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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Les ministres de l'OTAN tiennent des pourparlers de crise sur l'Afghanistan

Par Bill Van Auken
7 février 2012

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Dans le contexte de signes de plus en plus aigus de crise dans la guerre menée par les Etats-Unis depuis une décennie, le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a annoncé mercredi que l'armée américaine opérerait une « transition » en passant des opérations de combat à un « rôle d'entraînement » et de « conseil » des forces afghanes fantoches d'ici fin 2013.

L'annonce a été faite la veille de la réunion des ministres de l'OTAN à Bruxelles. L'échéance arrive un an plut tôt que la date prévue par l'OTAN lors du sommet de Lisbonne en 2010. Le nouveau calendrier est largement considéré comme une tentative de détourner les retraits, avant la date prévue, de divers membres européens de l'OTAN.

Le président français, Nicolas Sarkozy, avait soulevé le mois dernier la possibilité de rapatriement des troupes françaises avant le terme officiel fixé par l'OTAN pour fin 2014 après qu'un soldat afghan avait tué quatre soldats français. Toutefois, suites aux pourparlers entre les responsables américains et français, Sarkozy a renoncé à mettre à exécution sa menace, faite avec à l'esprit les prochaines élections présidentielles et l'énorme hostilité de la population française à la guerre en Afghanistan.

En Europe, de manière plus générale, le coût du déploiement continu de troupes en Afghanistan a fait l'objet d'un examen minutieux au moment où la crise économique et fiscale croissante suscite des demandes de mesures d'austérité sur l'ensemble du continent.

Dans l'avion le menant à la conférence de l'OTAN à Bruxelles, Panetta a dit aux reporters que les troupes américaines resteraient en Afghanistan bien après la fin de 2014, date butoir précédemment annoncée comme échéance du retrait, mais qu'elles y resteraient pour soutenir les troupes du régime de Kaboul soutenu par les Etats-Unis.

« Notre objectif est d'achever l'ensemble de la transition en 2013 en espérant qu'entre le milieu et la fin de l'année 2013, nous serons capables de faire la transition d'un rôle de combat à un rôle de formation, de conseil et d'assistance, » a dit le chef du Pentagone.

Panetta a affirmé que l'intervention américaine en Afghanistan avait atteint en 2011 un « tournant » fondé sur la « capacité de vraiment poursuivre les Talibans » après la montée en puissance annoncée par le président Barack Obama fin 2009 et l'expédition de 33.000 soldats américains supplémentaires dans le pays.

Panetta a dit que la stratégie américaine consiste à utiliser les forces fantoches afghanes pour mener les opérations de sécurité tandis que l'armée américaine maintient une forte présence militaire, y compris des unités « embarquées » (« embedded ») parmi les forces afghanes ainsi que des troupes spécialisées pour effectuer des raids et des frappes anti-insurrectionnelles.

Il a souligné que l'armée américaine maintiendrait un « rôle robuste » en Afghanistan bien au-delà de 2014. « Nous sommes engagés à une présence durable ici, » a-t-il dit. « Nous avons les missions dans lesquelles nous serons impliqués - les opérations de CT [contre-terrorisme]. Nous serons impliqués dans l'entraînement, le conseil et l'assistance, non seulement des forces afghanes, mais nous continuerons à fournir des forces de soutien à l'ISAF [Force internationale d'assistance et de sécurité] ainsi qu'à l'Afghanistan. Et il y aura une importante présence civile qui s'occupera du développement. Donc, il y aura manifestement une présence continue en Afghanistan à long terme. »

Alors que les troupes restantes seraient officiellement désignées comme conseillers et formateurs, Panetta a jouté, « Ecoutez, cela ne signifie pas, voyez-vous, que nous ne - nous n'allons pas être prêts au combat. Nous le serons, parce que nous devons toujours être prêts au combat pour pouvoir nous défendre. »

Tout en répétant la promesse du gouvernement Obama de retirer les derniers 33.000 soldats du « surge » d'ici l'automne 2012, il a dit qu'aucune décision n'avait été prise quant à une feuille de route pour les 68.000 soldats américains restants qui continueront à occuper l'Afghanistan.

L'insistance du secrétaire à la Défense sur une « présence durable » des troupes américaines en Afghanistan reflète un objectif clé poursuivi par Washington depuis le début de la guerre, en octobre 2001 : sauvegarder des bases américaines permanentes près des régions stratégiquement vitales et riches en pétrole en Asie Centrale ainsi qu'aux frontières à la fois de la Chine et de l'Iran.

La description idyllique par Panetta de la situation en Afghanistan est contredite toutefois par une série d'articles publiés récemment.

Le dernier en date à avoir été divulgué est un rapport secret de l'OTAN sous le titre, « L'état des Talibans 2012 », et décrivant les forces qui résistent à l'occupation menée par les Etats-Unis comme reprenant des forces et jouissant d'un large soutien populaire y compris au sein du gouvernement du président Hamid Karzaï soutenu par les Etats-Unis et de ses forces de sécurité.

Fondé sur 27.000 entretiens avec 4.000 détenus afghans, le rapport relate que, « De nombreux Afghans s'apprêtent déjà à affronter un éventuel retour des Talibans. » Il ajoute que de nombreux membres de l'effectif gouvernemental « ont secrètement cherché à atteindre les insurgés en quête d'options à long terme dans le cas d'une possible victoire des Talibans. »

Selon le rapport, « Des photographies prises montrant du personnel taliban roulant ouvertement dans des fourgonnettes Ford Ranger vertes de l'armée afghane est chose courante partout en Afghanistan. » Il est dit dans le rapport, que les véhicules ont soit « été vendus soit été donnés ». Des fusils, des pistolets et des armes lourdes transitent aussi des forces de sécurité du gouvernement vers les Talibans par le biais de bazars d'armes au Pakistan. Le rapport fait également état de la collaboration entre les agents afghans du renseignement et les Talibans dans la mise ne place d'embuscades tendues aux soldats américains.

Publié le 6 janvier, le rapport déclare que dans les régions où les troupes d'occupation américaines et autres ont été retirées, les Talibans et autres résistants ont rétabli leur influence sans qu'il y ait pratiquement eu une résistance des forces de sécurité du gouvernement. Dans nombre de ces régions, précise-t-il, la population locale préfère la gouvernance des Talibans, parce que contrairement au gouvernement Karzaï, les combattants ne réclament ni dessous-de-table ni pot de vin.

Un autre point sur lequel se concentre le rapport - et qui est certainement la raison pour laquelle il a été divulgué - est la représentation de l'agence de renseignement militaire pakistanaise, l'ISI (Inter Services Intelligence), comme étant « intimement impliquée » dans les opérations des Talibans.

« L'ISI est parfaitement conscient des activités des Talibans et de l'emplacement où se trouvent tous les cadres haut placés des Talibans, » dit le rapport. Les dirigeants talibans clé, ajoute-t-il, ont leur résidence à proximité des quartiers généraux de l'ISI à Islamabad.

Le rapport a été dévoilé la veille de la visite à Kaboul du ministre pakistanais des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar, premier contact de haut niveau entre les deux gouvernements depuis septembre dernier. Le but apparent du gouvernement pakistanais était d'exploiter les divisions entre Washington et sa marionnette Karzaï au sujet des efforts de médiation américains pour des pourparlers de paix avec les Talibans.

Le Pakistan est soucieux de préserver son influence sur les forces de résistance afghanes comme moyen de sauvegarder ses propres intérêts stratégiques dans la région, notamment face à l'influence indienne en Afghanistan.

Khar rejette l'accusation de collaboration ISI-Taliban comme étant « du vieux vin dans une bouteille encore plus vieille. »

Une évaluation secrète publiée le mois dernier par le National Intelligence Estimate (NIE) a également souligné la crise de la décennie de guerre américaine, reflétant l'évaluation de la situation en Afghanistan faite par la CIA et 15 autres services de renseignement.

Selon le Los Angeles Times, le service de renseignement de Washington estime que la guerre a abouti à une « impasse » et réfute les affirmations du Pentagone de gains de sécurité durable obtenus au cours de l'année écoulée. Selon un responsable qui a parlé au journal, le rapport conclut que la « viabilité » du gouvernement Karzaï est « précaire » et ne survivrait probablement pas à un retrait important des Etats-Unis.

Enfin, les gradés américains ont témoigné mercredi devant la Commission parlementaire sur les forces armées (House Armed Services Committee) au sujet du nombre croissant d'incidents dans lesquels des membres des forces de sécurité afghanes, soutenues par les Etats-Unis, ont fusillé et tué des soldats américains et autres soldats de l'OTAN. La fréquence accrue de telles attaques soulève des questions graves concernant la stratégie du Pentagone de « transition » à une guerre menée par des unités afghanes conjointement avec des « conseillers » américains.

Les généraux qui ont parlé à la commission du congrès ont dit que 75 pour cent de ces 45 incidents qui avaient eu lieu depuis 2007 s'étaient produits au cours de ces deux dernières années. Ils ont impliqué à la fois des membres de la résistance qui se sont infiltrés dans les forces fantoches et des soldats individuels indignés contre leurs « alliés » américains et de l'OTAN. Le soldat afghan qui a tué les quatre soldats français aurait agi après le visionnage d'une vidéo montrant des marines américains en train d'uriner sur les cadavres de résistants tués.

Le jour de l'audience à Washington, un marine américain a été tué par balle par un soldat de l'armée afghane dans la province de Helmand dans le Sud du pays.

(Article original paru le 3 février 2012)

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