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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des protestations de masse font chuter le gouvernement en Roumanie

Par Peter Schwarz
9 février 2012

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Au bout de trois semaines de protestations contre ses mesures d'austérité, le gouvernement roumain a démissionné lundi.

Le premier ministre Emil Boc a expliqué sa démission lors d'une réunion ministérielle télévisée en disant qu'il voulait désamorcer les tensions sociales sans compromettre ses mesures d'austérité impopulaires. « J'ai pris la décision de réduire la tension dans la situation politique et sociale du pays et aussi pour ne pas perdre ce que les Roumains ont acquis. »

Le président Traian Basescu a aussitôt désigné l'ancien ministre de la Justice, Catalin Predoiu, comme premier ministre par intérim. Predoiu, âgé de 43 ans, est un politicien non affilié à un parti politique et qui était initialement entré en fonction en 2008 comme membre du Parti national libéral (PNL). Après l'élection d'Emil Boc, du Parti démocrate-libéral (PDL) en décembre 2008, un nouveau gouvernement avait été formé et les nationaux libéraux étaient passés dans l'opposition. Predoiu était resté comme ministre de la Justice après avoir quitté son parti. Il avait joué un rôle clé dans les relations avec l'Union européenne que la Roumanie a rejoint en 2007.

On ne sait toujours pas si Predoiu mènera le gouvernement jusqu'aux élections législatives prévues en novembre ou si les élections seront avancées. Des discussions sont en cours au sujet de la formation d'un régime de « technochrates » identique à celui déjà mis en place en Grèce et en Italie.

Durant les trois ans de son mandat, le gouvernement Boc a appliqué les mesures d'austérité les plus dures de toute l'Europe. Bien que le salaire moyen en Roumanie ne soit que de 350 euros par mois, le gouvernement a réduit de 25 pour cent les salaires dans le service public et a fait passer la taxe à la valeur ajoutée (TVA) de 19 à 24 pour cent. Plus de 200.000 employés du service public ont perdu leur emploi depuis 2009.

En 2009, Boc avait étroitement collaboré avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour imposer les coupes sociales requises. Telles étaient les conditions exigées pour l'obtention d'un prêt de 20 milliards d'euros dont le pays avait besoin pour survivre à la crise financière internationale.

Le FMI est convaincu que le programme de rigueur de Boc sera poursuivi après sa démission. Le représentant du FMI à Bucarest, Jeffrey Franks, a dit à Reuters qu'il ne s'attendait pas à ce que l'accord du FMI soit affecté par le changement de gouvernement.

« Je ne vois aucune raison pour que ceci ait des effets sur l'accord d'aide, » a dit Franks. « Nous avons bon espoir que l'accord se poursuivra. »

L'assurance de Franks est primordialement due au fait que les partis d'opposition et les syndicats du pays soutiennent en principe les accords conclus avec le FMI. C'est aussi la raison pour laquelle l'indignation populaire à l'égard des mesures d'austérité n'a depuis longtemps pas trouvé de débouché. Les syndicats ont trahi ces dernières années chaque conflit social en organisant des protestations inefficaces visant à relâcher la pression.

La situation a changé en janvier après la démission du sous-secrétaire d'Etat à la Santé, Raed Arafat. Le président Basescu avait traité Arafat à la télévision nationale de « menteur » et d'« ennemi des services de santé privés » parce qu'il était contre la privatisation et la destruction massive du système de santé.

Les manifestations de solidarité envers Arafat se sont rapidement transformées en protestations contre l'ensemble du programme d'austérité. Ces protestations ont eu lieu en grande partie en dehors du contrôle des partis d'opposition et des syndicats et se sont propagées dans tout le pays. La tentative du gouvernement d'intimider les manifestants au moyen d'opérations policières brutales, de canons à eau, de gaz lacrymogène, d'arrestations et d'amendes, n'a eu aucun effet. La réintégration d'Arafat et la révocation du ministre des Affaires étrangères, Teodor Baconschim, qui avait qualifié les manifestants de « populace violente et grossière » n'ont pas non plus réussi à calmer les tensions.

La démission de Boc a une fois de plus porté l'attention sur les partis d'opposition, notamment sur le président du PNL, Crin Antonescu. Antonescu a réclamé une élection anticipée et accusé le gouvernement Boc d'être le gouvernement le plus « corrompu, le plus incompétent et le plus menteur » depuis la chute de l'ancien régime stalinien en 1989.

Des déclarations similaires ont émané de Victor Ponta, dirigeant du Parti social-démocrate (PSD) qui s'est joint au PNL et au Parti conservateur (PC) pour former une alliance d'opposition - l'Union sociale libérale (USL). Ponta a déclaré que l'USL appliquera à présent « des solutions responsables et, après les élections anticipées, un gouvernement différent de celui en place ces dernières années. »

Les sociaux-démocrates et les nationaux libéraux sont tous deux des partis de l'establishment qui ont déjà passé de longues périodes au gouvernement. Leur politique est quasiment la même que celle des démocrates libéraux avec lesquels ils avaient formé une coalition pendant quelque temps.

Les partis roumains sont en grande partie interchangeables. Ils font souvent scission pour se reconstituer sous un nom différent. Ils incarnent une élite restreinte qui, durant ces vingt dernières années, s'est partagé le butin de la privatisation de l'ancienne propriété d'Etat. Ils ont bénéficié des fonds de l'UE tout en réduisant les dépenses d'éducation, de soins de santé, des retraites et des salaires.

Ceci est connu de bien des gens qui sont descendus dans la rue ces dernières semaines. Les protestations étaient dirigées « contre l'ensemble de la classe politique, contre le système » comme l'a reconnu Boc lors d'une interview à la Radio autrichienne. « La gravité de la crise de confiance politique est révélée dans les sondages qui montrent que les taux de popularité de tous les politiciens ont spectaculairement chuté. Pas un seul d'entre eux ne dépasse 25 pour cent. Les experts se demandent comment la politique roumaine pourra se remettre de cette crise. »

La méfiance générale à l'égard des partis de l'establishment manque toutefois d'une perspective claire. Les travailleurs roumains ne peuvent défendre leurs intérêts que s'ils s'unissent, sur la base d'un programme socialiste plaçant les besoins sociaux au-dessus des intérêts de profits des banques et des riches, aux travailleurs partout en Europe qui sont confrontés aux mêmes attaques.

(Article original paru le 7 février 2012)

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