La classe ouvrière européenne et tout
particulièrement les travailleurs allemands doivent venir en aide à la
population grecque. Il ne doit pas être permis à la soi-disant « troïka »,
formée par la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI)
et la Banque centrale européenne (BCE), et à l’aristocratie financière qui
l’appuie, d’anéantir les conditions de vie et la démocratie en Grèce.
La défense des travailleurs grecs n’est pas
seulement primordiale au respect du principe de la solidarité internationale
de la classe ouvrière, elle est essentielle à la défense des intérêts
fondamentaux de tous les travailleurs en Europe et dans le monde.
Depuis le krach de Wall Street en septembre 2008,
l’aristocratie financière internationale a veillé à ce qu’un gouvernement
après l’autre transfère aux grandes banques des centaines de milliards
d’argent des contribuables. A présent, elle cherche à faire un exemple de la
Grèce en créant un précédent pour réduire les salaires et les retraites,
pour démolir l’infrastructure sociale, en mettant en place des gouvernements
et en imposant les conditions d’une exploitation sauvage à travers l’Europe
et de par le monde.
Si la classe ouvrière européenne n’arrête pas
cette contre révolution sociale, elle paiera un lourd tribut. Il est donc
important de parler franchement.
La cause de la crise ne réside pas en Grèce mais
dans les centres financiers européens et internationaux. Ceux qui sont
responsables de la misère économique ce ne sont pas les travailleurs de la
Grèce ou de n’importe quel autre pays mais les profiteurs qui se sont
enrichis par des activités spéculatives criminelles et risquées.
Ce ne sont pas des facteurs nationaux qui sont à
l’origine de la crise. Celle-ci a son origine dans les divisions de classe
dans la société à l’échelle mondiale.
La société grecque est profondément divisée.
L’élite dirigeante à Athènes et à Thessalonique fait partie de l’oligarchie
financière européenne et internationale et elle sert les intérêts de cette
oligarchie en collaboration avec les institutions de l’Union européenne à
Bruxelles. Alors que les gens ordinaires sont confrontés à une mesure
d’austérité après l’autre, les riches de la jet set vivent dans le luxe et
l’opulence après avoir, comme on l’a rapporté, mis de côté sur des comptes
bancaires étrangers 560 milliards d’euros. Cette somme représente presque le
double du montant total de la dette souveraine grecque.
Un exemple du copinage qui lie les milliardaires
grecs – selon l’expression proverbiale « les yeux du bouillon de la mer
Egée » – aux institutions de l’UE est la famille Latsis. Fondée sur les
énormes profits issus du transport maritime, elle a créé il y a vingt-cinq
ans l’Eurobank grecque. Il y a cinq ans, elle avait reçu 10,3 millions
d’euros d’aide de l’Etat, autorisée par la Commission européenne, pour
étendre ses affaires bancaires. Le président de la Commission de l’UE, José
Manuel Barroso, est un très proche ami de la famille Latsis. La fortune du
patron de l’entreprise, Spiro Latsis, est estimée à 6,7 milliards d’euros.
La lutte contre le gouvernement Merkel et
l’impérialisme allemand
La classe ouvrière allemande en particulier doit
s’opposer activement à la dévastation sociale et à la dictature en Grèce. Il
lui incombe la responsabilité primordiale de mener la lutte contre le
gouvernement d’Angela Merkel et l’impérialisme allemand.
Le plan d’austérité brutal, exigé pour la Grèce
par la chancelière et son ministre des Finances,Wolfgang Schäuble, est censé
donner le ton dans l’Union européenne. Ils réagissent à chaque nouveau plan
d’austérité adopté par le gouvernement grec en posant de nouvelles
conditions encore plus punitives pour le déblocage du prêt de 130 milliards
d’euros approuvé l’année dernière. L’arrogance insolente du gouvernement
allemand, son mépris affiché à l’égard des droits démocratiques du peuple
grec et la défense des profits des banques et des privilèges des riches est
époustouflante même au vu des critères du capitalisme contemporain.
Le week-end dernier, le parlement grec a approuvé
un nouveau train de réductions drastiques des emplois, des salaires et des
retraites, et les partis dirigeants ont exclu quarante quatre députés qui
avaient voté contre les mesures. La réaction de Schäuble fut d’exiger que
les chefs des principaux partis soumettent des déclarations écrites pour
s’engager sans équivoque à l’application des mesures d’austérité,
indépendamment du résultat des élections prévues en avril.
Le ministre grec des Finances, Evangelos
Venizelos, du parti social-démocrate PASOK, a immédiatement garantit à
l’Allemagne que cette condition serait satisfaite. Jean-Claude Juncker, le
chef de file de l’Eurogroupe, après consultation de Schäuble, a néanmoins
annulé la réunion fixée pour mercredi et lors de laquelle la décision de
débloquer le fonds de renflouement pour la Grèce aurait dû être prise.
Mercredi, Schäuble a avancé une nouvelle exigence:
soit les partis d’opposition en Grèce soumettent aussi par écrit leur
soutien des mesures d’austérité soit les prochaines élections prévues seront
reportées à l’année prochaine.
Plus tôt, la chancelière Merkel avait rejeté les
critiques du soi-disant pacte fiscal qui contraint les Etats de l’UE à
introduire un plafond à la dette conformément au modèle allemand. La
signification du plafonnement de la cette c’était, a-t-elle déclaré,
précisément que les parlements ne puissent céder à la pression de la rue.
Il ne fait pas de doute que c’est là le langage de
la dictature.
Dans le passé, Merkel avait souligné qu’elle
s’était lancée dans la politique suite au « grand mouvement démocratique de
la réunification allemande » il y a vingt ans. A présent, elle a levé le
masque en révélant que les paroles sur la liberté et la démocratie avaient
caché avant tout une chose – la défense inconditionnelle du capitalisme et
le droit d’accumuler une fortune privée aux dépens du public.
Le comportement implacable du gouvernement
allemand envers la Grèce est lié à la croissance de l’opposition sociale en
Allemagne même et à une crise politique grandissante. Les ministres
respectifs de l’Economie, des Affaires étrangères et de la Justice du
gouvernement de coalition dirigé par l’Union chrétienne-démocrate (CDU)
appartiennent tous au Parti libéral démocrate (FDP) dont le soutien
populaire a chuté à tout juste 3 pour cent selon les tout récents sondages.
Le Parti social-démocrate (SPD) soutient sans
réserve la politique de Merkel et de Schäuble à l’égard de la Grèce. La
figure de proue sociale-démocrate en Europe, le président du parlement
européen, Martin Schulz, a dit qu’il s’attendait à ce que tous les partis
grecs assurent la mise en oeuvre rapide des mesures exigées par la troïka.
Les Verts insistent pour qu’il n’y ait pas de concessions pour assouplir les
mesures.
Le parti Die Linke (La gauche) ne diffère que dans
ce qu’il joue son double-jeu bien connu. Là où le gouvernement ne requiert
pas son soutien pour s’assurer d’une majorité sûre, il vote « non » et joue
la carte de l’opposition. Dans le même temps, il soutient le SPD en
collaborant étroitement avec les syndicats qui n’ont pas organisé la moindre
action, même symbolique, contre la dévastation sociale en Grèce.
Les travailleurs allemands doivent rejeter la
campagne de propagande soutenue de diffamation de la population grecque en
cherchant à les monter contre leurs sœurs et frères grecs. Ils doivent venir
à la défense de la classe ouvrière grecque. Mais ceci signifie une
mobilisation indépendante contre le gouvernement Merkel et la classe
dirigeante allemande.
Ceci requiert que les travailleurs s’échappent de
la camisole de force du SPD et de la bureaucratie syndicale. La défense de
la classe ouvrière grecque requiert que les travailleurs repoussent
puissamment les attaques contre les salaires, les emplois et les conditions
de travail en forçant la démission du gouvernement Merkel.
Les travailleurs ont besoin d’un nouveau programme
politique visant non pas à faire des appels aux capitalistes mais à
renverser leur système. Pas le moindre problème social ne pourra être résolu
sans briser le pouvoir des banques internationales et des spéculateurs.
Ce n’est que sur la base d’un programme socialiste
international qu’il est possible de mettre fin à la dévastation en Grèce et
dans d’autres pays pour établir les conditions sous lesquelles les besoins
de la population et non les intérêts de profit des riches sont placés au
centre du développement social.
Contre l’UE: Pour les Etats socialistes unis
d’Europe
La lutte contre l’Union européenne ne doit pas
être laissée aux nationalistes de droite.
Les actions arrogantes et dictatoriales du
gouvernement de Berlin rappellent les périodes les plus sombres de
l’histoire européenne. Si le confident de Merkel et président du groupe
parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, peut se vanter de ce que l’on parle de
nouveau de l’Allemagne, il n’est pas étonnant que des sentiments
antiallemands sont en train de croître en Grèce.
Il est nécessaire de s’opposer implacablement à la
montée du nationalisme sur tous les plans mais ceci requiert une lutte
consciente pour l’unité de la classe ouvrière partout en Europe dans un
combat commun contre le capital européen et mondial.
Une solution progressiste de la crise européenne
ne peut être obtenue qu’en unissant la classe ouvrière dans une lutte
commune pour le renversement de l’UE et la mise en place de gouvernements
ouvriers.
Ceci requiert la construction de sections du
Comité International de la Quatrième Internationale et la lutte pour les
Etats socialistes unis d’Europe.