroites au sommet de Paris avec le Prince Saud
al-Faisal, ministre des Affaires étrangères d'Arabie saoudite. Le Qatar et
l'Arabie saoudite ont officiellement annoncé, lors du sommet des « Amis de
la Syrie » à Istanbul le 1er avril, qu'ils payaient les « rebelles ».
D'après certains reportages, il y a déjà des forces spéciales américaines,
françaises, britanniques et des Etats du Golfe opérant sur le territoire
Syrien.
Clinton a également indiqué un rôle possible pour
l'OTAN en Syrie. Elle a fait référence à un incident frontalier qui a eu
lieu le 9 avril durant lequel les forces syriennes auraient tiré par-delà la
frontière turque, blessant quatre Syriens et deux employés turcs d'un camp
de réfugiés. Le régime syrien affirme que ses troupes ont été attaquées
depuis le territoire turc avant de tirer. La région de la Turquie qui borde
la Syrie est la principale base d'opérations de l'Armée syrienne libre
d'opposition.
Le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan a
réagi à cet incident la semaine dernière en mentionnant l'article 5 du
traité de l'OTAN. Cet article dispose qu'une attaque contre un membre de
l'OTAN est une attaque contre tous les membres de l'OTAN et peut se voir
opposer une riposte d'ensemble. Invoquer l'article 5 autoriserait l'OTAN à
attaquer la Syrie sans avoir à obtenir une résolution du Conseil de sécurité
s'appuyant sur le chapitre 7 de l'ONU, laquelle est pour le moment bloquée
par la Russie et la Chine.
Une résolution du chapitre 7 autorise le Conseil
de sécurité à engager des actions militaires pour « restaurer la paix
internationale et la sécurité. » La résolution 1973 adoptée le 17 mars 2011
avait ainsi donné la couverture légale à la guerre des États-Unis et de
l'OTAN pour un changement de régime en Libye.
Le président français Nicolas Sarkozy a donné le
ton au sommet de Paris. Il a accusé Assad d'être un menteur et l'a comparé
au dirigeant Libyen Mouammar Kadhafi, tué à la fin de la guerre en Libye par
les « rebelles » soutenus par l'occident.
« Bashar el-Assad ment de façon éhontée, il veut
rayer de la carte Homs comme Kadhafi voulait rayer de la carte Benghazi. » a
déclaré Sarkozy sur la radio Europe 1. Puis il a appelé à «
L'établissement de couloirs humanitaires pour qu'une opposition puisse
exister en Syrie. »
Tout cela veut dire que les puissances
impérialistes ont décidé que le scénario libyen se répétera en Syrie. Comme
dans le cas de la Libye, les mensonges les plus cyniques sont utilisés pour
justifier un bain de sang.
En fait, Kadhafi n'a jamais tenté de « rayer de la
carte Benghazi. » L'OTAN, pour sa part, a coordonné des bombardements
massifs avec ses intermédiaires de la « rébellion » au sol – aidés par les
forces spéciales européennes et américaines – en prétendant « protéger les
civils. » Ce faisant, les Américains, les Français, les Britanniques et
leurs complices de l'OTAN ont tué des dizaines de milliers de Libyens et
ravagé des villes entières, dont Tripoli et Sirte.
Jeudi, les Nations Unies et la Syrie ont signé un
accord pour envoyer 300 inspecteurs en Syrie observer la situation. Le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a pendant ce temps-là démontré le
rôle de l'ONU comme instrument de la politique impérialiste des États-Unis
en accusant Assad d'être entièrement responsable des violations du
cessez-le-feu. Il a dénoncé le gouvernement Syrien pour ne pas avoir
appliqué entièrement « ses obligations initiales concernant les actions et
le déploiement de ses troupes, ou de le faire rentrer dans leurs casernes. »
Témoignant devant le congrès américain le même
jour, le ministre de la Défense Léon Panetta et le général Martin Dempsey,
président de la conférence des chefs d'Etat-major, a donné des signaux
clairs que les États-Unis sont prêts pour la guerre. Dempsey a déclaré que
l'armée américaine serait prête à agir si on le lui demandait.
Panetta a dit : « Je pense qu'il est clair que la
seule manière dont les États-Unis pourraient s'impliquer militairement est
s'il y a un consensus dans la communauté internationale pour tenter de faire
quelque chose de cet ordre. » Il a ajouté qu'Assad « sera retiré du pouvoir.
»
Ce pays d'importance stratégique au Moyen-Orient
est la proie de conflits armés depuis 13 mois. Peu après que des
manifestations ont éclaté contre Assad en mars 2011, les puissances
occidentales ont saisi l'occasion pour monter une intervention. Oeuvrant
avec la Turquie et les dictatures du Golfe, ils ont armé l'Armée syrienne
libre et les autres groupes rebelles sunnites sectaires, leur permettant de
mener des attentats contre des bâtiments publics et les forces de sécurité.
Les préparatifs de guerre contre la Syrie font
partie d'un plan plus large pour mettre tout le Moyen-Orient directement
sous contrôle impérialiste. Dans un entretien accordé à CNN jeudi, le
ministre de la Défense israélien Ehud Barak, qui avait rencontré Panetta à
Washington, a dit que la chute d'Assad « affaiblirait l'Iran de façon
spectaculaire. » Il a poursuivi : « C'est en quelque sorte le seul
avant-poste des Iraniens dans le monde arabe. Les Iraniens ne sont pas des
Arabes, et cela affaiblira spectaculairement à la fois le Hezbollah au Liban
et le Hamas à Gaza, et ce sera un événement très positif. »
Comme pour la Libye, la France joue un rôle
prépondérant dans l'installation d'un régime pro-occidental en Syrie, l'une
de ses anciennes colonies. Vendredi, seulement deux jours avant le premier
tour des élections présidentielles du 22 avril, François Hollande, candidat
du Parti socialiste, a rassuré les alliés de la France sur son soutien à la
guerre en Syrie. «
Si elle se fait dans le
cadre de l'ONU, nous participerons à cette intervention, » a-t-il
déclaré.