wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les partis grecs en pourparlers alors que les banques exigent de fortes réductions de salaire et des coupes sociales

Par Alex Lantier
13 février 2012

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Les pourparlers entre les dirigeants des trois partis politiques de la coalition gouvernementale grecque se sont interrompus hier sans accord alors que le premier ministre Lucas Papademos tentait de faire passer un plan de coupes sociales draconiennes exigées par les autorités financières européennes.

La réunion s'est tenue dans le contexte d'une forte pression exercée par la « troïka » - le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne - pour que la Grèce prépare de nouvelles attaques contre la classe ouvrière. Les responsables européens ont renié les promesses de verser une tranche de 89 milliards d'euros faisant partie d'un accord de renflouement de 130 milliards d'euros. La Grèce a besoin du paiement initial - qui doit se limiter à 30 milliards d'euros seulement - pour éviter un défaut de paiement sur le remboursement d'une créance de 14 milliards d'euros arrivant à échéance le 20 mars prochain.

Antonis Samaras du parti droitier Nouvelle Démocratie (ND), Georges Karatzaferis du parti fasciste LAOS et l'ancien premier ministre Georges Papandreou du parti social-démocrate PASOK sont arrivés à 17 heures à la villa Maximos, résidence officielle du premier ministre grec. Les pourparlers se sont prolongés jusque dans la soirée. Papademos a brièvement interrompu la réunion pour téléphoner au premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, afin d'organiser aujourd'hui à Bruxelles une réunion des ministres des Finances de l'Union européenne.

La presse économique avait initialement rapporté que le coup de fil indiquait un possible accord. Toutefois, il est rapidement devenu évident qu'aucun accord n'avait été conclu en raison de l'opposition du ND et du LAOS.

En plus de la réduction de 3,2 milliards d'euros des dépenses gouvernementales pour 2012, les exigences comprennent : une réduction de 20 pour cent du salaire minimum de 750 euros par mois ; une réduction de 35 pour cent des retraites « complémentaires » que les Grecs peuvent acquérir pour augmenter le revenu de la retraite d'État grecque qu'ils obtiennent et qui sera affectée par une baisse des recettes fiscales ; ainsi qu'une suppression de 15.000 emplois dans le secteur public.

L'accord inclurait aussi une promesse du gouvernement grec de ne pas faire défaut sur ses dettes bancaires même si les autorités financières internationales sont en train de rejeter les accords conclus avec Athènes. De telles propositions impliquent de priver la Grèce de sa souveraineté en la réduisant au statut de dépendance coloniale de l'Union européenne.

Karatzaferis a accordé une interview alors qu'il quittait la réunion, affirmant que la majeure partie de la discussion avait porté sur la question des retraites complémentaires qui, a-t-il dit, a été conforme à une réduction de 15 pour cent. Il a dit : « J'avais fait connaître très clairement ma position dès le départ. Je voulais soutenir M. Samaras sur cette question [des retraites]. »

L'échec du premier jour des discussions entraînera davantage d'exigences de coupes de la part des marchés financiers et des autorités européennes au milieu d'une aggravation des divisions au sein de la bourgeoisie grecque quant au meilleur moyen d'imposer le fardeau de la crise économique sur la population grecque. L'échec des négociations qui ont duré trois jours est survenu au milieu de signes croissants d'une opposition populaire, dont la grève nationale de 24 heures de mardi et l'effondrement du soutien pour les partis gouvernementaux traditionnels de la Grèce.

Un sondage réalisé pour Kathemerini-Skai TV et publié hier a montré que le soutien du PASOK, parti dirigeant de l'actuelle coalition gouvernementale, est tombé à seulement 8 pour cent. Le ND n'a obtenu que 31 pour cent, toutefois, étant donné l'effondrement du soutien de PASOK a en grande partie profité aux partis petits bourgeois de « gauche ».

Le Parti communiste grec (KKE) stalinien a recueilli 12,5 pour cent et SYRIZA 12 pour cent. Le parti nouvellement formé, la Gauche démocratique, qui est issu de l'Aile novatrice qui avait fait scission d'avec SYRIZA en 2010, a obtenu 18 pour cent. (Voir : « Grèce : Que se cache-t-il derrière la scission de l'aile droite de SYRIZA ? » http://www.wsws.org/francais/News/2010/jul2010/syri-j30.shtml). Ceci signifie que la totalité du soutien électoral pour ces partis se situe à environ 43 pour cent.

Ces organisations sont manifestement les bénéficiaires sans mérite de la grande colère de la population grecque qui est en quête d'une alternative sur la gauche du PASOK et de ses coupes sociales. La classe ouvrière ne trouvera pas d'alternative dans la Gauche démocratique, KKE ou SYRIZA. Pendant des années, ils ont soutenu Papandreou et ses négociations avec la bureaucratie syndicale grecque qui visait à étouffer l'opposition de la classe ouvrière aux coupes sociales.

En même temps que l'ensemble de l'élite dirigeante grecque, ils seront terrifiés à l'idée que des changements de l'opinion publique puissent pousser la classe ouvrière dans une lutte politique contre le gouvernement en dehors du contrôle de la bureaucratie syndicale.

Les conditions objectives d'une telle révolte ont été préparées toutefois au cours des trois années durant lesquelles PASOK, en collaboration avec les syndicats, a joué un rôle de premier plan dans l'imposition des coupes sociales exigées par les banques et qui ont saigné à blanc la classe ouvrière grecque.

Le chômage est passé de 6,6 pour cent en mai 2008 à 18,8 pour cent le mois dernier. Le chômage des jeunes se situe à présent à plus de 40 pour cent. Les travailleurs du secteur public ont enduré des baisses de salaire de 40 pour cent tandis que le taux de la TVA est passé à 23 pour cent.

Les conditions sociales en Grèce connaissent une terrible dégradation. Le nombre des sans-abri qui se concentrent dans les deux plus grandes villes, Athènes et Thessalonique, a augmenté d'au moins 25 pour cent depuis le début de la crise. L'on estime que pratiquement la moitié des personnes qui sont propriétaires de leur maison ne seront pas en mesure de payer les nouvelles taxes foncières augmentées sur leur domicile et les gens ont de moins en moins les moyens de se payer l'électricité et d'autres services de base.

L'impact sur les soins de santé est tout particulièrement désastreux. Les admissions à l'hôpital ont augmenté de 25 pour cent bien que les budgets hospitaliers aient été réduits de 40 pour cent du fait de la pénurie de fournitures essentielles, dont des compresses et des seringues. Le pourcentage de Grecs qui recourent aux cliniques de rue, qui ne traitaient auparavant que des travailleurs immigrés, est passé de 3 à 30 pour cent depuis le début de la crise étant donné que les gens n'ont plus les moyens de se faire soigner dans les cliniques privées.

Le taux d'infection par le sida s'est accru de 50 pour cent du fait de l'augmentation de la consommation de drogue et de la prostitution.

Nikitas Kanekis, de l'association caritative Médecins du monde, a dit à la chaîne d'information MSNBC qu'il redoutait « une catastrophe humanitaire » à Athènes en ajoutant : « Nous présentons toutes les caractéristiques que nous voyons dans les villes du Tiers monde : des gens sans abri, des gens qui souffrent de la faim, et des gens à la recherche de médecins et de médicaments. »

Et pourtant, l'Union européenne et les banques exigent de nouvelles attaques contre la classe ouvrière. Les mesures actuelles accéléreront l'effondrement de l'économie grecque sans pour autant éliminer davantage le fardeau de la dette grecque que ne l'avaient fait les précédentes séries de mesures d'austérité.

La troïka s'attend à ce que l'économie grecque, après une contraction de plus de 5 pour cent l'année dernière, se contracte de nouveau cette année de 4 à 5 pour cent. Les efforts entrepris pour réunir des fonds en liquidant les biens publics - dont des entreprises de services publics, des ports et des concessions d'aéroports - n'ont rapporté jusque-là que 1,8 milliard d'euros contre 50 milliards d'euros escomptés.

Des négociations finales doivent débuter aujourd'hui à Paris entre Athènes et ses créanciers privés qui sont en train de négocier avec Athènes le montant de la perte qu'ils sont prêts à accepter sur la dette grecque. Des rapports indiquent qu'ils pourraient accepter un taux d'intérêt moyen de 3,6 pour cent sur les nouvelles obligations grecques à 30 ans. Toutefois, l'agence de notation financière Standard and Poor's a mis en garde hier que même avec une réduction de 70 pour cent de la dette grecque, le pays ne serait toujours pas en mesure d'honorer ses obligations.

Il existe encore une opposition, notamment de l'Allemagne, à l'implication de la Banque centrale européenne (BCE) dans la décote des obligations d'État de la Grèce. Les experts financiers affirment qu'un accord ne sera pas viable sans que la BCE n'accepte une décote de la valeur de ses titres souverains grecs.

Reuters cite l'analyste de S&P, Frank Gill : « Sachant que seule une petite composante des investisseurs de la dette va, en fait, subir la décote et non pas le secteur officiel, ou uniquement en partie, la réduction. est probablement insuffisante. »

(Article original paru le 9 février 2012)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés