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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

L'Europe placée sous la dictature des banques

Par Chris Marsden
6 février 2012

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L'événement le plus marquant du sommet européen de cette semaine n'est pas ce qui a finalement été discuté, mais plutôt la proposition qui a été écartée.

Avant le sommet, l'Allemagne a divulgué l'information selon laquelle elle exigeait, comme condition préalable à tout prêt additionnel à la Grèce, que l'UE nomme un « commissaire au budget » pour la Grèce, ayant le pouvoir de passer outre la politique budgétaire grecque. Comme priorité première et essentielle, il faudrait que la Grèce effectue des paiements aux banques pour rembourser sa dette, qui s'élève déjà à 350 milliards d'euros sans tenir compte des 145 milliards d'euros de nouveaux prêts qu'elle va certainement chercher à obtenir. Elle ne devrait pas menacer ses créanciers d'un défaut de paiement et devrait accepter toutes les coupes exigées par les autorités financières, même si les banques suspendaient les paiements  du renflouement convenu.

Une source du gouvernement allemand a dit que cette proposition valait aussi pour d'autres membres de la zone euro en difficulté et qui reçoivent une aide, dont l'Espagne, le Portugal, l'Italie et l'Irlande.

Cette proposition a indigné la Grèce. Elle s'accompagnait de propositions émanant de l'UE et du FMI exigeant la suppression de 150 000 emplois publics de plus, des coupes sociales et des fermetures dans tout le secteur public et une réduction du salaire minimum mensuel qui n'est déjà que de 750 euros.

Cette proposition a été remisée au placard à la dernière minute car politiquement trop  révélatrice. Elle aurait ouvertement confirmé que les gouvernements européens agissent à présent directement au nom de l'élite financière et que la démocratie ne fonctionne plus vraiment.

Les partenaires européens de l'Allemagne ont pressé Berlin de reconsidérer les choses. Le premier ministre italien Mario Monti a qualifié la proposition allemande de « tirée par les cheveux et de désagréable. » Le président français Nicolas Sarkozy a dit qu'un contrôle direct de l'UE « ne serait pas raisonnable, ni démocratique, ni efficace. »

Malgré cela, ce n'est qu'à contre-coeur que l'Allemagne a abandonné sa demande, la chancelière Angela Merkel disant: « La Grèce est un cas particulier... Il faut qu'ils appliquent le programme dans sa totalité. »

Il n'en reste pas moins que la dictature sans entraves des banques et des entreprises existe déjà, que soit acceptée ou non la mesure de Berlin qui le montre avec clarté.

L'UE a déjà réussi à imposer deux gouvernements non élus, en Grèce et en Italie, dont le seul objectif est d'appliquer les exigences de l'oligarchie financière contre les souhaits spécifiques de l'électorat. La chute du précédent gouvernement portugais avait aussi été élaborée directement sur ordre des spéculateurs mondiaux.

Le sommet a maintenant convenu d'un contrat fiscal qui réduise encore davantage la capacité des gouvernements nationaux à formuler une politique économique. Le pacte oblige les 25 Etats signataires à promulguer une « règle d'or » qui requiert juridiquement l'équilibre budgétaire. La classe dirigeante exploitera alors ces règles pour exiger des coupes draconiennes dans les dépenses sociales, d'éducation, de logement, d'infrastructure, d'emplois publics, de retraite, de santé, afin de libérer de larges sommes d'argent à payer aux banques.

Les pays incapables de payer leurs dettes à temps seront soumis à des sanctions punitives imposées par la Cour de justice européenne.

L'Allemagne, l'Autriche; l'Italie, l'Espagne, la Pologne et l'Estonie ont déjà appliqué de telles exigences de budget équilibré. Les deux gouvernements qui n'ont pas signé, la Grande-Bretagne et la République tchèque, se sont abstenus de le faire pour des considérations politiques tactiques, alors qu'ils sont tout à fait d'accord pour imposer l'austérité.

Il n'y a aucune intention de soumettre au vote de la population de telles mesures qui auront un impact massif sur la vie de millions de personnes. En effet ces mesures ont précisément pour but de retirer à la population tout droit de regard sur les décisions financières cruciales. Merkel a déclaré, « Les freins à la dette seront contraignants et valables pour toujours . Il ne sera plus  jamais possible de les changer par un un vote majoritaire au parlement. »

La critique des mesures de l'UE a été dominée par des commentateurs de droite regrettant la perte de la souveraineté nationale. Mais en vérité, l'UE tout comme les gouvernements qui la constituent sont réellement les serviteurs fidèles de l'oligarchie financière.

La question clé ici est le manque absolu de représentation de la classe ouvrière dans ce système et la nécessité de construire un nouveau mouvement politique.

Il n'existe plus aucun grand parti politique, qu'il soit nominalement de gauche ou de droite, qui prétende seulement parler au nom des travailleurs. Il n'en est pas un qui ne professe un soutien infaillible aux mesures brutales d'austérité qui sont imposées dans toute l'Europe. Ces dernières années, tout a été entrepris pour faire en sorte que l'élite dirigeante n'aie aucun compte à rendre à la population et pour étouffer toutes les expressions authentiques d'opposition sociale.

Ceux qui en portent principalement la responsabilité sont les syndicats et leurs apologistes de la pseudo-gauche qui ont soit étouffé les grèves soit les ont confinées à des protestations futiles d'une journée, refusant toute lutte politique pour renverser les gouvernements détestés de l'Europe.

Il y a néanmoins des limites quant à savoir jusqu'où ceci peut continuer. Officiellement, plus de 23 millions de personnes sont au chômage en Europe et le chiffre réel est bien plus élevé. Les salaires sont réduits de façon draconienne, les retraites éliminées et les services sociaux vitaux vidés de leur substance, et ce n'est encore que le début.

Les banques européennes ont des dettes qui représentent 30 fois leur capital réel, soit un total de plus de cinq mille milliards d'euros. Les coupes sociales nécessaires pour recouvrer ces dettes dues à la spéculation ruineraient les travailleurs d'Europe, les laissant dans une situation de misère abjecte.

La classe dirigeante sait qu'il est impossible de le faire par des moyens démocratiques mais que cela nécessite que l'on impose une dictature. Telle est la signification des changements politiques qui se produisent actuellement.

La classe ouvrière doit élaborer sa propre riposte à cette menace. Un nouveau mouvement socialiste de masse doit naître, dont la tâche sera de renverser l'UE et tous les gouvernements de l'élite patronale et de les remplacer par des gouvernements ouvriers organisés au sein des Etats socialistes unis d'Europe.

 

(Article original publié le 3 février 2012)

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