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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le pillage de la classe ouvrière grecque

Par Peter Schwarz
14 février 2012

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Les attaques contre la population grecque ont pris des proportions monstrueuses. La « troïka », composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centre européenne, n'exige pas moins que la ruine totale de la classe ouvrière grecque.

Les mesures d'austérité déjà introduites ont entraîné un déclin social incomparable. Un adulte sur cinq et un jeune sur deux sont sans emploi en Grèce. Le nombre des sans-abri, qui était pratiquement inconnu à Athènes avant la crise, s'est généralisé. Des dizaines de milliers de petits commerces ont fait faillite en raison de l'augmentation drastique des impôts.

L'élite aisée n'est toutefois guère touchée par les mesures d'austérité. Selon le journal économique allemand Handelsblatt, elle a placé 560 milliards d'euros sur des comptes bancaires étrangers en Suisse, soit une somme représentant près du double de la totalité de la dette nationale de la Grèce.

Pour la troïka et les banques, qui se cachent derrière elle, toute cette rigueur n'est pas suffisante. Comme condition préalable au versement de la deuxième tranche du plan de sauvetage convenu l'été dernier, ils exigent une réduction budgétaire de 3,3 milliards d'euros rien que pour cette année - et le tout aux dépens de la classe ouvrière.

Les dépenses de santé doivent être réduites de 1,1 milliard d'euros, 15.000 employés du secteur public doivent être licenciés au cours des quatre prochaines années. Le salaire fédéral minimum dont dépendent 300.000 personnes doit passer de 750 à 600 euros et les allocations chômage réduites de 460 à 360 euros par mois. Les retraites complémentaires dont de nombreux Grecs dépendent pour survivre doivent baisser de 15 pour cent.

Les salaires du secteur privé doivent être réduits de 20 pour cent du fait du non-renouvellement des contrats à long terme et de la négociation de nouveaux contrats dans chaque entreprise. « Parce que la baisse du salaire minimum présentera une ligne de base pour les futures négociations salariales, les réductions de salaire devraient être substantielles, » a dit James Nixon, économiste à la banque Société Générale.

Entre-temps, les trois partis soutenant le gouvernement de Lucas Papademos au parlement - le parti social-démocrate PASOK, le parti conservateur Nouvelle Démocratie et le parti d'extrême droite LAOS - ont accepté la plupart des exigences de la troïka. Des divergences subsistent quant aux coupes prévues dans les retraites complémentaires qui comptent pour environ un dixième de l'ensemble des mesures de réduction des coûts. Ils sont d'accord avec ces mesures d'austérité alors même qu'il est évident qu'elles entraîneront la Grèce dans une récession plus profonde encore.

Les coupes ont exclusivement pour but de satisfaire les banques. Celles-ci seront indemnisées pour la décote de 50 pour cent de la valeur nominale de leurs prêts à la Grèce, sur lesquels elles ont depuis longtemps mis une croix, au moyen du remboursement des 50 pour cent restant à un taux d'intérêt élevé, garanti par l'UE. Lors de leur dernière réunion à Paris, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président Nicolas Sarkozy ont même suggéré que certaines recettes du gouvernement grec soient directement déposées sur un compte spécial qui serait inaccessible à Athènes tant que les banques n'auront pas retiré leur part.

Entre-temps, un nombre croissant de voix s'élèvent pour préconiser une faillite d'État de la Grèce et son exclusion de la zone euro. La vice-présidente de la Commission européenne, Neeli Kroes, a affirmé que si la Grèce devait quitter l'union monétaire, le résultat serait « gérable. » Et la commissaire grecque de l'UE, Maria Damanaki, a confirmé qu'une sortie de la zone euro était devenue une « réelle alternative » qui était « ouvertement examinée. »

L'objectif d'une telle décision serait d'anéantir, au moyen de la faillite d'État et d'une inflation galopante, tout ce qui reste des revenus, des économies et de l'infrastructure sociale.

Ce que l'aristocratie financière est en train de faire en Grèce est précisément ce qu'elle est déterminée à faire partout en Europe. Une contre-révolution sociale est en train de se produire et qui était à peine concevable il a quelques années. De vastes couches de la population sont condamnées à la pauvreté, au chômage, à la maladie et même à la mort dans le seul but de garantir les exigences de profit de l'aristocratie financière internationale.

D'autres pays pris dans le tourbillon de la crise de l'euro (le Portugal, l'Espagne, l'Irlande) ou qui sont tributaires du Fonds monétaire international (la Hongrie, la Roumanie) sont en train de perpétrer des attaques draconiennes identiques contre la classe ouvrière. Les centaines de personnes qui sont mortes suite à la vague de froid survenue en Europe de l'Est ne sont pas victimes des intempéries, mais plutôt des mesures d'austérité qui, pour de nombreuses personnes, ont rendu inabordables l'électricité, le chauffage et un toit. Même dans les pays « riches » comme l'Allemagne, le nombre des « travailleurs pauvres » et des travailleurs à bas salaire augmente de façon spectaculaire.

Ceci rend encore plus significatif le fait que pas le moindre geste de solidarité n'ait été manifesté par les partis sociaux-démocrates et les syndicats en Europe en faveur des travailleurs grecs. Ils soutiennent tous les dictats de la troïka et contribuent à leur application.

Martin Schulz, président du parlement européen et figure influente de la social-démocratie européenne, a expressément demandé aux partis politiques grecs de satisfaire les objectifs de coupes sociales fixés par la troïka.

La Confédération européenne des syndicats (CES) a publié quelques paroles évasives de solidarité avec les syndicats grecs pour chercher à faire disparaître la colère des travailleurs grecs dans des grèves de protestation inefficaces et limitées. La CES n'a toutefois pas levé le petit doigt pour mobiliser les travailleurs des autres pays en vue de défendre leurs collègues grecs. Au lieu de cela, elle appuie pleinement la troïka en collaborant étroitement avec ses institutions.

On ne pourrait avoir de preuve plus évidente que les sociaux-démocrates et les syndicats se placent fermement dans le camp de l'oligarchie financière dirigeante. En soutenant les attaques à l'encontre de la classe ouvrière en Grèce, ils sont en train de planifier des attaques identiques contre la classe ouvrière dans tous les pays d'Europe.

Ils sont appuyés et défendus par une multitude d'organisations pseudo-gauches qui sont déterminées à lier les travailleurs à la bureaucratie syndicale en faillite. Pour ce faire, ces organisations entretiennent l'illusion qu'il est possible de réformer la social-démocratie et l'Union européenne, ou alors elles cherchent à canaliser l'indignation provoquée par les dictats de la troïka vers l'impasse du nationalisme grec.

Les événements en Grèce montrent que la classe ouvrière a besoin de nouvelles organisations et d'une nouvelle perspective politique. Les attaques incessantes contre leurs droits sociaux et démocratiques génèrent inévitablement une puissante opposition. Ceci apparaît dans les protestations de masse en Grèce, en Espagne, en Roumanie et dans d'autres pays. Mais, cette opposition exige une orientation politique.

Elle doit se développer en un mouvement de masse socialiste et international visant à renverser l'UE et tous les gouvernements capitalistes européens pour les remplacer par des gouvernements ouvriers qui s'uniront pour constituer les États socialistes unis d'Europe. Ceci requiert la construction de sections du Comité international de la Quatrième Internationale partout en Europe.

(Article original paru le 10 février 2012)

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