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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Les protestations contre la junte égyptienne se propagent après le massacre à l'issue d'un match de football

Par Johannes Stern
9 février 2012

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Vendredi, les protestations contre la junte militaire égyptienne se sont répandues à l'ensemble du pays. Les protestations sont une réaction aux émeutes pro-régime survenues après un match de football qui ont eu lieu mercredi à Port-Saïd et lors desquelles 74 supporters du plus célèbre club de football El-Ahly ont été tués et plusieurs centaines d'autres blessés.

Dans le centre-ville du Caire, des milliers de travailleurs et de jeunes ont démoli dans la rue Mohamed Mahmoud le mur érigé par l'armée durant les derniers affrontements en novembre pour encercler le ministère de l'Intérieur. Ils ont exigé la chute du régime et l'exécution du général Mohamed Hussein Tantawi, dirigeant du Conseil suprême des Forces armées (SCAF) de la junte.

De violents affrontements entre les Forces de sécurité centrales (CSF) et les manifestants se sont poursuivis toute la nuit de jeudi à vendredi. Les CSF ont attaqué les manifestants avec du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour empêcher qu'ils n'envahissent le ministère. Un manifestant aurait été tué par une balle en caoutchouc et plus de 1.400 ont été blessés.

Dans le port de la ville de Suez, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles dans la foule de manifestants qui attaquaient le poste de police. Au moins deux personnes auraient été tuées et de nombreux autres blessés. Les manifestants ont aussi attaqué des magasins et détruit la façade de la Banque du Canal de Suez. Les forces de police ont bouclé avec des barbelés les quartiers généraux de la sécurité d'État de Suez et le ministère de la Justice.

À Alexandrie, les obsèques de Mahmoud El-Ghandour, 23 ans, fondateur du club de supporters des El-Ahly Ultras de la ville, se sont transformés en une manifestation contre la junte. Les protestataires se sont dirigés vers le commandement militaire du district Nord en scandant des slogans contre le SCAF.

À Port-Saïd, où le carnage a eu lieu, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouverneur en scandant : « Port-Saïd est innocent, c'est la vérité ». Ce slogan signifie que ce n'étaient pas les supporters ordinaires d'Al-Masry qui étaient responsables de la violence, mais des agents infiltrés travaillant pour les forces de sécurité.

Un manifestant a dit au journal Egyptian Independent : « Les supporters d'Ahly étaient en grande majorité de Port-Saïd. Mon frère était l'un d'entre eux. Port-Saïd est triste aujourd'hui, tous les habitants de la ville sont tristes et ont l'impression que leurs propres proches sont morts. »

Tout porte à croire que les émeutes mortelles étaient un acte de violence orchestré. Des témoins oculaires qui étaient sur les lieux au stade lorsque l'équipe d'El-Masry a battu El-Ahly 3-1 ont raconté qu'un policier avait dit aux « supporters » d'El-Masry - qui scandaient des slogans en faveur de Tantawi et de la junte durant le match - de venir sur le terrain à la fin du match. Certains ont signalé que la porte entre les stands et le terrain avait été laissée ouverte alors que les portes des blocs des supporters d'Ahly étaient fermées. Au moment où les fier-à-bras ont attaqué les supporters d'Ahly avec des couteaux, des bouteilles, des gourdins et des pétards, les forces de sécurité n'ont pas bougé.

Les enquêteurs qui sont arrivés sur le stade vendredi ont constaté qu'un concierge avait déjà nettoyé le sol et les murs des vestiaires de l'équipe visiteuse en élimant toute trace de sang éventuelle. Selon les joueurs d'Ahly, plusieurs supporters blessés d'Ahly sont morts dans les vestiaires des joueurs des suites de leurs blessures. Dans le stade même, une équipe médico-légale a trouvé des douilles vides sur les sièges où étaient assis les supporters d'Ahly.

Le massacre rappelle les événements qui étaient survenus il y a exactement un an lorsque des nervis engagés par le gouvernement avaient attaqué les manifestants avec des chevaux et des chameaux sur la place Tahrir pour tenter d'écraser la révolution. L'attaque tristement célèbre avait été soutenue par l'armée qui avait permis aux nervis de franchir leurs lignes pour accéder à la place. Toutefois, les travailleurs et les jeunes qui manifestaient sur la place avaient vaincu les voyous et neuf jours plus tard seulement le dictateur de longue date, Hosni Moubarak, était contraint de démissionner après une vague de grèves de masse. Les Ahly Ultras, de concert avec les Zamalek White Knights, noyau dur des supporters de l'autre grand club de football du Caire, Zamalek SC, ont joué dès le départ un rôle significatif dans la révolution. Ils ont participé aux combats de rue contre le régime Moubarak et ses successeurs au SCAF.

De nombreux observateurs croient que la junte a délibérément organisé le massacre après le match de football mercredi pour se venger et déchaîner une contre-révolution. Saad Hagras, un journaliste d'Al Masry Al Youm, a accusé le SCAF et les vestiges de l'ancien régime, en disant que l'incident « était le fruit d'une machination préparée d'avance. »

Le directeur du réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme, Gamal Eid, a dit à Al Masry Al Youm que le SCAF visait à semer des dissensions en Égypte et que la junte serait le principal bénéficiaire des événements.

Le 25 janvier, jour de l'anniversaire de la révolution égyptienne, des millions de personnes ont défilé partout en Égypte en exigeant la chute de la junte militaire et de l'ensemble du régime. Les masses ont clairement fait savoir qu'elles s'opposaient à la « transition démocratique » parrainée par les États-Unis, et qui est soutenue par l'ensemble de l'establishment politique égyptien. Effrayée par une nouvelle explosion des masses, la junte vise de toute évidence à inciter à la violence aveugle comme prétexte pour justifier davantage de mesures de répression.

Ce plan est soutenu par l'ensemble de l'élite dirigeante égyptienne. Les Frères musulmans de droite ont publié une déclaration appelant « à la fermeté dans l'application de la loi à tout un chacun » afin de mettre fin au « règne de l'insécurité et du chaos partout dans le pays. »

Une coalition de groupes de jeunes, de partis libéraux et petits bourgeois de « gauche » - dont le Mouvement du 6 avril, la Coalition de la Jeunesse révolutionnaire, le Parti de l'Alliance socialiste et les Socialistes révolutionnaires - ont participé aux protestations de vendredi. Leur but était de contrôler les protestations face à la junte afin d'empêcher une nouvelle escalade.

Lorsque des manifestants en colère ont escaladé le mur de la perception pour s'en prendre aux forces de sécurité à l'aide de pierres et de cocktails Molotov, les forces petites bourgeoises de gauche sont intervenues pour les en empêcher. Amr Hamed, porte-parole de la Coalition de la Jeunesse révolutionnaire, a dit que son groupe avait réussi à convaincre les manifestants de ne pas occuper le bâtiment. « Le bâtiment n'a pas été pris d'assaut. Aucun dégât n'a été fait à l'intérieur du bâtiment. Nous avons persuadé les manifestants de redescendre pour ne pas ternir leur image. Nous ne voulons pas que quelqu'un accuse nos protestations pacifiques d'avoir endommagé la propriété publique. »

La position d'Ahmad et de ses alliés libéraux et pseudo-gauches ne pourrait montrer plus clairement le gouffre de classe qui sépare les travailleurs et les jeunes révolutionnaires des défenseurs petits bourgeois de l'ordre. Tandis que les premiers comprennent que la junte et le système qu'elle défend doivent être renversés par la poursuite de la lutte révolutionnaire, les seconds cherchent désespérément à promouvoir les illusions dans une « transition démocratique pacifique. »

Dans un communiqué publié jeudi, l'alliance petite bourgeoise a appelé le nouveau parlement - qui est dominé par les Islamistes de droite et qui a été élu avec un faible taux de participation sous le régime militaire - à assumer une responsabilité politique en prenant des mesures contre « les récents actes délibérés et systématiques de meurtre et d'incitation au chaos dans le but de saborder et de stopper la révolution, » en exigeant que le conseil militaire remette immédiatement le pouvoir à une autorité civile.

Ceci ne correspond à rien d'autre qu'au changement de la façade parlementaire derrière laquelle la junte règne, même si les masses elles-mêmes ont clairement formulé leur revendication pour le renversement même de la junte qui est soutenue par les États-Unis.

(Article original paru le 4 février 2012)

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