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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La CGT épaule la « gauche » bourgeoise dans les élections présidentielles françaises

Par Francis Dubois
20 février 2012

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Le meeting national tenu par la CGT le 31 janvier à Paris sur le thème des retraites avait tous les signes d’un meeting électoral. Ce syndicat l’avait préparé des semaines durant, y avait investi beaucoup de ressources ; pas moins de cinq candidats de partis de la « gauche » bourgeoise et petite bourgeoise y ont pris part.

C’était une intervention inhabituelle de la CGT dans l’élection présidentielle française de 2012, étant donné que le syndicat a entretenu les relations les plus étroites avec le président sortant, Nicolas Sarkozy.

La CGT avait officiellement invité le Parti socialiste et Jean-Luc Mélenchon, dirigeant du Parti de gauche (une scission d’avec le PS) et candidat commun du Front de gauche—une alliance électorale du Parti de gauche, du PCF stalinien et d’un groupe issu du NPA. Etaient également invités Philippe Poutou du NPA, Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, et Eva Joly, la candidate d’EELV (Europe Ecologie Les Verts). François Hollande, candidat du Parti socialiste, était représenté par le chef de file du groupe PS au parlement, Jean-Marc Ayrault et le Parti socialiste par Harlem Désir, secrétaire national à la Coordination au PS.

C’est la première fois que ce syndicat organisait une opération aussi politiquement en vue. Il y a montré qu’il a rejoint sans ambiguïté le camp de ceux qui, au sein de la bourgeoisie française, préfèrent le modèle avéré d’un gouvernement « de gauche » pour imposer les attaques tous azimuts à l’ordre du jour contre la classe ouvrière.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a officialisé le fait que la CGT changeait son fusil d’épaule, passant de Sarkozy à Hollande, dans un discours démagogique, prononcé sur un ton « contestataire » devant plusieurs milliers de participants.

Thibault a tonitrué contre la politique du gouvernement Sarkozy, qu’il a soutenu tant qu’il a pu durant toute la dernière législature, négociant avec lui attaque sur attaque contre les acquis sociaux. Thibault s’en est surtout pris dans son discours à la TVA sociale et aux « accords de compétitivité ». Il a dénoncé la TVA sociale comme étant une « arnaque » et les accords d’entreprises, dit accords compétitivité-emploi comme « un sabotage du droit du travail ». Il a parlé de « bilan peu glorieux » et « anti-social » du gouvernement.

La TVA sociale faisait pourtant partie des thèmes discutés par la CGT au sommet social du 18 janvier et la CGT est prévue comme partenaire dans la gestion d’une « banque industrielle » proposée par Sarkozy.

Cette banque jouera, dans l’augmentation de la productivité et de la compétitivité des entreprises, et dans la destruction des emplois et la baisse des salaires, un rôle similaire à celui joué par la FMEA (Fonds de modernisation des équipementiers automobiles) et le FSI (Fonds stratégique d’investissement), grâce auxquels le patronat a financé ses délocalisations et ses licenciements dans l’automobile en 2009. La CGT a soutenu l’établissement de ces fonds.

La CGT a annoncé qu’elle allait « tracter » dans toutes les usines où elle a une présence pour fustiger la politique du gouvernement Sarkozy.

Avec ce meeting, la CGT a officiellement endossé la candidature du Parti socialiste, mais aussi celle du Front de Gauche dans la perspective des élections législatives qui suivront immédiatement l’élection présidentielle et de la constitution d’un nouveau gouvernement.

Cette plate-forme politique « anti-Sarkozy » ressemblait fortement à l’annonce d’une future coalition gouvernementale bourgeoise « de gauche », sous la direction du PS. Tous les partis présents sont étroitement liés à la bureaucratie syndicale et, dans le cas du PCF et des pablistes tels le NPA et LO, ont même constitué son personnel.

Tous les candidats des partis présents ont souligné l’importance jouée par les syndicats (qu’ils appellent le « mouvement social »). Tous comprenaient que le rôle des syndicats serait d’aider Hollande, s’il est élu, à continuer des réformes anti-ouvrières comme les syndicats l’ont fait avec Sarkozy.

Ayrault a dit dans un message du candidat du PS que « rien ne peut se faire pour réformer le pays sans mettre en mouvement la démocratie sociale, pas de façon formelle à la fin d’un quinquennat, mais au cœur de sa méthode ».

Eva Joly a affirmé que « le dialogue social dans notre pays doit tenir une place bien plus grande » car « il n’y a pas assez de concertation … Pour cela la CGT joue un rôle très important ».

Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Le front de gauche va se mobiliser…en appelant ses membres à suivre ces syndicats ». Il a affirmé que le discours de Bernard Thibault était « un événement social et du coup cela [devenait] un événement politique. ».

Ces partis voient les syndicats comme un facteur de contrôle de la classe ouvrière dans la période menant à l’élection présidentielle et jusqu’à la constitution définitive d’un nouveau gouvernement, après l’élection législative.

Il s’agit, pour la « gauche » bourgeoise comme pour les syndicats, d’empêcher que la classe ouvrière ne vienne, par une mobilisation incontrôlée contre le gouvernement Sarkozy, troubler une passation de pouvoirs vers un gouvernement pro-austérité dirigé par Hollande. Ce qui est en jeu, c’est la capacité du PS de pouvoir « réformer le pays »—c'est-à-dire d’imposer son programme d’austérité après l’élection.

Dans le même souci, Thibault a annoncé la tenue d’une « journée de mobilisation européenne », à l'appel des syndicats le 29 février et pour laquelle la CGT s’est, selon lui, particulièrement engagée. Les syndicats présentent cette « journée d’action » comme un acte de résistance « contre l’austérité généralisée », dont Thibault a dit qu’elle était imposée « sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel ».

Pour cette journée d’action, le candidat du NPA, Philippe Poutou, a appelé les « syndicats, partis politiques et associations » à « lutter » ensemble. « Il faut qu’on organise ensemble une bataille politique avant l’élection pour empêcher les dernières attaques de Sarkozy » a-t-il dit.

En fait, le programme du PS français est le même que celui de son homologue grec en 2009, le social-démocrate Georges Papandréou. Le programme de Hollande est un programme d’imposition de mesures extrêmes d’austérité contre la population laborieuse, tout comme l’était et l’est encore celui de Papandréou. Aucun des partis présents à ce meeting n’a d’objection sérieuse vis-à-vis de ce programme.

Lorsqu’il s’est agi en octobre 2009 en Grèce de remplacer le gouvernement conservateur de Kostas Karamanlis et de le remplacer par un gouvernement social-démocrate du PASOK, les syndicats, la coalition de « gauche » SYRIZA (une alliance de staliniens, de sociaux démocrates, de pablistes et de maoïstes), le Parti communiste stalinien KKE et les écologistes ont soutenu la candidature de Papandréou. Aussitôt arrivé au pouvoir, celui-ci a cherché à imposer, contre la résistance de la classe ouvrière grecque, des vagues successives d'attaques. Le bilan de l’opération, que même la presse bourgeoise ne cache plus, est dévastateur et constitue un avertissement.

Le PS en France dépend lui aussi de divers partis sur sa gauche pour lui donner de la crédibilité et lui permettre de passer aux yeux de la classe ouvrière comme une sorte de « moindre mal ». C’est le rôle joué par les organisations de l’ex « gauche », du NPA et de Lutte ouvrière en particulier. Ils avaient déjà joué ce rôle dans les années 1970 lorsqu’ils répandaient des illusions sur le « Programme commun de gouvernement » du PS et du PCF, un programme « réformiste » que ces deux partis avaient jeté aux orties peu de temps après leur arrivée au pouvoir.

Mitterrand avait attendu plus d’un an pour prendre son « tournant de la rigueur ». Hollande n’attendra pas quelques heures pour mettre en œuvre son programme d’attaques contre les ouvriers.

Dans une situation où l’antagonisme social entre les bureaucraties syndicales et la classe ouvrière est au point de rupture, ces organisations jouent un rôle d’autant plus crucial.

Les syndicats ne disposent plus, depuis des décennies maintenant, d’une base sociale ouvrière et les intérêts qu’ils défendent sont ceux d’une couche de la petite bourgeoisie intégrée à l’Etat. Les couches sociales que représentent les partis invités au meeting CGT ne sont pas celles de la population laborieuse, mais celles d’une petite bourgeoisie privilégiée qui soutient ouvertement l’impérialisme.

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