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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les travailleurs en Allemagne et en Europe doivent défendre la classe ouvrière grecque

Par Ulrich Rippert
21 février 2012

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La classe ouvrière européenne et tout particulièrement les travailleurs allemands doivent venir en aide à la population grecque. Il ne doit pas être permis à la soi-disant « troïka », formée par la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE), et à l’aristocratie financière qui l’appuie, d’anéantir les conditions de vie et la démocratie en Grèce.

La défense des travailleurs grecs n’est pas seulement primordiale au respect du principe de la solidarité internationale de la classe ouvrière, elle est essentielle à la défense des intérêts fondamentaux de tous les travailleurs en Europe et dans le monde.

Depuis le krach de Wall Street en septembre 2008, l’aristocratie financière internationale a veillé à ce qu’un gouvernement après l’autre transfère aux grandes banques des centaines de milliards d’argent des contribuables. A présent, elle cherche à faire un exemple de la Grèce en créant un précédent pour réduire les salaires et les retraites, pour démolir l’infrastructure sociale, en mettant en place des gouvernements et en imposant les conditions d’une exploitation sauvage à travers l’Europe et de par le monde.

Si la classe ouvrière européenne n’arrête pas cette contre révolution sociale, elle paiera un lourd tribut. Il est donc important de parler franchement.

La cause de la crise ne réside pas en Grèce mais dans les centres financiers européens et internationaux. Ceux qui sont responsables de la misère économique ce ne sont pas les travailleurs de la Grèce ou de n’importe quel autre pays mais les profiteurs qui se sont enrichis par des activités spéculatives criminelles et risquées.

Ce ne sont pas des facteurs nationaux qui sont à l’origine de la crise. Celle-ci a son origine dans les divisions de classe dans la société à l’échelle mondiale.

La société grecque est profondément divisée. L’élite dirigeante à Athènes et à Thessalonique fait partie de l’oligarchie financière européenne et internationale et elle sert les intérêts de cette oligarchie en collaboration avec les institutions de l’Union européenne à Bruxelles. Alors que les gens ordinaires sont confrontés à une mesure d’austérité après l’autre, les riches de la jet set vivent dans le luxe et l’opulence après avoir, comme on l’a rapporté, mis de côté sur des comptes bancaires étrangers 560 milliards d’euros. Cette somme représente presque le double du montant total de la dette souveraine grecque.

Un exemple du copinage qui lie les milliardaires grecs – selon l’expression proverbiale « les yeux du bouillon de la mer Egée » – aux institutions de l’UE est la famille Latsis. Fondée sur les énormes profits issus du transport maritime, elle a créé il y a vingt-cinq ans l’Eurobank grecque. Il y a cinq ans, elle avait reçu 10,3 millions d’euros d’aide de l’Etat, autorisée par la Commission européenne, pour étendre ses affaires bancaires. Le président de la Commission de l’UE, José Manuel Barroso, est un très proche ami de la famille Latsis. La fortune du patron de l’entreprise, Spiro Latsis, est estimée à 6,7 milliards d’euros.

La lutte contre le gouvernement Merkel et l’impérialisme allemand

La classe ouvrière allemande en particulier doit s’opposer activement à la dévastation sociale et à la dictature en Grèce. Il lui incombe la responsabilité primordiale de mener la lutte contre le gouvernement d’Angela Merkel et l’impérialisme allemand.

Le plan d’austérité brutal, exigé pour la Grèce par la chancelière et son ministre des Finances,Wolfgang Schäuble, est censé donner le ton dans l’Union européenne. Ils réagissent à chaque nouveau plan d’austérité adopté par le gouvernement grec en posant de nouvelles conditions encore plus punitives pour le déblocage du prêt de 130 milliards d’euros approuvé l’année dernière. L’arrogance insolente du gouvernement allemand, son mépris affiché à l’égard des droits démocratiques du peuple grec et la défense des profits des banques et des privilèges des riches est époustouflante même au vu des critères du capitalisme contemporain.

Le week-end dernier, le parlement grec a approuvé un nouveau train de réductions drastiques des emplois, des salaires et des retraites, et les partis dirigeants ont exclu quarante quatre députés qui avaient voté contre les mesures. La réaction de Schäuble fut d’exiger que les chefs des principaux partis soumettent des déclarations écrites pour s’engager sans équivoque à l’application des mesures d’austérité, indépendamment du résultat des élections prévues en avril.

Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, du parti social-démocrate PASOK, a immédiatement garantit à l’Allemagne que cette condition serait satisfaite. Jean-Claude Juncker, le chef de file de l’Eurogroupe, après consultation de Schäuble, a néanmoins annulé la réunion fixée pour mercredi et lors de laquelle la décision de débloquer le fonds de renflouement pour la Grèce aurait dû être prise.

Mercredi, Schäuble a avancé une nouvelle exigence: soit les partis d’opposition en Grèce soumettent aussi par écrit leur soutien des mesures d’austérité soit les prochaines élections prévues seront reportées à l’année prochaine.

Plus tôt, la chancelière Merkel avait rejeté les critiques du soi-disant pacte fiscal qui contraint les Etats de l’UE à introduire un plafond à la dette conformément au modèle allemand. La signification du plafonnement de la cette c’était, a-t-elle déclaré, précisément que les parlements ne puissent céder à la pression de la rue.

Il ne fait pas de doute que c’est là le langage de la dictature.

Dans le passé, Merkel avait souligné qu’elle s’était lancée dans la politique suite au « grand mouvement démocratique de la réunification allemande » il y a vingt ans. A présent, elle a levé le masque en révélant que les paroles sur la liberté et la démocratie avaient caché avant tout une chose – la défense inconditionnelle du capitalisme et le droit d’accumuler une fortune privée aux dépens du public.

Le comportement implacable du gouvernement allemand envers la Grèce est lié à la croissance de l’opposition sociale en Allemagne même et à une crise politique grandissante. Les ministres respectifs de l’Economie, des Affaires étrangères et de la Justice du gouvernement de coalition dirigé par l’Union chrétienne-démocrate (CDU) appartiennent tous au Parti libéral démocrate (FDP) dont le soutien populaire a chuté à tout juste 3 pour cent selon les tout récents sondages.

Le Parti social-démocrate (SPD) soutient sans réserve la politique de Merkel et de Schäuble à l’égard de la Grèce. La figure de proue sociale-démocrate en Europe, le président du parlement européen, Martin Schulz, a dit qu’il s’attendait à ce que tous les partis grecs assurent la mise en oeuvre rapide des mesures exigées par la troïka. Les Verts insistent pour qu’il n’y ait pas de concessions pour assouplir les mesures.

Le parti Die Linke (La gauche) ne diffère que dans ce qu’il joue son double-jeu bien connu. Là où le gouvernement ne requiert pas son soutien pour s’assurer d’une majorité sûre, il vote « non » et joue la carte de l’opposition. Dans le même temps, il soutient le SPD en collaborant étroitement avec les syndicats qui n’ont pas organisé la moindre action, même symbolique, contre la dévastation sociale en Grèce.

Les travailleurs allemands doivent rejeter la campagne de propagande soutenue de diffamation de la population grecque en cherchant à les monter contre leurs sœurs et frères grecs. Ils doivent venir à la défense de la classe ouvrière grecque. Mais ceci signifie une mobilisation indépendante contre le gouvernement Merkel et la classe dirigeante allemande.

Ceci requiert que les travailleurs s’échappent de la camisole de force du SPD et de la bureaucratie syndicale. La défense de la classe ouvrière grecque requiert que les travailleurs repoussent puissamment les attaques contre les salaires, les emplois et les conditions de travail en forçant la démission du gouvernement Merkel.

Les travailleurs ont besoin d’un nouveau programme politique visant non pas à faire des appels aux capitalistes mais à renverser leur système. Pas le moindre problème social ne pourra être résolu sans briser le pouvoir des banques internationales et des spéculateurs.

Ce n’est que sur la base d’un programme socialiste international qu’il est possible de mettre fin à la dévastation en Grèce et dans d’autres pays pour établir les conditions sous lesquelles les besoins de la population et non les intérêts de profit des riches sont placés au centre du développement social.

Contre l’UE: Pour les Etats socialistes unis d’Europe

La lutte contre l’Union européenne ne doit pas être laissée aux nationalistes de droite.

Les actions arrogantes et dictatoriales du gouvernement de Berlin rappellent les périodes les plus sombres de l’histoire européenne. Si le confident de Merkel et président du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, peut se vanter de ce que l’on parle de nouveau de l’Allemagne, il n’est pas étonnant que des sentiments antiallemands sont en train de croître en Grèce.

Il est nécessaire de s’opposer implacablement à la montée du nationalisme sur tous les plans mais ceci requiert une lutte consciente pour l’unité de la classe ouvrière partout en Europe dans un combat commun contre le capital européen et mondial.

Une solution progressiste de la crise européenne ne peut être obtenue qu’en unissant la classe ouvrière dans une lutte commune pour le renversement de l’UE et la mise en place de gouvernements ouvriers.

Ceci requiert la construction de sections du Comité International de la Quatrième Internationale et la lutte pour les Etats socialistes unis d’Europe.

(Article original paru le 18 février 2012)

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