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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Comment le gouvernement permet aux parasites de Wall Street de tirer profit de la crise

Par Andre Damon et Barry Grey
25 février 2012

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Alors que le gouvernement Obama conclut un accord avec cinq grandes banques et annule les enquêtes d’Etat sur la fraude notoire liée aux saisies immobilières, la spéculation sur les créances hypothécaires, qui avait causé l’effondrement de 2008, a de nouveau repris.

L’édition de samedi du New York Times a rapporté que Greg Lippmann, un ancien trader de la Deutsche Bank qui avait personnellement gagné des millions de dollars et 1,5 milliard de dollars pour la Deutsche Bank en pariant contre les titres adossés à des crédits hypothécaires alors même que sa banque les vendait aux clients, est de retour aux affaires, vendant et achetant ces mêmes actifs toxiques.

L’article souligne que parmi ceux qui reprennent le négoce boursier de ces actifs figurent l’American International Group (AIG), le géant de l’assurance renfloué par le gouvernement à concurrence de 100 milliards de dollars et une ancienne équipe de spécialistes hypothécaires de Lehman Brothers, la banque d’investissement de Wall Street dont l’effondrement avait déclenché la panique financière mondiale du 15 septembre 2008.

Lippmann qui fut le directeur du commerce des obligations adossées à des actifs (CDO - collateralized debt obligations) à la Deutsche Bank durant la bulle immobilière et son implosion, vient de lancer son propre fonds de spéculation, LibreMax Capital, en réussissant à lever plus d’un milliard de dollars pour spéculer sur les titres adossés à des crédits hypothécaires. (Les CDO sont des titres complexes formés par des titres adossés à des crédits hypothécaires - mortgage-backed security, MBS) qui sont eux-mêmes regroupés à partir de portefeuilles de prêts hypothécaires).

Ainsi, trois ans et demi après le krach financier qui a déclenché la pire crise économique depuis la Grande dépression, les mêmes spéculateurs dont les escroqueries avaient causé l’effondrement du système bancaire ont non seulement été renfloués par le gouvernement, ils se retrouvent à présent dans une situation où ils peuvent financièrement tirer profit de la politique de crédit à bon marché du gouvernement et de son refus de mettre en œuvre une réforme bancaire sérieuse ou d’intenter des poursuites criminelles contre eux.

Les activités de Lippman durant l’effondrement financier furent décrites dans un rapport de plus de 600 pages sur le krach de Wall Street et publié en avril par le sous-comité permanent des enquêtes du Sénat américain. Ce rapport, qui documente les actions frauduleuses et illégales de la Deutsche Bank, de Goldman Sachs et de Washington Mutual ainsi que la duplicité des agences de notation et des régulateurs bancaires fédéraux, fut rapidement enterré par les médias pour rester lettre morte jusqu’à ce jour.

Il avait constaté que Lippmann avait désigné les titres adossés à des crédits hypothécaires, tels ceux vendus par Deutsche Bank, de « titres pourris » en prédisant que leur valeur dégringolerait. Le rapport dit : « A un moment donné, il avait été demandé à M. Lippmann d’acheter un titre CDO en particulier et il a répondu qu’il ‘s’échangeait rarement,’ mais qu’il ‘allait le prendre pour essayer de le vendre quitte à duper quelqu’un.’ Il a aussi parfois désigné les efforts de commercialisation continus de l’industrie des CDO de ‘machine à CDO’ ou de ‘chaîne de Ponzi’. »

La Deutsche Bank, selon le rapport du Sénat, avait continué à vendre les titres adossés à des crédits hypothécaires toxiques « sans dévoiler aux investisseurs potentiels que le responsable commercial mondial des CDO avait une opinion extrêmement négative » sur les titres ou que, selon les modèles de la banque, la valeur des actifs avait perdu dernièrement des milliards de dollars en valeur.

Bien qu’il ait gagné des millions de par son implication documentée dans ce qu’il a lui-même qualifié de « chaîne de Ponzi », Lippmann n’est ni en train de purger une peine de prison ni de se défendre contre des enquêtes fédérales. Au lieu de cela, il a retrouvé ses anciennes activités consistant à placer des paris sur des actifs toxiques.

Et les affaires sont florissantes. L’article du New York Times a remarqué qu’il y avait eu dernièrement un regain d’intérêt de la part des banques et des fonds spéculatifs pour précisément ces titres adossés à des crédits hypothécaires qui avaient joué un rôle décisif dans l’effondrement des hypothèques à risque étant donné que ces actifs, malgré un cours en baisse, n’ont jamais été retirés de la bourse et continuent d’être négociés.

Le regain d’intérêt est en partie dû à des prix bas qui, face à un marché du logement qui ne donne que peu de signes de reprise, ont continué de chuter. Au niveau actuel des prix, précise l’article, des gens comme Lippmann s’assurent des profits lucratifs avec ces titres même si la valeur des maisons ou des logements continue de baisser.

Parmi les éléments cités par le Times, et créant un environnement favorable à une nouvelle spéculation hypothécaire, il y a l’accord avec les grandes banques concernant la violation de la loi lors des saisies immobilières, annoncé le 9 février par le gouvernement. Le président Obama a vanté l’accord comme étant une aubaine pour les propriétaires de maisons et une forte réprimande faite aux banques.

Ce n’est rien de tout cela. C’était une manne pour les banques – JP Morgan Chase, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo et Ally Financial – en les soulageant de la perspective d’avoir à verser plusieurs milliards en amendes et en indemnités liés à des enquêtes de l’Etat qui seraient désormais clôturées. En échange, elles devraient effectuer des versements de 5,9 milliards de dollars en espèces en en promettant 25 milliards supplémentaires en soi-disant amortissements du principal du prêt immobilier et d’autres formes d’allègement en faveur des propriétaires de maisons en difficulté.

Et, comme en faisait état le Financial Times la semaine passée, le gros des coûts de l’accord sera couvert par l’argent du contribuable. Suite à l’insistance du gouvernement Obama, les banques pourront faire usage d’un programme fédéral existant, le Home Affordable Modification Program (Programme d’ajustement pour un logement abordable, HAMP) qui fournit des fonds publics aux banques qui acceptent de réduire le principal dans le cas de prêts à risque. Près des deux-tiers de la valeur des dévaluations que concèdent les cinq banques seront récompensées par des fonds issus de ce programme.

En effet, la valeur des titres adossés à des crédits hypothécaires sera amortie par des subventions gouvernementales, ouvrant ainsi de vastes perspectives de profit à Lippmann et à ses cohortes.

Le cas de Lippmann illustre comment la politique des gouvernements Bush et Obama ont permis à l’élite financière de tirer profit de la crise et ce en plein milieu des ruines laissées par son activité criminelle. Alors que des millions de gens ont perdu leurs maisons, soit par des saisies frauduleuses soit en raison de pratiques hypothécaires abusives, les parasites financiers continuent d’engranger des millions.

Ces développements dévoilent, en premier lieu, le cynisme sans borne et la malhonnêteté d’Obama qui cherche à présenter sa politique droitière, anti-classe ouvrière et pro Wall Street, comme une mesure « populiste » censée faire baisser le chômage et aider les familles à conserver leur maison.

Plus fondamentalement, ces mesures prouvent que l’ensemble de l’establishment politique tout comme les deux partis, tant Démocrate que Républicain, sont les instruments d’une aristocratie financière ancrée dans la criminalité et qui forme l’antithèse des besoins les plus élémentaires du peuple.

Le système politique ne peut pas être réformé. Il doit être remplacé par un gouvernement de la classe ouvrière, par la classe ouvrière et pour la classe ouvrière qui soit déterminé à mettre fin au chômage et à la pauvreté en instaurant l’égalité sociale. Un mouvement de masse socialiste doit être construit pour fermer le casino de Wall Street, la fortune mal acquise des spéculateurs doit être expropriée pour placer les grands leviers de la vie économique sous la propriété publique et sous contrôle démocratique.

(Article original paru le 22 février 2012)

 

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